CRITIQUES DE LIVRES Andrevon,Attinost,Ballard,Barker,Bifrost21,Bisson,Bordage,Card,Carroll,Clarke, Endore,Eris,Fa ries3,Fantini,Fant mes,Farland,Gaborit,Gaiman,Gemmal,Gentle, Gibson,Hamilton,Hayne,Hubert,Jimmy,Joyce,Keyes,Klein,Kloetzer,Koontz,Little,McAuley,McQuay,Meuger,Mitchel,Monot,Moorcock,Nicholson,Orves,Pevel,Ph nix55, Pratchett,Rawn,Resnik,Shepard,Silverberg,Silverberg,Snyder,Solaris135,Stephenson, Straub,Straub,Val ry,Vinge,Wagner,Williams, Zelay,sf,science-fiction,fantastique,litt rature,cin ma,vid o,BD,science fiction,imaginaire Index par noms
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Vernor Vinge Au tr fonds du ciel +++++ Au-del des r gions galactiques d j colonis es par les humains (l histoire ici se situe environ huit mille ans avant Un Feu sur l ab me, le roman pr c dent de Vernor Vinge), deux flottes convergent vers une toile trange, nomm e Marche-Arr t cause de son cycle d activit : elle reste quasiment teinte pendant 215 ans puis se rallume pour trente-cinq ans. Mais au-del de cette anomalie astrophysique, un autre d tail attire les explorateurs dans le secteur : Des signaux radio, qui manent sans quivoque d une esp ce intelligente, les Araign es , qui habitent la plan te unique dans ce syst me stellaire et qui sont pr tes d velopper une technologie semblable la n tre au XXe si cle (informatique, nergie nucl aire, conqu te de l espace). Un v nement que l humanit attend depuis des mill naires, et une source de richesses incalculables pour ceux qui r ussiront les premiers tablir le contact avec ces inconnus. Forc ment concurrentes, les id ologies respectives des deux groupes humains sont diam tralement oppos es. Les Qeng Ho appartiennent une vieille culture marchande qui a patiemment tiss un r seau interstellaire d changes commerciaux et de communication, pr servant leurs connaissances face des civilisations plan taires ph m res. Par contre, les mergents sont envoy s par un jeune r gime tyrannique qui cherche conqu rir de nouveaux mondes par la ruse ou par la force. Ce sont ces derniers qui prennent initialement le dessus, d truisant la plupart des navires Qeng Ho dans une attaque-surprise et asservissant les survivants. Car les mergents poss dent un avantage de taille : la Focalisation, m thode d riv e d une maladie neurologique qui permet de contr ler l esprit d autrui. Mais parmi les vaincus se cache Pham Nuwen (pr sent aussi dans Un Feu sur l ab me), fondateur l gendaire des Qeng Ho et ma tre de toutes les strat gies. Et ni les uns ni les autres n ont pris en compte l av nement et l importance de Sherkaner Underhill, le savant de g nie qui est en train de r volutionner le monde des Araign es. Vernor Vinge combine savamment des s quences d action avec l exposition des id es fortes notamment sur l astronomie, la biologie et le d veloppement technologique pour cr er une intrigue dense et passionnante autour de ce clash triangulaire entre trois cultures tr s diff rentes. La narration est tr s astucieuse, et m me des aspects qui semblent au premier abord boiteux ou franchement na fs se r v lent finalement tre calcul s au millim tre pr s pour pr parer aux ultimes rebondissements. On voit ais ment pourquoi ce roman a re u le prix Hugo en 2000. C est un exemple triomphal de la hard SF am ricaine la fin d une d cennie pourtant riche en chef-d uvre du genre. Les amateurs de Bear, Benford, Brin et autres B s vont devoir ajouter un double VV leur panth on. Vernor Vinge, Au Tr fonds du
ciel, Laffont/Ailleurs & Demain, 818 p. (Trad. Bernard Sigaud) Tom Clegg J.G. Ballard Super-Cannes +++++ La soci t des loisirs ! On en parlait encore la fin du XXe si cle. Le loisir comme bien de consommation courante. Le capital prenant en charge nos temps libres , culture du divertissement organis . L id e a fait long feu, faute de rentabilit . Aujourd hui, le nouveau Reich mon taire r invente la soci t du travail. Valeurs anciennes r actualis es : les cadres sup rieurs deviennent les nouveaux mod les sociaux. Cela vous fait froid dans le dos ? Alors le nouveau roman de Ballard va vous glacer le sang Dans Super-Cannes, uvre visionnaire et magnifique, le ma tre anglais de l anticipation sociologique oppose les restes d une civilisation d chue aux potentialit s effrayantes d une poque qui est d j la n tre. D ici cinq ans, six ans ? A peine. L entreprise comme idole du XXIe si cle, c est encore de la science-fiction, mais la science-fiction est, plus que jamais, une litt rature du pr sent. Super-Cannes n est donc pas si loin. C est Eden-Olympia, une cit high-tech construite sur les hauteurs de Cannes. Le royaume des cadres sup , le paradis des d cideurs, ville champignon d shumanis e o la cam ra de surveillance et la police priv e remplacent la d mocratie repr sentative. Ici, travail et vie quotidienne se confondent. Le travail EST la vie, le but, la finalit de l existence. L art, la cr ation sont inutiles. Perte de temps, perte d argent. Vieux sch mas, applications nouvelles. Mais un v nement inattendu vient bouleverser ce meilleur des mondes : un m decin bien cot abat froidement une dizaine de cadres et se donne la mort. Simple coup de folie ? Surmenage ? Le probl me va occuper les journ es d oisivet de Paul Sinclair, aviateur anglais bless accidentellement, et dont la femme est d sign e pour remplacer le m decin fou d Eden-Olympia. Personnage faible mais tenace, Sinclair d couvre petit petit les habitudes perverses d une soci t autarcique o rien, dit-on, n est laiss au hasard. Sauf D crivant avec subtilit les implications psychologiques et morales d un environnement n o-utilitariste, l auteur de Crash et de L le de b ton nous propose une uvre salutaire. nous d en prendre conscience. J.G. Ballard, Super-Cannes, Fayard, 426 pages, Trad. Philippe Delamare Denis Dargent Arthur C. Clarke / Mike McQuay 10 sur l chelle de Richter + + Terre 2025. La couche d ozone est d truite, le Moyen Orient ray de la carte par une explosion nucl aire sans pr c dent, les pays sont poss d s par des entreprises priv es ultralib rales, des spots publicitaires sont projet s sur les fa ades des immeubles et sur la Lune, les Noirs et les Hispaniques sont enferm s dans des Zones de Guerre. Indiff rent tout cela, Lewis Crane, sismologue g nial, inspir et ind niablement fou, r ve tout haut de pr voir avec la plus grande pr cision les tremblements de Terre, et tout bas d en d barrasser d finitivement la plan te. Oscillant entre cyberpunk et roman catastrophe, 10 sur l chelle de Richter est plein de bonnes id es, elles sont insuffisamment exploit es, jet es p le-m le, et les auteurs c dent un certain nombre de facilit de sc narios (les recherches scientifiques de haut niveau co te cher ? qu cela ne tienne, un ami multimilliardaire et philanthrope saura vous tirer de ce mauvais pas. Les hommes politiques demandent des preuves tangibles et si possible spectaculaires ? Facile ! Le Big One attendu si longtemps est justement pour tout de suite !) Au final m me si le roman se laisse lire, il est facilement oubliable. Arthur C. Clarke / Mike McQuay, 10 sur l chelle de Richter, J ai Lu Science-fiction, 475 p. Maria Bellosta William Gibson Bruce Sterling La machine diff rences +++ Quand les papas du cyberpunk s associent pour crire un roman deux mains, ils reprennent une des id es classiques qui a fait le genre (vol de support informatique cf. Johnny Mnemonic) et installent l action dans un univers steampunk. Cette machine diff rences est donc un gigantesque super-ordinateur avant l heure invent e par Lord Babbage et qui a r volutionn la r volution industrielle, ouvrant la voie des centaines de nouvelles inventions fonctionnant toutes la vapeur. Dans un Londres en proie la fi vre du progr s, et souffrant par ailleurs de la pollution qui en d coule, nous suivons les p r grinations d Edward Mallory, explorateur ses heures, qui la fille de Lord Byron (l actuel premier ministre) a remis un paquet de cartes m canographi es que se disputent la moiti des grandes puissances de ce XIXe si cle alternatif. Pass es les premi res d couvertes enthousiasmantes, et apr s s tre merveill des richesses que rec le le monde d velopp , on ne peut que regretter que l histoire en elle-m me ne soit pas la hauteur de l univers propos . On passe cependant quelques heures tr s agr ables en d couvrant une uchronie tr s fouill e d faut d tre originale. William Gibson & Bruce Sterling, La Machine diff rences, Le Livre de Poche, coll. SF, 572 p. (Trad. Bernard Sigaud) Manuel Hernandez Neal Stephenson Le r seau Kinakuta ++++ Le premier volume du Cryptonomicon nous avait s duits mais, malgr tout, laiss quelque peu sur la faim. Ce deuxi me volume (le troisi me est pr vu pour le mois d ao t), tout aussi s duisant, a cette fois combl e nos app tits. Si l intrigue reste intrigante les comportements des personnages ob issent des motivations pour le moins crypt es ! , le chass -crois des poques, des descendances familiales et des causes ou pseudo-causes historiques atteint ici des sommets. Certes, on en apprend un peu plus sur les transactions scabreuses entre Nippon (le japon imaginaire de Stephenson) et le IIIe Reich et sur la premi re r volution informatique men e sous la contrainte de la Seconde Guerre mondiale, mais l auteur prend un plaisir malin chafauder un r cit passionnant sur les pi ces d un puzzle qui demeure relativement obscur. Il faut se laisser entra ner dans les d dales des cryptosyst mes dont l auteur tire une po sie certaine. Neal Stephenson, Le R seau Kinakuta (Cryptonomicon, tome II), 422 pages, Trad. Jean Bonnefoy Denis Dargent V. E. Mitchell Fen tres sur un monde perdu ++ L quipage de l U.S.S. Entreprise explore les ruines d une civilisation disparue. Les scientifiques sont particuli rement intrigu s par un trange monolithe, qui n est pas sans rappeler 2001 L Odyss e de l espace. Les ennuis commencent lorsque Pavel Chekov tombe dedans et dispara t ! Le monolithe semble tre un dispositif de t l portation, mais o conduit-il et que deviennent les hommes qui l ont travers ? Le brave Spock devra encore faire appel toute sa logique pour r soudre cette nigme ! Fen tres sur un monde perdu est une histoire sans originalit . Le c t un peu r tro de l intrigue en amusera plus d un (le Capitaine Kirk se retrouve transform en crabe g ant !), mais reste dans l esprit de la s rie d origine. Les romans inspir s de la franchise Star Trek en fran ais se font de plus en plus rares. Les ventes ne sont pas la hauteur des esp rances des diteurs, ce qui est difficilement compr hensible l heure actuelle o les s ries sont enfin diffus es r guli rement dans la langue de Voltaire. N anmoins, le Fleuve Noir annonce l excellent roman de Peter David Imzadi II Triangle (qui d veloppe le triangle amoureux entre Will Riker, Deanna Troi et Worf la fin de La Nouvelle G n ration ) pour septembre 2001. Il ne nous reste plus qu prendre notre mal en patience V. E. Mitchell, Fen tres sur un monde perdu, Fleuve Noir, 226 p. Trad. Isabelle Troin. Jean-Michel Abrassart Mike Resnick Sous d autres soleils ++++ Attention, ce livre est une petite bombe. En rassemblant huit de ses nouvelles sur l Afrique, Mike Resnick nous offre le meilleur de lui-m me : une science-fiction la fois color e et imaginative tout en tant porteuse de messages importants. Avec la m me verve et le m me talent, il aborde des sujets aussi diff rents que les guerres tribales, la colonisation, la recherche sur les singes, le Sida ou bien encore la politique africaine au XXe si cle. Tout est, pour ce grand rudit de ce continent, source d inspiration. Il s offre m me de petits plaisirs comme la rencontre entre les dieux africains et le dieu de la religion catholique. Et lorsqu il nous conte une uchronie avec le pr sident des tats-Unis, Th odore Roosevelt parti en 1910 d mocratiser le Congo, on sent bien qu il s amuse follement. Tant mieux ! Son lecteur aussi. Lui oscille entre le rire, l motion et l action. Bref, dans la droite ligne de Kiringaya (Folio SF) ou d Ivoire (Deno l), Sous d autres soleils est une nouvelle perle africaine de Resnick. lire de toute urgence. Mike Resnick, Sous d autres soleils, Imagine Flammarion, 320 pages, Huit nouvelles J r me Vincent G rard Klein Les seigneurs de la guerre ++++ Les ditions du Livre de Poche ont eu la bonne id e de r diter cet excellent livre. Georges Corson est un soldat qui a chapp la destruction de son vaisseau et qui se retrouve en compagnie d une trange cr ature sur une plan te hostile. Il va tre amen voyager dans le futur afin de se racheter car il est consid r comme un criminel de guerre par ses descendants. Un livre trange et fascinant qui aborde d une fa on d routante la question du voyage temporel. On d couvre aussi une vaste plan te en guerre perp tuelle o s affrontent toutes les arm es humaines et ET de notre pass et de notre futur. On se laisse prendre par le r cit et G rard Klein fait montre d un talent certain. crit dans les ann es soixante-dix, cet ouvrage garde toute sa pertinence m me si certains th mes abord s nous paraissent lointains aujourd hui. Toutefois l auteur en profite pour d battre du rapport de l homme la guerre. On suit avec int r t le h ros qui d couvre petit petit toutes les possibilit s qu offre le voyage temporel et de la fa on dont au final il r ussit s en servir. Un livre red couvrir. G rard Klein, Les seigneurs de la
guerre, Le Livre de Poche, coll. SF, 226 p. Olivier Collin Roland C. Wagner L.G.M. Tome I & 2 ++++ On ne pr sente plus Roland C. Wagner, auteur de plus de quarante romans dont certains ont t prim s et de plus de cent nouvelles. Il appartient cette cat gorie d auteurs qui ose, pour notre plus grand plaisir, m langer humour et SF. Une fois de plus, il nous livre un r cit d lirant publi par la toute jeune maison d dition nomm e Onyx. Cette uchronie part du principe que les Russes ont t les premiers mettre le pied sur Mars. Cette fameuse plan te rouge est habit e par des petits hommes verts qui ont d p ch un ambassadeur sur Terre. Ce dernier est d ailleurs la source d un grand nombre de probl mes car de nombreux services secrets tentent de lui mettre la main dessus. On d couvre un monde fou et hilarant o l on s amuse suivre les p r grinations du petit homme vert et de son protecteur l agent Boris. Le lecteur d couvrira entre chaque chapitre, des notes de contextes permettant de mieux comprendre cet univers o l URSS est le leader mondial alors que les USA se sont renferm s sur eux-m mes. Le deuxi me tome est terrible, on y d couvre l ambassadeur devant tester tout un ensemble de produits chimiques afin de le faire parler. Roland C. Wagner nous convie un voyage humoristique et la d couverte d une uchronie int ressante. Roland C. Wagner, L.G.M. Tome I & 2, Onyx,
88 p. et 90 p. Olivier Collin Robert Silverberg L gendes ++++ Signalons l dition en poche de la remarquable anthologie L gendes du grand Silverberg. Je rappelle que la critique du livre en grand format est parue dans Ph nix 52. L id e de base tait de commander de grands crivains de fantasy une nouvelle relevant de leur monde cr . De King ( Les petites s urs d Elurie , excellent avatar de La Tour Sombre) McCaffrey, tous ont r pondu. M me Silverberg lui-m me, avec une nouvelle aventure de Valentin. Le grand int r t de cette parution, pour nous francophones, est de faire la connaissance de cycles et d auteurs moins connus. Je cite, par exemple, Tad Williams, Terry Goodkind, George R.R.Martin et Raymond E. Feist. Chaque r cit est pr c d d un r sum de l intrigue du cycle, ce qui rassure le lecteur affol de ne rien conna tre. Une anthologie qui fait date, certainement, et qui t moigne de la foisonnante invention des crivains de fantasy contemporaine. Un must, assur ment. Robert Slverberg pr sente L gendes , ditions J ai Lu, 898 pages Bruno Peeters Nicola Fantini La variable de Berkeley ++ La litt rature SF italienne commence arriver de ce c t des Alpes. Apr s Valerio Evangelisti, Luca Masali, voil Nicola Fantini qui a d j remport pour ce roman le prix Cosmo 1994 et qui pratique aussi la po sie. Ce roman est placer dans la mouvance cyberpunk. La Terre a t victime de catastrophes et l Italie est un pays ravag o la population r partie entre les privil gi s et les d sh rit s survit. Ahram Lee Coxie se retrouve emp tr dans une enqu te dont il aurait aim se passer. Une tueuse s en prend certains pontes et les services de s curit comptent sur le runner pour mettre jour ce qu ils croient tre un complot. On arrive difficilement rentrer dans le monde mis en place par l auteur. On per oit mal la fa on dont il fonctionne et les d cors sont souvent laiss s dans le flou. On nage dans un ensemble de concept mis en place pour donner de la consistance son univers sans forc ment r ussir les comprendre. Il est aga ant de suivre une histoire dans un univers cyberpunk qui reste juste une esquisse, reste l histoire qui sans tre exceptionnelle se laisse lire. Nicola Fantini, La variable de Berkeley, Fleuve Noir, 376 p. Trad. Jean-Pierre Pugi Olivier Collin Lucius Shepard L Aube carlate +++ Le temps des changements (pour paraphraser Silverberg) est venu pour le monde et la Famille. Quand certains r vent encore d immortalit , d autres, pr curseurs, parlent juste d hypocrite long vit . Les ma tres de la nuit ne pourront jamais r gner pleinement ici, en Europe, entour s de ces mortels avec qui ils ne veulent collaborer autrement que pour des entreprises sustentatoires Ils envisagent de trouver refuge en Orient quand le Nectar est assassin Volupt et cruaut : deux marques laiss es par ce roman dans la chair du lecteur. Le sang afflue dans les jugulaires quand les jupons des dames crissent en m me temps que les couteaux percent la peau. Un polar gothique o tout se joue dans les t n bres d un monstrueux ch teau qui s tend sous terre, la mani re d une b te. Un Neverwhere (Neil Gaiman) enterr ici dans un linceul plus anecdotique. Mais bien emball tout de m me. Lucius Shepard, L Aube carlate, Folio SF, 372 pages, Trad. Jean-Daniel Br que Nathalie Caccialupi Micha l Moorcock Voici l homme ++++ Les ditions de l Atalante r ditent cet ouvrage de Micha l Moorcock crit en 1971 et puis depuis. L auteur revient sur une des pages les plus importantes de notre histoire : la vie de J sus. Un jeune chercheur du nom de Karl Glogauer revient dans le temps afin de pouvoir assister la crucifixion du Christ. Apr s le crash de sa machine remonter dans le temps, il se retrouve coinc dans le pass la recherche de J sus que personne ne semble conna tre. Un r cit amusant qui alterne entre la recherche de Karl Glogauer et son propre pass . Passionnant de bout en bout, ce livre est une des meilleures r ussites de Micha l Moorcock. Il nous r serve une fin que certains trouveront peut- tre un brin facile mais qui malgr tout poss de son charme. Il s agit avant tout d un dialogue entre le h ros, son pass et sa conscience, le tout trouvant sa r alisation dans la soci t antique de la Palestine. Un ouvrage iconoclaste que les fans de romans d cal s appr cieront. Une nouvelle facette d couvrir de cet auteur. Micha l Moorcock, Voici l homme, L Atalante, 186 p. Trad. Martine Renaud/Pierre Versins Olivier Collin Ma e Zelay Le th or me de G del + Pour Le Th or me de G del, Ma e Zelay commence avec une bonne id e : raconter l apr s r volution d un pays imaginaire et les luttes sans merci pour le pouvoir entre les diff rents clans d anciens opposants. L auteur met m me en jeu un l ment suppl mentaire et exotique en la pr sence d une ambassadrice, forc ment jeune et jolie, et dont chacun essaie de s attirer les bonnes gr ces. Il faut dire que l appui de son pays pourrait donner l avantage l un ou l autre des mouvements qui s affrontent. Bonjour l ambiance ! Autant dire que le climat n est pas franchement aux festivit s et que tous les coups sont permis dans cette course politique Tout ceci aurait pu tre sympathique si une incroyable sensation de fouillis et de d sordre ne se d gageait pas de ce livre. moins d tre tr s concentr , on sombre vite dans une narration difficile et embrouill e. Et au bout d une centaine de pages, on en est toujours essayer de distinguer les diff rents protagonistes du roman. Dommage Le Th or me de G del est r server exclusivement aux plus courageux d entre vous. Les autres passeront vite leur chemin. Ma e Zelay, Le th or me de G del, Cylibris, 242 pages J r me Vincent Gregory J. Keyes Les D mons du roi-soleil + + + + Premier tome d une trilogie intitul e L ge de la d raison , Les D mons du Roi-soleil est un roman de steampunk tout fait r jouissant. Dans ce XVIIIe si cle parall le, la science a fait rapidement d normes progr s gr ces aux d couvertes d Isaac Newton. Mais toute cette science est fond e sur des bases alchimiques, ce qui lui donne un tout autre visage que celle que nous connaissons. Le roman se d roule simultan ment sur deux fronts. Tout d abord Boston, o le jeune Benjamin Franklin, apprenti imprimeur, intercepte les communications de savants europ ens qui peinent r soudre une quation qui permettrait la r alisation d une arme redoutable, capable de mettre fin l interminable conflit qui oppose la France et l Angleterre. D autre part, la cours du roi Louis XIV devenu quasiment immortel gr ce un lixir Adrienne de Mornay de Montchevreuil, une jeune savante oblig e de cacher ses connaissances scientifiques parce qu elle est une femme, travaille elle aussi la r solution de l quation. Mais lorsqu elle comprend que toute utilisation de l arme aurait des cons quences terribles, elle entreprend de saboter ce projet d mentiel. Caract ris par une ambiance de complot Versailles qui n est pas sans rappeler l excellent La Lune et le roi-soleil de Vonda McIntyre ( d. J ai lu), Les D mons du Roi-soleil est un livre subtil et passionnant, qui m le des personnages historiques des aventures d brid es. L univers cr par J. Gregory Keyes est tr s coh rent et plein d inventivit , gr ce aux appareils et aux techniques qui d coulent de l alchimie. Si la fin ouvre bien s r sur une suite venir, ce premier volume peut se lire ind pendamment. Mais ce serait tout de m me dommage de se priver de deux autres tomes, pourvu qu ils soient dans la m me veine J. Gregory Keyes, Les D mons du roi-soleil, Flammarion/Imagine, 362 p. Trad. Olivier Deparis Marie-Laure Vauge Midori Snyder Les Innamorati ++++ L auteur s est int ress e une p riode peu usit e par les auteurs de SF, savoir l Italie du XVe si cle. On d couvre un certain nombre de personnages qui ont tous un probl me qu ils assimilent des mal dictions. Il existe un moyen permettant de les lever. Il faut pour cela se rendre au Labyrinthe et l affronter. Midori Snyder nous pr sente une galerie de personnages attachants telle Anna la fabriquante de masques capable de leur donner vie, Rinaldo poss d par son p e et le combat, la sir ne la recherche de sa voix On plonge avec merveille dans l univers d crit par l auteur. Elle r ussit avec brio reconstituer un monde fabuleux. On suit avec passion les m saventures des p lerins du Labyrinthe. Elle r ussit voquer des ambiances nous plongeant hors de notre r alit pour s immerger avec saveur dans son imaginaire. Les Innamorati est un livre lire et d couvrir qui allie po sie, humour, tendresse, drame et forc ment avec un titre pareil amour. Un auteur surveiller surtout qu elle travaille sur un nouveau roman reprenant le contexte des Innamorati. Midori Snyder, Les Innamorati le labyrinthe des r ves, Rivages/Fantasy, 454 p. (Trad. Monique Lebailly) Olivier Collin Terry Pratchett Les tribulations d un mage en Aurient. +++++ Et voici paru le 17e tome des Annales du Disque-monde ! Chaque nouvel pisode de cette saga d lirante est un petit v nement dans le monde de la Fantasy. Pratchett, c est un ton, un humour d lirant, une critique acide de la soci t et un univers fantastiquement absurde dans lequel voluent des personnages tr s loign s des st r otypes habituels du genre. Pour les rares troglodytes qui n auraient pas encore entendu parler de cet auteur, un petit cours de Pratchettisme. Terry Pratchett a invent un sous-genre de la Fantasy : la Fantasy burlesque. Une sorte de m lange improbable entre J.R.R. Tolkien et Woody Allen, dans lequel Bilbo le hobbit consulterait un psychanalyste : Ma femme m a quitt . Elle ne supportait pas que je porte des bijoux . Auteur prolifique, il a t t de tous les genres. Depuis la Science-fiction jusqu au Fantastique, en passant par la Fantasy, il impose sa verve et son humour, sans jamais sacrifier l histoire. Mais son plus grand succ s reste les Annales du Disque-monde, terrain de jeux favori de son imagination d brid e. Cela commence par une tortue g ante qui vogue dans l espace. Sur son dos, sont juch s quatre l phants qui soutiennent un disque. Ce dernier est un monde constitu de plusieurs tats tels Klatch, les montagnes du b lier, la ville tentaculaire d Ankh-Morpork (aux tranges accents londoniens) et XXXX le continent oubli , peupl de guerriers la peau noire et de souris pugilistes g antes. Au fil des pisodes, Terry Pratchett a affin sa g ographie et son histoire, par un savant m lange d inventions et de pastiches de la soci t actuelle. Ainsi, dans les pisodes pr c dents, s est-il attaqu des sujets aussi divers que l int grisme religieux, Hollywood, le tourisme pittoresque, les films noirs des ann es cinquante, l esprit rock & roll, la mort ou encore les contes de f es. Dans ce 17e opus, l action se d roule dans l empire agat en d Aurient, pour une version totalement freestyle de la r volution populaire chinoise. Raconter l intrigue en quelques lignes est impensable. Sachez cependant qu on y retrouve quelques-uns des personnages majeurs des annales : les mages de l universit de l invisible plus potache que jamais, Cohen le barbare octog naire et sa horde de papys souffreteux, rebaptis pour l occasion Gengis Cohen , et surtout Rincevent le mage couard accompagn comme toujours par le coffre pattes. Tout un programme qui vous enchantera. Saluons au passage Patrick Couton, le traducteur de Pratchett, dont la qualit du travail donne souvent croire que le texte original devait tre en fran ais. Terry Pratchett, Les Tribulations
d un mage en Aurient, L Atalante, 418 pages, Trad. Patrick Couton Julien Schwartz Pierre Pevel Les Ombres de Wielstadt +++ Uchronie ? Fantasy fantastique ou historique ? De quel genre rel vent les v nements qui se d roulent en 1620 Wielstadt en cette deuxi me ann e de ce que l Histoire retiendra comme la Guerre de Trente Ans ? Kantz, de retour d une myst rieuse mission, doit combattre une Ombre, un d mon qui s est empar du corps et de l esprit de la logeuse d un de ses amis. Parall lement, que fomente cette silhouette haineuse en rappelant " la vie " ces six affreux mercenaires morts empoisonn s par de tout aussi affreux voyous qui ils essayaient de " refourguer " les produits de leurs rapines ? Premier tome d un cycle, Les Ombres de Wielstadt restitue l atmosph re des villes du nord et du XVIIe si cle, o manquent la lumi re et la chaleur. Les d cors comme le mode de vie des personnages sont rapport s avec une grande rigueur historique. Si, pour l instant, la qualit de l intrigue n est pas exceptionnelle, elle est par contre fort bien trait e et anim e. Car on s tripe " joyeusement " dans ce livre autour d une galerie de personnages riches en caract re. L auteur m le, en un amalgame coh rent, nombre de croyances religieuses, magiques, superstitieuses de l poque dans ce port imaginaire, commer ant et prosp re au bord d un Rhin au cours et au lit quelque peu modifi s. Un roman d couvrir parce qu il laisse esp rer une suite int ressante. Pierre Pevel, Les Ombres de Wielstadt, Fleuve Noir SF, 310 p. Serge Perraud Mathieu Gaborit Les rives d Antipolie et Revolutsya (Boh me 1 et 2) +++ Avec cette uvre qui tient autant de la Fantasy que du Steampunk, Mathieu Gaborit nous plonge dans une Europe imp riale en pleine d liquescence la fin d un XIXe si cle fantasm , tout en revisitant le th me, r current chez lui, de la cr ation artistique comme discipline quasi-magique. Il rend, travers ce cycle, un hommage aux pulps et aux romans de gare qui ont fait le ravissement de notre enfance. Alors qu Moscou les r volutionnaires attendent leur heure, une jeune femme exer ant la profession d Avocat-duelliste quitte Prague pour r cup rer le contenu d un dirigeable qui s est chou dans l Ecryme, substance cotonneuse et mal fique qui a recouvert le Globe. Contrainte de gagner Moscou, elle combattra aux c t s des r volutionnaires, contre le r gime et ses cr atures abyssales sorties de l Ecryme. Pour les vaincre, il lui faudra comprendre la nature secr te de l cryme pour enfin, peut- tre, rejoindre Boh me. Comme d habitude chez Gaborit, l intrigue est bien ficel e et les trouvailles narratives foisonnent. Le d cor, superbe, voque la fois les gravures de Gustave Dor illustrant les romans de Jules Vernes, l univers d Enki Bilal et la Cit des Enfants Perdus de Caro et Jeunet. Malheureusement, au milieu de ce tableau aux couleurs d licieusement d lav es aux tons de rouille, de sang et de pluie charbonneuse, Mathieu Gaborit oublie ses personnages qui restent esquiss s gros traits et son d nouement qui semble flotter dans l incertitude la plus totale jusqu la derni re ligne qui ne nous en apprend pas plus. Ainsi, Boh me, le lieu mythique qui donne son nom la saga ne sera-t-il voqu (bri vement) que dans les quatre derniers paragraphes du livre second, au point que l on se demande si un troisi me tome ne serait pas n cessaire pour claircir cet embrouillamini. Enfin, pour en finir avec les critiques de ce qui reste une uvre de jeunesse pr figurant les chefs-d uvre futurs (je vous en parle au prochain num ro, promis), il est dommage que Gaborit n ait pas plus (et mieux) exploit son background r volutionnaire qu il ne traite que comme un l ment de d cor, flou et manich en. En effet, le Steampunk, genre b tard en soi, ne se justifie que par la r interpr tation fantastique d une Histoire qui nous est famili re (je vous renvoie pour un exemple mieux ma tris de steampunk, l excellent ouvrage de Tim Powers : Les Voies d Anubis J ai lu SF Fantasy 1994 prix Apollo). Mathieu Gaborit, Les rives d Antipolie et Revolutsya (Boh me 1 et 2), ditions Mn mos Science-Fiction, 214 et 212 pages Julien Schwartz. David Farland La Confr rie des Loups ++ Les Seigneurs des Runes sont dot s du pouvoir de devenir des surhommes en s appropriant les attributs physiques et/ou intellectuels de leurs sujets : Dons de Vue, d Odorat, de Voix, de Force, de M tabolisme, de Constitution, d Agilit , de Charisme, d Intelligence, etc. Un nouveau Roi de la Terre est apparu apr s que son p re eut succomb au cours de la bataille l opposant Raj Ahten, le Seigneur-Loup d tenteur de milliers de dons, qui r ve de prendre le contr le absolu des royaumes du Rofehavan. Mais, tr s vite, le Roi de la Terre est confront une menace bien plus redoutable encore : les Maraudeurs, des monstres qui n taient plus sortis de leurs tani res depuis des si cles et se massent d sormais aux fronti res des territoires humains, frappant sans distinction les soldats et les populations civiles des deux camps. Le Roi de la Terre ne voit alors plus qu une solution : s allier avec Raj Ahten, m me si cela appara t comme tant contre nature. cet effet, il envoie Borenson, son garde du corps n gocier avec la favorite du harem de Raj Ahten tandis qu une id e saugrenue germe dans l esprit de l pouse de Borenson, qui envisage son tour de devenir un Seigneur-Loup en acceptant de recevoir des attributs d animaux au m pris d un tabou majeur chez les Seigneurs des Runes. Le Roi de la Terre, qui aspire sauver l Humanit tout enti re, devra alors faire appel tous ses pouvoirs pour briser le Sceau de la D solation, invoqu par le Mage Funeste. Dans les deux tomes que constituent La Confr rie des Loups, David Farland nous plonge dans un univers d hero c-fantasy o pr domine la magie et o se c toient toutes sortes de personnages et/ou de cr atures terrifiantes : Tisseurs de Flammes, Mages Aquatiques, Maraudeurs, Femme Verte, clats Invincibles, clats T n breux, Greaks ou encore Chevaliers quitables n ayant pr t qu un seul serment celui de d truire les Seigneurs-Loups. Dans cet ternel combat entre le Bien et le Mal s entrecroisent au fil des chapitres magie, h ro sme, alliance, m salliance et trahison. David Farland, La Confr rie des
Loups (La Derni re chance, Tome I, 352 p. et Le Sceau de la d solation, Tome
II, 378 p.), Pocket, coll. Fantasy, Trad. Isabelle Troin. Jos phe Ghenzer Neil Gaiman Stardust +++ Neil Gaiman est un producteur d OVNI. chaque livre, il tonne et trace sa propre voie. Son nouveau roman, Stardust, ne d roge pas la r gle. Plut t que de donner une histoire de Fantasy classique et muscl e, le voil parti dans un conte d licieusement absurde et dr le. Un jeune gar on se voit oblig d aller dans le pays des f es pour une promesse qu il a faite sa bien-aim e. Il s est engag lui rapporter une toile tomb e sur Terre pour lui prouver son amour. Et pourtant, le pays des f es est un endroit qu il vaut mieux viter pour les humains Sorci res et autres joyeuset s attendent les voyageurs imprudents. Malgr ses apparences simplistes, Stardust est un tr s bon roman de Fantasy. Neil Gaiman a un style particulier, entre l humour et la po sie, qui rend ses r cits tout simplement savoureux. Pour passer deux tr s bonnes heures, Stardust est un choix id al. Neil Gaiman, Stardust, J ai Lu, Mill naires, 236 pages, Trad. Fr d rique Le Boucher J r me Vincent Laurent Kloetzer M moire Vagabonde +++ Le printemps 2001 restera sans doute comme une s rie de bons moments pour Laurent Kloetzer. Entre la r dition de la Voie du cygne aux ditions Folio SF et R miniscence 2001 para tre chez Nestiveqnen, Mn mos a d cid de ressortir en grand format son premier roman : M moire Vagabonde. crit il y a cinq ans maintenant, son auteur l a retravaill pour l occasion. L histoire, elle, n a pas vraiment chang . Le lecteur suit toujours les traces de Ja l, crivain schizophr ne, qui roule sa bosse de par le monde. Mais de temps en temps, il se prend pour le personnage qu il invente dans ses romans : Ja l de Kerdhan, un bel esprit, s ducteur et libertin qui n a pas rougir de son pass . Malheureusement, la v rit est tout autre pour Ja l. Notre h ros aura bien du mal faire face ses souvenirs pour se d barrasser de ce double encombrant. Avec son prix Julia Verlanger obtenu en 1998, M moire vagabonde est un roman en demi-teinte. Si l on s attache aux personnages et si l histoire reste sympathique, la trame souffre, elle, de petits d fauts in rants beaucoup de premiers romans. Rien de bien grave cependant. Le charme de ce livre les fait vite oublier. Laurent Kloetzer, M moire Vagabonde, Mn mos, collection Icares, 360 pages J r me Vincent Guy Endore Le loup-Garou de Paris ++++ Les Pitaval et les Pitamont se ha ssent. Un Pitamont se glisse, d guis en moine, chez les Pitaval et trucide le couple seigneurial. D couvert, il est jet dans un cul-de-basse-fosse creus pour lui, et abandonn pour toujours, hurlant comme un loup. Par ce prologue historique d bute cet tonnant roman am ricain de 1933 (oui, l ann e de King Kong), r v l par Jacques Finn , auteur d une tr s int ressante introduction, dans cette belle collection des Introuvables . Roman tr s bien construit, qui suit, petit petit, l volution de Bertrand, fruit du viol d un cur fr n tique, descendant des Pitamont, au milieu du XIXe si cle, et d une tr s jeune fille. D agneaux gorg s en chasse la balle d argent, la carri re de Bertrand se poursuit, effroyable. Il fera l amour avec sa m re, s enfuiera, tuera et boira le sang de son meilleur ami, mordra les putains au bordel (dans une sc ne particuli rement d lectable), pour aboutir dans le Paris assi g de 1870, o il violera joyeusement les tombes du P re-Lachaise. Apr s un amour cannibale en pleine Commune, il finira dans un asile et mourra comme il a v cu, en s assouvissant. Roman fort, l intrigue lente, sourde, et admirablement men e, Le Loup-Garou de Paris peut tre consid r comme l ouvrage fondateur du th me du loup-garou, l instar de ce que signifie le Dracula de Bram Stoker pour le vampire. Si l on y rajoute l extraordinaire description du Paris communard et le pertinent d veloppement psychologique des protagonistes, on peut v ritablement affirmer que ce livre, aux relents rotiques tr s nets, mais loin de tout gore , constitue une v ritable d couverte, qui ravira les historiens, bien s r, mais qui passionnera aussi tous les amateurs de fantastique vraiment d rangeant. Guy Endore, Le loup-garou de Paris, ditions Naturellement, coll. Les Introuvables , 462 p., Trad. Jacques Finn Bruno Peeters Jean Pierre Andrevon La Cachette ++ Ce n est pas proprement parl du Fantastique ou de la SF, ce serait plut t un huis clos. Mais comme Andrevon est quand m me un auteur majeur dans les domaines qui nous int ressent, nous ne pouvions pas ne pas parler de ce roman. Jack Frazetta est un glandeur. Il vit dans une petite ville des tats-Unis et ne fait rien de ses journ es. Avec deux amis, il braque une banque. Malheureusement pour lui, l affaire tourne au vinaigre et Frazetta doit s enfuir abandonnant derri re lui un de ses complices mourant et son butin. Poursuivi, il parvient entrer dans une maison et se cacher sous un lit Mais ce lit qu il croyait vide est en fait occup et son s jour de quelques heures dans cette cachette, durera finalement un an. S organise alors la vie de Jack. Il doit se nourrir, se laver, se soulager de ses besoins naturels, et cela l insu des occupants de la maison dont la femme, psychologiquement malade, reste au lit toute la journ e. Pass les vingt premi res pages, on est pris par l histoire. On s attache au personnage de Jack qui nous devient sympathique et familier. Les trouvailles sont nombreuses et Andrevon parvient nous faire sourire et nous faire aimer son personnage. Un excellent exercice de style. Jean-Pierre Andrevon, La Cachette, ditions du Masque, 236 p. Marc Bailly Bentley Little L ignor ++++ Le commun des mortels. Un homme qui se cherche dans un d cor banal et anonyme. Comme une poign e de main moite. Il d gote un emploi ennuyeux, pire, inutile. Un poste que la direction aurait tr s bien pu supprimer sans que personne ne s en aper oive. Ses coll gues ne semblent d ailleurs m me pas le remarquer. Les passants le bousculent dans la rue sans se retourner. moins qu ils ne passent travers lui Mais il n est pas le seul et bient t rejoindra le groupe terroriste pour l Homme Ordinaire. L ignor est un homme invisible dans une soci t de consommation. Un individu effac dans la masse. Le roman est une fable sur les terrains d exp riences de grandes firmes commerciales qui cherchent plaire au plus grand nombre (des consommateurs moyens) en distillant des produits fades. Ou quand le conformisme tue le vivant ! Bentley Little, L Ignor , Presses de la Cit , 456 pages, Trad. Jacques Martinache Nathalie Caccialupi Nicolas d Estienne d Orves Le sourire des enfants morts +++ La nouvelle titre de ce recueil Le sourire des enfants morts est en fait une novella de 15 chapitres. On y retrouve un journaliste rat en apparence, quadrag naire et mari une femme d affaires, qui trouve une chappatoire une vie professionnelle et familiale qui ne lui pla t qu moiti . Un jour, un vieil ami libraire lui transmet un curieux livre qui va l entra ner dans un Paris qu il ne connaissait pas la d couverte de huit tableaux myst rieux et dans une aventure o il va tre victime d une conspiration occulte. La seconde partie du recueil est une effroyable trilogie ut rine La Sainte famille qui r gle des comptes freudiens par le biais de massacres, de fantasmes incestueux et d abominations m dicales entourant la naissance d un suppos b b . Les autres nouvelles vous pr senteront un gastronome cannibale, une hostie qui parle, Hitler qui conna t une fin plus tardive, mais beaucoup plus effroyable. 10 nouvelles remarquablement construites par un jeune crivain bourr de talents et dont l imaginaire totalement personnel vous s duira au plus profond de vous-m me. Fantastique, horreur, sot risme, obsessions morbides et humour sont pr sents. Une belle plume suivre. De plus, ce qui ne g che rien, un tr s beau livre que l on a plaisir manipuler. Nicolas d Estienne d Orves, Le Sourire des enfants morts, Le Grand Cabinet Noir, 194 p. Marc Bailly Clive Barker Sacrements +++ Entrer dans un roman de Clive Barker, c est forc ment entrer de plain-pied dans un univers d rangeant. Une affirmation peut- tre vidente pour certains, mais pas pour un lecteur qui d couvrirait cet auteur anglais, cin aste, auteur de th tre et peintre ces heures. Dans Sacrements, le personnage principal (Will Rabjohns, un photographe naturaliste) se frotte l extr me dans le but ultime de se faire peur. Une tendance excessive qui finira par le pousser entre les griffes d un ours polaire (pas la plus sympathique des bestioles, malgr une apparence bonhomme) et le faire flirter avec la mort. Tomb dans le coma, Will retrouve, enfouis au plus profond de sa conscience, les souvenirs d une exp rience traumatisante v cue lors de son adolescence. Le fantastique tant une litt rature de la transgression, Clive Barker est sans aucun doute possible un ma tre moderne de ce genre trop souvent galvaud . Car au fil de son uvre, ce natif de Liverpool pousse sans arr t le lecteur dans les derniers retranchements de sa conscience. Questionnement sur le sexe, la mort, l homosexualit Et finalement sur la vie, Sacrements est un voyage putride dans l me d un homme qui se croyait blas mais finira par d couvrir que certains secrets ont souvent le poids norme de la simplicit . Sacrements est un roman isol dans la bibliographie de Barker qui ne se rapporte ni la s rie de l Art ni la nouvelle uvre entam e avec Galil e, mais un roman qui puise sa force dans la simplicit de ce propos. Et sa faiblesse reste sa longueur, Barker ayant d finitivement d cid que rien ne peut s exprimer en profondeur en moins de cinq cents pages. Un roman de qualit , qui pourrait constituer pour les novices une excellente porte d entr e dans l univers d un auteur totalement part sur la sc ne internationale. Clive Barker, Sacrements, Rivages, 492 p. Christophe Corthouts Benoit Attinost C phalophage Tome I & 2 +++ Onyx est une toute nouvelle maison d dition (cf. SF Mag 15) dont le principe d dition reste le roman feuilleton. Benoit Attinost est un jeune auteur issu du milieu du jeu de r le auteur de deux romans publi s chez feu les ditions Kom-he don. Avec C phalophage, il signe un polar fantastique tirant vers le gore. Keneth Williams est inspecteur de police criminelle Washington D.C., il doit enqu ter sur une s rie de crime commis par un serial killer qui ne s int resse qu aux t tes de ses victimes. Pourtant tr s vite ce qui ne devait tre qu une banale enqu te plonge dans le fantastique au plus grand dam du h ros. Si le premier tome est plut t classique, le second volume acc l re l action. L auteur r ussit tr s bien rendre l horreur et certaines des sc nes d crites sont terribles. Par contre, les deux volumes sont d in gales qualit s. Avec le second tome, on sent visiblement que Benoit Attinost ma trise mieux son histoire et r ussi nous captiver. Les fans de X-Files ou les amateurs de Cthulhu devraient particuli rement appr cier. En attendant la sortie du troisi me et dernier volume, vous allez pouvoir red couvrir le frisson. Benoit Attinost, C phalophage Tome I & 2, Onyx, 90 p. et 94 p. Olivier Collin Graham Joyce R ves gar s + J avais t s duit par l id e d un autre livre de Joyce : Indigo. Mais je m y tais ennuy . Alors j ai tent une autre lecture. Dans R ves gar s, l action se passe sur une le grecque. L action ? Il n y en a pas. On s ennuie sur cette le, de baignades dans le plus simple appareil en beuveries et gueules de bois. Deux couples, une maison (hant e ?) sur laquelle on peut lire l inscription : Haus der verlorenen Traume (Maison des r ves perdus, d o le titre ) Ce livre est publi dans la collection Terreur . Mais n ayez crainte, vous ne serez jamais terrifi . Sur l le, la r v lation tait toujours imminente crit l auteur (page 304). Dans le livre aussi et jusqu la fin elle reste imminente. Si on r fl chit un peu, on comprend le but de l auteur. Il crit page 61 : Il d testait la f roce puissance obscurantiste de l glise orthodoxe grecque ainsi que de l glise catholique Et il fait dire son personnage principal, sur la sainte Trinit : Premi rement, personne ne raconte jamais toute l histoire. Deuxi mement, il ne faut m me pas essayer. Troisi mement, si quelqu un essaie, il ne faut pas le croire. Cette plaisanterie peut aussi tr s bien s appliquer au livre lui-m me ! Je vais de ce pas lire L intercepteur de cauchemar. Mais j ai peur ! De m ennuyer Graham Joyce, R ves gar s, Pocket/Terreur 384 pages. Trad. Michelle Charrier Alain Pelosato Dean Koontz Seule survivante +++ Si Stephen King est devenu le ma tre incontest de l Am rique Profonde et de ses d rapages quotidiens, Dean Koontz lui est, depuis la parution de Chasse Mort l empereur du Grand Complot et des vicissitudes de l Am rique urbaine. Dans Seule survivante, nous faisons la connaissance de Joe Carpenter, prostr depuis la mort de sa famille dans un terrible accident d avion. En pleine spirale vers les t n bres et la folie, Joe sauve de justesse une jeune femme qu il avait surprise en train de faire des photos de la tombe de ses proches. Rapidement, il d couvre que cette inconnue a surv cu au crash, qu elle n est pas la seule et que d tranges individus cherchent l liminer. Pourquoi ? Comment ? C est videmment tout l objet du r cit ! crit dans la grande tradition Koontzienne, baign dans une parano a qu appr cie particuli rement le public am ricain, ce roman est avant tout, l histoire d tres humains. Des tres d pass s par la r alit , plong s dans le surnaturel et l impr vu. M me si l explication finale plonge ses racines dans un sol souvent labour par Koontz, Seule survivante fait partie des toutes bonnes variantes sur le th me de pr dilection du Californien. Men un rythme soutenu, cette aventure aux confins de l trange et de la parano a est du genre vous faire veiller tard dans la nuit ! Seule survivante, Dean Koontz, Pocket Terreur, 418 pages, Trad. Val rie Rosier Christophe Corthouts Michel Meurger Histoire naturelle des Dragons +++ J ai toujours admir comment Michel Meurger parle des sujets de folklore avec s rieux et obstination. Il utilise sa bonne vieille m thode dans ce livre qui traite des tudes s rieuses (naturalistes, si on peut dire) qui ont t men es sur les dragons. Eh oui, il faut savoir que de nombreux naturalistes se sont pench s sur cette t che. Avec plein de preuves : t moignages, ossements, etc. Et, comme d habitude, Michel Meurger analyse tout cela en scientifique, froidement, sans parti pris. Donc, il faut bien comprendre comment et pourquoi on pouvait croire aux dragons pendant des si cles. la base, il y a la bible et son serpent et les histoires de serpents g ants ramen s d Afrique ou d Am rique n ont fait qu alimenter cette foi. Pour une fois, une tude sur les dragons parle de la Tarsque, dragon rhodanien subjugu par sainte Blandine (l une des saintes qui accost rent aux Saintes Maries de la Mer). Par contre pas un mot sur cet autre dragon rhodanien : le Drac. Enfin, ne soyons pas trop exigeants. Et notre auteur ne manque pas de souligner que notre v n r Dom Calmet (1672-1757), auteur c l bre d une tude sur les vampires, a aussi tudi les dragons. Il poss dait m me chez lui un cr ne de cette fabuleuse et f erique bestiole ! Michel Meurger, Histoire naturelle des Dragons, Terre de Brume, 250 pages Alain Pelosato Peter Straub Monsieur X ++++ Deux livres, publi s coup sur coup, nous renvoient la magie de Peter Straub, sans doute l un des tout grands crivains fantastiques contemporains. L un des plus denses en tout cas. A l image d une litt rature chaude, sensuelle, gorg e d tranget s, de visions et de r miniscences. Monsieur X tout d abord. Roman pais plusieurs voix, classique dans sa th matique : une qu te d identit dans l Am rique des classes moyennes, vaste et d shumanis e. Trop vaste pour des individus comme Ned Dunstan, un personnage central somme toute tr s commun, mais dot de pouvoirs psychiques incontr lables et incompr hensibles. A l instar de ce double impr visible, le fr re gar de Ned, tre quasi-immat riel mais de plus en plus lourd supporter Certes, Ned est issu d une famille o furent r v l s, nagu re, de forts curieux dons (dont celui de tomber dans le temps), mais ce n est pas l chose essentielle. Straub ne s tend pas sur ce c t obscur. Il pr f re utiliser ces l ments pour dresser une impressionnante et savoureuse galerie de portraits. Ce qui fait le piquant du livre. Un entrelacs de personnages tous plus extravagants qui, la mani re d un gigantesque puzzle, construisent patiemment un r cit qui pourrait se r sumer l histoire d une petite ville du Midwest comme tant d autres. L o le r ve am ricain se brise encore et encore. Dans cette esp ce de saga familiale fantastique, Ned Dunstan s incruste de mani re naturelle, comme dans un flou artistique et magique. Juste se laisser glisser. A la recherche d un p re qui est devenu presque un mythe (mais un mythe assassin ), aiguill sur les sentiers de la m moire par une m re mourante. Dunstan focalisera ainsi les passions et les haines ancestrales qui, gr ce au talent de l auteur, resurgissent l o on les attend le moins. Du tout grand roman. Peter Straub, Monsieur X, Plon,
483 p. (Trad. Michel Pagel) Denis Dargent Peter Straub Magie de la terreur ++++ Parall lement Monsieur X (voir ci-contre), est publi un recueil de sept longues nouvelles, intitul Magie de la terreur. L une d entre elles, Pork Pie Hat , tait d j parue en fran ais dans l anthologie Forces Obscures n 3 (Naturellement). L un des plus beaux textes de Straub, l un de ses plus beaux hommages au jazz qu il affectionne tant. Le jazz qui sert ici de pr texte une plong e dans la mythologie de la musique noire am ricaine, la recherche de ses l gendes, de ses myst res. Le fantastique de Peter Straub procure d ailleurs cette m me impression de fuite dans le pass des personnages, o s enracinent les perversions les plus diverses. Dans ces nouvelles, splendides, l auteur superpose diff rents plans de r alit . Cela cr e une esp ce de distorsion. On est, l instar du narrateur, d rout par des apparitions soudaines ( Le village fant me ). Elles clairent, sous des angles vari s, ces r alit s vacillantes. Les portes de l trange s ouvrent devant nous. Derri re, nous n y trouverons que des choses bien plus tranges encore. M me quand il s engage sur les sentiers de la nouvelle polici re ( Isn t it romantic ? , Mr. Clubb et Mr. Cuff ), Straub fait en sorte qu il nous reste dans la bouche ce go t cre des choses irr solues, des anomalies qui, bien des gards, flirtent avec le surr alisme. Du grand art. Peter Straub, Magie de la terreur, Pocket, coll. Terreur, 435 p. (Trad. Michel Pagel et Jean-Paul Gratias) Denis Dargent David Gemmell L gende ++++ Un demi-million de Nadirs s appr te assaillir Dros Delnoch, la principale forteresse Drena . Cette derni re est perdue moins que un h ros, une l gende, ne vienne la sauver. Druss, la l gende en question, a plus de soixante balais et tra ne un sacr mal de genou ! Avec l aide des trente templiers blancs, la Dros a peut- tre une chance Comment ne pas s enthousiasmer pour ces fiers d fenseurs, pour ce Fort Alamo la sauce fantasy ? Comment ne pas retrouver une joie simple en lisant L gende de David Gemmell ? Et bien c est chose impossible car force est de constater que ce roman, le premier de l auteur, poss de quelque chose en plus ! Peut- tre est-ce d la raison qui l a pouss l crire. En effet, son m decin lui ayant certifi qu il allait mourir dans les six mois, Gemmell d cide de r aliser ce qu il n a jamais eu l occasion de faire : crire un roman. Non seulement c est un succ s mais, en plus, le m decin s est tromp de dossier ! Bref, un roman prenant, teint d une r flexion simple sur la valeur de la vie et sur les l gendes. David Gemmell, L gende, Bragelonne, 357 p. (Trad. Alain N vant) Pierre-Alexandre Vigor Peter F. Hamilton Consolidation +++++ L Alchimiste du neutronium fait suite Rupture dans le r el et constitue le troisi me tome du roman-fleuve L Aube de la nuit Pour ceux qui n auraient pas tout suivi, disons que Peter F. Hamilton nous livre ici une uvre digne de figurer dans la biblioth que de tout amateur de science-fiction, et plus particuli rement de space opera. Dans ce volume, la Conf d ration est confront e un probl me tr s grave : les morts ont r ussi prendre possession des corps des vivants et se r pandent, une vitesse effrayante, sur un nombre toujours croissant de plan tes. Les autorit s sont prises au d pourvu car les morts ont la ma trise d une forme d nergie incroyable qui leur permet de fa onner tous les objets qu ils d sirent et qui s av rent tre aussi une arme redoutable. Parmi les ressuscit s, Al Capone met en place une organisation criminelle structur e comme de son vivant et devient un leader tr s efficace. Pendant ce temps, le docteur Alkad Mzu cherche r cup rer l alchimiste, une arme qu elle a invent e trente ans auparavant, et qui est suffisamment puissante pour d truire une toile. Tous les personnages sont donc menac s sur deux fronts en m me temps ! Avec ce troisi me volet, le cycle de L Aube de la nuit gagne encore en int r t. Peter Hamilton ma trise parfaitement son r cit et tient son lecteur en haleine d un bout l autre du livre. L intervention de personnages historiques comme Al Capone est de plus une id e brillante, qui apporte une touche d humour. Le seul probl me est toujours le m me : arriv la fin du livre, on enrage de devoir attendre le tome deux, Conflit, pour savoir la suite. Piti , faites vite ! Peter F. Hamilton, Consolidation (L Alchimiste du neutronium, t.1), Robert Laffont, coll. Ailleurs et Demain, 620 p. (Trad. Pierre K. Rey et Jean-Daniel Br que) Marie-Laure Vauge Philippe Monot Fr re Aloysius et le petit prince ++++ Le monde est en proie l Effacement, un mal myst rieux qui gomme les reliefs et les couleurs et les remplace par une grande plaine grise. Par hasard, Fr re Aloysius, moine et magicien, d couvre une trange chanson populaire qui pourrait apporter la solution du myst re. Il se lance d s lors dans un grand p riple au gr de son intuition. Il rencontre ainsi de nombreux obstacles, dont le compagnon de voyage avec qui il sera oblig de cheminer. Ce roman est ce qui pouvait arriver de mieux la fantasy m di vale hexagonale. On y trouve tous les ingr dients classiques du genre, mais, ici, il y a, outre une r elle volont de d paysement, une verve et un humour digne de Jack Vance. D ailleurs, B thorne le compagnon cynique et opportuniste de fr re Aloysius n est pas sans rappeler un certain Cugel. Bref, il est permis de penser que Philippe Monot est appel un grand avenir et va devenir l une des valeurs s res du genre. Philippe Monot, Fr re Aloysius et le petit prince, Nestiveqnen, 318 p. Fabien Lyraud Jonathan Carroll Le B cher des immortels +++ Jonathan Carroll est un auteur hant . Inlassablement, il revient sur la question que nous nous posons tous : qu est-ce que la mort ? R guli rement ses personnages sont confront s une mort annonc e, qui influe sur leur vision du monde et les am ne r fl chir sur la meilleure fa on de vivre le peu de temps qui leur reste. Le B cher des immortels ne d roge pas la r gle mais il est certainement l un des textes les plus r ussis et les plus aboutis. Tout commence pourtant de mani re tr s positive : Miranda Romanac est une Am ricaine passionn e par son travail, qui consiste d nicher des livres rares pour de riches bibliophiles, mais elle est assez seule dans la vie. Enfin, elle trouve la perle rare, l homme parfait, Hugh Oakley, qui r pond toutes ses attentes. Il est mari mais quitte femme et enfants pour vivre avec elle. Bient t, Miranda est enceinte et le bonheur du couple est son comble lorsque, brutalement, Hugh meurt. Miranda plonge alors dans un univers o le temps et les r alit s se m langent, car elle a involontairement chang le cours du destin. Il tait en effet crit que Hugh resterait avec sa femme et de nombreuses cons quences d coulent de ce changement. Le B cher des immortels est donc un roman tr s onirique qui joue avec la notion de mondes parall les. C est aussi un v ritable voyage int rieur qui offre son h ro ne l occasion de tout remettre en question et de se d couvrir. Foisonnant, beau et captivant, c est une bonne porte d entr e dans l uvre de Jonathan Carroll. Jonathan Carroll, Le B cher des immortels, Flammarion, coll. Imagine 292 p. (Trad. H l ne Collon) Marie-Laure Vauge Walter Jon Williams Plasma ++++ Plasma est un roman de science-fiction particuli rement r ussi, qui offre la description des diff rentes classes d une soci t litiste, o tout est r gent par le plasma, une nergie ph nom nale qui permet de plier la mati re sa volont , se d placer mentalement, se r g n rer Ayah est issue d une famille pauvre et essaye p niblement d am liorer sa condition. Elle travaille pour l Office, organisme qui contr le les sources de plasma. Sa t che est de rep rer les utilisations frauduleuses de cette pr cieuse nergie. Alors qu elle recherche l origine d une explosion qui vient de ravager tout un quartier, elle d couvre un gisement inconnu de l Office et inexploit . Elle voit l l occasion de r aliser tous ses r ves et d oublier enfin tous ses soucis d argent mais cela implique de passer dans l ill galit . Elle d cide de vendre ce gisement un riche industriel, Constantin, en ignorant qu il fomente un coup d tat. Elle se trouve donc, bien malgr elle, m l e de sombres manipulations politiques, mais il est trop tard pour reculer car elle a pris go t cette vie o le plasma coule flot. Walter Jon Williams signe ici un roman original et riche en rebondissements dans lequel on ne s ennuie jamais. Ses personnages sonnent juste et la soci t qu il d crit, en particulier les rouages de l administration et le syst me de castes d guis , est hautement plausible. Enfin, ses descriptions de l utilisation du plasma sont magiques. En bref, Plasma est un livre qui m rite le d tour ! Walter Jon Williams, Plasma, J ai Lu, coll. Mill naires 392 p. (Trad. Guy Abadia) Marie-Laure Vauge Jean-Pierre Hubert Plan te trois temps +++ Jemael, Solann et Floresta sont trois membres de la confr rie des Chantres de Terra, plan te-m re de l humanit repli e dans une autarcie cologique rassurante. Ils ont t contact s par le r gent de la plan te Zhyl pour faire une tourn e travers les mondes humains. Contraints une escale forc e, la na vet des h ros va se heurter une r alit fort d plaisante : la galaxie humaine est gangren e par la guerre ! Les Chantres vont ainsi tre entra n s dans une aventure l chelle de l univers dont l enjeu ne sera pas moins que le destin de leur propre race. Ce roman est paru originellement en 1975. L aspect politique y est pourtant plus mod r que dans bien des textes de l poque. Hubert y renvoie tous les r gimes politiques dos dos car il n y a pas de syst me parfait. Ce roman est proche par certain aspect de La Boh me et l ivraie d Ayerdahl. En effet, ici aussi, l art est une arme capable de changer le monde. Cependant, Hubert va encore plus loin car l art, seul r el rempart contre la guerre, est capable de sauver le monde ! Bref une uvre red couvrir. Jean-Pierre Hubert, Plan te trois temps, Editions Naturellement, coll. Les introuvables, 207 p. Fabien Lyraud Mary Gentle Les Fils de la sorci re ++++ Les Fils de la sorci re est un roman de science-fiction ethnologique, dans la plus pure tradition de ceux d Ursula Le Guin. Totalement d paysant, c est une plong e dans un univers et des modes de vie r solument trangers. Lynne de Lisle Christie est envoy e par le Dominion de la Terre pour tablir des relations diplomatiques et commerciales avec Orth , une plan te dont la civilisation n a pas encore atteint le stade du d veloppement technologique. Elle s immerge alors compl tement dans ce nouvel environnement, au point d en oublier parfois que ce monde n est pas le sien et que la Terre attend d elle un rapport. Elle d couvre petit petit que les habitants d Orth sont en r alit bien plus volu s qu ils n y paraissent et qu ils rejettent la technologie en connaissance de cause. Cela ne laisse rien pr sager de bon quant aux relations diplomatiques Sur cette toile de fond, Mary Gentle vient greffer une foule d v nements et de rencontres, tout en se focalisant sur les sentiments contradictoires prouv s par le personnage de Christie. Elle nous fait d couvrir avec merveillement la faune, la flore et les coutumes de Orth avec une pr cision incroyable. Le seul inconv nient de ce livre en d coule d ailleurs : le texte est parsem de mots orth en et le recours fr quent au lexique est parfois fastidieux. Hormis ce petit d tail, qui aide nous couler dans la peau d un visiteur innocent, Les Fils de la sorci re est un roman vraiment passionnant qui vaut le d tour. Mary Gentle, Les Fils de la sorci re, Folio SF, 738 p. (Trad. Jacques Guiod) Marie-Laure Vauge Pierre Bordage Orch ron ++++ Les filles et les fils d Abzalon et d Ellula ont, en 800 ans, colonis le continent du Triangle sur la nouvelle Esther. L harmonie pourrait r gner dans cette soci t matriarcale et agraire sans les umbres, ces pr dateurs volants qui surgissent tout moment et sans les protecteurs des sentiers. Ces derniers pr nent la r volte contre les mathelles, ces femmes qui r gentent les domaines et traquent les lign es maudites . Orch ron le potier, accus d tre le rejeton d une telle lign e, doit fuir sa mathelle d adoption. Commence pour lui la qu te de son identit , en un parcours initiatique sur cette Terra Nova . Pierre Bordage s en donne c ur joie en nous contant les p rip ties des survivants d Esther. Il l che la bride son imagination et d montre son go t pour la conception de nouveaux mondes, de nouvelles structures sociales en recherche d quilibre entre tradition et ignorance. Il chante ce rapport avec la nature, cette communion primaire et sensuelle avec tout ce qui compose celle-ci. Il multiplie les personnages et leur donne cette pr sence et cette force qui cr vent le papier et les rend si attachants, si humains avec leurs outrances et leurs souffrances. L auteur entreprend de d montrer l absurdit qui consiste utiliser l h ritage spirituel et moral de personnages d exception pour s assurer une l gitimit et faire ainsi accepter ses propres motivations et cautionner ses actes. Bordage use de l artifice narratif permis par les journaux intimes pour jouer subtilement sur plusieurs plans, au nez et la barbe du lecteur. Bien que des petits indices soient sem s ! La conclusion, par contre, est un peu abrupte. Mais ne doutons pas que les claircissements se trouveront dans le prochain volet de cette trilogie. Sociologie, ethnologie, humour et amour de la vie et de l instant pr sent se conjuguent avec une criture dense, forte, aboutie pour faire d Orch ron un grand cru Bordage ne pas laisser passer. Pierre Bordage, Orch ron, L Atalante, 466 p. Serge Perraud Ada Haynes La qu te de Kysma ++++ C est toujours une d couverte que de lire le premier roman d un nouvel auteur. Avec La Qu te de Kysma, Ada Haynes frappe fort. Dans ce r cit initiatique faussement na f, elle parvient renouer avec la grande tradition des romans de SF des ann es soixante-dix, qui m lent la description d une soci t exotique la r flexion politique. Un cataclysme a en effet inond la quasi-totalit de la Terre, mais a pargn l Afrique. Ce continent a connu un essor conomique mais un d clin des connaissances scientifiques. Dans le m me temps, des entit s extraterrestres sont apparues sur Terre, sans vraiment chercher communiquer avec les humains ; elles se contentent de demander tre approvisionn es en plancton. Le h ros du roman, Kysma, est un paria car un hasard de la g n tique a voulu qu il naisse blanc dans une population majoritairement noire. Rejet de tous, il est dot d une forte curiosit et est pr t tout pour r aliser son r ve : rencontrer les entit s. Il entame alors un p riple maill de d couvertes qui l aident construire son propre destin. Si ce r cit est essentiellement bas sur l volution du personnage principal, il donne galement son auteur l occasion de d crire des lieux et des modes de vie totalement d paysants. Avec La Qu te de Kysma, un roman prenant, tant t grave, parfois plein d humour, Ada Haynes d montre un talent prometteur. Ada Haynes, La qu te de Kysma, J ai Lu, coll. SF, 252 p. Marie-Laure Vauge Paul J. McAuley La Lumi re des astres ++++ Suite Quatre cents milliards d toiles, ce roman reprend l histoire de Dorthy Yoshida, femme t l pathe du IVe mill naire. Dix ans apr s sa victoire crasante dans le conflit contre les Aleas, la Marine de l Organisation des Nations R unies garde Dorthy toujours prisonni re, car son esprit a t contamin par sa rencontre avec l adversaire. Elle est enlev e/d livr e par Talbeck, un riche Golden (b n ficiaire des traitements de long vit ) qui a ses propres griefs contre l ONRU et qui a besoin du talent et des connaissances de Dorthy pour une mission d enqu te vers une toile trange qui se dirige toute vitesse sur la Terre. La Marine est d j sur place, craignant qu il s agisse d une riposte de ren gats Aleas. Cette toile baladeuse n est, en fait, que la premi re tape d une aventure o se d cidera le destin de tout l univers. McAuley fait une belle d monstration de sa ma trise parfaite de la confection d un r cit de hard science plut t classique, tout fait comparable aux meilleures uvres de Clarke, Pohl ou Benford. L talage des concepts tir s de la physique et de la cosmologie de pointe fait bon m nage avec des sc nes d action effr n es et des personnages hauts en couleur mais dont les motivations restent n anmoins plausibles. Paul J. McAuley, La Lumi re des
astres, J ai Lu, coll. SF, 475
p. (Trad. Val rie Guilbaud) Tom Clegg Vernor Vinge La captive du temps perdu ++++ Vernor Vinge m rite d tre mieux connu par les lecteurs francophones. En attendant la traduction de son dernier roman, A Deepness in the Sky, qui vient de gagner le prix Hugo, cette r dition en format poche de Captive (paru en 1986) est donc bienvenue. Ce livre prend la forme d un polar, dans un contexte bizarre qui pose lui-m me un myst re de taille. On y d couvre une Terre rest e l abandon depuis l Extinction, un v nement de nature inconnue (guerre ? pid mie ? intervention extraterrestre ?) survenu au 23e si cle qui a fait dispara tre toute civilisation humaine. Quelques survivants ont t pargn s car ils se trouvaient l int rieur des bulles , des champs de force sph riques qui isolent les objets et les personnes des effets du passage du temps r el dans le monde ext rieur. Mise au point d s 1997, la technologie des bulles a permis des voyages dans le temps uniquement vers le futur. Certains de rescap s temporels ont r ussi r unir les autres survivants et les transf rer 50 millions d ann es dans l avenir dans l espoir d offrir un nouveau d part l humanit . Mais lors d un de ces d placements, on d couvre que l un des membres fondateurs de la colonie est rest bloqu dans le temps r el, o elle a d mourir solitaire, sans possibilit de rejoindre ses compagnons. De toute vidence, il s agit d un acte de meurtre pr m dit ! Pour quel motif ? Wil Brierson, qui tait d tective dans le lointain pass , est charg de mener l enqu te. Il arrive la conclusion qu une deuxi me Extinction se pr pare Ce roman tr s efficace r ussit condenser des id es tr s complexes dans le moule d une enqu te palpitante. A travers l accumulation d indices et l interrogation de divers suspects et t moins, originaires de diff rentes poques, Vinge nous donne la fin non seulement la solution du crime, mais aussi un bon aper u de l avenir de l Humanit pendant les deux prochains si cles. On ne trouve pas mieux comme stimulateur de neurones ! Vernor Vinge, La Captive du temps
perdu, Le Livre de Poche, coll. SF,
378 p. (Trad. St phane Manfr do) Tom Clegg William Nicholson Les Secrets d Aramanth ++++ De leur naissance leur mort, les gens d Aramanth sont valu s, class s, jug s. Toute leur vie est conditionn e par des examens qui leur garantissent la r ussite sociale ou le m pris g n ral. Le jour o Kestrel se rebelle contre ce syst me d apparente harmonie, c est toute sa famille qui est condamn e. Mais le cri de la jeune fille est li au Chanteur de vent, muet depuis bien trop longtemps. Kestrel, son fr re jumeau et Mumpo progressent vers un inconnu hostile dans des d cors surnaturels peupl s de gnomes, d arm es fantomatiques indestructibles, de villes-machines sans sorties de secours. Tels trois kamikazes, plong s dans un univers entre fantasy et cyberpunk, ils se battront pour une cause sot rique dont ils pensent ne rien conna tre. Une incisive critique sociale servie par un texte fort, dense, mature. William Nicholson, Les Secrets d Aramanth (Le vent de feu, t.1), Gallimard jeunesse, 244 p. (Trad. Diane M nard) - A partir de 10-11 ans Si proche, si loin +++++ Ils vivent dans un vieil immeuble de banlieue. Elle a l habitude de sortir gauche de chez elle. Lui, droite. Vous devinez la suite. Une histoire d amour fantastique (c est pour a qu on vous en parle dans SF Mag) et tragiquement impossible. Une soixantaine de doubles planches remarquablement oniriques dans lesquelles nos deux amants transis vivent des contradictions urbaines : les trains, les palissades du parc, les escaliers m caniques, les quais de gare jusqu aux deux gargouilles, qui poussent et tirent les ascenseurs, emp chent leur rencontre. Mais quelque part, Magritte et Chagall veillent. Tout est l Jimmy, Si proche, si loin, Seuil Jeunesse, 128 p. (Adaptation fran aise de Gilles Baud Berthier) - D s 10 ans Histoires de fant mes +++ Des histoires de fant mes. 13 histoires ! Un chiffre symbolique pour avertir les lecteurs qu on ne badine pas avec les esprits ! Qu ils existent ou pas, ces r cits nous apprennent nous m fier de notre cr nerie. Comme la l gende du Hollandais volant ou de la Dame de neige, dont il ne vaut mieux pas croiser le chemin. Mais tous les fant mes ne nous veulent pas de mal. Ils ont juste envie de jouer avec nous, histoire de cultiver la peur ! Collectif, Histoires de fant mes, Milan, coll. Mille et un contes, 108 p. - D s 6, 7 ans Patrick Eris, L Autobus de minuit, Editions Naturellement, coll.
2000.com, 148 p. ++ Le lecteur ne s ennuie pas d couvrir les myst res de cet autobus fant me au pass trouble et violent, mais le texte manque singuli rement d ambitions et de d lire. Robert Silverberg, Prestimion le Coronal, Robert Laffont, coll. Ailleurs et Demain, 470 p. (Trad. Patrick Berthon) ++++ Malgr une fin un peu brusque, ce roman, suite directe de Les Sorciers de Majipoor, est un digne repr sentant du cycle brillant que sont Les Chroniques de Majipoor. Orson Scott Card, Enchantement, L Atalante, 509 p. (Trad. Arnaud Mousnier-Lompr ) ++ Enchantement pr sente tous les atouts d un bon roman mais le traitement choisi par Card est trop calcul et r fl chi au d triment d une lecture qui ne procure que peu d enchantements . Francis Val ry, Les sources du Nil, ditions de l Agly, coll. Fantastique, 151 p. ++++ Un fantastique diffus et intelligent vient brouiller les cartes d une intrigue d espionnage sur fond de crise dans l Afrique des Grands Lacs. Un roman intelligent et efficace qui colle (malheureusement) une certaine actualit . Terry Bisson, Voyage vers la plan te rouge, B lial, coll. Bifrost/Etoiles vives, 230 p. (Trad. Michelle Charrier) +++ Entre parodie et Hard Science, cette conqu te de Mars, financ e par Hollywood, sombre dans un r cit hybride, certes de bonne qualit , qui laisse le lecteur sur sa faim. M lanie Rawn , Prince Dragon (La trilogie du Prince Dragon, t.1), ditions de la Reine noire, 696 p. (Trad. Antoine Ribes) +++ Ce premier volume propose la mise en place efficace d un univers d heroic fantasy somme toute assez classique : initiation, magie, politique et combat. Pour les fans du genre et en attendant l volution du r cit dans les prochains tomes. Nestiveqnen, 160 p. +++ Le seul pro-zine de Fantasy s am liore de num ro en num ro et s impose, petit petit, comme un incontournable. Au sommaire, deux bons gros dossiers sur Kristine Kathryn Rusch et Lanfeust de Troy, cinq nouvelles, et de nombreuses critiques. B lial, 128 p. ++++ Entre les interviews de J-L. Fetjaine et de Gardner Dozois (l une des grandes figures de l dition SF aux Etats-Unis) et les trois mini-dossiers, ce num ro rate la perfection de peu en ne proposant qu une et une seule nouvelle (Thomas Day, Extermination Highway) ! Naturellement, 378 p. ++++ Un m ga dossier sur les dragons, de nombreuses interviews (McCaffrey, Caza, Vonarburg, Newman et d autres) et d excellentes nouvelles sign es Robert Silverberg et Lucille N gel. Une rare intensit . Solaris n 135, ditions Alire, 132 p. +++ Le nouveau tournant pris par la seule revue qu b coise semble donc vraiment lui r ussir. Ce dernier num ro en apporte une preuve suppl mentaire tant par les dossiers d velopp s (voir l excellente analyse de Cryptonomicon par exemple) que par la qualit des nouvelles de Simon Labelle et Martin H bert. Christopher Priest Le Prestige ++++ Au tournant du si cle dernier, deux prestidigitateurs acc dent la c l brit en suivant chacun sa propre voie. L autobiographie du premier, Alfred Borden, entame le roman. On y apprend comment il acquit sa technique blouissante gr ce un travail acharn soutenu par un profond amour pour la belle prestidigitation. Le second, Rupert Angier, b tit sa r putation sur des s ances de spiritisme mont es de toutes pi ces, avec un art tout aussi consomm . Lors d une de ces s ances, Borden d masque Angier, entamant ainsi une querelle qui les opposera tout le reste de leur vie. Leur duel prend, dans un premier temps, la forme d une recherche continuelle de tours de prestidigitation de plus en plus spectaculaires, mais, rapidement, Borden devient l objet des attaques constantes d Angier. Celui-ci en vient saboter son show, faire courir des bruits sur lui La lecture du journal intime d Angier permet de mieux comprendre cet acharnement en donnant aux v nements un tout autre clairage. Ce journal intime constitue la deuxi me partie du roman. Le lecteur, qui avait pris fait et cause pour Borden, y d couvre que sa version des faits tait largement tronqu e. Borden lui-m me ignore que son intervention lors de la s ance de spiritisme a caus la mort avant terme du premier enfant d Anger. Et par la suite, son comportement n a cess de mettre en danger la vie d Angier. Ce dernier met au point un appareillage lectrique qui lui permet de se t l transporter d un endroit l autre de la sc ne. L lectricit en est encore ses balbutiements en ce d but du vingti me si cle et l appareillage est extr mement sensible et dangereux. Borden commet l irr parable. Ces deux documents nous sont donn s lire par l interm diaire de Kate et d Andrew, les petits-enfants respectivement d Angier et de Borden. Le duel qui opposa leurs anc tres d teint encore aujourd hui sur leur vie. Un jumeau d Alfred, partiellement d mat rialis par un passage impr vu dans la machine d Angier, survit quelque part. La crypte de famille de Kate renferme, elle, de bien tranges r sidus des exp riences d Angier. Il leur appartient maintenant de mettre le point final ces querelles funestes et peut- tre d liminer jamais les stup fiantes s quelles qu elles ont laiss es. Le roman est quatre voix successives. Chaque acteur nous en donne un clairage nouveau avant de laisser progresser l action. La technique de Priest est ph nom nale. Chaque version r veille les images suscit es par les pr c dentes et les claire d un jour nouveau, souvent cruel. La psychologie des personnages profite pleinement de cette technique. On se passionne pour le destin de chacun. Tr s visuel, surtout dans la mise en sc ne des s ances de prestidigitation. La reconstitution d poque est f erique. Nombreux coups de th tre, videmment. Passionnant de bout en bout. criture limpide, l gante, hypnotique. Une v ritable perle. Tr s large gamme d motions. Des images qui restent en m moire. Une audace sc naristique qui s appuie sur une technique sans failles. Priest est un grand crivain. Il nous avait d j donn s, notamment, Le Monde inverti, voici un nouveau chef-d uvre dans sa bibliographie. Cerise sur le g teau, les droits cin matographiques de ce livre ont d j t acquis. Le Prestige, Christopher Priest, Trad. Michelle Charrier Deno l Lunes d encre , 418 p. Marc Bailly L Agonie des sph res. Guillaume Lebeau +++ Lac Ba kal, 4 octobre 1957 : une unit des forces sp ciales sovi tiques emballe un cadavre dans une bulle en plastique et limine tout t moin. New York, 3 mai 1999 : Howie Bernstein, glandeur patent amateur de rock et hacker dou , entre en contact avec le myst rieux Janus, l oracle du web. partir de l , Howie se connecte sur www.grosemmerdes.com : appartement pulv ris , chasse l homme fa on Comte Zaroff en modes virtuels aussi bien que r els, le h ros va devoir enqu ter en aveugle sous la direction de Janus, pour sauver sa peau et l humanit telle qu on la conna t, jusqu au final d routant et salement pessimiste. Demain sera un autre jour, disait Scarlett O Hara. Esp rons qu elle ait raison, car le r el d cal d crit par Guillaume Lebeau n a franchement pas de quoi nous emballer. NSA, CIA, gouvernements de l ombre et scientifiques tar s, manipulations g n tiques, libert purement et simplement effac e comme un programme inutile, Ils sont l , mais ce ne sont pas des petits gris sur le plateau de Jacques Pradel qu on peut d glinguer coups de mandales. L Agonie des sph res rel gue la conspiration de X-files au rang de f te d anniversaire surprise. Une sorte de Meilleur des mondes, si Aldous Huxley crivait aujourd hui, et sous acides (c est ce qu il faisait ? ah, bon ). Rares sont les jeunes auteurs francophones qui ont su aborder la techno-parano la mani re de William Gibson sans se casser les dents. Guillaume Lebeau y arrive parfaitement en associant th orie du complot, guerres du Net et anticipation ultra r aliste. Pas de quoi rire en refermant le livre, ou alors de soulagement : comme quand on se coupe un doigt et que la main aurait pu y passer. L Agonie des sph res, Guillaume Lebeau. J ai Lu. 254 p. Xavier Maum jean Catherine Dufour Blanche Neige et les Lance-missiles +++ Attention, gros d lire en vue ! Pour son premier roman, Catherine Dufour a d cid de s attaquer aux sacro-saints contes de notre enfance. Car voyez-vous, la r volte gronde au pays des f es. Les h ro nes commencent r ler apr s leurs bonnes marraines qui accumulent gaffe sur gaffe. Prenons deux exemples au hasard, Peau d ne et la Belle au bois dormant. La premi re poireaute vainement depuis des ann es dans une cabane sordide en attendant son beau chevalier. Ce n est pas tout fait ce que l on pourrait appeler une situation de r ve. Quant la seconde, apr s un sommeil de cent ans, son prince charmant s est r v l n tre qu un d mon maladroit cach sous l apparence d un bel humain. Bref, rien ne va plus, au point que nos deux h ro nes d cident de prendre leur histoire en main en partant pour un pays except de f e. Vous l aurez compris, Catherine Dufour verse dans une satire surdynamit e o se croise Blanche Neige, le petit chaperon rouge, J sus, Bill Gates et bien d autres. Bourr d humour, ce livre a de nombreux atouts pour attirer les lecteurs. On regrettera juste quelques errements pas vraiment n cessaires l intrigue et qui alourdissent l ensemble. Mais rien de bien grave. On en garde plut t le souvenir d un bon divertissement. lire. Blance Neige et les Lance-missiles, tome 1 du cycle : Quand les dieux buvaient, ditions Nestiveqnen Catherine Dufour, collection Fantasy, 234 pages. J r me Vincent Greag Bear L chelle de Darwin +++ Quel lien peut-il y avoir entre une famille de n andertaliens et leur b b trangement moderne , pris dans les glaces autrichiennes, et ce charnier de femmes enceintes d couvert dans l actuelle G orgie ? A priori aucun sauf SHEVA. SHEVA, comprenons activation d un r trovirus endog ne dispers dans l organisme humain, tapi depuis des milliers d ann es, se r veille. Cons quences : fausses couches et malformations cong nitales de f tus ; vecteur de transmission : tout partenaire sexuel masculin. Une course contre la montre est engag e par le gouvernement am ricain, puis l chelle plan taire, pour lutter contre ce terrible fl au. Et si SHEVA n tait pas cette tumeur exterminatrice du genre humain mais la radio de Darwin. C est ce que pense Kaye Lang, biologiste mol culaire, et quelques autres pour qui SHEVA n est autre qu un agent de redistribution biologique destin faire muter l homo sapiens sapiens. K. Lang exp rimentera SHEVA sur son propre corps afin que la v rit merge de l obscurantisme scientifique et du discours politique ambiants. Assur ment Greg Bear nous livre l un roman dense, solidement tay , sur l volutionnisme. Greag Bear L chelle de Darwin, Collection Ailleurs et Demain, Robert Laffont, traduit de l am ricain par Jean-Daniel Br que, 528 p. Alexandre Marcinowski Terry Bisson Homme qui parle ++ Beau Parleur, seul garagiste r parer n importe quel objet m canique par la magie, a disparu. Qui s en soucie ? Son unique fille, Crystal, sans doute. Et voil que la jeune fille se lance la recherche de son p re, aid e par Williams, venu changer le pare-brise de la Mustang de son cousin et embarqu dans l aventure pour l occasion. Dans ce jeu de piste, ils d couvrent que Beau Parleur est parti vers le P le Nord pour sauver le monde et lutter contre Dgene et ses acolytes. Dans ce road story effr n , Terry Bisson nous balade au travers des paysages du Middle Est am ricain, que personne ne reconna tra au reste. Car c est sous le signe de la magie que Bisson a construit son r cit, dans un style qui n est pas sans rappeler Pratchett. Alors, avis aux amateurs. Terry Bisson, Homme qui parle, Bifrost / toiles vives, traduit de l am ricain par Patrick Marcel, 196 p. Alexandre Marcinkowski Elaine Cunningham La chanson de l elfe + La s rie intitul e Les royaumes oubli s dit e par Fleuve Noir propose des romans dont l action se d roule dans un univers ponyme issu du jeu de r le. Il s agit la base d un univers de r f rence pour AD & D, le c l bre jeu. Ce nouveau tome (le cinquante-et-une ni mes tome de la collection) se place dans le cycle des m nestrels. Une organisation secr te charg e de lutter contre le Mal. Pour ce nouveau tome on suit un groupe d aventuriers associ s pour l occasion dont le but est de d couvrir qui cherche modifier les mythes et les fondements de l histoire des Royaumes Oubli s. On d couvre un vaste complot ourdit par une sorci re en mal de vengeance. Il s agit d une collection d in gale qualit qui souffre de n tre pas traduit en totalit . Le traducteur a donc la dure tache de rendre lisible chaque roman. La chanson de l elfe est un roman qui tra ne en longueur, on s attache peu aux personnages. noter que ce produit est exclusivement destin aux joueurs qui peuvent par contre y trouver mati re pour leur passion (inspiration, description de lieux ). La chanson de l elfe, Elaine Cunningham, traduction d Isabelle Troin, Fleuve Noir, 254 p. Olivier Collin William Gibson Tomorrow s Parties ++ On ne pr sente plus William Gibson l auteur phare du cyberpunk auteur entre autres du Neuromancien. Il signe un nouveau roman qui se situe peu de temps apr s Idoru son pr c dent roman. On retrouve ainsi plusieurs personnages dans cette nouvelle histoire. Laney est un homme qui a consomm une substance qui lui permet d sormais d tre en phase avec le monde virtuel des donn es informatiques. Il peut aussi tre capable de pr voir que des v nements importants vont avoir lieu. Et justement, il s en pr pare un San Francisco. Aussi d cide-t-il d envoyer un agent sur place afin d enqu ter et de pouvoir, le moment opportun, intervenir pour tenter d influencer cet v nement. On plonge avec d lice dans les descriptions de ce monde cyberpunk si proche du n tre par certains c t s. Pourtant l histoire ne d colle jamais r ellement, on suit les errances de plusieurs personnages qui au final se rencontreront. Mais en lui-m me le sc nario n avance pas et l on finit par se lasser d attendre des rebondissements, une intrigue. William Gibson d oit, il r ussit recr er l univers si particulier et qui a fait sa r putation mais cela reste une coquille vide. Dommage ! Tomorrow s Parties, William Gibson, traduction de Philippe Rouard, Au Diable Vauvert, 388 p. Collin Olivier Greg Egan L nigme de l Univers. +++ Andrew Worth, r alisateur scientifique travaillant pour les cha nes du net, se rend sur l le d Anarchia. Enti rement artificielle et soumise un embargo mondial, l le accueille un congr s scientifique rassemblant les physiciens les plus minents de la plan te. Tous attendent l expos de Violet Mosala, qui avec sa Th orie du Tout, pr tend unifier le champ entier de la physique. Autrement dit, expliquer l univers. Andrew d couvre alors que diff rents groupes extr mistes cherchent liminer la jeune prix Nobel. Lui-m me devra tout faire pour rester en vie. Attention, chef-d uvre ! Non pas une bouillasse grand tirage dont l intrigue serait pomp e sur le dernier Science et Vie, mais un roman prenant, admirablement document . Greg Egan est un crivain fascinant. Clonage, sida, o ici rien moins que le sens du monde, travers ses deux romans et ses trop rares nouvelles, il traduit les aspirations et les angoisses v hicul es par la science, toujours l o on ne l attend pas, tirant des cons quences originales quand d autres se seraient cass les dents. De plus, le futur qu il d crit, avec sa technologie et ses m urs, est parfaitement cr dible et ne risque pas de se prendre un coup de vieux dans dix ans. Lire Egan c est se pr parer aujourd hui demain, et mieux vaut faire vite ! Un roman grave mais non d nu d humour, b n ficiant d une traduction remarquable et d une solide pr face de G rard Klein. L nigme de l Univers, Greg Egan, Livre de Poche, 512 p. Xavier Maum jean Stephen King Jessie +++++ Dites-donc, quel v nement ! Un roman de Stephen King dans une collection de litt rature classique C est qu il le m rite bien le bougre : quel talent ! Cet crivain rend constamment hommage aux femmes. D ailleurs dans sa d dicace, il rend hommage six femmes remarquables . Les titres de son uvre sont souvent des pr noms f minins : Carrie, Dolor s Clairborne, Misery, Jessie, Charlie, Christine Jamais une seule fois le pr nom d un homme ! Dans Shining aussi c est le combat d une femme. Il d nonce les violences faites aux femmes dans Insomnies. Ici aussi, avec brio, il part d un incident dramatique : Jessie, une femme d ge m r se retrouve menott e aux montants du lit sans esp rer aucun secours. King est excellent pour amener le lecteur r fl chir sur le sujet que l auteur veut traiter dans ce magnifique roman : l inceste La sc ne de l attouchement incestueux (pendant une clipse de soleil) a t d crite quasiment de la m me mani re dans le tome 4 de La Tour sombre (Magie et cristal). L amour et la mort sont ici intimement li s, sexuellement attach s. Attach e sur son lit, Jessie se souvient d une s ance de groupe : Apr s avoir montr ses seins et rabaiss son sweat-shirt, la jolie blonde avait expliqu qu elle ne pouvait avouer ses parents ce que les amis de son fr re lui avaient fait pendant qu ils passaient le week-end Montr al, parce qu elle aurait peut- tre t oblig e de leur dire aussi ce que son fr re lui avait fait l ann e pr c dente. Mais o nous m ne donc le sexe ? Pour comprendre ce qu en pense Stephen King au travers de son uvre, lisez absolument : Stephen King et le sexe de Roland Ernould aux ditions Naturellement. On retrouve dans Jessie, excellemment d crite, la volont de fer d une femme soi-disant fragile de s en sortir comme dans le r cent La Petite fille qui aimait Tom Gordon. Pourtant : depuis le d but, elle s tait pr par e l chec. C tait le succ s qui la prenait par surprise. Bravo pour cet hommage au courage d une femme Jessie, Stephen King, Trad. W.O. Desmond, Livre de Poche, 412 p. Alain Pelosato G.-J. Arnaud La ceinture de feu +++ La ceinture de feu est le premier roman d un nouveau cycle de La Compagnie des Glaces. 73 ans, G.-J. Arnaud semble toujours aussi prolifique. Apr s la r dition en 16 volumes de la premi re s rie, les 11 volumes des Chroniques Glaciaires, sans oublier l adaptation en jeu de r les (par Fabrice Cayla, Jean-Pierre P cau et G.-J. Arnaud) que la maison d ditions Jeux Actuels nous avait propos en 1986, le monde des glaces est devenu un monument incontournable de la science-fiction francophone. G.-J. Arnaud nous propose un nouveau d part pour son univers, quinze ans apr s la fin de la glaciation. Le monde des glaces a bien chang . D sormais, les neiges ont fondu, entra nants avec elles la disparition des compagnies ferroviaires. La terre est partag e entre les deux tropiques par la Ceinture de Feu, une large barri re aux tr s hautes temp ratures. Pourtant, il se pourrait bien qu il existe quelque part une faille qui permettrait de passer d un h misph re l autre On aurait pu esp rer que G.-J. Arnaud profite de ce nouveau cycle pour introduire en douceur son univers de nouveaux lecteurs. Malheureusement, comme de nombreux personnages du premier cycle reviennent, il est difficile aux n ophytes de plonger dans cette Nouvelle poque. Malgr tout, la richesse de cet univers ne peut que s duire les lecteurs avides de d paysement. G.-J. Arnaud, La ceinture de feu, Fleuve Noir/La Compagnie des Glaces Nouvelle poque n 1, 284 p. Jean-Michel Abrassart Christian Leourier Les montagnes du soleil +++ Comment peuvent s organiser pour survivre, des poign es d hommes et de femmes rescap s d un nouveau d luge ? Comment r agiront-ils priv s de tout ce qui faisait leur environnement et leur cadre habituels ? Christian Leourier tente d apporter, avec Les montagnes du soleil, ( crit en 1971), sinon une r ponse d finitive, du moins des probabilit s et des possibilit s. Il retient, travers trois personnages, trois approches probables et en fait un livre la fois plein d action, de suspense, de tension, un hymne la tol rance et la curiosit , ainsi qu une source de r flexions ; r flexions qui restent bien d actualit encore aujourd hui face l inconscience ou l impuissance de dirigeants. Cal est un chasseur de la Vall e des Hommes qui ose bousculer les lois et les traditions. Il a franchi les limites de son horizon et pass les Montagnes du soleil. An-Yang est, dans le clan des loups, le souffre-douleur depuis un accident qui le fait boiter. Ces descendants des colons de Mars se sont mobilis s en vue de la Reconqu te de la plan te-m re. Ce roman m taphorique, riche d id es et de vocabulaire, m rite amplement d tre exhum de l oubli et son auteur une place plus glorieuse au pinacle de la SF. Mais la difficult de vivre de l criture de genre entrave ces talents phagocyt s par des t ches plus alimentaires. Les montagnes du soleil, Christian Leourier, Les introuvables n 4, ditions Naturellement, 254 p. Serge Perraud Roger Zelazny et Jane Mindskold Lord D mon + Moi qui n aime pas l Hero c-Fantasy, j ai toujours aim , que dis-je, ador Zelazny : j ai t merveill par le cycle des princes d Ambre et la saga de Francis Sandow. Donc, curiosit oblige, je me suis pr cipit sur cette uvre posthume. Quelle d ception ! Pourtant l id e tait g niale, celle de la bouteille dans laquelle il y a des milliers de mondes Mais on a vite fait de s ennuyer, de bailler en lisant les dialogues, en se demandant s il se passe vraiment quelque chose, et, en faisant un r el effort on s aper oit que oui, il se passe quelque chose, mais il est difficile de le remarquer. Bref, ce pauvre Roger aurait-il accept ce livre ? Vous avez aim le cycle des Neuf Princes d Ambre vous allez adorer ce livre clame la quatri me de couverture. Ce n est pas mon cas Lord D mon, Roger Zelazny et Jane Mindskold, Deno l collection Lunes d encre. Alain Pelosato Robert J. Sawyer Mutations ++ Pierre Tardivel est un chercheur g n ticien travaillant l universit de Berkeley. Il est atteint d une maladie g n tique incurable et sa femme et lui d cident d avoir un enfant d un donateur anonyme. Burian Klimus, le prix Nobel pour lequel Pierre travaille, veut tre le p re biologique de cet enfant. Pierre et son pouse y consentent, mais ils auront t t fait de le regretter. Par ailleurs, Pierre est victime d une tentative d assassinat foment e par le Reich Mill naire, un groupe n o-nazi soi-disant dirig par Ivan le terrible, le boucher de Treblinka. Celui-ci tait en son temps un grand d fenseur de l eug nisme et il pr sente une ressemblance physique trange avec Klimus. Mutations est un roman de faiseur de best-sellers l am ricaine. La lecture en est facile et rapide, les personnages sont simples , le rythme est soutenu, la continuit de la narration correcte. Cela ne serait pas un d faut (ni une qualit ) en soi si l auteur vitait un peu plus les poncifs du genre. Les effets d annonce : les personnages disent qu ils ont d couvert quelque chose mais ne disent pas quoi (sous-entendu : je vous le dirai dans 20 pages, cher lecteur, apr s la pause publicitaire). Les rebondissements : Ah non, ce n tait pas lui, mais l autre. Les passages surdocument s : le personnage principal est g n ticien, l auteur s est document sur la chose, il veut le faire savoir et il en tartine son r cit intervalles r guliers, le lecteur a m me droit des tableaux descriptifs. La sc ne d action finale : cette sc ne est tellement inutile qu elle en vire au comique involontaire. La chronologie est parfois d routante et fait all grement des sauts de quelques heures, mois ou ann es d un chapitre l autre. Mais cela est fait habilement et ne nuit donc pas outre mesure la continuit du r cit. On peut d plorer galement un pilogue d une mi vrerie c urante. On remarquera par ailleurs le travail de traduction qui a d se d p trer du pi ge anglais-fran ais. Le personnage principal est qu b cois et il lui arrive de s exprimer en fran ais dans la version originale du roman, ce qui est, videmment, plus difficile faire passer dans un roman int gralement en fran ais. Les pistes narratives sont nombreuses, l auteur touche de nombreux sujets avec un certain bonheur (la g n tique, l eug nisme, le syst me de s curit sociale aux USA, la poursuite des anciens nazis ). Ce r cit est en outre fortement ancr dans le r el et il est fait de nombreuses reprises r f rence des personnages et des faits existants. Si on exclut les passages scientifiques, qui peuvent tre pass s sans nuire la compr hension de l histoire, on peut dire que mutations n ennuie pas un seul instant mais ne laissera sans doute pas une trace ind l bile. MUTATIONS, Robert J. Sawyer, J ai Lu Mill naires, 370 p. Alessandro Arturo Le Chant de Monts gur +++ Artahe (1998) et Irrintzina (1999) nous avaient fait d couvrir et conna tre le tr s beau don d crivain de Philippe Ward. Don qui s panouissait dans un fantastique rural tr s original, trouvant ses racines dans les Pyr n es ou au Pays Basque. Le voici s alliant avec la talentueuse Sylvie Miller. Ensemble, ils nous donnent un roman toujours aussi m ridional , se d roulant Toulouse cette fois, et centr sur l h r sie cathare. Il y a, comme dans Artahe, r surgence d un culte ancien, hantise manifeste du bibliographe lovecraftien qu est Ward. Ce culte cathare est celui des Parfaits du XIIIe si cle, extermin s aux termes de la fameuse croisade albigeoise, dirig e par la toute nouvelle Inquisition de Saint-Dominique. Nous suivons Peire, chanteur occitan, figure innocente, qui va se trouver, perdu, m l l implacable combat entre un Vatican f roce (magnifique personnage du cardinal Anto Sakic), la soci t del Gai Saber, qui d fend la Tradition (et bien plus que cela ), et le diable lui-m me, incarn par le Drac, d mon voquant furieusement les mythes vivants d Irrintzina par son caract re farouche et intemporel. Peire, de plus, sera cartel entre l amour de deux femmes belles et exigeantes : son destin ne pourra tre que sublime et salvateur. Salvateur dans le sens r dempteur et wagn rien du terme. En effet, vers la fin, le roman bascule et la coda devient et mystique et grandiose. L criture en est superbe, particuli rement dans les affrontements dramatiques avec le Drac (chapitres 16 et 29), terriblement vocateurs. Du grand art. Le Chant de Monts gur, Sylvie Miller et Phillipe Ward, CyLibris/Fantastique, 262 p. Bruno Peeters Jean-Michel Truong Totalement inhumaine ++++ En 1963, dans sa c l bre nouvelle La r ponse, Fredric Brown pr disait la toute-puissance des ordinateurs reli s en un seul circuit g ant. Trente-huit ans plus tard, la r alit est l . Les deux petites pages de la short-short story de Brown se voient extrapol es dans ce magistral essai de Jean-Michel Truong, lequel prolonge sur le plan th orique la fiction de son roman Le Successeur de pierre, Grand prix de l Imaginaire 2000. Le Successeur. Ce m me mot est ici tout aussi central. L id e de base de l auteur est la suivante, saisissante en sa simplicit : l intelligence va quitter le corps de l homme. J appelle Successeur cette forme de vie nouvelle susceptible de prendre la suite de l homme comme habitacle de la conscience (p. 49). Puis : Le Successeur est l esp ce mergeant sous nos yeux de ce substrat artificiel fait de m moires et de processeurs toujours plus nombreux et en voir d interconnexion massive qu on appelle le Net (pp. 49-50). Ce th me est introduit de mani re ironique par un rappel des uvres de l Homme, de Mozart Staline. L homme a termin ce qu il doit faire, et la rel ve est pr te. Il parvient l immortalit par la cr ation de ce Successeur, lequel sera, lui, toujours l , m me apr s l extinction du Soleil et de notre esp ce. Par une alliance subtile entre des th mes (les m mes ) et des techniques ( le e-g nes ) le Successeur manipule l homme. N par la guerre dans les ann es quarante, Dieu des batailles, il est promu actuellement Dieu des march s et de la productivit , ce qui am ne Truong un important chapitre traitant de la mondialisation, ph nom ne mondial th orique succ dant au christianisme et au marxisme. Les pertes d emploi tant le tribut pay par l homme l mergence nouvelle de cette Cr ature (parfois nomm e Baal ou Moloch). Nous voyons l comment l essayiste rejoint le romancier, en mythifiant de purs concepts abstraits. Le Successeur s incarne donc dans Internet et s offre une cour, r glant notre avenir social, charpent entre Imbus (les serviteurs/courtisans), le cheptel (vous et moi) et epsilon, irr ductible noyau de dissidents refusant la nouvelle donn e. Passant de la folie des start-up la t l phonie mobile, Truong d montre la ma trise progressive du Successeur, et notre propre abandon, confinant au dessaisissement. Indiff rent, il deviendra intelligent, sans doute, mais d une intelligence totalement inhumaine. Nous y voil . Il y a l , tout simplement, comme un constat, sans jugement moral particulier, qui laisse le lecteur un peu sur sa faim apr s autant de pages aussi brillantes que pertinentes (le style est remarquable par la qualit des mots choisis). Livre ardu, certes, touchant la philosophie, l conomie, la g opolitique, livre lire la t te entre les mains sans doute : celle-ci en sortira tourdie peut- tre, mais enrichie certainement. (Note : il vous est loisible de d couvrir le premier chapitre de ce roman exceptionnel l adresse suivante : http ://www.jean-michel-truong.net/totalement_inhumaine/page/chtotalement.html, qu on se le dise ! NDR) Totalement inhumaine, Jean-Michel Truong, Les Emp cheurs de penser en rond, 220 p. Bruno Peeters J.R.R Tolkien Le second livre des contes perdus ++ La suite de L Histoire de la Terre du Milieu r dit e en poche. Tolkien crivit ces contes en revenant de France o il venait de participer la bataille de la Somme d o sans doute cette sourde angoisse, ces r cits de destruction du royaume elfique et de l av nement du royaume de Morgoth. Tolkien mourut en laissant ces contes inachev s, et c est son fils qui en a tabli l dition. Un appareil de notes, d ajouts et de renvois, certes int ressants mais beaucoup trop volumineux, rend la lecture fastidieuse. Quant la traduction, c est le petit-fils de l auteur qui s en est charg , en cherchant respecter les anomalies stylistiques de l original tout en tentant de les rendre abordables en fran ais : or, cette traduction, d nu e de l l gance qui caract rise l criture de Tolkien, vouloir tre trop litt rale, ne parvient qu accumuler fautes de grammaire et lourdeurs de style. Sans doute les h ritiers d un g nie litt raire devraient-ils laisser le soin de l dition et de la traduction des gens moins affectivement concern s. Une seule envie en lisant ces Contes, se les procurer en anglais ! Le second livre des contes
perdus, J.R.R Tolkien Ed. Pocket, coll. Fantasy, trad. Adam Tolkien, 444 p. Marie Belosta David Brin La jeune fille et les clones +++ R dition en poche du roman de David Brin. Les habitants de Stratos ont un mode de reproduction pour le moins trange. Si les femmes se reproduisent l hiver par clonage, elles ont n anmoins besoin de sperme pour amorcer les grossesses. Pour assurer le renouvellement de la n cessaire population masculine, les clans offrent avec parcimonie leurs faveurs aux hommes en proie au rut d t . De ces unions estivales, naissent aussi des femmes, des vars, qui occupent le bas de l chelle de cette soci t extr mement stratifi e, et qui la pubert sont chass es du clan. C est ainsi que Maia part d couverte du vaste monde, rencontre un visiteur venu des toiles, d couvre que les hommes ne sont pas que des brutes et que l unicit peut tre un atout, se heurte aux puissants clans qui limineraient bien et les hommes et les vars. Davis Brin met comme toujours le plus grand soin cr er un monde coh rent jusque dans les moindres d tails. Grand roman d aventure, r flexion sur le f minisme et les rapports entre les sexes, La jeune fille et les clones se lit avec plaisir. La jeune fille et les clones, David Brin, Ed. Pocket, coll. science-fiction, trad. Arnaud Mousnier-Lompr , 640 p. Marie Belosta Jean-Claude Alizet L ann e de la fiction, polar, SF, fantastique, espionnage, volume 10 +++ Un recensement exhaustif de toute la production litt raire des domaines susmentionn s de l ann e 1998. Une bibliographie critique de la production annuelle avec une pr sentation de chaque titre et un avis critique. Avis : indispensable pour toutes les biblioth ques et tous les centres de documentations, tous les chercheurs, tous les curieux et tous les fans avides de savoir ce qui est paru de leurs auteurs favoris. Environs 1000 notices, r ditions et nouvelles y compris. Un travail de Titan, fouill et clair. Une r ussite totale. Jean-Claude Alizet, L Ann e de la fiction, Edition Encrage/Les Belles Lettres, 416 p. Marc Bailly Thomas Day R ves de Guerre +++ Apr s avoir publi de nombreuses nouvelles ces derni res ann es, Thomas Day signe aujourd hui son premier roman chez Mn mos. Et pour l occasion, il a d cid de s attaquer une histoire de fantasy qui au premier abord parait assez simple. Il est vrai que deux peuples puissants qui s opposent en permanence de chaque c t d un fleuve tumultueux a des relents de d j vu. Heureusement, la personnalit tourment e du h ros donne un v ritable int r t au livre. Ma tre d arme surpuissant, N Khan Hadessa parcourt les champs de batailles depuis 10 000 ans. Mais cette aptitude au combat est aussi un d faut. En fait, N Khan est un vrai gentil qui a du mal communiquer autrement que par les armes. Pas facile dans ce cas d exprimer ses sentiments et de passer pour autre chose qu une grosse brute, surtout devant son fils qui pr f re l agriculture la magie et poss de une tendance prononc e au m pris de la violence. Malheureusement pour ce dernier il doit sauver le royaume de la destruction. Il ne sera pas vident pour N Khan de lui faire entendre raison. R ves de guerre est un roman en demi-teinte. Parfois un peu long, on regrette qu il ne poss de pas la force des nouvelles de Thomas Day m me si on y reconna t bien son empreinte. Malgr tout, il n en reste pas moins un livre agr able et distrayant, bien servit par la plume de son auteur. Voil qui devrait en s duire plus d un. Thomas Day, R ves de guerre, ditions Mn mos, Collection Icares, 410 p. J r me Vincent Les oiseaux de lumi re +++ Ce roman, qui vient de remporter le Prix Tour Eiffel de science-fiction cette ann e, fait partie des Chroniques des Nouveaux Mondes, cadre fictif d j employ par Ligny dans d autres r cits de SF. On retrouve ainsi dans l an 2432 le vieux baroudeur et contrebandier, Oap T o, embarqu dans une sale histoire de chasse aux oiseaux de lumi re . Compos s principalement de photons et migrant sur les ondes gravitationnelles, ces tranges cr atures surgies de nulle part traversent le Syst me Solaire depuis six ans, leur beaut th r e suscitant chez les humains fascination et convoitise. Pris dans l acte par les autorit s des Nouveaux Mondes, qui r priment les chasseurs, Oap T o r ussit s chapper suite l intervention d une ancienne amante, Frieda Koulouris. Elle aussi s int resse aux oiseaux de lumi re, mais uniquement pour les observer de pr s et d couvrir leur vraie nature. Poursuivis par la police, Oap et Frieda partent en qu te bord d un vaisseau interstellaire vol . Ils seront bient t rejoints par une myst rieuse jeune femme nomm e Hu-Re , qui pr tend tre journaliste mais dont les charmes et les connaissances semblent d passer les normes humaines. Guid s par elle, les aventuriers vont entamer un p riple extraordinaire travers notre Galaxie et au-del , afin de r soudre l nigme des oiseaux. C est une assez jolie histoire crite avec le panache et le sens de l humour caract ristiques de Ligny. Mais son impact est affaibli par le changement de registre quand on passe des m saventures de Oap T o, flics aux trousses, au voyage initiatique dont Frieda et Hu-Re sont les principales instigatrices. Les policiers, incomp tents sur tous les plans, sont vite rel gu s un r le essentiellement comique, et m me Oap se trouve marginalis , grommelant dans son verre contre les deux bonnes femmes qui passent d cid ment trop de temps se p mer mutuellement. Si les obsessions et d sirs de Frieda, d un c t , et les desseins secrets de Hu-Re , de l autre, ne sont pas d nu s d int r t, l absence de tout adversaire ou obstacle dignes de ce nom att nue passablement les possibilit s de tension dramatique. Un peu l image de ces oiseaux de lumi re vanescents, tout ceci manque de substance, un manque qui ne saurait tre masqu par quelques sc nes de cul moustillantes ou des envol es po tiques sur les myst res du cosmos. Jean-Marc Ligny (d apr s un sc nario de Jean-Marc Ligny & Mandy), Les oiseaux de lumi re, J ai Lu/Mill naires, 374 p. Tom Clegg Claire Panier-Alix L chiquier d Ein r ++ D s le d but de L chiquier d Ein r, on sent que Claire Panier-Alix est amatrice de Tolkien. Pour son premier ouvrage, elle a choisi une narration lente et descriptive pour une histoire qui n est pas sans rappeler celle de l auteur du Seigneur des Anneaux. Comme lui, son intrigue, ou plut t sa succession d intrigues, se d roule sur des si cles et des si cles (un peu comme le Silmarillion). Comme lui, elle prend son temps pour tisser le destin de ses h ros. Comme lui, elle aborde son r cit plus comme tant celui d un pays que celui d un homme, mettant en sc ne au passage quelques dieux du cru. La comparaison s arr te l . M me si elle pratique une fantasy qui se veut grandiose, elle n a pas la plume de Tolkien et n y pr tend sans doute pas. Son r cit d bute sur l invasion de l le de Modar Lach par l arm e du terrible sorcier Guiderod. Pour r tablir l quilibre des forces et sauver la fa rie, le dieu Ein r redonne une nouvelle jeunesse au h ros Duncan d Irah, alors aux portes de la mort. Sa mission : combattre le sorcier et aider les elfes et autres nains du coin. Une qu te dans laquelle il recevra un bon coup de main des dragons tir s de leurs sommeils mill naires pour l occasion. Mais l histoire de Duncan en cache une autre, beaucoup plus longue et dramatique. Akh ris d Irah, son petit-fils l me tortur e est appel prendre sa succession. Malheureusement, en devenant immortel pour la sauver des griffes du sorcier, il perd dans le m me temps sa bien aim e, endormit par la puissante magie de Guiderot. Et notre h ros n aura pas de trop de l ternit et des 300 derni res pages du livre pour la r veiller La longueur est l apanage de L chiquier d Ein r. En prenant son temps et en adoptant une narration un tantinet pompeuse et ennuyeuse, Claire Panier-Alix rend difficile d acc s son histoire. L intervention des dieux et le d filement des si cles ne facilitent pas la chose. Bref, voici un livre qu on ne peut conseiller qu aux lecteurs que ce genre de d fauts n arr te pas. Esp rons pour elle qu ils seront nombreux. Claire Panier-Alix, L chiquier d Ein r, Chronique insulaire tome 1, Nestiveqnen, 458 p. J r me Vincent Thomas Hervet Jours de Col re +++ Pour son premier roman, le tout jeune Thomas Hervet (21 ans) n a pas franchement fait dans l optimisme et la joie de vivre. Son h ros, un po te vendant mal ses vers, gagne sa vie en tant que tueur gage. Une profession qui refl te bien le c t noir de son me, attir e par l odeur du sang. Bref, ce n est pas franchement le genre de personne que l on aimerait c toyer, et encore moins avoir pour ennemi. Mais dans le Paris de la fin du XIXe si cle, notre homme a norm ment de travail. Ses commanditaires sont nombreux, parmi lesquels l glise catholique. Cette derni re cherche renforcer son pouvoir en France quelques ann es apr s y avoir impos la foi en chassant les cr atures de la fa rie. Seulement voil , les f es risquent de revenir. De retour de Russie apr s une nouvelle mission sanglante, notre h ros ram ne une jeune femme aveugle et muette qui a l trange pouvoir de donner naissance aux f es et autres d mons. Sans les conna tre (ils sont toujours anonymes), il met donc une s rieuse pine dans le pied de ses employeurs. Une pine qui va diviser la capitale et la mettre feu et sang. La guerre civile n est pas loin Thomas Hervet n a pas froid aux yeux. Jours de col re poss de une bord e de personnages tir s de l histoire avec un grand H comme Delacroix, Nerval ou Baudelaire. videmment, cela ne fait pas tout mais d montre une certaine ambition. Las Sans tre vraiment mauvais, son roman ne soul ve pas compl tement l enthousiasme. Il fait partie de ces livres qui a d faut d tre passionnant sont corrects, sa principale qualit r sidant dans l ambigu t de son personnage principal, la fois sombre et impulsif mais aussi capable d amour et de compassion. Pour un premier ouvrage, c est d j pas mal. Thomas Hervet, Jours de Col re, Libera me tome 1, ditions Nestiveqnen, 218 p. J r me Vincent Ira Levin Le fils de Rosemary ++ Fin des ann es quatre-vingt-dix, Ira Levin se d cide crire la suite de Rosemary s baby, son roman sorti en 1967 et adapt pour le grand cran par Roman Polanski en 1968. Le livre n arrive que maintenant en France et c est un peu dommage parce que l intrigue se passe fin 1999, dans une atmosph re de millenium attendu. L auteur ne pouvait pas laisser Rosemary duquer le fils du Diable ; elle en e t fait un homme bon. Elle l a donc lev jusqu l ge de 6 ans, date laquelle elle est tomb e dans le coma. Elle se r veille en novembre 1999 pour apprendre que 27 ans ont pass et que son fils, Andy, est l ge de 33 ans le personnage le plus charismatique de la plan te, celui qui peut sauver la Terre du Mal. L histoire est habilement construite pour nous tenir en haleine jusqu l av nement de l an 2000 o tous les hommes de bonne volont allumeront une bougie, fabriqu e sp cialement pour cette occasion, la m me heure sur toute la surface de la plan te. C est un livre qui se lit vite, d une traite, car on veut en conna tre le d nouement. Ce n est pas un livre qui marque peut- tre effrayait-il plus en 1997, peut- tre les Am ricains sont-ils plus sensibles la peur des sectes sur laquelle joue ce roman mais c est une bonne lecture de plage ou de trajet-m tro. On ne se prend pas la t te, mais on passe un bon moment, c est d j a. Ira Levin, Le Fils de Rosemary, J ai Lu, 252 p. Lucie Chenu Harlan Ellison La machine aux yeux bleus ++++ Sous sa couverture aust re, La Machine aux yeux bleus est un petit v nement. Cela faisait effectivement longtemps que l on n avait pas lu de nouvelles d Harlan Ellison en France. Ce n est pourtant pas faute d avoir encha n les textes et les prix de l autre c t de l Atlantique. Consid r un temps comme l enfant terrible de la SF am ricaine (on se souviendra de ses anthologies Dangerous Vision la fin des ann es soixante), Harlan Ellison est avant tout un novelliste de talent. Pour en avoir la preuve, il suffit de se plonger dans les huit textes de ce recueil. Si on peut passer assez vite sur certaines nouvelles comme celle qui donne son titre au livre, La Machine aux yeux bleus, on est forc d admirer l ambiance qui se d gage d histoires comme Jeffty a cinq ans ou Rires pr enregistr s. La premi re nous entra ne dans une petite ville des tats-Unis o Jeffty, petit gar on doux et r veur, ne grandit pas. Malgr le temps qui passe, il reste vaillamment accroch sa cinqui me ann e, de physique comme d esprit s attirant au passage la haine des enfants de son ge. Mais quel futur peut avoir un enfant de cinq ans ? Triste et belle, cette nouvelle est l exemple parfait du talent de notre auteur. Avec une id e simple, il a su rendre son histoire poignante et g niale. M mes causes, m mes effets pour Rires Pr enregistr s bien qu il s agisse cette fois d un texte la fois comique et l ger. Un homme entend r guli rement dans de nombreuses s ries t l le rire de sa tante morte depuis des ann es. R utilisation de vielles bandes ou ph nom ne paranormal ? lui de trouver la clef du myst re. Ces deux nouvelles ne sont pas des cas isol s. Au total, la moiti des r cits du recueil valent v ritablement le d tour, les autres restant de toute fa on sympathiques et agr ables lire. Voil ce qui s appelle une bonne pioche litt raire. Ellison a du talent, une plume et des id es. Ce serait dommage de passer c t . Harlan Ellison, La machine aux yeux bleus, huit nouvelles, Flammarion, collection Imagine, traducteurs divers, 344 pages. J r me Vincent Richard Matheson Je suis une l gende +++++ Il n a l air de rien et pourtant ce petit livre est un des plus grands chef-d uvre de la litt rature fantastique. Du haut de ses 180 pages seulement, voil presque 50 ans qu il fait fr mir ses lecteurs. Normal donc qu il soit aujourd hui une nouvelle fois r dit . Son intrigue est pourtant des plus basique. Robert Neville est tout simplement le dernier homme sur Terre. Simple mais d licieusement angoissant. En effet, Robert n est pas tout fait seul. Nuit apr s nuit, des hordes de vampires viennent hurler la porte de sa maison, attir s par sa chair fra che. L enfer sous ses fen tres Surtout que parmi ces tres de cauchemars se trouvent sa femme et des gens qu il a connu, avant qu eux aussi ne succombent la curieuse maladie qui les a laiss s pour mort avant de les voir se relever. Pire, certains gardent assez d humanit pour l appeler par son nom. On imagine sans peine la torture morale que cela peut- tre pour notre h ros, calfeutr chez lui. Heureusement, l horreur des nuits se succ dent les jours salvateurs. Organisant sa retraite, Robert passe son temps faire ses courses, tuer les vampires l agonie surpris par le soleil et essayer de comprendre ce myst rieux ph nom ne qui a d cim l humanit . Des recherches vaines L espoir est mort pour les hommes et il est le dernier d entre eux. Je suis une l gende est un bijou comme on en voit peu. Avec un vrai talent de narrateur, Richard Matheson a su donner une dimension profond ment humaine et poignante son histoire. On est loin, tr s loin, des Dracula et autres Lestat. Sans tre un surhomme, Robert se contente d accomplir son rituel quotidien o chaque acte est une petite victoire contre le d sespoir. Pour le lecteur, l identification n en est que plus facile. Bref, malgr les ann es, Je suis une l gende garde une force qui le rend indispensable. lire absolument. Richard Matheson, Je suis une l gende, Folio SF, 190 pages, trad. de Claude Elsen J r me Vincent 188 pages, illustrations de Caza, Roland C.Wagner ++++ Cela faisait tellement longtemps qu il tait annonc qu on avait presque fini par l oublier. Et pourtant. Apr s de longs mois d attente, voici donc l arriv e du 56e num ro de Ph nix chez les libraires La surprise est d autant plus agr able qu elle s accompagne de petits changements la clef : 188 pages, une illustration de Caza et surtout un retour un format revue apr s de nombreux num ros version livre de poche. Pour le reste, Ph nix reste Ph nix. Sa cuisine interne n a pas franchement volu . Au menu : des nouvelles, des critiques, des interviews et un gros dossier sur Roland C.Wagner. Apr s de sympathiques hommages par Jean-Marc Ligny, Claude Ecken, Val rio Evangelisti et Richard Canal, le fond du dossier est compos d une rencontre fleuve avec l auteur et de plusieurs articles pour mieux comprendre son uvre. Bref, on ne peut que se r jouir du s rieux du travail. Tous ceux qui appr cient les romans de Wagner devraient tre ravis. Quant aux autres, ils pourront toujours se rabattre sur les interviews de Connie Willis et Pierre Bordage ainsi que sur les nouvelles de la revue. De ce c t , James Morrow tire la couverture lui. Apr s un p le Lune Six de Stephen Baxter, Morrow nous entra ne avec sa plume inimitable dans une histoire totalement loufoque d un couple engendrant une r plique miniature de notre plan te au lieu d un enfant humain . Autant dire que cela va faire du bruit la maternit . Comme d habitude avec James Morrow, la satire reste pr sente et rend l ensemble bien agr able lire. Pour conclure, on peut dire que ce num ro de Ph nix est l exemple d un boulot bien fait. Voil qui fait plaisir, surtout apr s des mois de silence. On regrettera simplement une mise en page pas franchement adapt e au format. Gageons que cela aussi va rapidement voluer. Ph nix n 56 : Dossier Roland C.Wagner, collectif, ditions Naturellement, 188 pages, illustrations de Caza. J r me Vincent Christopher Golden Des Anges et des D mons ++++ L action de Des Anges et des D mons se d roule en l espace d une semaine de juin 2000, parall lement aux USA, en Angleterre, en Allemagne mais essentiellement en Autriche et m me en Enfer. Lors de la visite d une forteresse m di vale Salzbourg que Will Cody (c l bre vampire, plus connu jadis sous le nom de Buffalo Bill ) faisait avec Allison, sa compagne humaine et journaliste, le couple d amoureux va y faire une terrifiante d couverte : Liam Mulkerrin, un puissant sorcier qu ils croyaient mort, est revenu des Enfers amenant avec lui des hordes de d mons qui envahissent la ville. Ce sera alors le commencement d une incroyable bataille pour la survie de l Humanit tout enti re, o vampires, humains et d mons vont s entre-tuer tandis que le nouveau pr sident des tats-Unis (l ancien venant d tre sauvagement assassin ), v ritable psychopathe qui hait les vampires au plus haut point, pense tr s s rieusement utiliser l arme atomique en guise de repr sailles. La Saga des Ombres, qui avait commenc avec Des Saints et des Ombres, se poursuit donc avec Des Anges et des D mons. Cinq ans se sont coul s depuis la Croisade de Venise et l on retrouve, dans ce second volet, un certain nombre de personnages d j pr sents dans le premier comme Will Cody, Allison Vigeant, Meaghan Gallagher, Alexandra Nueva, Peter Octavian, Liam Mulkerrin ou encore Hannibal mais on en d couvre galement de nouveaux comme Lazare, Charlemagne, Martha, Isaac, Jared ou John Courage, galement connu sous le nom de L tranger . Tout au long de son roman, Christopher Golden, fait monter la pression et laisse planer le suspense jusqu au moment o le lecteur apprendra quelle est l exacte nature des vampires, conna tra enfin leur histoire et d couvrira la v ritable identit de L tranger . Christopher Golden, Des Anges et
des D mons, Pocket, Coll. Terreur.
472 p. Jos phe Ghenzer Michael Marshall Smith La proie des r ves ++++ Hap Thompson est int rimaire. Mais pas vraiment dans la manutention. Non, son domaine lui, c est le recyclage des r ves d autrui. Les gens riches ont cette f cheuse tendance m priser par moments les bonnes m urs : quoi de plus utile que de se d lester, au moins temporairement, de ses souvenirs g nants, afin d avoir bonne conscience ? Je sais, a ne change rien ce qu on a fait, mais voyez-vous, les gens riches ont un norme avantage sur le commun des mortels, c est qu ils sont riches ! Hap se fait du fric donc, mais comme tout ce qui est ill gal, a foire un moment : une affaire de trop, un meurtre dans la t te, une jeune femme suicidaire, un inspecteur comp tent, une ex-femme tueuse gages Bref de quoi bien passer la prochaine semaine ! Le pire, c est quand m me quand son propre r veil n arr te pas de vous taper sur les nerfs avec ses remarques acerbes et ce don inexplicable qu il a de toujours vous retrouver. Se situant dans un proche futur, La Proie des r ves est la fois un excellent polar, un tr s fin roman d anticipation, une critique sans concession de l Am rique actuelle et du genre humain dans son ensemble (rien que a ! Eh oui, la SF a va chercher loin), et m me une r flexion m taphysique, un peu moins r ussie que le reste cependant. Michael Marshall Smith est un crivain r ellement talentueux, qui sait, mon avis, utiliser pour le mieux le genre litt raire qu est la SF, lui donnant toute sa saveur. Michael Marshall Smith, La Proie des r ves, Pocket, traduit par H l ne Collon, 442 p. Pierre-Alexandre Vigor Jean Ray uvres choisies Malpertuis, Les Contes du whisky, Autres histoires noires et fantastique ++++ Je ne vous apprendrai rien en vous disant que Jean Ray est un des ma tres du fantastique. Des livres comme Malpertuis sont des chefs-d' uvre absolus que l on n oublie pas une fois les avoir lu. Mais Jean Ray, c est aussi autre chose, c est un personnage, un fantastique angoissant, m taphysique, qui vous transporte dans un ailleurs que vous ne connaissiez pas. Gr ce Jean Ray, le fantastique a pris un sens et une paisseur reconnus dans le monde entier. Un roman et deux recueils de nouvelles, parmi les meilleures de l auteur : La ruelle t n breuse , Le Psautier de Mayence , Le grand nocturne La scolopendre sont lire et relire, encore et encore. Ne vous privez pas de ce plaisir de vous faire peur. Un premier volume qui sera suivi, sans aucun doute, de beaucoup d autres. L uvre de Jean Ray est vaste. uvres choisies, Jean Ray, La Renaissance du Livre/Collection Les Ma tres de l Imaginaire, 608 pages. Marc Bailly Mich le Laframboise Ithuriel +++ D licieuse criture que celle de Mich le Laframboise, une jeune auteure canadienne d couverte par Alain Pelosato. Ce r cit est celui de la lutte antimondialisation telle qu elle se d roulerait dans quelques ann es. La science m me au service de la paix, si elle est mal utilis e utilis e contre la dignit et l int grit physique d une petite fille se r v le tre l alli e de l ali nation. Pendant ce temps, ce sont les marginaux, magistralement camp s, qui vont lutter pour lib rer cette petite fille de l ali nation et de ses bourreaux. Un roman complexe, qui se lit d un seul trait tant on a de sympathie pour la petite h ro ne et de plaisir lire ce texte d un style d licieusement humain et, peut- tre aussi f minin. Oui, c est s r : f minin ! noter que cet tourdi d diteur a oubli de noter que l illustration de couverture est de l auteure qui s av re tre galement une excellente dessinatrice de BD ! Mich le Laframboise, Ithuriel, ditions Naturellement, 236 pages. Pierre Dagon Martha Wells La mort de n cromant +++ Edouard Viller, un doux rudit, a adopt Nicholas, un voyou de 12 ans. Alors que ce dernier tudie la m decine Lodun, le Comte Montesq accuse Viller de n cromancie. Dans le royaume d le-Rien, o la magie r gne sans partage, on ne badine plus, depuis les horreurs de Constant Macob, avec ceux qui parlent aux morts. Viller est ex cut . Nicholas, ivre de vengeance, veut provoquer la ruine de Montesq, ce Grand du royaume. Octave, qui conna t tout des activit s de chef de bande de Nicholas, sous le nom de Donatien, veut r cup rer des appareils de Viller pour le compte d un n cromant d ment. Entre celui-ci qui fait surgir goules, golems, revenants, Montesq qui ourdit ses complots, le Palais et sa garde, la Pr fecture et sa police, Nicholas et Madeline pourront-ils aller au bout de leur qu te ? N est-ce pas dans le pass qu on trouve les cl s du futur ? L auteur nous emporte dans la visite d une Vienne sombre, des palais aux gouts, avec pour guides des h ros press s par le feu de l action. Et de l action, il y en a ! Bien que m langeant les genres La Mort du n cromant est un roman d aventures au sens noble du terme. la lecture de ce fleuve , on ne peut s emp cher de penser Ars ne Lupin pour le go t du d guisement, Dumas pour les th mes et le souffle , parce qu animer sans faiblir un tel volume n est pas la port e du premier venu. Aventures, magie, complots , tout se conjugue pour cr er une histoire passionnante. Au fait, j esp re qu il y a une suite ! Martha Wells, La Mort du N croman, L Atalante, 526 pages Serge Perraud G.-J. Arnaud Le Chenal Noir +++ G.-J. Arnaud continue son nouveau cycle de la Compagnie des Glaces, la Nouvelle poque , avec ce second volume intitul Le Chenal Noir. Pour rappel, suite au r chauffement de la plan te, la Terre est divis e en deux au niveau de l quateur par une infranchissable ceinture de feu. N anmoins, un troit passage existe dans cette muraille, le chenal noir. Celui-ci pourrait ventuellement permettre aux bateaux de passer d un h misph re l autre. Les premiers tenter ce p rilleux voyage sont les nains Simone, avec leur voilier propulsion nucl aire. L affaire se corse lorsqu un jeune Simone, Centdix, d cide de r aliser un coup d tat sur le bateau, dans le but de pouvoir ensuite prendre le contr le de l ensemble du chenal. En effet, celui qui poss derait le contr le de cet troit passage pourrait demander un droit exorbitant aux bateaux qui voudraient l emprunter par la suite Le d faut du cycle reste la multitude des personnages et des intrigues parall les que le lecteur doit suivre dans le m me temps. Chaque chapitre nous transporte d un personnage un autre, dans une rotation qui a force se r v le quelque peu fatigante. Par contre, le monde qu il nous d crit est toujours aussi haut en couleur. Ses descriptions de la vie des marins sont vraiment fascinantes. On s y croirait G.-J. Arnaud, Le Chenal Noir, La compagnie des Glaces Nouvelle poque n 2, Fleuve Noir, 280 p. Jean-Michel Abrassart Pierre Bordage L vangile du serpent ++++ Pierre Bordage aime les romans ambitieux. Il y a quelques mois, il nous avait pat s avec Orch ron, livre aussi complexe que fluide. Le postulat de d part de l vangile du serpent tait encore plus prometteur. R crire le nouveau testament notre poque. Pour cela, Pierre Bordage a choisi 4 narrateurs bien distincts qui tous vont avoir des approches diff rentes d un personnage extraordinaire, Va Ka i. Celui que l on surnomme le Christ de l Aubrac parcourt la France et l Europe pour dispenser aux foules miracles et bonne parole. Mais plus son influence grandit et plus ses ennemis se font pressants. Qui est ce dr le de type enr lant avec lui sur les routes des fid les de plus en plus nombreux ? Et surtout, quelle sorte de religion anticapitaliste est-il en train de cr er ? Son succ s est un crime impardonnable. Tr s vite, Va Ka i va devenir pour beaucoup un homme abattre publiquement N y allons pas par quatre chemins, L vangile du serpent est un livre excellent. Certes, on peut regretter qu il ne soit pas aussi grandiose et profond que son id e de d part semblait le promettre, mais cela ne doit pas pour autant faire oublier ses personnages attachants, sa fluidit et son sc nario tonnant. la fois roman d action et de r flexion, il a toutes les qualit s pour tre un tr s bon livre. Un petit v nement litt raire ne pas manquer. Pierre Bordage, L vangile du serpent, ditions du Diable Vauvert. 556 p. J r me VINCENT Melinda Metz La r v lation ++ M me si l U.S. Air Force publia en 1994 un rapport expliquant que l ovni de Roswell tait en fait un ballon atmosph rique d velopp dans le cadre d un programme secret pour espionner les explosions atomiques sovi tiques, l affaire du crash n a pas fini de faire couler beaucoup d encre. Le Fleuve Noir nous propose une s rie de romans de Melinda Metz intitul Roswell, dont la s rie t l vis e du m me nom (voir SF Mag, n 15) a t tir e. La R v lation est le premier volume de la s rie, qui ressemble dans les grandes lignes au pilote. Surfant sur la vague des s ries th mes paranormaux d un c t et la vague de l exploitation adolescente de l autre, cette s rie met en sc ne un groupe d adolescents du lyc e de la petite ville de Roswell. Tout commence quand Liz se fait tirer dessus. Max Evans (interpr t par Jason Behr, d j apparu dans la premi re saison de Dawson ) est oblig d utiliser ses pouvoirs d extraterrestre pour la sauver M me si l exploitation du crash de Roswell toutes les sauces finit par lasser, le traitement de la mythologie E.T. est assez original dans cette s rie. La description de la ville montre quel point, tout comme pour le Loch Ness, le crash de Roswell est avant tout un gros pi ge touriste. La R v lation reprend les l ments de base de la s rie et devrait satisfaire tous les fans. Melinda Metz, La r v lation, Roswell n 1, Fleuve Noir (traduction : Anne-Virginie Tarall), 191 p. Jean-Michel Abrassart Jean-Pierre Balpe La Toile ++ En cette fin d ann e 2015, Blaise Carver, universitaire sp cialiste du r seau mondial Internet, se trouve mis au d fi par sa compagne, Laurence, de r soudre un crime en utilisant uniquement le web. Excit par la proposition, il se lance sur les traces du meurtrier d un certain Kharamidov, web-artiste retrouv mort dans sa chambre d h tel de Montr al. Avec l aide de contacts situ s aux quatre coins du globe, Carver va plonger dans un univers o se m lent art, th ologie et fanatisme. La toile va lui d voiler ses secrets, mais s rement plus qu il n aurait voulu en conna tre. Pour leur arriv e en librairie sous de nouvelles couvertures bien plus attrayantes, les ditons CyLibris ont r dit le roman de Jean Pierre Balpe. Ce r cit dense se situe la fronti re entre l essai philosophico-mystique tendance technologique et la fiction polici re d anticipation. Au long des pages, l auteur expose son point de vue sur le ph nom ne Internet et les cons quences que son extension pourrait avoir sur le monde. Il s interroge sur les objectifs des cr ateurs du Web, mais aussi sur ce que vont en faire les utilisateurs. Au milieu, il distille des l ments propres aux romans policiers et emm ne le lecteur au sein d une enqu te assez traditionnelle. Malheureusement, chaque pas effectu par les personnages croule sous les explications techniques et math matiques. L aventure s en trouve ralentie. Le lecteur oscille entre la vulgarisation scientifique et le roman policier, le dernier touffant parfois sous les tonnes d informations de la premi re. Et la toile tendue par Jean-pierre Balpe passe un peu pour un traquenard. La fin du roman confirme cette impression d h sitation entre les genres. Elle est plate et d cevante, surtout apr s la mont e en puissance orchestr e tout le long du r cit. Dommage pour ce livre qui promet beaucoup mais n honore pas compl tement son contrat, surtout en ce qui concerne la partie purement fictionnelle. On se consolera avec l expos philosphico-scientifique qui pose avec intelligence les interrogations de demain sur ce monstre qu est le Web. Jean-Pierre Balpe, La Toile, ditions CyLibris (Anticipation), Grand format, 520 p. Micha l Espinosa Greg Bear H ritage ++ L entit du Chardon conna t de s rieux probl mes. Ce mod le social et politique cr il y a des si cles par Nader est jug r trograde par les Geshels, partisans du progr s technologique. Olmy Ap Sennon est l un d entre eux. Les autorit s lui confient pour mission de se rendre sur la plan te Lamarck. Une volont d loignement d guis e en promotion. De Lamarck on ne sait pas grand-chose, sinon qu elle constitue une singularit biologique interdite d exploration. Pourtant, les Divariqu s, dissidents du Chardon conduits par Lenk, cherchent s y implanter. En embarquant sur le Vigilant command par le capitaine Kayser-Bach, Olmy Ap Sennon s engage dans une aventure conradienne qui rappelle Au c ur des T n bres. H ritage poursuit le cycle commenc par on et ternit . Le principal int r t du roman r side dans la description d un mod le volutif inspir des th ses de Jean-Baptiste de Lamarck. La plan te est ainsi constitu e de m ta-organismes, les eco , cosyst mes g rant les relations intersp cifiques en fonction des besoins et des circonstances. Cette adaptation qui tient continuellement compte des conditions d existence leur permet de se copier ou de se modifier dans un d lai tr s court, les changements pouvant tre transmis d une g n ration l autre. Si les hommes s implantent sur ces continents vivants, sont-ils touch s par le processus volutif ? Toute la question est l . La relation compl mentaire ou conflictuelle des esp ces est une constante dans l uvre de Greg Bear, de La Musique du sang L chelle de Darwin (cf. critique dans num ro pr c dent). Reprocher un auteur de d velopper des variations sur un m me th me serait ridicule. On peut toutefois regretter ici que la d monstration soit parfois pesante, l attrait du r cit p tissant certains moments du caract re pr cis ment d monstratif. Lorsqu un auteur est dou , on attend toujours de lui le meilleur Greg Bear, H ritage, Livre de Poche Science-fiction , Traduit par Guy Abadia, 606 p. Xavier Maum jean Stephen King criture, M moires d un M tier +++ Il faut bien que je fasse tat de ma partielle d ception la lecture de cet essai. J attendais beaucoup de ce livre, et l diteur am ricain avait savamment distill les informations qui devaient permettre l amateur de saliver en attendant la publication. J escomptais notamment des informations vraiment nouvelles, concernant l homme-King. En fait, beaucoup de renseignements ici fournis taient d j connus, avec beaucoup moins de d tails pour certains. Il va de soi que la r action ne sera pas la m me de la part de lecteurs qui ne connaissent de King que quelques romans et souhaiteraient avoir des donn es suppl mentaires. Pour eux, ce livre apportera des r v lations diverses et bienvenues. Il n est pas certain, cependant, que les consid rations sur le langage int ressent le grand public, d autant plus que le lecteur fran ais lit les uvres de King dans des traductions de sp cialistes diff rents, qui sont bien incapables de reproduire les intentions exactes de King. Ce sont pourtant ces consid rations qui constituent la nouveaut . Les diverses parties de cet essai h t roclite se juxtaposent sans former vraiment un tout. La premi re partie autobiographique, CV , est celle qui int ressera le plus les lecteurs qui ne connaissent pas le chapitre 4 ( Un irritant interm de autobiographique ) d Anatomie de l horreur et les nombreuses anecdotes personnelles qui parcourent cet ouvrage et sa suite Pages Noires. King n a jamais t avare de confidences, mais les sp cialistes avaient d j relev des contradictions et un certain d sir de se mettre en valeur dans les faits livr s selon son bon vouloir. De nouvelles diff rences apparaissent ici, dues peut- tre une m moire d faillante ou un ph nom ne bien connu des psychologues, la d formation spontan e des souvenirs avec le temps. King reconna t d ailleurs dans cette partie qu il a ant rieurement livr d lib r ment des d clarations fausses ses interviewers. King reconna t, par exemple, une nouvelle d pendance dans laquelle il est tomb alors qu il avait trente-huit ans, et fait tat de certains livres crits dans un tat second, sous l emprise de l alcool et de la drogue cumul s Il est probable que Misery, crit vers cette poque, est un roman transposant les probl mes de d pendance de King, l esclavage de la drogue trouvant son quivalent dans le livre dans l asservissement de l crivain Beaumont l infirmi re d moniaque. La seconde partie Bo te outils est courte, sorte de commentaire et de prolongement un bref manuel am ricain de Strunk & White, l ments de style. King joue au professeur. Le cours en lui-m me est un peu ingrat, et n int ressera gu re que les jeunes auteurs. Il est heureusement clair par des r flexions personnelles de l auteur, ce qu il pratique lui-m me ou ne pratique pas. La troisi me partie, la plus longue, d routera par moments. King y passe de son go t pour la lecture et des endroits o il pratique cette activit , aux mots qu il ne peut pas supporter. Par exemple, il d teste ce qui se rapporte l intrigue d un roman, alors que lui-m me a b ti sa r putation sur ses talents de narrateur. Ce serait trop long de tout reprendre : des conseils au probl me des agents et des lettres explicatives. On peut trouver sa d monstration sur les dialogues insuffisante, mais il nous rassure en disant plusieurs reprises que lui-m me n applique pas toujours ses conseils la lettre. Toute cette partie - et c est surtout son int r t - est maill e d anecdotes ou d exemples. Suivent en fin de livre quelques travaux d criture corrig s, et la liste des livres lus par King ces derni res ann es. La derni re partie De la vie : un post-scriptum revient l autobiographie avec la narration de l accident qui faillit lui co ter la vie en juin 1999. En crivain, King prend manifestement du plaisir se d crire comme un miracul , mettre en valeur son chirurgien et surtout Tabitha, qui a jou un r le important pour son moral et sa reprise de l criture. King appara t ainsi tel qu en lui-m me : un crivain issu d un milieu populaire, se faisant lentement au travers de l criture, affrontant p niblement ses d mons, et qui ne peut crire que pour et sur la classe moyenne am ricaine, la seule qu il connaisse vraiment. Reconnaissant envers Tabitha, qui a toujours t le pilier du m nage, qui l a fid lement soutenu dans son travail et permis de devenir lui-m me. Un homme n de l criture, qui ne vit que de l criture et que pour l criture, qui a chang son existence et en a model le cours. En d pit de ses maladresses, de sa confusion, on ne peut qu tre touch par ce livre, prolongement d Anatomie de l horreur, qui, au-del d un recueil sur l art d crire, est un hommage au pouvoir de l crit et du livre, qui a sauv deux fois la vie de King, de la m diocrit et de la mort. Stephen King, criture, M moires d un M tier, Albin Michel, 2001, 378 p. Roland Ernould Gilbert Millet Ennemis tr s chers +++ De la lecture de ces dix-huit nouvelles de Gilbert Millet, on ne sort pas indemne, mais oppress , d prim et perplexe. Ce recueil, hant par la d composition des sentiments, la d gradation de la vieillesse, la monotonie de vies mesquines et sans issue, renforc par une m thodique lenteur de l action obtenue par l observation syst matique de la gestuelle humaine donne une impression p nible de vie au ralenti, sans ouverture, sans perspectives. Il n y a d issue et de clart que macabres dans cet univers terne et morose, conduit seulement par des actions de routine, monotones, identiques l infini, quelquefois sans but. Difficile d aller plus loin dans la noirceur et la m diocrit humaine, le triste lot d une partie non n gligeable de l humanit . La plupart de ces nouvelles sont des histoires de couples, et il n y en a pas une seule qui t moigne d un accord entre les partenaires. La plupart de ces nouvelles sont volontairement ambigu s et ne fournissent pas une conclusion d finitive. On ne d flore pas ces histoires en disant que bon nombre des hommes se pr sentent comme des assassins, et certains le sont. Tous ? On s interroge. Certains ont d r ver leurs assassinats, plong s dans le marasme de leur vie morose et r p titive, o la disparition du conjoint ou du voisin constitue la seule issue. La relecture ne l ve pas l incertitude. Millet est habile d velopper cette probl matique de l ind termination et de l irr solution, dans une ambiance qui se ressent du surr alisme. Il va de soi que cet univers fragment et sans espoir ne serait pas tol rable et conduirait le lecteur directement la neurasth nie s il ne percevait pas la distanciation que Millet manifeste l gard de ses histoires. Certains des titres sont r v lateurs. Derri re les noirceurs de Millet, on sent un esprit d horloger qui pars me ses situations les plus sombres de d tails ou de r flexions insolites, singuli res, parfois incongrues, fait des rapprochements impr vus, cr e des situations aussi excentriques crivain r aliste c toyant l insolite et les singularit s de la vie, marqu par le go t des petits faits vrais, Millet aborde la r alit sous l angle particulier de l insolite et du curieux, suscitant des suggestions myst rieuses et laissant des questions sous-jacentes. Il pr sente dans ce recueil un ensemble de recherches suscitant l int r t, la curiosit , l tonnement, plut t qu une v ritable participation sensuelle. Si plaisir de lecture il y a, sa nature est surtout d essence litt raire, nettement intellectualis e. On sent son attachement pour ces hommes ordinaires si tristement humains, son plaisir de l observation, comme d un jeu de fourmis, de ces vies mis rables qui n existeraient pas si le romancier n en faisait pas passer des l ments ou de leur pauvre substance dans ses cr ations. Gilbert Millet, Ennemis tr s chers, Manuscrit.com, 180 pages Roland Ernould Tad Williams L Ombre de la Roue & La Tour de l Ange Vert La Citadelle assi g e III et IV. ++++ Avec L Ombre de la Roue et la Tour de l Ange Vert, l Arcane des p es de Tad Williams trouve une conclusion sa mesure. Depuis les cons quences de l attaque du camp de Josua Mainmorte jusqu un final haletant et plein de surprises, on suit les aventures clat es des nombreux, tr s nombreux personnages, composant ce cycle de Fantasy qui a su se hisser parmi les plus connus. Au fil des mots trac s de la plume alerte de l auteur, l action s acc l re de plus en plus dans un sprint final qui ram ne les acteurs de la Citadelle Assi g e l o toute l histoire a pris corps. C est comme cela que l on s aper oit que Tad Williams a vraiment su faire voluer ses personnages, notamment Simon que l on a pris plaisir conna tre, et qui grandit encore beaucoup. La princesse Miriam l est quant elle l une des figures f minines les plus creus es de la Fantasy, loin des arch types. D autres tel Josua sont simplement fid les eux-m mes, et cela n est pas un d faut. Ce qui l est plus serait plut t une certaine confusion dans les choix d actions, mais que cela ne vous emp che pas de profiter de la fin de ce cycle qui, s il ne r invente pas la Fantasy, parvient se singulariser de la masse autant par son ton teint de m lancolie que par son rythme, pour faire partie des lectures difficilement dispensables. Tad Williams, L Ombre de la Roue et la Tour de l Ange Vert, de, Pocket Fantasy, traduction Jacques Collin, respectivement 540 et 570 pages. Emmanuel Chastelli re Lewis Shiner En des cit s d sertes +++ Lewis Shiner fait partie de ces auteurs pour lesquels la fronti re entre fantastique et litt rature g n rale est mince. Concr tement, on dira que 90 % du livre En des cit s d sertes se classe dans la litt rature g n rale plut t que dans la science-fiction. Et m me pour les 10 % restant, le doute subsiste. Cela ne signifie bien entendu pas que ce livre est mauvais. Bien au contraire. En quilibre sur les marges, Lewis Shiner cultive en permanence le d calage et les relations entre ses personnages. Celles des h ros de ce nouveau roman sont plut t complexes. Lorsque l on apprend qu il s agit de l histoire de Lindsey partant la recherche de son mari au Mexique, accompagn e du fr re de ce dernier qui est au passage follement amoureux d elle, on craint un instant le m lo sentimental. Il n en est rien. Gr ce au talent de Shiner, on plonge compl tement dans ce roman qui nous emm ne en pleine jungle mexicaine avec nos deux aventuriers, des rebelles zapatistes, un vieux chaman et une ex-star du show-biz venu gober des champignons hallucinog nes. Pendant ce temps, dans le reste du pays, c est l tat d urgence. L Am rique a d cid d envoyer ses troupes mater la r bellion. Autant dire que les balles vont siffler pr s des oreilles de nos h ros. D finitivement inclassable, En des cit s d sertes est un roman de fort bonne facture. On ne s y ennuie pas un instant. Une bonne pioche. Lewis Shiner, En des cit s d sertes, Lunes D encre, Traduit par Jean-Pierre Pugi, 400 pages J r me Vincent Robert J. Sawyer Un proc s pour les toiles +++ Bon, le mythe du premier contact avec les extraterrestres, c est un peu une auberge espagnole. Tendance conspiration avec X-Files, motion avec E.T. ou humanisme bon teint avec Rencontre du troisi me type. C est plut t vers ce dernier que lorgne Un Proc s pour les toiles. Du moins au d but. Les Tosoks rentrent un beau matin en contact avec l humanit au d tour d une vaguelette du Pacifique. Franck Nobilio, conseiller scientifique du Pr sident des tats-Unis, ainsi que son ami le tr s m diatique Cletus Calhoun, vont tre les premiers communiquer avec Hask, un bon Tosok bien lev , et ainsi tablir les bases de ce qui semble tre les pr mices d une collaboration interplan taire. Seulement voil , Calhoun est assassin sauvagement et tout porte croire que c est Hask le coupable. S en suit alors un retentissant proc s o Dale, l avocat du Tosok va combattre pied pied l aveuglement d une justice plus encline la punition qu la compr hension. D autant que derri re cette affaire, s en cache une autre, bien plus ennuyeuse Comme chacun de ses romans, Robert J. Sawyer marie les genres. Un peu de SF, un peu d humour, un brin d explication scientifique (c est pas de la hard science non plus) une bonne dose de critique sociale de cette Am rique qu il juge en voisin (il est canadien), le tout crit dans un style assez fluide, sans surcharge descriptive. Ce n est pas le meilleur roman de l ann e, car ce m lange rend le r cit un tantinet trop lisse . Mais a se laisse lire avec un plaisir certain toutefois. Robert J. Sawyer, Un Proc s pour les toiles, J ai Lu, Mill naires, traduit par Nathalie Serval. 320 p. Pierre-Alexandre Vigor Jonathan Aycliffe La chambre de Naomi +++ Le docteur Charles Hillenbrand est un homme combl . Jeune professeur de litt rature anglaise Cambridge, il est mari une femme charmante, Laura, et tous deux se pr parent f ter le r veillon avec leur petite fille de cinq ans, Naomi. Tout va basculer l apr s-midi du 24 d cembre, lorsque Naomi va dispara tre dans un grand magasin de jouets londonien. La police retrouve son cadavre quelques heures plus tard, atrocement mutil . Commence alors pour le couple l prouvant travail de deuil, rendu d autant plus insupportable que Naomi semble toujours l . On entend ses pas et ses plaintes, dans la maison. Dafyyd Lewis, un photographe alcoolique travaillant pour la presse sensation, va s imposer aupr s de Charles jusqu lui faire admettre l inacceptable : ses clich s r v lent des pr sences surgies du si cle pass . Deux fillettes, Victoria et Caroline, et leur p re, l inqui tant docteur John Liddley qui se tiennent constamment dans l entourage du couple. Charles entreprend une enqu te qui le conduira aux tr fonds du cauchemar. Ce roman est poisseux. Bien crit, il g n re constamment un sentiment de malaise, et parvient prolonger un genre que l on croyait exsangue, celui de la maison hant e. Son th me et son traitement, un couple d chir par leur fille morte, rappellent le terrifiant Ne vous retournez pas, film de Nicholas Roeg avec Donald Sutherland et Julie Christie. Jonathan Aycliffe, sous le pseudo de Daniel Easterman, est connu des amateurs de SF pour K, roman d crivant une Am rique fasciste dans les ann es trente. La chambre de Naomi est un r cit choquant et beau que l on aimerait oublier, au c ur de la nuit. Jonathan Aycliffe, La Chambre de Naomi, J ai Lu. Fantastique. N 5633, 222 p. Xavier Maum jean Jean-Pierre Andrevon L il derri re l paule ++++ Les Woolwright vivent Los Angeles. Une vie comme toutes les autres, jusqu au jour o Mme Woolwright, Pam, subit une tentative de viol. partir de. Pollution, augmentation de la d linquance, prix exorbitants, Big One, tout y passe. Jon ne c de pas. Il travaille LA, a une ma tresse LA, a ses habitudes LA. Bref, c est sa ville. Jusqu au jour o ils visitent Harmony, une communaut situ e une centaine de kilom tres de LA. Pavillons isol s, ville tr s tranquille situ e au milieu du d sert, gens tr s accueillants. Jon ne peut que fl chir, et les voil , tous les trois, avec leur petite fille V ronika, qui d m nagent. Tout semble aller le mieux du monde, quoique On leur fait des remarques sur leur d coration, leur chat dispara t, ils sont oblig s d assister des r unions, d aller l glise faute de quoi les remontrances fusent, leurs amis sont poursuivis sur l autoroute, Pam ne veut pratiquement plus avoir de relations sexuelles avec son mari. Un v ritable lavage de cerveau moral s op re petit petit. Apr s plusieurs mois, l h b tude de sa femme, le d dain de sa fille, font que Jon d cide de quitter Harmony et de retourner vivre LA. Dans un premier temps, il s installe chez un copain, puis renoue avec sa ma tresse. Sa r volte qui grondait d j du temps o il vivait Harmony, gronde de plus en plus fort en lui. Elle atteint son paroxysme apr s le meurtre de sa ma tresse. Il sait qui a fait le coup et veut se venger, r cup rer sa femme et sa fille, et les emmener loin d Harmony. Oui, mais Roman palpitant, qui a obtenu le Prix du Roman d Aventures, donne des frissons. En effet, la fiction approche parfois de la r alit , et la r alit d passe souvent la fiction. Des communaut s d crites comme celle d Harmony existe bel et bien, et c est en ce sens que le roman est tr s fort. Il nous d crit, sans fausse morale, la vie dans ce genre de ville, l absence de libert , de choix, de joie de vivre. C est du 1984 en plein. Andrevon est tr s tr s fort ce jeu-l et son roman fait peur. L il derri re l paule, Jean-Pierre Andrevon, Le Masque, 290 p. Marc Bailly Yves RENOUX La Pierre bleue ++ Yann, professeur de philo Nantes, un peu d prim , se sent inutile. Il esp re un v nement extraordinaire qui bouleverserait sa vie et assouvirait son envie d autres mondes. Et un jour, tout bascule : un m t ore s crase dans un champ et y abandonne trois pierres. Yann s en empare et, fascin , devine bient t leur fonction : le mettre en communication, par le biais de sa t l vision, avec d autres plan tes ! Il contactera ainsi un monde luxuriant, serein et sage, un autre glac et mourant, un troisi me plut t belliqueux. L motion sera aussi au rendez-vous : Yann tombe amoureux d une belle ressortissante de la seconde plan te et assistera, impuissant, son agonie en direct. Totalement investi de sa mission de t moin , il d cide de faire conna tre la Terre l existence d autres civilisations en truquant le JT de PPDA. Le Pr sident de la R publique invite l auteur de ce miracle s identifier. Fin du livre ou du moins de sa premi re partie, une seconde devant suivre. Petit ouvrage agr able, La Pierre bleue doit tre un premier roman : l auteur est professeur de philosophie et nantais d origine, et son personnage principal, qui d ambule longuement dans Nantes, para t bien autobiographique. On notera aussi un enthousiasme gonfl bloc, proche parfois de l optimisme b at. Mais cette na vet a son charme, et l on se pla t imaginer que l Homme soit vraiment bon Yves Renoux, La Pierre bleue, ditions des crivains, 118 p. Bruno Peeters Stephen King La Temp te du Si cle +++ ou + La double cotation de cette nouvelle parution de Stephen King au Livre de Poche tient essentiellement la forme de l uvre qui nous est pr sent e. En effet, La Temp te du Si cle n est pas un roman, mais bien le sc nario d une mini-s rie originale, crite par King dans la foul e du succ s du Fl au et qui est disponible dans un coffret double VHS chez Warner Home Vid o. Pour appr cier cette histoire, sorte de croisement entre Le Bazar de l pouvante et une trag die grecque, il faut entrer dans la forme sc naristique et apprivoiser une mise en page pas toujours vidente. Mais une fois que cela est, appr tez-vous vivre du tout grand Stephen King. Little Tall Island se pr pare essayer la pire des temp tes lorsque surgit Andr Linoge, sorte de sorcier mal fique, d barqu d on ne sait o pour tester dans la douleur et le sang le courage et la d termination de la petite communaut du Maine. S en suit alors une terrible bataille psychologique avec en toile de fond cette effrayante temp te (m taphore vidente de ces vents malsains qui parcourent le c ur des habitants de Little Tall, comme il est de mise chez King) et les choix douloureux que devra faire Mike Anderson, policier temps partiel et reflet sombre du Sh rif Pangborn du Bazar de l pouvante. Forme mis part, La Temp te du Si cle repr sente ce que King fait de mieux, l analyse au scalpel d une petite communaut face au danger, les bassesses, les tra trises et surtout les secrets qui sont inh rents ces petits groupes d individus referm s sur eux-m mes et pr s tous les sacrifices pour prot ger leur quilibre. Sur papier, cette Temp te offre galement l avantage d tre livr sans les coupures publicitaires et de permettre chacun de s offrir son propre casting sans devoir supporter les has-been de l ge d or d Hollywood qui forment souvent le fond de commerce de ce genre de t l films. Reste toujours la r serve quant la forme, nous ne le r p terons jamais assez, lire un sc nario n est pas toujours facile pour le lecteur non-avertis. Stephen King, La Temp te du Si cle, Livre de Poche, Traduit par William Olivier Desmond, 448 p. Christophe Corthouts Gregory Benford L Ogre de l Espace +++ Le Dr Benjamin Knowlton est directeur d un Centre d astrophysique des hautes nergies o il partage son temps entre t ches administratives et recherche. Sa femme Channing, ex-astronaute devenue astronome, est atteinte d un cancer et n en a plus pour tr s longtemps vivre. C est ce moment qu un signal intrigant capte l attention des astronomes du centre : quelque chose est en train d approcher par-del l orbite de Pluton. Tr s vite la traque s organise mesure que les donn es s accumulent. Et peu peu la v rit se fait jours, cet objet c leste est en fait un trou noir et il d sire parler ! Mais que veut-il r ellement ? Gregory Benford est aujourd hui une valeur s re de la SF, dans la tradition d un Clarke ou d un Asimov. L Ogre de l Espace prend pour sujet un des dadas de l auteur en imaginant une forme de conscience des hautes nergies et des champs magn tiques. De ce point de vue le r cit est bien construit et le lecteur se passionnera imm diatement pour les joutes intellectuelles et les d bats passionn s entre scientifiques qui pars ment cette histoire. Ces moments sont assez accessibles pour ne pas perdre les lecteurs et contribuent maintenir le suspense durant les deux tiers du roman, la traque s apparentant une enqu te polici re. On sent G. Benford un peu moins inspir lorsqu il s agit de traiter les d boires personnels des personnages principaux. Si les rivalit s professionnelles entre scientifiques sont amusantes suivre, le reste manque trop d originalit pour susciter l adh sion compl te du lecteur. Cela n entame pourtant pas l int r t de ce roman agr able lire, m me si on n y retrouve pas tout le souffle d autres crits de Benford. Gregory Benford, L Ogre de l espace, Presse de la Cit , Traduit par Dominique Haas, 442 pages. Anton Guzman Cheslea Quinn Yarbro Le Comte de Saint-Germain, vampire +++ Yarbro pr sente une sacr e ambition litt raire avec ce livre et ses suites. Ni plus ni moins, elle a la vell it de produire un chef-d uvre la Bram Stoker avec son Dracula. Elle utilise donc galement un personnage historique sulfureux (car le comte de Saint-Germain a exist ) et le m me proc d litt raire d utiliser des extraits de lettres. Elle va jusqu utiliser le style p dant et ampoul du XVIIIe si cle pour rendre l atmosph re plus vraisemblable. Comme Vlad l empaleur ne fut jamais vampire (qui sait ?), Saint-Germain fut seulement un peu occultiste sur les bords et d clarait qui veut l entendre qu il tait immortel. Yarbro explique le ph nom ne par l tat vampirique de son h ros. Elle le met d ailleurs en sc ne dans une nouvelle que j ai publi e avec L a Silhol dans son recueil De sang et d encre. Il est dommage que Yarbro confonde sorcier et alchimiste (ce n est pas du tout, mais pas du tout, la m me chose) et qu elle reste beaucoup trop pudique sur les formidables sc nes de sexe qu elle voque. Par contre, le lecteur saura tout sur les tenues vestimentaires des hommes de l poque. Ce qui est particuli rement int ressant, c est la base de l intrigue et l explication de la lutte entre le bien et le mal. Je cite : Il existe un pouvoir qui n est que ce qu il est. (..)Quand il nous l ve et tourne nos regards vers le bien ( ) et les merveilles nous le nommons Dieu. Et quand il est utilis des fins de torture, de souffrance et de d gradation, alors nous le nommons Satan. Voil qui est puissant comme tout le livre ! Chelsea Quinn Yarbro, Le Comte de Saint-Germain, vampire, Pocket Terreur, 416 pages. Alain Pelosato Nicolas Bouchard Le R veil d Ymir **** Europa II, le satellite gel de Jupiter, est gouvern par les universitaires. Il y a l lite, qui a r ussi l Evaluation des Comp tences Premi res, et les Hors-C employ s aux t ches p nibles et ingrates. Est-ce seulement parce qu il a fait son m moire d imp tration sur J.D. Carr qu Elie VI Merrivale est d sign comme censeur charg d claircir le meurtre du professeur Kelsen ? Ce dernier, un id aliste p tri d humanit , pr nait la r habilitation sociale des Hors-C. Dans ce monde d tudes les Loges se d chirent pour le pouvoir. Quel r le joue la tr s belle El onore ? Qui est Ruth, la prot g e de Kelsen ? Quand les tentatives de meurtres pleuvent, Elie peut-il faire face ? Sur une intrigue tortueuse souhait, avec un d tective quelque peu d cal , Nicolas Bouchard d veloppe de superbes d monstrations sur l importance sociale du langage, sur le statut de la femme, sur la chimie de l hydrog ne, sur le fonctionnement de la future conomie galaxiale (La mondialisation est d pass e !). Et c est loin d tre ennuyeux ! Le talent p dagogique du romancier fait passer les id es, les concepts et incite m me s y int resser hors roman. Outre ses r f rences J.D. Carr, Darwin, l auteur se livre nombre de clins d yeux : il cite New-Poitiers dans une liste de prestigieuses universit s, un auteur de SF dans celle des philosophes Le R veil d Ymir, roman de SF et policier offre un bon quilibre entre action, r flexion et humour. Un livre comme on aimerait en lire plus souvent. Nicolas Bouchard, Le R veil d Ymir, Mn mos, coll. Icares, 268 pages Serge Perraud Nancy Kress Les Hommes D natur s + + + + M lant r flexion scientifique, politique et sociale, Les Hommes d natur s est l un des bons romans de la rentr e. Il a de plus le m rite de remettre Nancy Kress, une auteure encore trop m connue en France, l honneur. Elle d peint ici une soci t ravag e par la st rilit , vieillissante, o les couples sont pr ts tout pour obtenir un enfant. Profitant de ce contexte, des laboratoires clandestins ont mis au point une technique, parfaitement ill gale, qui leur permet de greffer des mains et des visages humains sur des chimpanz s, qui sont revendus prix d or au march noir. Le roman met en sc ne trois personnages, dont le point de vue est adopt alternativement : Shana Walders, une jeune soldate qui a d couvert par hasard cette monstruosit et qui est mise pied pour avoir voulu r v ler ce scandale aux autorit s ; Cameron Atuli, un danseur qui a subi une op ration destin e lui oblit rer la m moire mais dont le visage se retrouve dupliqu sur les b b s-chimpanz s ; et Nick Clementi, un vieux m decin mourant qui commet l imprudence de croire au r cit extravagant de Shana Welders. Ce trio atypique et attachant va se lancer dans une enqu te minutieuse, afin de faire clater la v rit . Dans ce roman bien construit et mouvement percent des probl mes, thiques en particulier, qui touchent de pr s notre soci t . Mais loin de la d nonciation grossi re, Nancy Kress nous livre ici une r flexion fine, qui envisage la question sous tous les angles. La narration altern e se r v le d ailleurs tr s efficace puisque chaque protagoniste a des motivations et un caract re bien diff rents. Cela permet aussi de visiter des univers int rieurs riches celui du danseur amn sique en particulier, paradoxalement. Devant ce subtil m lange, on ne peut donc que s incliner. Nancy Kress, Les Hommes d natur s, Flammarion (Imagine), 262 p., trad. de l anglais par Jean-Marc Chambon Marie-Laure Vauge Johan H liot Reconqu rants ++++ Cet excellent roman repose sur une formidable id e de d part : un peu apr s la mort de C sar, en 44 avant J sus-Christ, plusieurs familles romaines, fid les la R publique, fuient la Ville ternelle bord de gal res, franchissent les Colonnes d Hercule et, apr s une terrible travers e de la Mer inconnue, arrivent en Am rique ! O elles fondent Terra Publica, et sa capitale, Libertas. 1551 ans apr s cet v nement, les nouveaux Romains d cident " la Reconqu te du sol originel ". Qu est Rome devenue ? Une immense flotte repart donc vers le Vieux continent Tel est donc le th me de ce livre aussi fascinant que passionnant. Nous suivons la trajectoire de G ron, jeune conscrit m tis (car les Romains se sont alli s aux indig nes) embarqu dans l odyss e des " reconqu rants ". Quinze si cles apr s sa fondation, Terra Publica est une R publique puissante et prosp re, ayant ma tris gaz et vapeur, construit un m tro sous-marin, poss dant une marine de navires aubes et qui domine aussi les airs, gr ce aux Aigles, hommes-volants et corps d lite de la L gion. Le syst me politique, le Synoecisme, est actuellement domin par le tribun Cneus Salveris, me de la reconqu te et tyran ambitieux. Et l on apprendra bient t que cette fabuleuse quip e a bien d autres buts que la simple curiosit . Salveris serait en effet possesseur d un manuscrit secret, de C sar en personne, qui pourrait lui assurer la ma trise du monde Quoi qu il en soit, G ron et les Romains resteront bloqu s dans une le magique et myst rieuse dont seule une exp dition a rienne pourra s chapper, arrivant enfin sur les rivages de la M diterran e. Ils d couvriront l la civilisation des Cit s Littorales, domin es par un certain Erik, Prince rouge. Promu, apr s de curieuses " crises ", traducteur officiel de la mission, G ron suivra toutes les p rip ties tonnantes de la Reconqu te aux premi res loges. Il s av rera en effet que le Prince rouge n est pas le v ritable Ma tre de l Ancien monde, mais subit le joug d autres et tranges entit s Roman fascinant donc, tr s bien construit et conduit, empli de clins d il (ah ! la premi re phrase du chapitre deux : " C tait Megahar, faubourg de Karhage, dans les jardins d Emil Karr ", mais il y a aussi des allusions Mallarm , Victor Hugo, Jules Verne, Pagnol, et m me Van Vogt) il est con u, malgr le consid rable bagage historique, comme un v ritable roman d aventures, dans le droit fil du pr c dent ouvrage de l auteur La Lune seule le sait (Editions Mn mos). Et la fin, plut t apocalyptique, en surprendra plus d un. Johan H liot, Reconqu rants,, Mn mos, 316 p. Bruno Peeters Iain Banks Le Business ++++ Ag e de 38 ans, Kate est ce que l on appelle une femme dynamique. Au cours de sa carri re, sa brillante intelligence lui a permis de gravir un un tous les chelons du Business, une soci t d investissement financier semi-occulte. Non pas que celle-ci soit ill gale mais elle sait se faire discr te. En fait, partout o il y a de l argent gagner, cette multinationale est pr sente. Inutile donc d attirer les curieux. Son dernier projet m galo en date concerne l achat d un pays tout entier avec pour objectif l obtention de passeports diplomatiques volont et une place l ONU. Et qui ses dirigeants ont-ils choisi d envoyer sur place ? Kate bien s r ! Mais que cache cette promotion ? Et pourquoi lui a-t-on remis une cassette avec la preuve que l pouse de l homme qu elle aime a un amant ? Qui tire les ficelles ? Autant de myst res r soudre pour notre h ro ne. Brillant et l ger, Le Business est un grand moment de d tente qui se d vore. On regrettera simplement la longueur de la mise en place. Plus de 200 pages avant d avoir le v ritable d but de l intrigue, c est un peu long. C est bien son seul d faut. Iain Banks, Le Business, ditions Belfond, 436 pages, Traduit par Christiane et David Ellis J r me Vincent Nalo Hopkinson La Ronde des Esprits ++++ Dans un Toronto du futur, le c ur de la ville a t vid de ses forces conomiques. Les communaut s immigr es s y sont install es avec leurs traditions. Ti-Jeanne, qui vient d avoir un b b avec Tony, un drogu qui ne peut d crocher, est revenue vivre chez Mami, sa grand-m re voyante et gu risseuse. Celle-ci devient la cible du gang de Rudy, le ma tre des Esprits, qui charge Tony de prendre le c ur de la vieille femme pour le greffer au Premier Ministre. Mais on ne passe pas pour une sorci re sans avoir des amis parmi les Esprits et plus d un tour dans son sac. Ce livre nous fait p n trer dans un univers o la magie est ordinaire, o la relation avec les Esprits, ce contact constant en fait les partenaires privil gi s de tous les actes de la vie. C est une magie nourrie de soleil, d images pittoresques, pour des gens de chair et de sang, capables d amour et de haine. Les personnages sont d crits avec vigueur et leur profil parfaitement adapt l intrigue. Celle-ci, qui conjugue rebondissements et sentiments exacerb s, est servie par une criture vivante, riche en couleurs et en saveurs. Tous ces l ments concourent faire de La Ronde des Esprits un roman palpitant, qui se lit d une traite et laisse le regret de vivre dans cette soci t qui se veut si rationnelle, si pragmatique et mat rialiste, mais si vide. Serge Perraud Juan Miguel Aguilera La Folie de Dieu +++++ Apr s des r v lations, Valerio Evangelisti (pour l Italie) et Andreas Eschbach (pour l Allemagne), une autre de nos voisines, l Espagne nous montre qu elle abrite elle aussi des auteurs de science-fiction de talent. Juan Miguel Aguilera fait partie de cette veine-l . La Folie de Dieu est de ces livres qui marquent les imaginations et ouvrent des portes. On comprend (si on ne le sait pas encore !) que la SF ne conna t pas de fronti res et que l Espagne nous r serve s rement d autres surprises Au d but du XIVe si cle, Ramon Llull, religieux l esprit scientifique est convoqu par Roger de Flor Constantinople. Le capitaine des Almogavars, mercenaires catalans, persuade Ramon de participer une exp dition pour d couvrir la cit l gendaire du Pr tre Jean aux rues dall es d or. Dans l empire romain de l Orient en plein d clin, l exp dition compos e de 300 hommes commence son p riple sur les traces d Alexandre le Grand. Lors de son avanc e en Asie, Ramon localise la cit et d couvre l origine de ses fondateurs. Mais le chemin est long et sur des terres noy es dans une brume paisse et naus abonde, l exp dition d couvre l horreur : des guerriers sans foi ni loi personnifiant le mal aux yeux de notre docte religieux. R ussissant en r chapper, elle parvient dans un grand d sert de sel o leur appara t enfin le but de leur voyage. Notre surprise est presque aussi grande que celle de Ramon et des Almogavars, et c est le d but d une nouvelle aventure. Roman historique, r cit de voyage, d aventures et sp culation scientifique, ce livre fait fi des tiquettes et nous d payse compl tement. Juan Miguel Aguilera impressionne par sa ma trise historique et nous donne envie de replonger dans nos anciens cours d histoire. Ramon Llull qui s est engag d montrer les v rit s de la foi, nous sert de guide dans cette qu te qui nous entra ne tr s loin dans l encha nement des r v lations. L auteur nous surprend r guli rement en sortant des sentiers battus, prenant des chemins totalement inattendus. Le titre en devient m me pr monitoire. Le livre s identifie l Ars magna que Ramon nous d crit page 194 et nous permet d approcher la vision de Dieu. La fin nous rappelle que la tentation est toujours l . L histoire a tr s bien pu se passer ainsi, mais l on n en a rien su, car les crits de Ramon ont t r duits en cendres par un Inquisiteur bien connu. Un tr s grand livre qui m rite de figurer en bonne place dans votre biblioth que. Vous verrez que vous vibrerez pour des personnages pas toujours recommandables, qui en fin de compte vous appara tront sympathiques. Attention, la SF espagnole d barque chez nous et c est tant mieux ! Juan Miguel Aguilera, La folie de Dieu, traduit de l espagnol par Agn s Naudin, Au Diable Vauvert, 532 pages. Fran ois Schnebelen John Barnes La M re des Temp tes ++ Nombre d entre nous se souviendront longtemps de La Temp te du Si cle qui traversa la France dans les derniers jours de 1999 : arbres abattus, toitures et chemin es envol es, vitres pulv ris es. Elle laissa derri re elle un paysage apocalyptique. Quoique d une ampleur peu commune, il s agissait d un ph nom ne naturel, alors que la M re des Temp tes qui donne son titre au roman de John Barnes est d origine accidentelle : en 2028, le bombardement des fonds marins sib riens lib re deux cents milliards de tonnes de m thane dans l atmosph re terrestre ! L ouragan engendr va d passer en violence tout ce qu on peut imaginer. Voil une id e-choc qui laissait pr sager quelques excellentes heures de lecture. Sch ma classique adopt par Barnes : on prend un chantillonnage de personnages travers le monde, et on les confronte l indicible ( noter que dans ce proche futur, un syst me permet aux spectateurs d une cha ne de t l vision de ressentir les motions comme si eux-m mes les vivaient). Malheureusement, Barnes noie le lecteur (ce qui est un comble !) dans un salmigondis politico- rotico- conomique, ses personnages n inspirent aucune sympathie, et l int r t suscit par le postulat de d part sombre au fil des centaines de pages. Pire qu un ratage, La M re des Temp tes est une grosse d ception car au d tour de certaines sc nes, on imagine ce que Barnes aurait pu tirer de son sujet s il s en tait vraiment donn la peine. Paradoxalement, le meilleur moment du livre r side dans la pr face sign e G rard Klein. La M re des Temp tes, John Barnes, Livre de Poche SF, traduit par Jean-Daniel Br que 702 p. Alain Paris Jean-Luc Bizien La Muraille +++ Thibault, l cuyer parjure, et Ninon la Belette, la gueuse aux r ves pr monitoires, se rendent Mornas, suivis par leurs compagnons d infortune. Le Jour des Fous bat son plein, f te impie o , dans le vin et le stupre, rien ne permet de distinguer nobles et moines des paysans. D tranges Italiens masqu s de cuir, la langue aussi ac r e qu une lame, animent la sarabande, bient t interrompue par l arriv e des troupes de C me de Blagnac. Serfs et bateleurs se r fugient l int rieur de la forteresse o Arnold de Lanton, seigneur de Mornas, se pr pare d fendre la place. Il est d autant plus d termin que les boyaux de son ch teau renferment d tranges secrets. Le sang coule, l eau vient rapidement manquer, et certains ressentent une soif autrement plus pressante : celle de l or. Mais pour l tancher, il faudra affronter les pi ges des souterrains, gard s par le terrifiant Golem Loin des f es, nains et trolls qui trop souvent dans la production habituelle servent occulter un manque d imagination, Jean-Luc Bizien nous propose un roman m di val qui sent le cuir, le sang et la sueur. Apr s Le Masque de la B te, qui mettait d j en sc ne Thibault, Ninon, Taureau et le rus La Pie, ses personnages la r jouissante amoralit nous n oserions pas dire ses h ros sont entra n s dans une danse macabre men e par un authentique Barbe Bleue. Dans une atmosph re qui rappelle La Vall e perdue, superbe film de James Clavell avec Michael Caine, le r cit donne chair aux contes de notre enfance et r veille nos peurs les plus l mentaires. L auteur alterne dans un rythme tourdissant les pi ges bien r els de l enfermement ou de la noyade, et les menaces irraisonn es de cr atures engendr es par la folie des hommes, qui rotent la face de la religion. Bizien nous rappelle qu avant d tre neutralis es par la psychanalyse, nos phobies cavalcadaient par quatre, Guerre, Famine, Mort et Maladie, et qu elles se nommaient Apocalypse. La Muraille, Jean-Luc Bizien, 300 p., Le Masque. Xavier Maum jean Joe Haldeman La Libert ternelle +++ Vingt-sept ans apr s la parution de The Forever War (La Guerre ternelle, 1976 pour la trad. fr.), ouvrage salu par la critique, Joe Haldeman revient sur les formes extr mes d ali nation engendr es par l tat de guerre et la relativit temporelle. Le premier roman, v ritable exutoire crit concernant l exp rience traumatisante du conflit vietnamien, d non ait l absurdit du combat et l endoctrinement militaire. Haldeman s inscrit, avec R. Heinlein ( toiles, garde- -vous !), O.S. Card (La Strat gie Ender) et P.F. Hamilton (le cycle de L Aube de la Nuit) dans un mouvement d crivant la guerre future, et la technologie au service du corps du soldat. Il fut suivi par La Paix ternelle qui n est pas une suite de La Guerre ternelle mais le prolongement de sa r flexion sur l usage des armes. Avec La Libert ternelle, on retrouve William Mandella, h ros de la campagne meurtri re d Aleph-z ro o fut tabli le premier contact avec les Taurans, ainsi que Marygay Potter, devenue sa femme. Install e sur la plan te arctique Majeur, qui ne laisse aucune quivoque sur l interpr tation de son nom,, une partie de la communaut des v t rans lutte contre l entit Homme, conscience unique partag e par des milliards de clones, et projette de s emparer d un vaisseau pour s chapper de la dictature soft d Homme et de leurs alli s Taurans. Si l op ration est un succ s et que le voyage salvateur d bute enfin, l vaporation de l antimati re du syst me de propulsion conduit l quipage aux navettes de secours pour un retour forc sur Majeur. La stupeur est son comble lorsque Mandella d couvre que la population de la plan te, comme celle de la Terre, s est volatilis e ! Sans d voiler une fin inattendue, Haldeman a donn son roman une orientation m taphysique et religieuse. On ne retrouvera donc pas l atmosph re stressante du combat ni les doutes de Mandella qui avaient s duit dans La Guerre ternelle. Et si, comme Haldeman le pense, notre galaxie n tait qu un vaste laboratoire exp rimental ? La libert ternelle, Joe Haldeman, J ai Lu, coll. Mill naires, 270 p., traduction de Fran ois Vidonne. A. Marcinkowski Brian Stableford Le Feu de la Salamandre ++++ Suite directe du Sang du Serpent, nous retrouvons l exp dition de Carus Fraxinus au sud du pays des Dragomites. Son objectif est d atteindre le Berceau de la Chim re, aussi appel Nombril du Monde pour r pondre aux myst res de la Gen se. Mais le chemin est long et sem d emb ches. D apr s la carte dessin e par Andris Myrasol, l exp dition doit passer par le Feu de la Salamandre. Mais avant, elle doit franchir le territoire de 9 Cit s s talant le long d une rivi re. En guerre contre les dragomites, l Alliance des 9 Cit s trahit sa parole de les laisser passer et les attaque Les membres de l exp dition lui infligent de lourdes pertes, mais sont s par s en trois groupes, qui chacun de son c t va continuer le voyage. Andris Myrasol et ses compagnons vont affronter les Marais Doux-Amers aux multiples dangers. Le deuxi me groupe, fait prisonnier, traverse le territoire par la force des choses, alors que le dernier va la rencontre d une menace venant du Sud, dans le D sert Scintillant. On l aura compris, on ne s ennuie pas. Les moments de calme sont rares et l auteur nous entra ne avec l exp dition vers le Feu de la Salamandre. Cette histoire a de nombreux atouts. Une galerie impressionnante de personnages souvent tr s attachants : humains d origines diverses (Andris, Jacom, Carus, la princesse Lucrezia, ), cr atures surnaturelles (dragomites, serpents, ). L auteur clate le groupe pour nous faire visiter des contr es diff rentes et rajouter encore l int r t de l histoire. Les l gendes et r cits apocryphes de la Gen se parsemant le livre nous font entrevoir les origines de la civilisation humaine sur ce monde et attendre avec impatience le dernier tome de la trilogie pour avoir les r ponses et retrouver tout ce petit monde. Alors que le premier tome tait class SF, celui-ci l est Fantasy. Ne revenons pas sur la valse des tiquettes, mais bon Le Feu de la Salamandre (Les Livres de la Gen se 2), Brian Stableford, traduit de l anglais par Pierre-Paul Durastanti, J ai Lu, 415 pages. Fran ois Schnebelen Fran oise-Sylvie Pauly L invit e de Dracula +++ Apr s la disparition du Prince des non-morts, la vie reprend. En l absence de son poux, Jonathan Harker, parti rejoindre le professeur Van Helsing sur le continent, Mina se rend chez leurs amis lord et lady Goldaming, accompagn e de leur fils Quincey. Lors de son s jour, aussi morne et d sesp r ment tranquille qu un apr s-midi dans la campagne anglaise, Mina fait la connaissance de l trange Karmilla la beaut vanescente. Chacun vite de faire allusion aux v nements d crits dans le roman de Bram Stoker, jusqu ce que le destin les rattrape. Le petit Quincey est enlev , puis retrouv mort. De leur c t , avertis de l existence d un portrait repr sentant Vlad Tepes l Empaleur, en butte aux croyances des populations roumaines, Jonathan et Van Helsing conduiront une difficile enqu te qui les m nera d un trange monast re tenu par un descendant de la famille du vo vode jusqu Po nari, le ch teau du comte Dracula. Le mythe du vampire a engendr des biblioth ques, dont les livres valent plus souvent par leur titre que par leur contenu. L invit e de Dracula n est pas de ceux-l . Respectant scrupuleusement la structure pistolaire du roman de Stoker, alignant extraits de journaux intimes, lettres et t l grammes, Fran oise-Sylvie Pauly fait revivre la figure historique de Dracula tout en respectant la l gende du prince des Strigo . Une solide documentation historique servie par un sens du r cit fait de cette suite de Dracula une lecture indispensable, qui r habilite le mythe du vampire, loin de Bupire contre les vantards. Ajoutons que l auteur se permet une variation int ressante autour du Portait de Dorian Gray d Oscar Wilde, pr tendant de Florence Balcombe avant qu elle ne devienne Mme Stoker, et qui voyait en Dracula le plus beau roman du si cle . Remercions enfin Gilles Dumay d avoir dit ce tr s beau premier roman. Apr s Le Prestige de Christopher Priest, la collection Lunes d encre continue de nous r jouir. L Invit e de Dracula, Fran oise-Sylvie Pauly, collection Lunes d encre , Deno l, 364 p. Xavier Maum jean Jean-Pierre Andrevon Le village qui dort ++++ Parmi les arch types des histoires d horreur qui se proposent l inspiration de l crivain, on trouve un moment ou un autre l histoire de la petite ville hant e. L ann e derni re, dans Les Fant mes ne vieillissent jamais, Andrevon se promenait parmi les spectres d une bourgade pas loin de Carcassonne. Cette ann e, c est dans le Haut-Languedoc que Fran ois, professeur de journalisme dragueur et un peu fumiste, va entrer dans une petite ville un peu sp ciale , apr s s tre gar en prenant une d viation. Il doit porter sa voiture d faillante chez un garagiste, et y passer la nuit dans la seule auberge d un v ritable d sert. Soleil et t n bres seront les atmosph res particuli res de ce r cit, et leur alternance a des cons quences qui vont bien au-del de la simple succession temporelle de la nuit au jour. Andrevon conna t ses classiques, et tout y passe. Dans un soleil clatant et la vacuit du silence, le d cor est plant . Tout est comme mort, pas d habitants visibles, ni de chant d oiseau. Les maisons, poussi reuses, ont l air abandonn es. Seul r sident de l auberge, Fran ois ressent quelque malaise, cherche comprendre Il est surpris de constater que la nuit, tout s veille. Il passe de l euphorie due un bon repas l angoisse, vite dissip e par la ronde des accortes serveuses de l auberge qui meuvent ses sens. Ivre, il perd le sens du temps et regagne p niblement sa chambre, pour y recevoir diverses visites galantes de dames que son regard s ducteur avait rep r es et allum es dans la salle de l auberge. L histoire bascule alors dans un rotisme aussi torride que le feu du soleil du jour immobile. Il comprend que, si l air est sp cial, les habitants ne le sont pas moins. Il recherche des indices, le sens cach de cette aventure. Andrevon a repris l id e d un culte sorcier interdit, mais en l assaisonnant d une justification sexuelle pour aborder de mani re originale le th me des vampires. Andrevon n a pas oubli non plus ses engagements politiques, et d nonce l intol rance et la pers cution pass es, qui, avec le fanatisme du moment, n ont rien perdu de leur actualit . Un roman refus en son temps par le Fleuve noir et qui trouve ais ment sa place dans la collection 2000.com des ditions Naturellement. Le Village qui dort, Jean-Pierre Andrevon, d. Naturellement, 2000.com, 128 pages. Roland Ernould. Octavia E. Butler La Parabole du semeur +++ C est la merveilleuse et tragique histoire de Lauren Olamina, jeune black n e d un p re r v rend et d une m re junkie, dans une Californie chaotique. La particularit de Lauren est de poss der un lien hyper empathique lui permettant de ressentir physiquement les motions de tout tre vivant. Ce qui est une faiblesse dans cet univers sans futur l odeur de mort qu est devenu le comt de Los Angeles o Lauren r side. Un limes s est install Robledo, ville dominante hispanique et noire. Il s pare deux mondes : celui des bas-fonds, et de ses zombies, et celui des citadins de Robledo. Toutes les nuits, le quartier s organise sous la forme de milice municipale devant le laxisme de l tat et d une police autant corrompue qu impuissante. Car la nuit am ne son cort ge de tra ne-mis re, de dealers, de pyromanes d fonc s au fuego . Alors commencent les sc nes de pillages, de tueries, de viols et de tortures. C est par une de ces nuits semblable une autre que Lauren voit sa famille massacr e, ainsi que bon nombre des membres du quartier, en ce 31 juillet 2027. Avec quelques compagnons d infortune, Lauren prend la direction du Nord dans un voyage d espoir. Sur le chemin, elle leur lira Semence de la Terre, sa bible o elle consigne ses r flexions sous forme de parabole. Le temps du changement est peut- tre arriv . Il faut pr cher et fonder une nouvelle communaut sous le signe de l esp rance, de la tol rance et s loigner de cette barbarie visage humain. Voil le but de Lauren qui tente, au travers de son message vang lique , de suivre la voie de son p re. Le XXIe si cle am ricain d crit par O. Butler suinte la violence urbaine, et sa banalisation, ainsi que l incompr hension interethnique aggrav e par les disparit s d ordre conomique : haine de l autre, haine des poss dants ou de ceux qui en ont l apparence. Ce livre empreint de r alisme, dans la lign e de Tous Zanzibar (1968) et de L Orbite d chiquet e (1969) de J. Brunner, aurait pu s intituler Trousse de survie en milieux hostiles, titre que n aurait s rement pas reni Maurice Dantec. La Parabole du semeur, Octavia E. Butler, Au diable Vauvert, 392 p., traduction de l am ricain par Philippe Rouard. A. Marcinkowski B.
Perry Rhodan : Holocauste Halutien ++ Est-il encore besoin de pr senter Perry Rhodan ? Du major de l Astr e au Stellarque du Krest IV, 158 num ros ont paru. Ici, rappelons que les Terraniens sont prisonniers d une m ga-galaxie de 200 000 ann es-lumi re de diam tre dont le centre est occup par une Radiance Bleue. Dans cet univers- le, nomm M. 87, aux mains des myst rieux Constructeurs du Centre, nous retrouvons Rhodan et J. Marshall sur Truuktan, le monde des plantations. Apr s avoir d livr le Skovarto des Dumfries et l avoir ramen sur le vaisseau amiral, le Stellarque guette d sormais des nouvelles des deux Halutiens partis en mission de reconnaissance. Non loin de l , dans le syst me de Pargar, sur la plan te Firestone gard e par l entit immat rielle t l pathe Aleph, le major Kulu second de Jefferson, le y ti des neiges, s chappent en compagnie du Tarfolien Ramdor bord d un navire terranien ! Dans le m me temps, Icho Tolot et Francan Teik connaissent des difficult s. Une corvette, avec des troupes d lite et trois mutants, les localise sur un monde qui se r v le tre une plan te-prison m canis e et programm e pour d truire tout Halutien. L -bas, ils d couvrent un charnier de milliers de compatriotes de Tolot dont le destin fut scell il y a 50 000 ans. Comprendre les horreurs du pass en glanant des informations et d jouer les pi ges de la station, tels sont les taches des Terraniens et de leurs alli s. Encore faut-il en sortir vivant ! Perry Rhodan : Holocauste Halutien, K.-H. Scheer et C. Darlton, n 158, Fleuve Noir, 256 p., traduit et adapt par Jean-Luc Blary. Alexandre Marcinkowski Terry Pratchett Les Zinzins d Olive-Oued ++++ Il y a des id es dont on pr f rerait qu elles ne fassent que vous traverser l esprit, comme lorsque le cin ma investit un Disque-Monde d j bien secou par le biais des alchimistes ! C est une s ance particuli rement relev e que nous convie Terry Pratchett avec sa verve coutumi re, nous dressant le portrait du monde du grand cran et du show-biz, mais aussi et surtout, de leurs coulisses. Et tout cela l ombre d une menace cosmique pr te se r veiller. Rien redire sur ce nouvel pisode de la vie du Disque-Monde, fort d paysant et tellement rafra chissant. Parodie, jeux de mots, intrigues plusieurs niveaux, tout est r uni pour faire mouche, dans ce qui demeure malgr tout un hommage bourr de clins d il Hollywood (Olive-Oued est d ailleurs nomm Holly Wood en VO) et une injonction ne pas laisser passer les opportunit s qui peuvent se pr senter nous. Une morale retenir tandis que l on assiste aux aventures de Victor et Ginger, les deux stars connus jusqu Ankh Morpork, les probl mes de logistique des Planteurs ou aux r flexions canines d un Gaspode dou de la parole. Un r gal d un bout l autre, bien que l histoire tarde peut- tre un peu se conclure. Les Zinzins d Olive-Oued, de Terry Pratchett, Pocket Fantasy, 412 pages, traduction Patrick Couton. Emmanuel Chastelli re Alain Dartevelle Terrestrial Parade ++++ Dartevelle n est pas un auteur facile et doit d router les lecteurs ordinaires. Pas seulement en pratiquant la confusion des genres, dans la mouvance de Philip K. Dick, m lant en les transcendant science-fiction moderne, fantastique, policier, rotisme, burlesque et humour noir. Mais surtout en crivant des r cits sans conjecture rationnelle possible, dans une tranget radicale. La premi re des nouvelles, Jumbo Jeffie, donne le ton des r cits. L appartenance biologique de l tre (un insecte, comme on le comprend peu peu), n est pas facile d finir. Il en est de m me pour celui qui vit l univers canin de Irr ductible. Les uns et les autres m nent une existence triqu e, r duite aux fonctions de survie, rarement la recherche de l amour (Ir ne). Leur vie se r sume aux consid rations organiques et aux petites choses d une quotidiennet m diocre. On trouvera de semblables pr occupations mesquines dans Vitrines, ou d aussi routini res pour l employ d un train de l Interferroviaire d une plan te lointaine (L intervalle du plaisir). Les personnages sont des tres qui se d litent, se d font, pour tre reconstruits comment ? En infirmi re implant e de micro-processeurs, pour devenir plus performante ? Pour se retrouver ensuite devant un cran de l Intranet m dical, r seau dont elle surveille les op rations complexes, au cours desquelles parfois on implante des filles comme elle a t implant e elle-m me, pour en faire d autres travailleuses dociles ? Jusqu au moment o elle tombe inopin ment (ou alors est-ce programm , dans ce monde o tout est organis ) sur un site nomm Ir ne o elle se voit, entrant il y a quelque temps, fringante et pleine d espoir dans cet institut ? D autres se d font, arriv s l ge de la mort, d bris d sireux de retrouver une autre vie n importe quel prix au Revival Institute : Net-Life leur redonnera une seconde naissance, narguant ainsi d finitivement la mort (Ego puissance X). Leur permettra de devenir des dieux en quelque sorte. Mais dans le cas pr sent, quels dieux ! Ou cet aventurier, qui se bat avec nergie pour sa survie, ressentant les sentiments les plus prouvants d une bataille sans merci. Le monde de Dartevelle para t tre dirig par des manipulateurs, souvent des m decins devenus rationnellement d ments avec les possibilit s de l informatique et des bio-techniques. Ou, dans la longue nouvelle qui donne son nom au r cit, la mise en sc ne des artifices des jeux du cirque. Dartevelle, auteur d une quarantaine de nouvelles, ainsi que de sept romans (Duplex, le dernier en date a t dit en 2000 par Naturellement) est l une des r centes r v lations du monde de l imaginaire. Avec son m lange des genres, il limine les clich s habituels pour les reconstruire sa fa on. Un monde perd son sens, un autre se met en place, celui des apparences, des faux-semblants, des simulacres, des illusions. Comme se le demandait Dick avec angoisse : qu est-ce que la r alit ? Y a-t-il encore des hommes authentiques ? Terrestrial Parade, Alain Dartevelle, recueil de nouvelles, Manuscrit. com, 2001, 134 pages Roland Ernould Denis Duclos Longwor l Archipel-Monde (Le Cycle de l Ancien Futur 1) +++ Voici le d but de la r dition en poche du cycle de Denis Duclos. Au XIX si cle, un explorateur d couvre un archipel cach aux yeux du monde par des courants marins et des anomalies magn tiques. Il devra chapper l enchantement de l arbr uil, l estomac g ant du Gigastome et de forts complexes intrigues politiques. Ce roman riche et foisonnant est en filiation directe tant avec les r cits de voyages des grands explorateurs des si cles derniers qu avec les histoires d cal es de Jack Vance et Terry Pratchett, d ailleurs remerci s au d but. Humour, po sie, monstres en tout genre, rebondissements abracadabrants se succ dent un rythme effr n , l auteur c de au plaisir pur de raconter des histoires qui ne sont pas faites pour tre crues , la plus grande joie du lecteur. Et si l un peu longue Encyclop die de Longwor qui cl t ce premier volet peut sembler superflue, on n en attend pas moins la suite avec impatience. Un bon point pour la fantasy fran aise ! Longwor l Archipel-Monde (Le
Cycle de l Ancien Futur 1), Denis Duclos, Ed. J ai Lu, coll. Fantasy, 476 p. Marie Bellosta Jonathan Carroll Os de Lune +++ Cullen est une femme superbe et intelligente, que la vie effraie parfois. En pousant Danny James, un athl te doux et compr hensif, elle trouve enfin la stabilit . Jusqu ce que commencent les r ves. R guli rement, Cullen se retrouve sur l le de Rondua, traverser ses gigantesques plaines plant es de pyramides ou encombr es de titanesques machines abandonn es. Le chien Mr Tracy la guide, et elle doit veiller sur Pepsi, l enfant lu, le fils qu elle n a pas eu. Troubl e, la jeune femme h site se confier, d autant que les songes lui conf rent des pouvoirs. R ve et r alit se m lent mesure que la qu te se pr cise : Pepsi, aid de sa m re , doit rassembler les os de lune tomb s de l astre et diss min s dans Rondua, afin de contrer la venue du Mal. Cullen ressent alors le besoin d entrer en contact avec son ancien voisin, le fameux Alvin Williams, tueur la hache. Pr tendre aimer la litt rature fantastique sans jamais avoir lu Jonathan Carroll revient se d clarer amateur de vins en ne buvant que de la piquette en bouteille plastique. Il est le plus grand, certes pas le seul, mais pas en dessous des autres. Le genre d auteur faire l unanimit aupr s d crivains aussi talentueux et dissemblables que Stephen King et James Ellroy. travers ses romans et son recueil de nouvelles, Carroll d ploie un univers structur la richesse incomparable, (auquel Pocket, qui publie l ensemble dans un joyeux d sordre, ne rend pas justice). Des r cits la fin nuanc e se prolongeant dans d autres romans. Comme la vie, qui n en finit jamais de revenir sur les v nements marquants. Jetez-vous sur La Morsure de l ange, fondez sur L Enfant arc-en-ciel et surtout, surtout, lisez Le Pays du Fou-rire (J ai Lu), un classique qui n a pas rougir devant Le Magicien d Oz. Os de Lune, Jonathan Caroll, Pocket-Terreur, traduit par Danielle Michel-Chich, 290 p. Xavier Maum jean Margaret Weis et Tracy Hickman L p e de la nuit ++ Des personnages quelque peu st r otyp s, dont un anti-h ros autant pleurnichard qu infantile, une flotte de dragons en pourpoint ou de pirates, des attributs royaux fabuleux et d un autre temps, de la magie, des fronts quantiques mouvants, une centrale de renseignement cosmique (Omnet) digne de l actuel NSA am ricain : voil l univers imagin par Weis et Hickman dans le cycle du Bouclier de la nuit. Merinda Neskat, Vestis de l Omnet, et le terrien Jeremy Griffiths sont la recherche de l p e de la nuit, arme donnant un pouvoir quasi-absolu. Ils ont contre eux le Vestis Prime Targ de Gandri, les sentinelles de l Ordre de la Foi Future, le capitaine Flynn et son quipage de xenoflibustiers et quelques autres encore, avides de s en emparer. Cette qu te au tr sor galactique d oit franchement. Les deux auteurs n chappent pas au pi ge des scenarii de Donjons & Dragons dont ils ont t coutumiers : intrigue filiforme au profit de l action. Les nombreux rebondissements calcul s et les trahisons r p titives s encha nent sans souci d inventivit . On sourit certes d un Minotaure d testant les labyrinthes ou d un Scrimshaw l allure de Yoda mais est-ce l suffisant ? Bref, on s ennuie un peu. L p e de la nuit, Margaret Weis et Tracy Hickman, Pocket, n 5744, 416 p., traduction de Simone Hilling. A. Marcinkowski Barry Hughart Huit honorables magiciens ++ P kin est la noce. Main du Diable, le fameux bourreau, s appr te accomplir un strike parfait en tentant de battre le record de 1 070 t tes d coll es successivement, d tenu par son pr d cesseur. Les bookmakers ont enregistr les paris quant un mort-vivant d bouche sur la grande place et ruine la petite f te. Mandat par Ma tre C leste, la plus haute autorit morale du pays, Ma tre Li et B uf Num ro Dix, accompagn s de Yen Chi le montreur de marionnettes et de sa sublime fille Yu Lan, chamanka aux pouvoirs de gu risseuse, vont suivre la piste des huit honorables magiciens, l gendaires thaumaturges qui se sont attach les services d autant de d it s d moniaques, il y a trois mille ans. Une route parsem e de cadavres et de minuscules cages Goule-vampire se nourrissant exclusivement de t tes, sonneur unijambiste qui contraint un mandarin danser jusqu la mort, molosse sans corps mais enrag , eunuque trafiquant de th , le tout assorti de po sie d licate ou de com dies paillardes, il n est gu re facile de r sumer le roman de Barry Hughart, moins en tout cas que de sculpter la Grande Muraille sur un grain de riz. Le r cit, troisi me et derni re enqu te du cycle Ma tre Li, qui comptait d j La Magnificence des oiseaux et La L gende de la Pierre (Deno l) p te de sant comme un Dragon imbib de white spirit et aligne farce pure et moments de bravoure. Il y a du Juge Ti l -dessous, le c l bre enqu teur cr par Van Gullik, avec ce magistrat dop au Modiodal qui manie plus volontiers le vers libre que le code. Lire Hughart, c est embarquer dans un train fant me (chinois) sans se soucier de la destination, un long et agr able voyage qui compte peut- tre trop de stations. Barry Hughart, Huit honorables magiciens, Deno l, coll. Lunes d encre, traduction de Patrick Marcel, 300 p. Xavier Maum jean Greg Bear Plan te rebelle (Star Wars) ++ Greg Bear, auteur de science-fiction jadis associ au cyberpunk, mais qui s est loign de ce mouvement, cr ateur prolifique et imaginatif, se devait d apporter sa pierre l difice Star Wars. Sa perspective se situe dans le prolongement du dernier film de Lucas. Anakin Skywalker, qui joue un grand r le dans l pop e, m rite en effet un traitement particulier. On a appris, par La Menace fant me qu il est un esclave de la plan te Tatooine, gagn au jeu par le ma tre Jedi Qui-Gon-Jinn et enlev sa m re l ge de neuf ans. Trop tard, en d pit de ses dons blouissants, pour devenir Jedi son tour : les Padawans, apprentis-Jedis, sont g n ralement rep r s d s leur premi re ann e, et leur entra nement commence imm diatement. Sinon ils risquent, suivant la mythologie de Star Wars, de sombrer dans le c t obscur de la force. Mais Qui-Gon-Jinn r ussit l imposer au conseil. Le ma tre est maintenant mort ; le jeune ma tre Obi-Wan-Kenobi le remplace. Autant Qui-Gon-Jinn tait le ma tre qui convenait Anakin, par son non-conformisme et ses conflits fr quents au Conseil des Jedis, autant Obi-Wan, plein de bonne volont , manque de l envergure n cessaire. Souvent d pass par son Padawan, Kenobi s av re davantage un copain que le ma tre la fois ouvert et ferme qu aurait n cessit le caract re r tif d Anakin. Le gar on a mal v cu la s paration d avec sa m re, sent facilement la col re l envahir, sans pouvoir la convertir en nergie b n fique. Des zones d ombre l inqui tent et le tentent, tout un c t obscur, une puissance sauvage qui ne demande qu s exprimer. Ces d fauts peuvent tre utilis s dans la mission qui lui a t confi e pour le discipliner. Mais de ce parcours initiatique accompli lors d un voyage avec Obi-Wan sur la myst rieuse plan te Zonama Sekot, dont toutes les r alisations mat rielles sont dou es de vie. Anakin ne sortira gu re transform . Enrichi de diverses exp riences, mais toujours aussi d chir et n aimant pas la confusion qu il trouve en lui. Un roman distrayant, sorte de parcours oblig , bien loign des r ussites qu taient on, ternit et H ritage. Plan te rebelle (Star Wars), Greg Bear, traduit par Jean-Marc Toussaint, d. Fleuve Noir, 2001, 418 pages. Roland Ernould Glenna McReynolds La Coupe et l p e + Dans ce roman historique la sauce fantasyste, Glenna McReynolds nous plonge d embl e dans l intrigue et l action. Tant et si bien que ne connaissant ni les personnages, ni les tenants et aboutissants peine esquiss s dans un prologue confus le lecteur est perdu dans une foule d actions, de mobiles, de proph ties jamais nonc es et de sortil ges qui n en sont point. a s annon ait bien pourtant. L histoire se passe au XIIe si cle au pays de Galles, quelques ann es apr s le retour de croisade de Richard C ur de Lion. Un druide, une pr tresse de l antique religion et des noms mythiques, tels Ceridwen et Caradoc. H las ! Les personnages qui portent ces noms ne rappellent en rien les dieux et les h ros celtes. Il est aussi question de magie orientale enseign e dans le d sert au prix de longues souffrances, d alchimie et de christianisme m l s la politique de l poque telle que l imagine l auteur. Le syncr tisme qui en d coule tient plus du New Age que de la litt rature fantastique. Ce livre qui aurait pu tre un divertissement sans pr tention, n y r ussit m me pas, tant le langage dans lequel il est crit est abscons et pullule de m taphores qui tombent comme des cheveux dans la soupe. Quand il faut relire trois fois une phrase pour en saisir le sens, le plaisir est un peu g ch . Le texte contient en outre des contradictions d un chapitre l autre. La traduction, du coup, semble laborieuse et maladroite, mais c est une re-r daction en langue fran aise qu il aurait fallu. On aurait ainsi obtenu une honn te histoire d amour piment e de quelques aventures. La coupe et l p e, Glenna McReynolds, ditions Buchet/Chastel, 422 pages, traduit de l anglais par Luc Carissimo. Lucie Chenu Anne Rice Vittorio le Vampire ++ Il y a vingt-cinq ans, Anne Rice d poussi rait le mythe du vampire alors que Stephen King, peu pr s la m me poque, avait repris dans Salem le Dracula de Bram Stoker avec ses caract ristiques fig es de la fin du XIXe si cle. Il le modernisait juste assez pour le remettre au go t du jour. Novatrice, Rice abandonnait l ic ne vampirique du cin ma d horreur, du monstre nocturne aux canines ac r es,assoiff de sang. Ses vampires se comportent presque comme des tres humains (enfants des t n bres, ils vivent pendant la nuit), pensent, aiment, prouvent des sentiments divers, voluent. Leur psychologie, contrairement au mod le vampire, est particuli rement fouill e. Ils traversent les si cles, se prom nent travers le monde et jettent un regard d sabus et cruel sur les poques et les hommes. Entretien avec un vampire (1976) tait le premier d une s rie, Chronique des vampires, estampill e gothique flamboyant, qui comporte actuellement six romans, le dernier Merrick tant paru aux USA en 2000. Rice entreprend un changement important dans le milieu des ann es quatre-vingt-dix. Elle d cide, tout en gardant le motif vampirique, de changer sa pr sentation, avec une nouvelle s rie que son diteur appelle Nouveaux contes des vampires. Sa caract ristique est de faire crire leurs aventures par des personnages d poques vari es. Apr s Pandora, courtisane grecque apparue tr s pisodiquement dans les Chroniques, Vittorio le vampire est le second de cette s rie. Vittorio, jamais voqu dans les romans de Rice, s loigne totalement des premiers personnages des chroniques et nous offre le portrait d un nouveau protagoniste d une autre nature que les pr c dents. Vittorio, qui vit toujours, crit d ailleurs au d but de ses m moires n avoir aucune parent avec cette bande d tranges vampires romantiques de la Nouvelle-Orl ans. l poque de la Renaissance italienne, Vittorio est un jeune noble vivant avec ses parents dans un ch teau de Toscane. Il fr quente assid ment la ville de Florence gouvern e par les M dicis. Dans une poque troubl e, Vittorio m ne l existence dor e d un passionn d art, et s int resse particuli rement au peintre Philippo Lippi, sorte d artiste maudit pr figurant ceux de la fin du XIXe si cle. Un jour, la famille est massacr e par l intrusion d un groupe d moniaque. Lui seul est pargn par suite de l intervention d une jeune femme, Ursula. Il veut se venger, et il est aid par des anges, ceux qu avait peints Fra Filippo Lippi. Apr s avoir rencontr sur son chemin les intrigues, la guerre, et toutes sortes de myst res, il parvient exterminer les d mons. Mais il pargne Ursula, qui l aime, et cette faiblesse lui sera fatale. Le principal int r t du roman est le comportement du narrateur, un tre d chir , comme son peintre pr f r , cartel entre une aspiration sinc re la puret , exprim e dans son uvre, et ses tendances la luxure. Divis s comme le double Jekyll/Hyde, Vittorio, de m me que Philippo Lippi, se d battent entre l amour et l appel des anges. Tandis qu Ursula, femme-vampire d moniaque se trouve rachet e par l amour, qui l am ne trahir les siens, Vittorio, qui veut combattre le mal, se laisse pi ger par l amour. Rice a su nagu re transcender le mythe et a cr une pl thore de portraits vampiriques. Mais il semble qu elle est actuellement court d id es et que ses vampires in dits nous ont tout dit sur leur condition litt raire originale. Le nouveau filon s puise et le roman reprend des mythes traditionnels aussi us s que les m chants vampires qui colonisent et terrifient le village o Vittorio se trouve, avant d en faire un des leurs. Difficile de tenir en haleine le lecteur avec des poncifs cul s. Anne Rice n innove plus gu re dans le fantastique et pr f re nous entra ner vers un autre univers, celui du roman historique. Elle prend manifestement plaisir essayer de restituer avec exactitude l poque de la Renaissance, et consacre plusieurs pages exposer ses sources. Le lecteur amateur d aventures historiques et romanesques appr ciera, en m me temps que l idylle Vittorio-Ursula, autres Rom o et Juliette d poque, transport s de V rone en Toscane. En revanche, les lecteurs qui aiment le myst re, le fantastique et l horreur risquent d tre d us. Ils trouveront pour se consoler des passages remarquables, comme le parall le entre l eucharistie et la c r monie de mise mort faite par la secte du Graal rubis. Enfin il faut faire une remarque sur le r cit lui-m me : c est l histoire d un adolescent de seize ans, tant t transcrite de mani re lin aire la fa on du journal qu il aurait pu crire l poque, tant t revue par un personnage de cinq cents ans, avec des ruptures dans le ton qui peuvent para tre g nantes. Bref, un livre qui n est pas d sagr able lire, mais qui n apporte rien l immense talent de Rice. Vittorio le Vampire, Anne Rice, Pocket Terreur, r dition, traduit par Airelle d Ath sz 284 p. Roland Ernould Fabrice Colin Les Enfants de la lune ++++ Fabrice Colin nous propose avec Les Enfants de la Lune son premier roman pour la jeunesse. Si la trame suit un th me classique de fantasy le h ros humain aide le Petit Peuple regagner son monde la fa on dont ce th me est trait et l univers du roman ne sont pas des classiques de la litt rature merveilleuse. Car l histoire se passe Paris en 1942, un Paris occup par les Allemands, et le jeune Adrien, pour porter secours au peuple Annwyn, devra viter tout autant les nazis que les Siths, cr atures mal fiques qui leur sont alli es. travers cette histoire, l auteur fait ainsi passer un certain nombre de valeurs r publicaines et humanistes auxquelles ne peuvent qu tre sensibles les adolescents de notre poque. Mais comme souvent chez Colin, la tristesse impr gne le roman. Les lecteurs ne devront donc pas tre trop jeunes, Les Enfants de la Lune n a pas l humour qu exigent souvent les enfants. Mais les 14-15 ans, qui commencent appr cier une dimension tragique, devraient aimer ce livre. Les enfants de la Lune, par Fabrice Colin, aux ditions Mango Jeunesse, collection Autres Mondes, 230 pages Lucie Chenu Eoin Colfer Artemis Fowl + Artemis Fowl, g nie de douze ans, est pr t toutes les ruses pour s emparer de l or du petit peuple. Pr t m me prendre en otage une jeune elfe et monnayer sa lib ration. Premi re chose tonnante est l antipathie que l on ressent rapidement pour le h ros, Artemis Fowl. Malgr ses probl mes humains, sa m re malade, on ne s attendrit pas sur ce gamin capable de fomenter une manipulation digne d un cerveau du crime de la pire esp ce. Deuxi me chose, l histoire se limite la prise d otage. Une unit de lieu et d action qui limitent le plaisir de la lecture. Certes le rythme est soutenu mais le sc nario donne l impression de tourner en rond. Les personnages se posent sans cesse les m mes questions et n voluent pas vraiment. L auteur a tent un m lange de mythes anciens et de haute technologie en le saupoudrant de cynisme. Le r sultat n est qu un gloubi boulga oscillant entre thriller sombre et com die potache. Un cocktail difficile cerner qui laisse une impression d sagr able et d rangeante lorsque le livre se referme. Artemis Fowl, Eoin Colfer, Gallimard Jeunesse, traduit par Jean Fran ois M nard, 328 pages Micha l Espinosa Anthologie dirig e par Denis Guiot Les Visages de l humain ++++ En ce d but de IIIe mill naire, les manipulations g n tiques et autres biotechnologies redessinent de mani re acc l r e les fronti res de l humain. Que sera l homme de demain ? Appartiendra-t-il toujours l esp ce humaine ? Conservera-t-il son libre arbitre ? Voici quelques-unes des questions auxquelles aimerait r pondre cette anthologie dirig e par l minent Denis Guiot. Oh, pas de cette mani re pompeuse et savante que certains ont tendance confondre avec sobri t et clart . Cette anthologie r unit six des meilleurs crivains francophones du moment. Gudule tout d abord qui avec Journal d un clone ouvre brillamment cet espace vers le futur. Yannick a re u un nouveau jouet. C est un clone. Il le martyrise, le casse coups de marteau et lui fait subir mille autres s vices. Mais, quelle importance, puisqu un clone n est pas un tre humain Brillamment crite, cette nouvelle d une clart et d une simplicit dans l criture, est poignante et l on prend fait et cause pour ce clone qui souffre comme un tre humain. Fabrice Colin nous narre avec Potentiel humain l histoire de Humberdeen qui, pour sauver son entreprise, vend des parties de son corps et les remplace par des bras et des jambes artificiels. Un tre humain qui ressemble plus un robot, reste-t-il toujours un tre humain ? Christian Grenier nous d montre avec Luber Mensch que la perfection n est pas de ce monde. Et que cr er un tre parfait est une gageure. Les autres nouvelles sont sign es Eric Simard, Christian Grenier, Jean-Pierre Andrevon, et Jean-Pierre Hubert. Une r ussite totale donc pour cette anthologie du futur qui, sans fausse modestie, m rite sa place aupr s d un jeune public, videmment, mais galement aupr s d adultes trop souvent l esprit triqu . Lisez Les Visages de l humain et vous verrez que cr er notre futur n est pas de tout repos. Les Visages de l humain, pr sent par Denis Guiot, Mango Jeunesse, Pr face d Axel Kahn, 242 pages. Marc Bailly K. W Jeter Blade Runner 3 + + + + Futur proche. Sur Mars, dans un cagibi miteux, Rick Deckard se cache et se morfond. Son grand amour Rachael est parvenu au terme de l existence de r plicante qu on lui avait allou . Trop bref bonheur dont Deckard garde une m lancolie f roce. M me Sarah Tyrell, la version originale de Rachael, l humaine v ritable, ne peut dissiper ce souvenir qui le mine. Lui : cynique, d sabus , plong jusqu au cou dans son enfer particulier. Elle : jalouse, lasse d tre d laiss e, d j morte peut- tre, mais caressant l espoir d une vengeance. Il faut bien vivre cependant. Croire que l avenir est encore ouvert. L -bas, dans les colonies extra-solaires, par exemple. Aussi, quand on lui propose de travailler la r alisation d un film qui retracerait sa carri re de blade runner (et accessoirement de renflouer ses poches) Deckard n h site pas un instant. Le voil parti sur la station d Hollywood Espace, o son pass le rattrape, se rappelle brutalement lui. Sous la forme d un ex-partenaire d abord ; puis d un attach -case pour le moins bavard, qui se r v le tre la derni re incarnation de Roy Batty, son meilleur ennemi. Batty a retourn sa veste. Il propose Deckard d pouser sa nouvelle cause, de livrer aux r plicants insurg s des colonies les informations contenues dans sa m moire, d terminantes selon lui pour l issue de la guerre qu ils livrent aux autorit s terrestres. La cl de la victoire, en somme. Mais rien n est simple dans ce monde o les secrets se couvrent d ombres, o le r ve c toie l illusion et la fiction, o le double, l irr el semble parfois plus r el que la r alit Commence alors pour Deckard et sa femme Sarah, li s par un lien que la distance ne peut abolir, un voyage terrible dans la m moire, entre manipulation et coups de th tre. Pour un final r solument noir, o la v rit sonne comme le glas. L -bas, au milieu des toiles, ce ne sont plus ceux que l on imagine qui r vent de moutons lectriques En auteur d exp rience, Jeter a su parfaitement restituer l ambiance glauque, l onirisme, la dimension m taphysique qui faisaient la force du r cit initial. Cette s quelle, qui cl t le cycle, conjugue avec une r ussite insolente les couleurs, la froideur des images du film de Scott la profondeur des r flexions de Philip K. Dick. Parano a, confusion des choses, des identit s ou des sentiments, mise en ab me de la fiction, l influence du ma tre hante chaque recoin, plane sur chaque page. Pour autant, le disciple ne se contente pas de dilapider cet h ritage, il le nourrit, il le contamine sa mani re d cal e : ce sont les nuances fantastiques , la po sie sombre qui parfois jaillissent des mots, et font cho longtemps, longtemps, dans l esprit du lecteur Blade Runner 3, K. W Jeter,
ditions J ai Lu. Traduction : Guy Abadia, 350 p. Rams s Willy Deweert Le Prix Atlantis +++ Terrible id e de d part : un diteur lance un concours litt raire : terminer la fameuse phrase qui conclut le Critias de Platon, lorsque Zeus annonce le ch timent promis par les dieux aux Atlantes orgueilleux. Six laur ats sont couronn s. Deux d entre eux se voient brusquement assassin s, puis un troisi me. Ainsi commence, sur les chapeaux de roues, le nouveau roman de Willy Deweert. Suit une enqu te, naturellement qui, partir de simples interrogations, d bouchera sur une qu te men e par deux laur ats, Morgane Delcourt et Zoltan Boukovsky. Ce dernier est l auteur de L ivraie, roman prim d crivant une sph re trange, pouvant symboliser l Enfer. Les rejoint Doris, une polici re inqui te, intello et lesbienne. Apr s l exposition, une seconde partie nous fera, par les voix respectives de ces trois protagonistes, d couvrir une v rit bien trange. Les meurtres ont peut- tre t commis par une secte d illumin s, mais l histoire semble couvrir un domaine spirituel bien plus vaste, celui de la lutte s culaire entre le Bien et le Mal, entre Dieu et Satan. Men par deux croyants et deux agnostiques, le combat para t in gal. L on basculera ensuite dans la SF, avec intervention d univers parall les et de voyages temporels, pour culminer par une belle histoire d amour et un repli heureux en Toscane avant la surprise finale. Roman tr s original donc, mais inabouti, crois-je, par rapport aux deux pr c dents succ s de Willy Deweert, Les Allumettes de la Sacristie et Mystalogia (chez le m me diteur), lesquels traitaient galement de questions spirituelles sous forme de thriller. Sans aucun doute, Deweert est un homme de notre temps, inquiet, branch sur l cologie, l appauvrissement religieux et intellectuel ou l impact d Internet. L ennui, c est qu il le fait un peu trop sentir. Le roman est continuellement interrompu par de longues digressions philosophiques, passionnantes certes (un exemple : Je crois nouveau en Dieu. Mais plus du tout comme autrefois, dans le cadre d une religion. Comme a sans dogmes ni commandements. Une foi l tat brut. Sans passeport pour le paradis. En voyageuse clandestine ., p. 247), mais ralentissant l action. Cette h sitation entre roman et essai perturbe la ligne dramatique, ce que l auteur a d ressentir, vu les fr quents r sum s des v nements. Ces interventions th oriques donnent l impression que le roman n est qu un canevas dans lequel l auteur coule ses id es. C est un peu dommage car Deweert a d excellentes intuitions sur nos m urs actuelles, et un regard d une grande et profonde acuit sur nos probl mes existentiels. Mais il les expose trop, au d triment non de sa logique, mais de l agr ment de l action. Il est un beau romancier, aimant et ressentant intimement ses personnages : les trois h ros sont merveilleusement v cus et leurs d tresses, leurs doutes (une belle constante de l auteur) sont douloureusement expos s. Tout le probl me de Deweert est l : comment r concilier l paisseur humaine de ses personnages avec l urgence philosophique des questions qu ils se posent ? Et c est l galement l essence de ce tr s beau livre. Le Prix Atlantis, Willy Deweert, ditions Descl e de Brouwer, 431 p. Bruno Peeters Arthur C. Clarke Michael Kube-McDowell Le Feu Aux Poudres 1 La D tente +++ Des scientifiques font une d couverte par hasard (comme c est souvent le cas pour les d couvertes importantes). Une machine appel e La D tente fait se consumer distance tous les explosifs base de nitrates. Comme on le sait la plupart des explosifs sont base de nitrates. Ainsi, on peut lire page 80 : la plupart sont base d une demi-douzaine de composants primaires tels que le nitrate d ammonium Ah ! a ne vous dit rien ? Toulouse ! Le nitrate d ammonium est un explosif Depuis le temps qu on le dit Enfin revenons en notre D tente . Quelles seraient les cons quences politiques et sociales d une telle d couverte ? Voil un sujet int ressant pour notre vieil ami Arthur C. Clarke. Eh bien elles sont consid rables : cette arme pacificatrice permet de d truire quasiment toutes les armes non nucl aires, mais a contrario, permet celui qui la poss de d assurer sa supr matie en d truisant celles de son adversaire tout en conservant les siennes. On voit un peu l enjeu. Elle permet aussi de d truire tous les champs de mines tr s grande vitesse sans risque, et certains personnages du livre envisagent m me de mettre en pratique l interdiction des armes feu aux USA, ce qui n est pas une mince affaire l -bas ! Bref voil qui est excitant. Mais le livre est un peu long, il publie int gralement les discours ennuyeux du pr sident US et fait preuve d une tr s grande na vet sur le monde politique. On a lu mieux dans ce domaine avec Famine de Masterton. Ceci dit, comme l accoutum e, Clarke n crit pas sans un norme travail de documentation : le syst me militaire am ricain est d cortiqu , de m me que tous les armements sophistiqu s. Passionnant. tant donn son tr s grand ge, Clarke s est fait aider par un autre crivain. On attend la deuxi me partie avec impatience, car nos valeureux chercheurs n ont toujours pas d couvert comment fonctionne La D tente Le Feu Aux Poudres 1, La D tente, Arthur C. Clarke et Michael Kube-McDowell, ditions du Rocher. Traduction : Guy Abadia, 420 p. Alain Pelosato Colin Marchika La Reine de Vend me Vol 1 + + Par un malheureux concours de circonstances, Eyr est de retour en Vend me, porteur de mauvaises nouvelles. La guerre menace aux fronti res : Jered Raque (le m chant de l histoire) a pass alliance avec les ducs de l empereur Saxe et les d mons Yankis pour la perte du royaume et celle de sa souveraine, S miramis fille des Bablon, apoth ose d une lign e de magicien(ne)s terrifiants. L heure est grave. Vend me pleure son h ros le chevalier Corneille, tomb la premi re bataille. Vend me tremble, car l toile du reste de sa chevalerie a p li, et ses alli s se font rares. qui se fier vraiment ? Pas la compagnie des magiciens en tout cas, dont le vieux Galles pourtant bras droit de la Reine est une caricature retorse : ceux-l poursuivent leurs propres id es, qui ne sont pas favorables aux puissants de tous poils. Au ma tre Blaireau et son peuple fourrure, alors ? Lui ne manque pas de pouvoirs et de vaillantes figures ; mais voudra-t-il sacrifier son pays, l utopie de sa vie, pour d fendre les int r ts d une autre ? Reste encore les Henkis, fr res et ennemis h r ditaires des Yankis, dont le dessein chappe aux hommes qu ils ha ssent aussi. Et Eyr dans tout a ? Sa place n est pas l , mais il a un r le jouer. Mercenaire, conteur, bretteur, s ducteur, son titre de rejeton de Manitard s en impose, il est une nigme vivante, une cr ature n e de la magie qui partage les souvenirs, les secrets innommables de son cr ateur disparu, un homme double qui ne s appartient pas et peut- tre bien plus encore. Il lui faudra convoquer toutes les ressources de son intellect, toute sa finesse et sa volont pour d m ler l cheveau des intrigues de cour, des luttes d influence auxquelles s adonnent les grandes familles du royaume, entre grandes man uvres et petites trahisons, s ances d espionnages et de filatures, assassinats, duels d orateurs, passes d armes ou joutes amoureuses. M me sa prudence et sa malice ne suffiront pas d jouer le pi ge savant qui se tisse autour de lui. Le fils du h ros, ce jeune et prometteur Pierre Corneille, vaut bien qu on s y int resse un peu n est-ce pas ? Comme certaines jeunes demoiselles du palais, d ailleurs. Faire leur ducation est la plus faible des compromissions. Mais la fin, si on a un c ur, on ne peut pas se cacher derri re une porte et regarder par le trou de la serrure d choir ou mourir les siens ; non on ne peut pas rester sans rien faire. Fut-ce au prix de devenir l instrument qu on se refuse tre Tous les fleuves m nent la mer dit Eyr avec fatalit . Et le chemin de l avenir, de la r demption, de la v rit promet d tre sem d cueils Derni re trouvaille des ditions Mn mos, Colin Marchika donne lire un roman de fantasy assez original par la prose et dans le ton, mais en demi-teinte. Sous la forme nerveuse d une confession livr e brute (qui n est pas sans rappeler le proc d utilis par Glen Cook dans La Compagnie Noire), il parvient camper en Eyr une figure attachante, qui choue cependant masquer les faiblesses typiques des premi res uvres. Il y a du rythme, certes, de l humour aussi, des id es et des dialogues parfois brillants ; mais trop de personnages sont survol s, creux force de se draper dans le myst re ; et leur bavardage mani r , incessant, peut lasser. Enfin, la multiplication des complots, conspirations et autres cachotteries dilue l histoire jusqu la r duire une p le d calque fantastique des Trois Mousquetaires (il faut attendre les 30 derni res pages pour que l action d colle !) A cette introduction un peu paresseuse, on esp re que Marchika apportera une suite plus mouvement e. La Reine de Vend me - vol 1, Colin Marchika, ditions Mn mos, 238 p. Rams s Dan Parkinson Le Pacte de La Forge + Lancedragon est une s rie de romans qui tire son inspiration d un univers construit sur mesure pour le jeu de r le Donjons et Dragons, dans lequel on retrouve p le-m le tous les poncifs qui ont fabriqu le succ s initial de la fantasy m di vale post-Tolkien. L action se d roule avant la fameuse guerre de la Lance, qui fit l objet de quelques volumes notables. On nous relate ici l Histoire d un peuple arch typal : les nains. Les nains se consid rent part dans la cr ation. S ils se tiennent l cart des elfes et des hommes qu ils m prisent ils ne d daignent pas l occasion pratiquer quelques changes de nature commerciale : commerce qui n est pas sans danger, affirment les plus m fiants. Au cours de la f te traditionnelle du solstice d t , cette mise en garde va trouver une d monstration f cheuse, puisque la cit de Thorin, fiert du peuple Calnar, sera mise sac par un sorcier vengeur (c est une habitude !) et sa horde barbare. Les survivants s engagent alors dans un long exil la recherche du berceau de la race, la l gendaire Kal-Thax, o ils mettront bon ordre un conflit de pouvoir entre diverses autres factions naines avant de fonder, sous la montagne, le royaume de Thorbardin. Voici un nouvel pisode de la saga dont on ne sait s il faut bl mer la faiblesse de l auteur, la coupable maladresse de la traductrice ou le calibrage fa on TSR qui oblige tout ce petit monde faire tenir le mat riau d une pop e dans les limites d un synopsis. Il est regrettable que toutes les d clinaisons estampill es Lancedragon ne b n ficient pas du m me traitement que les volets de la trilogie dite fondatrice en son temps. Pour les inconditionnels, donc, ou les meneurs de jeu en mal d inspiration. Le Pacte de La Forge, Dan Parkinson, traduction de Mich le Zachayus, ditions Fleuve Noir, 252 p. Rams s. Jay Russell La Fin de Toutes Choses ++ Les gentilles filles vont au paradis, les m chantes filles vont Londres . Telle est l inscription qui figure sur le T-shirt de la petite Pakistanaise avant qu elle ne soit transform e en torche dans l incendie de l picerie parentale. Un acte de racisme qui va contraindre Marty Burns endosser sa double identit d acteur : vedette de Burning Bright, une s rie am ricaine succ s qui vient relancer sa carri re de com dien dont il assure la promo Londres, et agent catalyseur des forces supranaturelles qui s affrontent depuis une ternit . Car Marty est son corps d fendant une pi ce ma tresse dans la lutte incessante qui oppose Bien et Mal. Enr l dans un commando psychique regroupant Uma, la jolie pr tresse hindoue, Siobhan, l ex-tueuse de l Ira, Pahoo, le joueur crasseux de didgeridoo (mais si, vous connaissez, l esp ce de longue trompe australienne) et d autres compagnons de route, il va devoir se mesurer l organisation raciste Ultima Thul , dernier avatar de l Ordre Noir, incarnation de la puissance des t n bres invoqu es un temps par Adolf Hitler. Mais dans la vraie vie, quand la sc ne n est pas bonne, il n est pas question de refaire une prise Les intentions louables ne suffisent pas faire un bon roman. En voulant d noncer le racisme, dans sa brutalit quotidienne ou th oris par des meneurs agissant dans l ombre, La Fin de Toutes Choses ne parvient pas atteindre son but. Pire, en donnant l exclusion une origine paranormale, il revient maladroitement formuler un dangereux syllogisme : les fascistes sont anim s par une menace surnaturelle, or le surnaturel n existe pas, donc De plus, la trame m me du r cit, pr sentant une coalition des puissances du Bien contre L Ordre Noir, n est pas nouvelle. D s 1941 dans Strange Conflict ( trange Conflit N o 1987), Dennis Wheatley d crivait un affrontement tr s semblable, qui voyait le f hrer user des forces occultes pour remporter le conflit mondial. Enfin, comme si cela ne suffisait pas, la lecture est rendue p nible par un nombre important de fautes de typo. Reste tout de m me Marty Burns, personnage attachant l humour efficace, d j pr sent dans Les Chiens C lestes, et le style irr prochable de Jay Russell. Un livre gentil et dr le, comme lorsqu on dit de quelqu un : Bon, d accord, mais il est gentil . La Fin de Toutes Choses, Jay Russell, J ai Lu, coll. Fantastique. Traduction : Thierry Arson, 382 p. Xavier Maum jean Terry Pratchett Le Grand livre des gnomes +++++ Pratchett a beaucoup situ l action de ses livres dans l trange Disque-Monde, mais il a commis il y a plus d une dizaine d ann es trois opus se d roulant sur notre bonne vieille Terre, Les Camionneurs, Les Terrassiers et Les A ronautes. J ai Lu ressort en un volume cette uvre, sous le nom de Le Grand Livre des Gnomes. Car tout a tourne autour de ces petits tres de dix centim tres de haut qui vivent dix fois moins longtemps que nous, mais dix fois plus vite. Imaginez un petit tre courageux, seul chasseur de sa tribu qui habite pr s de l autoroute. Imaginez des petits tres vieux et ronchons et une petite tre avec les pieds sur terre. Vous voil avec nos h ros de d part, qui se croient les derniers gnomes de la plan te. Mais comme la vie pr s de l autoroute devient vraiment impossible, ce petit groupe, dans tous les sens du terme, d cide de monter bord de l un de ces grands camions qui m ne bah qui doit bien mener quelque part ! Et en l occurrence, ce quelque part est bourr e craquer de gnomes. Choc des cultures, variations sur le rat des villes/rat des champs, ce livre est bien plus encore. C est l histoire d un Grand Magasin et d un Exil, d une histoire d amour aussi, une histoire sur la valeur de l humanit galement : un grand et beau r cit qui souligne tout le g nie de Terry Pratchett. Terry Pratchett, Le grand livre des gnomes, J ai Lu. Traduction : Patrick Marcel. 510 p. Pierre-Alexandre Vigor Ellen Kushner Thomas Le Rimeur +++ Rarement uvre de fantasy se sera install e avec autant de naturel dans le paysage des classiques que celle de la New-Yorkaise Ellen Kushner. Imaginez imaginez les Eildon Hills, au c ur des marches du royaume d cosse, le plus beau pays du monde. Le vent chante en caressant la terre moite, au fond des vall es secr tes on entend une harpe magique alterner quelques airs de f te avec de tristes lamentations. Dans la bruine qui recouvre la lande, derri re les halliers si pr s et si loin des hommes se cache la fronti re trouble du royaume des f es, des esprits malins, ou des mortels en errance. L se d roule l aventure de Thomas, s esquisse la trajectoire bouleversante d un tre qui, pour avoir d bord les limites communes, n est plus d aucun monde hant par la nostalgie de l infini, cart dans une solitude singuli re entre pass et devenir, entre sa nature humaine et le souvenir d une voluptueuse transgression. Plong par le destin dans un corps d artiste, et, plus visc ralement encore, gris par les mirages que font na tre son talent, l insolent Thomas aspire devenir le meilleur, le plus adul des troubadours Jusqu au jour o une rencontre troublante lui donne mati re r aliser ses r ves de grandeur. L clat de son r pertoire et de sa renomm e, ont attir sur lui l attention de la Reine des elfes, qui lui offre ses faveurs en change d un service de sept ans sa cour. S duit, en m me temps qu avide d aventures nouvelles, Thomas succombe. Alors il s efface, il s vanouit de l autre c t du paysage, il d serte le monde du milieu, o vivent ses semblables. Tout au long de son s jour dans le jardin des d lices, le Rimeur fait l exp rience (am re) d une captivit dor e, go tant des plaisirs inconnus mais non exempts de dangers. Revenu chez lui, Thomas se d couvre transform : ni plus jeune ni plus vieux comme il en va d ordinaire, il est devenu simplement autre. Afflig du don de proph tie ainsi que de celui de la parole vraie, il comprend que sa vie d antan ne pourra lui tre rendue, qu il n appartient plus au commun des hommes. Quelle place lui reste-t-il d sormais ? Magicienne de l nigme, de l enchantement et de la m lancolie, Ellen Kushner poss de toute la connaissance et tout le talent pour se nourrir de la tradition et la modeler son gr sans en trahir l essence ou la saveur. La fable qu elle nous sert, divis e en quatre actes cont s par autant de voix attachantes, travers e de nombreuses l gendes et chansons est une vocation savante des facettes diverses de la condition humaine. Paru il y a quelque dix ans dans sa version am ricaine, ce tr s mature et tr s intelligent Thomas le Rimeur n a pas pris une ride. On ne saurait oublier de saluer encore une fois l initiative des toutes jeunes ditions Ho beke, qui offrent au public francophone la possibilit de d couvrir un fleuron du genre fantasy et, au-del des genres, d une litt rature puissante. Thomas Le Rimeur, Ellen Kushner,
ditions Ho beke, Traduction : B atrice Vierne. 360 p. Rams s Olivier Johachim Le Temple de Diane ++ Pierre Dal est un savant r put . Un vieil homme aussi, m lancolique et solitaire, qui a restreint le cercle de ses habitu s quelques coll gues du laboratoire o il uvre encore, et sa famille. Derri re le masque de bonhomie tranquille se cache pourtant une blessure, quelque chose qui le ronge depuis soixante ans. Pierre n a jamais compl tement accept la perte de sa femme Marie, pendant la Seconde Guerre mondiale. Afin de ne pas succomber au d sespoir, il s est investi corps et me dans un long p riple scientifique qui le conduit, au terme de sa vie, tenter de percer les ultimes ombres du cerveau humain. Gr ce une technologie de pointe et une m thode de travail in dite, il parvient convoquer des couleurs, des odeurs, des sons li s son pass , traduire ces affects en images mentales et les enregistrer dans une sorte de banque des souvenirs , avec l id e de se les r injecter en bloc, pour ouvrir un passage (par le biais du sommeil) vers quelque dimension inconnue de l esprit, vers un absolu onirique o l tre et le n ant se confondraient, o il pourrait enfin retrouver Marie et tout recommencer. Odyss e intime qui n est pas sans risque, car les r ves en plus de devoir se plier l inexorable contamination du r el suivent souvent leur propre logique tordue et floue, o il est ais d oublier le chemin qui ram ne au temple de Diane Voil un r cit bellement crit, mais qui donne l impression de ne pas exploiter toutes ses ressources, pas suffisamment en tout cas pour se d marquer des contributions multiples (litt raires, cin matographiques) que cette th matique a inspir es. Olivier Joachim, Le Temple de Diane, ditions des crivains, 92 p. Rams s John Varley La trilogie de Ga a Tome 1, Titan Tome 2, Sorci re +++ Folio SF poursuit sa sainte croisade de r dition du fonds Pr sence du Futur, avec notamment La Trilogie de Ga a de John Varley. Deux tomes sont actuellement disponibles, et il tait grand temps de jeter un coup d il cette s rie sortie en 1980, que ne connaissent pas forc ment les lecteurs de moins de 30 ans. Le VES Seigneur des Anneaux (d j j aime bien le nom !!) est un vaisseau spatial d exploration am ricain en mission pr s de Saturne. Une d couverte incroyable va bouleverser ce voyage : une immense roue orbitale qui n a rien de naturel. Mais l o a devient marrant, c est quand la dite roue avale sans m nagement le Seigneur des Anneaux et son quipage. l int rieur ils vont d couvrir un monde fascinant soutenu par des c bles de 5 km de larges ! Gaby et le capitaine Sirocco Jones vont partir en qu te de r ponses, et tomber sur un dieu. Dans le deuxi me tome, Sirocco est devenue Sorci re : en gros, son job c est de faire du relationnel au nom de Ga a. Fastoche me direz-vous ? Que nenni ! Car un dieu, c est retors, et Ga a ne fait pas exception la r gle. Sirocco entra ne alors malgr elle deux jeunes, Robin et Chris, l o ils n auraient pas forc ment d aller. Prix Locus sa sortie, Titan (et sa suite) m le une Hard Science soft et un humour latent qui parvient parfois s exprimer. Le personnage de Ga a est assez cocasse, tout comme cet univers en fait. Mais il manque parfois un peu d action pour donner du souffle au r cit. Titan et Sorci res, John Varley, Folio SF. Traduction : Jean Bonnefoy. 418 p. et 578 p. Pierre-Alexandre Vigor Anthologie pr sent e par Barbara Sadoul Un bouquet de fant mes ++++ Apr s trois Dimension fantastique, puis une anthologie Gare au garou !, la fille de Jacques Sadoul s attaque aux fant mes. Son bouquet est classique et blouissant. Et d marre en force avec deux superbes textes de Zola et Maupassant (Angeline et Apparition). Nous restons dans les grandes pointures avec la f erique Ellis de Tourgu niev, l elliptique Dans une tasse de th de Lafcadio Hearn et Mezzo Tinto o Montague Rhode-James fait vivre une gravure. Suivront Ambrose Bierce, Theodore Sturgeon ou Thomas Owen et son charmant Petit fant me ou Clifford Simak avec sa fant matique Ford T. Quant Robert Bloch, il appellera le pass la rescousse pour une d licieuse et f roce vengeance culinaire (Cher fant me). Je garde la perle pour la fin : Harry de la m connue Rosemary Timperley (1955). Nouvelle d une rare motion, elle s inscrit parfaitement dans le fantastique canonique (soit traditionnel et historique), par une justesse du propos, un style d licat et une exquise sensibilit . L on oubliera pas de sit t la petite Christine et son fr re invisible En ces temps de gore, un tel texte rendra confiance aux tenants du vrai fantastique, celui pour qui il est avant tout po sie de l trange, et myst re de l instant Un bouquet de fant mes, Barbara Sadoul, Librio n 362, 119 p. Bruno Peeters D rapages. +++ Voici un recueil de nouvelles avec bien des hauts et des bas, dans le genre ballon qui se d gonflerait trop vite. a part tr s fort, comme dans T te- -t te avec Anubis dont la chute est pourtant particuli rement d cevante. On aurait pu s attendre un peu plus d imagination de la part d un auteur qui a t consultant pour la s rie Babylon 5, dans ce genre d histoire mythique. M me chose pour T n bres voilant la face du gouffre qui ressemble un peu trop un exercice de style. se demander o l auteur a voulu nous emmener, car il a r ussi nous perdre en route. On pourrait rester sur cette mauvaise impression sans quelques nouvelles qui se d tachent du lot. C est le cas notamment de Perp tuit plus un jour ou encore du M phisto en onyx qui tournent autour du th me de la peine capitale. Et Perp tuit a vraiment de quoi vous faire r fl chir sur l humanit des bourreaux qui se disent plus civilis s, car au lieu de mettre le coupable sur une chaise lectrique, ils le condamnent revivre sans cesse le pire souvenir de son existence. Quant M phisto, il offre enfin cette chute tant attendue dans les autres nouvelles. On peut en outre retenir Aller vers la lumi re, sur le th me du voyage dans le temps, assez cocasse. Une mention sp ciale aussi pour Le Dragon sur l tag re, crit en collaboration avec Robert Silverberg et Minuit dans la Cath drale engloutie qui cl t le recueil dans un esprit qui n aurait pas d plu Arthur C. Clarke, mais dont la corde a t peut- tre trop us e. Quant au th me m me du recueil, il est parfois tr s diffus et lorsqu on fait le total, D rapages laisse un go t de trop peu que n arrive pas effacer l humour et l autod rision de l auteur. D rapages, Harlan Ellison, Imagine Flammarion. Traduction d H l ne Collon. 364 pages Corinne Guitteaud Le Sacrifice (Les Fey livre deux) +++ Apr s L Invasion, le tome 1 de Les Fey, la saga de fantasy de K.K.Rusch nouvellement publi e en France, voici Le Sacrifice. Les Fey n ont pas r ussi envahir l le Bleue, mis en chec par les propri t s corrosives de l eau b nite. En attendant de percer ce secret, ils se sont repli s dans les Terres d Ombres, univers parall le cr par magie. Les insulaires, quant eux, esp rent encore chasser d finitivement l envahisseur. mais les Fey ont dans leur sac plus d un tour de magie et les Doubles infiltrent les moines et le palais tandis que Solanda la m tamorphe, la femme-chat, enl ve un b b dont les pouvoirs latents l ont appel e. Une fois qu on s est habitu la violence et la cruaut des Fey, plus grand chose ne surprend dans cette histoire men e tambour battant. Le rythme est haletant, bien servi par une criture incisive ; les personnages tout d une pi ce manquent un peu de subtilit . L intrigue est ais e suivre et m me devancer mais le suspense fonctionne, tel que le concevait Hitchcock pour qui l important n tait pas de savoir qui tait l assassin mais l motion qui envahit le spectateur ou le lecteur la pens e de ce qu il va peut- tre se passer. En bref, Le Sacrifice est un livre dont l action, lin aire, divertit et repose. On en attendra la suite, pr vue pour le printemps 2002, avec une tranquille impatience. Le Sacrifice (Les Fey livre deux), par Kristine Kathryn Rusch, ditions Payot & Rivages, collection Rivages/Fantasy. Traduction : Jean-Pierre Pugi. 324 pages. Lucie Chenu Le Secret interdit +++ Quoi de plus normal que de chercher comprendre comment un homme peut prot ger son voilier, pendant un cyclone, 4 000 kilom tres de distance. C est ce que pense Kevin, un crivain paisible sp cialis dans les r cits marins. Mais l existence de celui-ci est boulevers e quand il voit ce m me homme repousser l attaque d un commando de Forces Sp ciales et que sa magnifique pouse le gu rit, presque instantan ment, d une blessure par balle. Qui, alors, gouverne sa vie ? Qui lui enjoint de rencontrer Alexandra, cette tudiante qu il semble d j conna tre et les incite se lancer dans une qu te qui les m nera du Tibet l Islande, de l cosse l gypte ? D couvriront-ils leurs r elles personnalit s ? Avec Le Secret interdit l auteur r alise une compilation des bases du Fantastique merveilleux. Le voyage initiatique des h ros permet une d couverte clair e des principaux v nements et personnages qui restent des nigmes de l Histoire : du tr sor des Templiers aux cartes de Piri Re is, de La Sainte Vehme l Atlantide. Il s appuie sur la r incarnation et toutes ses possibilit s pour faire de Kevin et Alexandra, le couple acteur de ces nombreux myst res balisant le p riple de l humanit . Son savoir-faire donne une v racit et une cr dibilit aux sujets qu il expose. Le sc nario, o l on retrouve nombre des th mes utilis s dans X-Files, tels que le complot mondial, est cont de fa on attrayante, avec un rythme soutenu qui ne laisse place, aucun moment, l ennui. Le Secret interdit, Bernard Simonay, ditions du Rocher-Jean-Paul Bertrand, 424 pages. Serge Perraud Le Grimoire +++ Cet auteur, qui vit en Australie a publi trois romans et re u, deux reprises, le Prix Aur alis du meilleur roman de fantastique australien. D un c t , trois th sards , en litt rature victorienne, dans un coll ge priv de Melbourne. De l autre, les propri taires de l tablissement et deux professeurs. Les membres du premier groupe font connaissance et se soudent. Ceux du second pratiquent la magie noire et r vent d immortalit , surtout depuis qu un grimoire de XIXe si cle, dispers volontairement l poque est en voie de reconstitution. Ils ignorent que ce livre a d j tu au si cle dernier et qu il donne acc s l enfer et des d mons avides de prendre possession de l Humanit . Le Grimoire est un texte riche en situations et sentiments. Autour de Holly et Prudence, les deux h ro nes, les seconds r les abondent. travers eux on aborde une chronique minutieuse du quotidien australien des ann es 2000 et une histoire sulfureuse souhait o la mort, la sexualit , l ambition, l amour, la peur et l horreur forment une ronde endiabl e . Le rythme est lent, parfois contemplatif, plus ax sur la description et la r flexion que l action pure et dure. L auteur semble avoir mis beaucoup d elle dans ce roman. Ne pr pare-t-elle pas, comme ses h ro nes, une th se sur Les mythes de la cr ativit chez les romantiques anglais ? Mais Le Grimoire se lit avec beaucoup de plaisir. On prend, au fil des pages, de plus en plus d int r t aux personnages et au d veloppement de l intrigue. Le Grimoire, Kim Wilkins, Fleuve Noir-Terreurs. Traduction : Thierry Arson, 640 pages. Serge Perraud Masquarade ++++ Depuis le d part de Magrat
Goussedail pour le ch teau de Lancre (cf. Nobliaux et sorci res), nos sorci res
ne sont plus trois. Car on n est r ellement soeurci res qu au nombre de trois.
Il se trouve justement que Nounou Ogg et M m Ciredutemps ont choisi Agn s
Cr ttine pour cet emploi temps plein. Sauf que cette derni re est partie
l Op ra d Ankh-Morpork, place de Pseudopolis, pour y faire carri re. chacun
sa voie. Le pape de la fantasy burlesque anglaise a encore frapp . Deux coups !
Le premier a atteint monsieur Pignole, tueur de rats professionnel de cette
b tisse labyrinthique. Pauvre monsieur Pignole, on l a retrouv pendu. Le
second coup, c est ce bon docteur Soucage, ma tre de ch ur, qui en a cop :
mort trangl . Et pour le troisi me qui le tour ? Qui se cache derri re ses
meurtres ? Un fant me et son rire d ment bien s r. Pour la premi re de la Trivialta,
avec Enrico Basilica, Christine et Agn s Perdita X. dans les principaux r les,
le fant me passera encore l action. C est pourtant sans compter sur nos deux
sorci res, sur la mobilisation d une partie de l quipe du Guet, sur
l infiltration au sein de l Op ra d un membre de la police secr te. Chaque
protagoniste se d voilera un peu plus. Masque en rade ? Non point. Un seul
tombera : le masque du coupable. Apr s s tre attaqu au 9e art et la
musique, Pratchett s attache l op ra dans un pseudo polar comique avec comme
toile de fond le roman de Gaston Leroux, Le Fant me de l Op ra. Masquarade,
hommage l une des principales chansons de l uvre cin matographique Le
Fant me de l Op ra, est un ton plus l ger que le pr c dent roman, tourn sur le
politique. L op ra, selon Pratchett, ne doit pas rester le bastion d une classe
dirigeante mais doit s ouvrir tous. Culture des lites contre culture populaire
? On saluera nouveau l immense talent de l illustrateur Josh Kirby, r cemment
disparu, pour rendre l univers foisonnant de Pratchett. The show must go on ! Masquarade, Terry Pratchett, L Atalante. Traduction : Patrick Couton. 384 p. A. Marcinkowski L Atlantide de A Z +++++ D tectives de l trange , Jean-Pierre Deloux et Lauric Guillaud d clinent le mythe de l Atlantide, son origine et ses innombrables avatars litt raires et cin matographiques. Dans ce superbe dictionnaire alphab tique, ils explorent tous les th mes de la l gende du continent disparu, des dialogues de Platon au superbe roman de Pierre Benoit ( crivain que l on ferait bien de red couvrir) l Atlantis de Walt Disney, avec moultes citations d ouvrages totalement introuvables, ce qui ajoute bien s r la fascination. Toutes proportions gard es, ce Deloux-Guillaud est destin devenir l atlantologie ce que l Encyclop die de Pierre Versins est la science-fiction : un monument historique et incontournable. Les auteurs voyagent des th mes aux auteurs, des romans aux films ou s ries TV, des th ories aux essais, avec une brillante et singuli re virtuosit . ce sujet sont particuli rement int ressantes les entr es consacr es au diffusionisme (L Atlantide est le berceau de l Humanit ), ou l Interpr tation (la signification du mythe), ce dernier article curieusement imprim deux fois (pp.148 & 152). Rien n est ignor , des d rives nazies aux implantations g ographiques les plus saugrenues (les Atlantides chinoises ou belge), de la fascination des sc naristes de jeux vid o pour les mondes perdus aux traditions occultistes, des g ants de l Hero c-Fantasy (Burroughs, Merritt, Howard, Smith, Vance, Silverberg) aux bons vieux p plums italiens des ann es soixante (Hercule, Maciste). M me James Bond et Bob Morane seront appel s la rescousse. La peinture, la musique ni l architecture (Stonehenge, Tiahunaco) ne seront n glig es. L on sort bloui d un ouvrage aussi passionnant par son propos, ses interrogations et ses r f rences. Il en outre enrichi par des illustrations magnifiquement vocatrices, d une bibliographie g n rale, et d une s lection de sites internet. Oui, l Atlantide fascinera toujours, et le succ s du dernier Disney en t moigne. Sa po tique merveilleuse et pouvantable en m me temps fait myst rieusement partie de notre propre inconscient universel collectif. Comme l crivent nos auteurs (p. 117) : La litt rature atlantidienne, qu elle soit fran aise ou anglo-saxonne, se r v le authentiquement eschatologique par son statut cyclique de vie et de mort. Elle semble le contrepoint permanent de l Histoire de nos angoisses de disparition . Le livre-cadeau id al pour tout r veur. L Atlantide de A Z, Jean-Pierre Deloux et Lauric Guillaud, E-dite, 302 p. Bruno Peeters La Pierre philosophale ++++ Colin Henry Wilson est peu connu dans l Hexagone. Sur l immense litt rature qu il a produit, une quinzaine d ouvrages seulement ont t traduits en fran ais. C est une riche id e qu ont eue Les Belles Lettres de republier, dans une traduction revue, La Pierre philosophale (1969), initialement sortie chez N O en 1982. Cet Anglais autodidacte, vivant en Cornouailles, n est pas proprement parler un crivain de science-fiction bien qu on se souvienne des Vampires de l espace, roman adapt au cin ma par T. Hooper sous le titre de Lifeforce. Non, Colin Wilson se sent l aise dans le r cit horrifique ou le fantastique lovecraftien et La Pierre philosophale sonne comme un hommage au Ma tre de Providence. Howard Lester, jeune savant venant d h riter de son mentor Sir Lyell, travaille l largissement du champ de conscience c r bral. Reprenant les tudes de Aaron Marks sur l exp rience de valeur , Lester concentre son travail sur les lobes frontaux, esp rant d couvrir les pouvoirs cach s du cerveau humain. Fort de ses recherches, Lester subit l op ration pr frontale. Puis c est au tour de son coll gue Littleway. C est alors que leur vie se trouve boulevers e par les perspectives inou es qu offre le potentiel psychique, transcendant les cinq sens. Le cortex leur livre alors le secret du voyage dans le temps, ouvrant une fen tre sur le pass . Toutefois, il y a des forces tapies dans l ombre depuis des millions d ann es qu il ne vaut mieux pas r veiller notamment lorsqu on s int resse aux origines de l humanit . Lester et Littleway vont tre confront s aux Grands Anciens, entit s nerg tiques n es dans les espaces interstellaires, et la puissance de leurs z lateurs humains, les artisans de l antique Mu. Avec Colin Wilson, le fantastique d inspiration gothique appara t comme le moyen d acc s la connaissance des pouvoirs psychiques de l homme. Le lecteur subjugu par une rudition impressionnante le suit dans sa plong e au sein de l univers mythologique et occultiste, dans son exploration du pass imm morial de notre plan te. Contrairement au h ros lovecraftien, bris par les entit s fantastiques, son homologue wilsonien n est pas puni pour sa curiosit et sa d couverte. Il d joue les pi ges de la surnature car il est r solument optimiste. En nous livrant ses r flexions sur l homme veill , l homme d barrass des pollutions mentales et des scories de la conscience, Wilson, en alchimiste des mots, croit en l l vation du genre humain par l esprit. La Pierre philosophale, Colin Wilson, Manitoba / Les Belles Lettres. Traduction : G. Blanc, revue et augment e par F. Truchaud. 240 p. A. Marcinkowski Comme une odeur de mort Noir est le cauchemar +++ Bordeaux, le corps de la propri taire d un immeuble d habitation est d couvert par son voisin. Le m decin l giste d crit sa mort comme due une mastication int rieure. Il succombera peu de temps apr s avoir examin Mme Porat, tout comme quatre autres personnes ayant approch la d pouille. Une myst rieuse quipe d enqu teurs est envoy e sur les lieux. Arka l et ses coll gues, habitu s aux ph nom nes paranormaux p n trent dans le bar situ au rez-de-chauss e de l immeuble. Ce qu ils d couvrent est surprenant. Une m lasse, un magma l odeur insurmontable a envahi le sol et le plafond. Des voix, des sensations tranges poussent ces surprenants personnages dans une enqu te myst rieuse. Dans le volume n 2 de cette pop e, les enqu teurs se voient confier une seconde mission, li e la pr c dente. Un pont de la ville, hant , paralyse de peur toute l quipe de r novation en proie d effroyables cauchemars. Arka l, avec l aide de nouveaux intervenants, tentera d enrayer ces ph nom nes. Gr ce ces deux premiers romans, Jack Sigurson parvient retenir toute l attention du lecteur. Les sc narios sont tr s enthousiasmants et nous plongent dans un monde inconnu, captivant. Le premier volume, Comme une odeur de mort, est tr s agr able lire, mais manque toutefois de profondeur ; certains d tails sur les intervenants, tout comme sur les ph nom nes laissent le lecteur dans l interrogation. L attente d un bon nombre d explications est vaine, mais incite l imagination et la r flexion. Ces carences sont n anmoins rattrap es dans Noir est le cauchemar. Ce second pisode, plus riche et plus intense est un aboutissement r ussi. En bref, deux romans int ressants. Jack Sigurson, Comme une odeur de
mort et Noir est le cauchemar dans la Collection Ph nom nes. 140 et 164 p. Cathy Brucker T ran sie +++ Il n est pas rare de rencontrer des crivains de science-fiction de formation scientifique. C est le cas de Greg Egan, dont la culture scientifique est impressionnante. Sa science-fiction hard, d abord proche du courant cybern tique (elle s en est loign e r cemment), utilise comme support intellectuel des sp culations souvent ardues pour le lecteur litt raire, qui sont des extrapolations de haut niveau des plus r cents acquis scientifiques en physique, biotechnologie et en intelligence artificielle. Mais si Egan, consid r par le public anglo-saxon cultiv comme l un des auteurs les plus prometteurs de sa g n ration, est remarqu par la richesse de ses id es, et la rigueur de ses romans, ses lecteurs ont constamment d plor une grande s cheresse des sentiments. D autant plus remarquable que l auteur semble pr occup en permanence par des probl mes d identit , en particulier d identit sexuelle. Or ce roman repr sente un tournant int ressant dans l volution de la carri re d Egan ( la quarantaine, il n est crivain plein temps que depuis une dizaine d ann es et a l avenir devant lui). Balay s par l avalanche d id es de leur auteur, ses personnages d codent le monde plut t qu ils le vivent. Les personnages de T ranasie ne manquent pas de naturel et ne souffrent pas d une absence de profondeur motive comme ceux qui les ont pr c d s. Un grand fr re de neuf ans, Prabir, doit quitter une le d serte de l Indon sie o ses parents font des recherches sur un papillon mutant, accompagn de sa petite s ur qui marche et parle peine. Lors d un conflit qui ne les concernait pas, leurs parents biologistes ont t tu s par des mines l ch es d un avion la nuit. R fugi s aux USA chez une tante, les enfants font des tudes scientifiques. Ils se retrouveront sur cette le vingt ans, pouss s plus tard par le poids du pass et des circonstances favorables. Sur l le et les les environnantes, des esp ces vivantes jamais vues excitent les scientifiques, mais inqui tent les autorit s pour leurs dangers potentiels. Ce th me en lui-m me aurait pu constituer le contenu du roman. En fait, il sert de toile de fond Egan, qui tudie le d veloppement de deux personnalit s, leur passage de l enfance au difficile ge adulte. Prabir, remarquablement intelligent et ce, d s l enfance, n a pas m ri en fait. Il se sent coupable de la mort de ses parents. Homosexuel, il continue vivre sa relation protectrice avec sa s ur, alors que c est lui-m me qu il prot ge. On saura que la cl de son probl me psychologique est son sentiment de culpabilit propos de la mort de ses parents. Sa s ur souhaite pour son compte trouver son autonomie. Ils doivent tous deux r organiser leur pass pour devenir adultes. Egan va utiliser le retour au pass et les probl mes nouveaux difficiles qui vont se poser pour leur donner chacun la stabilit et permettre la relation fr re-s ur de fonctionner sur de meilleures bases. Parall lement la qu te d identification des personnages, Egan reprend quelques th mes qui lui sont chers : la d nonciation des discriminations (sexuelles, culturelles, sociales, politiques), la caricature parfois m chante des sp culations et lucubrations irrationnelles des lites (les discours incompr hensibles, ou cette id e loufoque pour laquelle se bat la tante f ministe de Prabir : elle veut mettre en place l ordinateur transgressif, o le I phallique du binaire serait son tour domin par le 0 vaginal !). Avec son humanit nouvelle et son accessibilit narrative plus grande, un sens de l humour qui s affirme, on peut esp rer qu Egan sorte du cercle litiste o il est actuellement enferm et trouve un plus large public. En continuant dans cette voie qui ajoute motion inventivit , lucidit sur la soci t et compr hension plus fine des m canismes psychologiques humains, il ne peut que progresser pour atteindre le meilleur, alors qu actuellement on ne peut pr tendre qu il est un auteur achev . Le lecteur qui aurait fait un essai malheureux avec le difficile Isolation par exemple aura tout gagner en lisant ce roman, qui est actuellement le plus adapt la compr hension d un auteur-culte des milieux de la science-fiction d avant-garde. Greg Egan, T ran sie, traduction de Pierre-Paul Durastanti, d. Robert Laffont Ailleurs et demain. Roland Ernould Vicky Allan Mal fique ++ On admet volontiers que la science utilise les capacit s extraordinaires de certains animaux. La science-fiction comme le fantastique se pr tent volontiers au jeu en donnant la b te des pouvoirs myst rieux et merveilleux. Vicky Allan, pour son premier roman, nous invite mieux conna tre le monde des chats, de cet animal qu on dit avoir neuf vies, tre arrogant et poss der un libre-arbitre. Lui, Joshua, beau t n breux, aime sa chienne Zara et semble d tester les f lid s ; elle, Milla, analyste pour matous, v n re sa boule de poils roux Tibbs et non les chiens. Leur destin se croise et voil que d bute une liaison. Mais la mort trange de Tibbs surgit Purrl, une chatte albinos maigrichonne qui empoisonne tr s vite les relations du couple puis du quartier. V. Allen construit son r cit autour de l animal comme symbole ou agent de mort. Mort de Tibbs tout d abord, mort de Joshua, mort de Peggy Chrismas, mort souhait e de Gabriel, l amoureux transi et copain de toujours. Mais surtout mort de soi-m me. Dans sa relation fusionnelle avec Purrl, Milla va jusqu diluer sa propre identit pour s approprier celle du chat. La symbiose avec Purrl aboutit inexorablement un drame interne : le conflit entre deux natures antagonistes, l une bestiale avec ses pulsions n crophiliques, l autre humaine avec ses motions et ses doutes. Malgr ce que le titre laisse entendre, ce roman n a rien de terrifiant et l on sourira du choix de la couverture. Vraiment pas de quoi fouetter un chat ! Mal fique, Vicky Allan, Presses de la Cit , 314 p., traduction de J. C. Provost. A. Marcinkowski Graham Masterton ++ Jim Rook is back ! De retour sous nos latitudes, le professeur pour l ves " sp ciaux " temps plein et m dium temps partiel s appr te quitter Los Angeles pour devenir inspecteur des programmes scolaires Washington DC lorsque Jennie Bauer, une ancienne l ve, l appelle au secours. Son fils de neuf ans vient de mourir noy dans la piscine familiale et Jennie est convaincue d avoir vu un " esprit " translucide, sculpt dans l eau, s chapper peu apr s le drame. Sceptique, Jim Rook accepte tout de m me de donner un coup de pouce Jennie Et finit par affronter un esprit qui puise son pouvoir dans les l gendes urbaines. Ce Magie des Eaux (bravo, le titre fran ais, ceci dit en passant ) est donc la cinqui me aventure de Jim Rook, personnage hautement sympathique, invent par Graham Masterton dans le but d inscrire une partie de sa production dans la mouvance de la Young Adult Fiction initi e par Chair de Poule and co. Chez nous, les titres de la collection sont repris par Pocket Terreur, ce qui risque de d stabiliser les lecteurs habituels de Masterton d avantage attir s par le c t jusqu au-boutiste du cr ateur de Manitou. Ici, l intrigue est solide, les l gendes (et leurs explications) toujours aussi fascinantes, mais les personnages et les situations flirtent parfois avec les clich s les plus cul s des s ries pour adolescents. La violence est plus que mise en veilleuse, quant au sexe (qui sous-tend souvent l uvre de Masterton d une bien int ressante mani re), il est tout simplement absent pour cause de restriction ditoriale. Faut-il pour autant dire que l on est confront ici un Masterton sans substance ? Non, mais mieux vaut ne pas s attendre un grand d ballage, avec sc nes pyrotechniques et trame compliqu e. Graham Masterton est un grand professionnel et il sait quel public il s adresse Jim Rook pourrait sans mal devenir le h ros de vos soir es t l s, dans une s rie croisant X-Files, Buffy et le Monthy Python Flying Circus (oui ! certaines situations typiquement non-sens prouvent bien que Masterton est anglais !). En r alit , plut t qu un Masterton sans substance, on a plut t affaire un Masterton sans grande inspiration, sorti d un moule que les grands espaces avaient un peu r g n r dans Magie des Neiges, mais qui retrouve ici une troitesse de d veloppement qui en d cevra plus d un. Magie des Eaux, Graham Masterton, Presse Pocket Terreur, 316 pages. Traduction : Fran ois Truchaud. Christophe Corthouts La fin de l ternit . ++++ Asimov ! Que dire ? Le titan de la SF. Un ma tre ! Il est ce que Freud est la psychologie, Ness au Loch et Marilyn aux blondes. Tout la fois, une r f rence incontournable, une l gende et un mythe. Dans les flots de la culture, il y a des les que l on se doit d accoster dont Asimov ! - des mondes que l on se doit de visiter, des univers o l on doit absolument se perdre. Interdiction de faire l impasse ! Au risque de voir son imaginaire ne jamais tre f cond , de ne jamais s vader avec un grand E comme Inou et Immense. Au risque de n avoir jamais abord r ellement la SF. Et pourtant qu ils sont bienheureux ceux qui n ont pas encore atteint l toile Asimov. Par l ternit ! Comme je les envie de p n trer pour la premi re fois ce monde ! D couvrir, le cerveau en bullition, le cycle de Fondation et aussi celui des Robots ! Et puis attendre que le temps fasse son uvre et recommencer encore ! Et la voil , l occasion de se replonger dans l uvre d Asimov. Il est temps de reprendre ses vieux tomes jaunis et corn s et se d lecter une fois encore de tous les volumes de Fondation. Oblig ! Indiscutable ! Ah, qu il est des ordres doux ex cuter ! Qu il est bon d avoir un tel sens du devoir ! Ensuite seulement viendra le temps de la lecture du dernier tome, La Fin de l ternit . Ou de la relecture, puisqu il s agit d une r dition. Quand le pass dicte ses lois au pr sent pour que l Histoire s accomplisse, pour que ce qui existe soit, il s agit d ex cuter correctement les ordres. Pas de place pour l improvisation ; tout est d j crit. Les choses doivent se r p ter et le cercle sera boucl . Mais peut-on avoir foi dans les quations des Calculateurs quand la passion se m le au jeu ? Peut-on faire confiance un ternel qui d j a commis un crime contre l ternit ? Jusqu o sa trahison peut-elle le mener ? Que fera Andrew Harlan, le Technicien ? Qui est No s Lambert ? Quand pass , pr sent et futur se fondent pour agir sur le cours du monde, les Calculs ne servent plus rien. L ternit est en danger. Asimov met en sc ne un jeu d checs complexe entre R alit et ternit , une guerre des probabilit s ardue. Ce tome est un peu moins prenant que l ensemble du cycle. Un rien plus lent Mais puisqu il nous permet une ni me lecture des chefs-d uvre pr c dents, on ne peut que l en remercier. tous bonne lecture ! Et pendant que vous descendez du haut de la biblioth que les volumes de Fondation, profitez-en pour prendre aussi le cycle des Robots. Vous voil assur s de passer de longues soir es de qualit . La Fin de l ternit , Isaac Asimov. Folio SF, Traduction de Michel Ligny et Claude Carme, 354 p. Karine Soum-Dominiczak L Alchimiste du neutronium, t. 2 : Conflit +++++ Peter Hamilton a fait une entr e fracassante dans le ciel de la SF avec le Best seller The Night s Dawn dont les ditions Robert Laffont ont publi jusqu pr sent quatre volumes (sur 6), volumes qui sont un seul et gigantesque roman. L Aube de la nuit est sans conteste un monument litt raire et le titre lui seul apporte le paradoxe. M me si la phras ologie hamiltonienne se fait absconse, le lecteur se l approprie rapidement pour plonger dans une v ritable pop e intersid rale d inspiration cyberpunk, riche de rebondissements et au r cit complexe. R fugi e Ayacucho, Alkad Mzu b n ficie du soutien logistique de jeunes nationalistes voulant venger la destruction de Garissa. C est par l interm diaire de l un d eux que la fugitive la plus recherch e de la galaxie arrive quitter l ast ro de pour Nyvan. Il lui faut trouver imp rativement l Alchimiste. R cemment d barqu dans le syst me des Dorados, Joshua Calvert traque lui aussi la c l bre scientifique et d couvre avec stupeur l existence d un demi-fr re, Liol Calvert, revendiquant le Lady Mac ! Dexter Quinn, dans sa pr paration la venue du Fr re de Dieu, a r ussi s emparer du r seau DS de la Nouvelle G orgie et s me le chaos avant de foncer droit vers la Terre. Sur Nyvan, l Organisation de Capone double les services secrets, tant adamistes qu d nistes charg s de localiser Mzu, et convainc cette derni re de leur livrer l Alchimiste. L intervention de Joshua Calvert, aid d alli s impromptus tire la scientifique d une bien mauvaise passe. On d couvre enfin l emplacement de la super arme l usage terrifiant qui va tre en fin de compte d truite. L offensive des Poss d s se fait cruellement sentir dans la Conf d ration et ce malgr la quarantaine : prise d Arnstadt, d Ayacucho, de la colonie ast ro de Ethenthia nonobstant l acte de bravoure d Eric Thakrar ; Norfolk, Valisk et Tranquillit sont emmen es hors du continuum eisteinien ; deal pass entre Capone et Kiera pour que l Organisation fasse main basse sur la production d antimati re dans le syst me de Toi-Hoi ; multiplication de br ches dans l univers r el. Tout se passe comme si la situation tait d finitivement favorable aux forces de l au-del . Pourtant, l tat-major de la Conf d ration entrevoit une riposte face l avanc e du ph nom ne de possession : raids clairs contre les plan tes et ast ro des sous le joug des Poss d s, attaques surprises des cargos transportant de l antimati re, alliance avec le royaume de Kulu. Sur Tranquillit , le travail sur la pile laymil a livr son secret : accepter la mort, ne plus craindre l au-del . C est peu pr s la teneur du discours que tient la kiint Malva Syrinx et Ruben sur Jobis. L Aube de la nuit est bien plus que le simple affrontement entre deux syst mes politiques antagonistes. Le roman fait appara tre deux conceptions socioculturelles, deux fa ons d envisager le monde : celle des Adamistes (dystopie), assujettis la technologie nanonique et celle des Ed nistes (utopie), champions de l ing nierie g n tique, ayant d velopp le lien d affinit . Le th me central para t bien tre la religion, non plus une religion enferm e dans son dogmatisme mais ouverte sur la spiritualit , et l auteur semble diriger doucement le lecteur vers un d nouement m taphysique du conflit. Peter Hamilton a su viter l cueil facile d une dualit Bien (les vivants) contre Mal (le monde d sincarn des Poss d s) en m lant habilement le fanatisme, l abn gation, la compassion au travers de l volution des multiples personnages. Tout en consolidant l intrigue, Conflit pose distinctement le probl me de l angoisse de l invasion, traduite ici par la possession, projection phobique de la perte identitaire, de l atrophie des motions humaines et de l absence de m moire. Hamilton a cr l adversaire de l au-del notre image pour mieux faire ressortir nos cauchemars. Efficace. L Alchimiste du neutronium, t. 2
: Conflit, Peter F. Hamilton, Robert Laffont. Traduction : Jean-Daniel Br que. 552
p. A. Marcinkowski Belgarath le Sorcier +++ Dans ces deux tomes qui ne forment qu un seul roman encore une fois le syndrome du d coupage pour un diteur fran ais le couple Eddings revient sur le pass du v n rable Belgarath (bien qu il d teste qu on le nomme ainsi) et toutes les aventures qu il connut depuis sa naissance jusqu celle de Garion. Le lecteur a donc droit son lot de pr cisions et d approfondissements, particuli rement vis- -vis de personnages, de lieux, ou d v nements qui n taient qu voqu s ou survol s durant la Belgariade et la Mallor e. Il va de soi que pour appr cier ces annales leur juste valeur, il est recommand d avoir lu les ouvrages cit s, quand bien m me la prose fleurie d une narration la premi re personne par Belgarath a de quoi tre savoureuse pour tous. Il serait encore plus utile d aimer Eddings et ses romans, car on retrouve ici tout ce qui a fait son succ s, ses qualit s, comme ses d fauts. Ne vous attendez pas de folles surprises quant au style et au ton par exemple. Et si vous n avez jamais appr ci les histoires p p res o l humour tient une large place, passez votre chemin. Ce ne sont pas ces deux livres qui vous r concilieront avec les auteurs. Certains n y verront d ailleurs qu une exploitation commerciale d un succ s originel, comme l est d j , aux yeux d une partie des amateurs, la Mallor e par rapport la Belgariade. Belgarath le Sorcier, David et Leigh Eddings, Pocket. Traduction : Dominique Haas. Tome 1 & 2 : Les ann es noires, 444 p., et Les ann es d espoir, 314 p. Emmanuel Chasteli re Les Entrailles du Mal +++ Au cours de ces deux tomes qui en r alit composent un seul et m me roman dans son dition d origine, David Farland poursuit avec un certain allant sa saga des Seigneurs des Runes. Gaborn, le Roi de la Terre, se lance la poursuite des Maradeurs, bien d cid les traquer d s lors que la possibilit lui en est offerte par le biais de la petite Averan, qui a mang la cervelle de l un deux et depuis a des visions. Pendant ce temps, de nouveaux adversaires se pressent au Nord, avides de profiter de ces troubles et Raj Ahten frapp par la mal diction de Binnesman doit trouver une alternative s il ne veut pas perdre ses pouvoirs, et ses conqu tes Pr sent de la sorte, voil qui semble des plus engageants. Malheureusement, le lecteur d couvre bien vite qu il est confront deux tomes de transition. L histoire progresse, mais il manque les moments de bravoure pure que l on a connus pr c demment. Le concept m me de la magie runique, des Dons et des D di s qui a fait une partie de la renomm e de David Farland, du moins pour son originalit commencent s essouffler. Quand bien m me la figure h ro que et proprette de Gaborn se fissure enfin, les chapitres les plus int ressants du roman concernent sans coup f rir le flamboyant Raj Ahten, et la d couverte de ses terres d Indhopal d vast es et en proie au plus grand trouble. Les romans demeurent ais ment distrayants et devraient sans probl me combler votre besoin de lecture, mais le r cit de Farland a tendance malgr tout s appauvrir, recourant de grosses ficelles l o il tait parvenu construire du solide et de l imposant. Bref, une semi-d ception, dont on ne regrettera cependant pas l achat si l on est fan. Les Entrailles du Mal, de David Farland, Pocket. Traduction : Isabelle Troin. Tome 1 & 2 : La Salle des Ossements, 284 p., et Par le feu et par le sang, 280 p. Emmanuel Chasteli re Le fantastique dans tous ses tats +++++ L exploration des territoires du fantastique est loin d tre achev e. Cet essai, constitu en grande partie d articles ou d tudes parus dans diverses publications et retravaill s pour cette dition, se donne comme objectif de nous exposer le fantastique dans tous ses tats, aux divers sens du terme, comme l indique le titre du livre. En pr sentant d abord des apports r cents qui sont venus modifier les perspectives surtout litt raires ou psychanalytiques dans lesquelles les investigateurs se cantonnaient jusqu ici. Notamment l approche philosophique d Alain Chareyre-M jean, et celle de Denis Mellier, marqu e par l expression audiovisuelle de la monstration. En y ajoutant des regards neufs jet s occasionnellement sur des sujets comme le cauchemar ou l effet fantastique. Les essais universitaires visant le grand public sont en augmentation (1). Le propos de Bozzetto est d abord de faire le point et de suivre le parcours de sept auteurs de textes fantastiques en relation avec les probl matiques de leur poque, quatre auteurs romantiques du XIXe si cle (Charles Nodier, Washington Irving, G rard de Nerval et Edgar Poe), explorateurs litt raires de l inconscient une poque o on le voyait li au r ve, la drogue ou la folie. Trois romanciers du XXe tr s diff rents les uns des autres. Marcel Schwob pratique la relecture distanci e des divers th mes du fantastique. Pierre de Mandiargues se situe dans la mouvance du surr alisme et manifeste un go t particulier pour l rotique. Claude Seignolle a explor surtout le fantastique folklorique pour tendre ensuite son territoire au fantastique urbain. Peu peu, cons quence de l omnipotence des moyens audiovisuels, les approches avantagent le fantastique en relation avec l motionnel, qui privil gie une relation fond e sur l angoisse et le monde de la peur. On s int resse davantage l tude des artefacts, des monstres aux entit s surnaturelles, aux croyances archa ques r actualis es ou r invent es. Il s ensuit une r cup ration des figures classiques comme les vampires ou les loups-garous, mais transpos s dans les monstres modernes que sont les serial-killers et les savants fous. Bozzetto met en vidence cette reconsid ration des figures du monstrueux, de M duse Mr Hyde ou Dracula, du Horla aux vampires ou au cauchemar comme espace maudit. La partie la plus neuve de l ouvrage est celle qui est consacr e explorer le territoire presque vierge des effets du fantastique dans la peinture. Bozzetto conna t les difficult s de ce domaine neuf, o les tudes solides sont peu nombreuses et il se garde bien d apporter des vues trop d finitives. Il a le m rite de faire l tat des lieux, et de poser des questions pertinentes proposant des voies de recherches. crit par un sp cialiste reconnu, dans un langage facilement accessible, ce livre a le m rite de faire le point sur de nombreux sujets sans engager le lecteur dans une syst matique trop ardue. Compos de textes courts juxtapos s, mais solidement ciment s, il autorise la simple consultation sans inconv nient. On y reviendra souvent pour trouver des vues sur tel auteur ou telle ic ne fantastique. Toute la partie consacr e aux rapports entre l art et le fantastique est recommander chaudement ceux qui ne limitent pas la seule litt rature leur attachement au fantastique. Une copieuse bibliographie et un index compl tent l ouvrage. (i) Ils sont recens s depuis 1980 sur le site Caruli, http://www. up. univ-mrs. fr/~wcaruli. Le Fantastique dans tous ses tats, Roger Bozzetto, coll. Regards sur le fantastique, Universit de Provence, 248 p. Roland Ernould Le Donjon rouge +++ Sans contestation possible, George R.R.Martin est un des nouveaux grands de la fantasy. Les raisons sont simples et se retrouvent dans la saga du Tr ne de Fer. Sens de l pique et des intrigues politiques, narration clat e et ambitieuse avec de nombreux personnages, fluidit et qualit de l crit Bref, tout est r uni pour donner un cycle m morable. Dans le premier tome intitul Le Tr ne de Fer, Martin avait plant le d cor. Le roi d un gigantesque royaume appelait un de ses amis, Lord Stark, tre une sorte de Premier ministre. Sans v ritablement avoir le choix, celui-ci descendait donc de son fier duch du nord pour prendre en main la politique du pays. Mais tre un homme droit et honn te rend difficile l appr hension d un monde d intrigues et de coup bas la cour du roi. La situation d j p nible, s aggrave dans le Donjon rouge. Stark a de plus en plus de mal faire entendre sa voix et ses efforts pour r tablir le calme semblent vains. Les intrigants se d chirent pendant que la guerre menace le royaume. On est l aube de grandes catastrophes. Avec ce second opus, l histoire de Martin commence prendre son envol. Toutes les qualit s nonc es pr c demment sont pr sentes. On d vore le Donjon Rouge peu pr s aussi vite que sa suite, La Bataille des rois. Le Donjon rouge, George R.R. Martin, J ai Lu, Le tr ne de Fer volume 2. Traduction Jean Solo, 540 p. J r me Vincent Le S rum de la d esse bleue +++ On ne pr sente plus Roger Zelazny. Vu son pedigree en science-fiction et en Fantasy, ce n est pas vraiment la peine (Le Cycle d Ambre, Toi l immortel, Seigneur de Lumi re ). Il ne faut donc pas s tonner de voir ses uvres r dit es r guli rement. crit en 1973, Le S rum de la d esse bleue est en fait la suite directe de l Ile des morts. On y retrouve le m me personnage principal, Francis Sandow, sorte de milliardaire dans la fleur de l ge et cr ateur de mondes de son tat. Vieux de plusieurs si cles il doit se mettre cette fois en travers de la route d un criminel hors norme, Heidel Von Hymack, qui s me la mort sur son passage. Il est contamin par tout un tas de maladies mortelles qui provoquent d innombrables pid mies dans tous les pays qu il traverse. C est une sorte de pouvoir de gu rison l envers duquel lui seul est immunis . La partie risque donc d tre serr pour Sandow. Le S rum de la d esse bleue est un petit bonheur. Comme dans Toi l immortel, Zelanzy joue formidablement bien avec un personnage attachant aux pouvoirs surpuissants. Mais ce qu on aime surtout, c est l humanit de ces h ros et la plume magnifique de l auteur. lire. Le S rum de la d esse bleue de
Roger Zelazny, Traduction : Ronald Blunden. 186 p. J r me Vincent L Ombre mal fique ++++ J ai Lu suit un rythme de parution agr able pour le lecteur, et c est ainsi que l on se retrouve avec entre les mains un nouveau tome de la saga du Tr ne de Fer, de George R. R Martin, la nouvelle r f rence de la litt rature fantasy pour beaucoup. Et l on ne peut que continuer lui faire confiance lorsqu on voit ce qu il est capable de faire : mener de front une quantit impressionnante d histoires plus ou moins li es les unes aux autres mais toujours aussi passionnantes, nous pr senter des personnages contre-courant de ceux que l on croise habituellement, r ussir nous donner envie de suivre les aventures d h ro ques salauds Les conflits, larv s ou non, sont l gion dans le monde des Sept Couronnes, et ce ne sont pas forc ment ceux que l on attend le plus qui tirent les ficelles. La diplomatie est parfois plus efficace que les morts sur les champs de bataille. Mais loin de tout cela, d autres corbeaux survolent ces territoires, attendant leur tour pour tenter d imposer leur domination C est bien simple, une fois entam , on ne peut que le terminer le plus rapidement possible, tant l on se sent nous aussi impliqu dans ce monde d intrigues. L Ombre mal fique, de George R. R Martin, J ai Lu. Traduction : G rard Watelet. 350 p. Emmanuel Chastelli re Le Cr puscule Des Elfes La Nuit Des Elfes L Heure Des Elfes + + + +
La r dition par Pocket de la trilogie des Elfes permet enfin au plus large public de d couvrir (ou de retrouver) ce qui appara t d j comme un classique de la fantasy. Longtemps consid r e comme une chasse gard e anglo-saxonne, la fantasy s duit un nombre croissant d auteurs fran ais, et Jean-Louis Fetjaine a parfaitement r ussi son pari d crire un r cit voquant l gendes celtiques, arthuriennes et po sie, histoire d amour et r cits de batailles piques, de m ler l imagination et l rudition. Difficile de r sumer les trois volumes dont l action se situe en un temps o les hommes, les elfes, et les nains cohabitaient, o une immense for t dissimulait d tranges races. Depuis quelques d cennies, la fantasy a fait sa perc e en tant que genre litt raire, et les lecteurs d aujourd hui sont familiers de ces univers mythiques o l on rencontre aussi bien des monstres que des f es. Jean-Louis Fetjaine utilise avec bonheur ces r f rences, et sa trilogie conna t un succ s m rit . Le cr puscule des Elfes, La nuit des Elfes, L Heure des Elfes, de Jean-Louis Fetjaine. Pocket Fantasy. 348 p., 266 p. et 268 p. Alain Paris Bleue comme une orange ++++ La Terre, fin du XXIe si cle. L effet de serre a provoqu des bouleversements climatiques sans pr c dent. La Condition V nus, le r chauffement irr m diable de l atmosph re terrestre, et de ce fait, la disparition de toute vie sa surface, est proche. Par suite de ces bouleversements climatiques, les conditions sur le triple plan g ographique, politique et conomique ont radicalement chang . Monique Calhoun est charg e par son entreprise de relations publiques d assurer le bien- tre des participants une grande conf rence de l ONU organis e pour un plan d cid enrayer La Condition V nus La Grande Bleue est un cartel compos d anciennes soci t s capitalistes, qui veut refroidir la plan te. Bleue comme la glace, bleue comme les uniformes de l arm e de l air am ricaine, bleue comme le logo de la Nasa. La Grande Bleue, c est une esp ce de capitalisme dinosaurien. Le vert symbolise les pays qui b n ficient du r chauffement. En revanche, l int rieur des tats-Unis, la Lybie, l Afrique du Nord, l Arabie Saoudite sont devenus inhabitables, avec des temp ratures tr s lev es. Dans un Paris tropical, o l on trouve une v g tation luxuriante, des alligators dans la Seine et une temp rature proche de la suffocation, Monique Calhoun aura fort faire avec ses adversaires et notamment avec le Prince Eric Esterhazy, sorte de dandy au pouvoir de s duction certain. De nombreux personnages plus truculents les uns que les autres, des magouilles politiques que l on imagine proche de la r alit , du sexe (oui, oui, a existe aussi dans la SF), un monde o les fronti res de l argent sont plus importantes que les fronti res des pays, font de ce roman une r ussite et un des meilleurs livres de cet auteur. Norman Spinrad, Bleue comme une orange, Flammarion, Traduction : Roland C. Wagner, 338 p. Marc Bailly Douglas Adams Starship Titanic +++++ L ovinus, le Plus Grand G nie que la Grande Galaxie ait Connu, s appr te inaugurer son gigantesque et formidable vaisseau spatial sur sa plan te natale, Bl rontin. Or, il s av re que le Starship Titanic t sabot pour des raisons financi res. L ovinus aid d un perroquet et d un journaliste nomm Le Journaliste mettra sa vie en p ril pour retrouver les vandales et leur bombe intelligente. Ignorant tout de la pr sence de ces personnages dans le vaisseau, le Gat de Bl rontis ordonne le lancement du premier vol exp rimental du Starship Titanic. Malheureusement, les ordinateurs de bord, d faillants, conduisent le monstre volant vers la Terre. Trois humains embarquent dans ce voyage p rilleux o ils tenteront de d samorcer la bombe et de faire face de nouveaux adversaires arm s, sans grand espoir de revoir un jour leur plan te. L id e du Starship Titanic apparut Douglas Adams alors qu il crivait La Vie, l univers et le reste. Quelques ann es plus tard, suite au succ s du Guide du Routard Galactique, il mit en uvre la cr ation d un jeu bas sur le Starship. Trop occup par ce projet, il d cida de confier la nov lisation Terry Jones. Ancien membre de la troupe des Monty Python et r alisateur, Terry Jones accepta d crire le livre condition qu il puisse le faire nu ! Sa tenue d Adam y tant peut- tre pour quelque chose, il r alise ici un roman fabuleux. Le sc nario, tr s bien ficel , nous invite d couvrir un univers inconnu, mais dans lequel chacun se retrouve. Le suspense, pr sent jusqu au bout, emp che le lecteur de quitter ce roman. Les situations et les personnages sont cocasses, m lant inqui tude, rire, sexe et expressions farfelues. lire absolument. Terry Jones et Douglas Adams,
Starship Titanic, ditions J ai Lu. Traduction : Marie-Catherine Caillava. 190
p. Cathy
Brucker Assassinat Halruaa ++ Pryx Covington est un jeune homme plein de ressources dont la seule ambition est de trouver un boulot peinard et garanti vie . la demande de son ami Gamor, il se rend Lallor pour une affaire en or. Cette ville est dirig e par un Conseil de Mages et prot g e par les Inquisitrices. Arriv au rendez-vous, Pryx d couvre le cadavre de son ami en compagnie du corps d un inconnu. Cet homme porte une magnifique cape dont Pryx se saisit afin de se prot ger de la pluie battante. ce moment-l , sa vie bascule. Pryx est en effet accueilli Lallor comme le grand Darlington Lamm, mage et aventurier de grande valeur. Celui-ci est destin par son Ma tre, le tr s puissant Geerling Chantambre, le remplacer comme premier Mage de Lallor. Pryx voit alors se profiler devant lui une vie pleine de plaisirs et d avantages. Mais tr s vite notre h ros doit d chanter car les ennuis s amoncellent : Geerling Chantambre a disparu et sa fille soup onne Darlington Lamm, l Inquisitrice Berridge le surveille car elle doute de ses pouvoirs magiques (et pour cause !), et plusieurs anciennes relations le reconnaissent. Afin d viter la mort, peine encourue pour avoir usurp l identit d un Mage, Pryx n a d autre solution que de d couvrir le meurtrier de Lamm et de Gamor avant d tre d masqu . Pour cette enqu te polici re situ e dans les Royaumes Oubli es, Richard Meyers n a pas innov , bien au contraire. Il a en effet calqu son r cit sur une aventure style Hercule Poirot : apr s avoir rassembl un maximum d l ments, l enqu teur r unit tous les suspects et d monte un un leurs alibis et leurs mobiles, avant de r v ler le coupable. Heureusement, un dernier coup de th tre vient tout bouleverser. Le r cit est bien men et l humour du h ros rend la lecture tr s agr able. On se prend vite de sympathie pour Pryx et l on passe un agr able moment en sa compagnie, m me si l intrigue n est pas des plus complexes. Assassinat Halruaa, de Richard S. Meyers, La Trilogie des Myst res T.3, Collection Les Royaumes Oubli s n 54, ditions Fleuve Noir, 252 pages, traduit de l am ricain par Isabelle Troin C. Del Rosario Au champ du d shonneur +++ Honor Harrington a d j eu fort faire dans sa br ve carri re militaire, lors des batailles de Basilic ou de Hancock. Mais elle luttait alors contre la R publique de Havre. Aujourd hui, elle doit se battre, l int rieur m me de son pays, contre une machination mont e par la famille de Pavel Young, son ennemi mortel depuis l cole Militaire, qui veut emp cher son proc s pour trahison et d sertion. Dans cette dimension politicienne, o tous les coups sont permis, surtout les plus bas, Honor regrettera de ne pas tre face la Flotte de Havre. C tait plus facile de vaincre, m me un contre dix. Ce quatri me tome des aventures d Honor Harrigton apporte une nouvelle vision de cette h ro ne attachante. Elle est anoblie, riche et amoureuse, mais continue de servir sa Reine avec la m me fougue. Weber, lui, ma trise de mieux en mieux son univers et le d veloppe avec une grande rigueur. Il se livre des analyses politiques des plus labor es et il est amusant de rechercher, dans la classe dirigeante am ricaine de la derni re d cennie, les mod les de ses personnages. Au champ du d shonneur ne d cevra pas les nostalgiques des grandes aventures maritimes avec ce qu elles comportaient de c r monials, de rigueur, d honneur et d tiquette. Cela dit, ce roman passionnera galement tous les tenants de jeux politiques serr s o les plus immondes s imposent. Au-dessus de la m l e, royale, plane une Honor qui emporte les suffrages de tous ceux qui mettent le nez dans ses aventures. Attention, vous allez tre pi g ! Au champ du d shonneur, David Weber, L Atalante : coll. La Dentelle du Cygne, Traduction Fran oise Bury. 442 p. Serge Perraud Ekaterin ++++ Civil Campaign, traduit sous le titre Ekaterin, semble amorcer un virage dans la saga Vorkosigan. Le roman, enti rement centr autour des doutes et des d sirs d Ekaterin Vorsoisson comme de Miles, transform en doux s ducteur, fait suite Komarr. On se souvient que Tienne, l poux d Ekaterin, avait t assassin sur la plan te Komarr. Sa veuve vient vivre une p riode de deuil Barrayar chez son oncle et sa tante, les Vorthys. lue du c ur de Miles, le jeune lord n a rien trouv de mieux que de lui offrir un poste de jardinier-paysagiste la R sidence Vorkosigan pour la s duire. Cette idylle, qui aurait pu se d velopper tranquillement, tourne au fiasco lors d un d ner qui n a rien envier Festen. C est que la belle suscite int r t et convoitise de la part de certains Vor tel Alexi Vormoncrief. Des rumeurs, habilement propag es au sein de la haute soci t , nuisent Miles, quelques jours du mariage du couple imp rial. Car la mort de Tienne ne serait pas un accident, comme le pr tend la version officielle, mais un meurtre orchestr par le jeune auditeur imp rial et couvert par la SecImp. Mais notre nabot mutant a plus d un tour dans son sac et saura solutionner l affaire selon l tiquette barrayanne. McMaster Bujold a su faire voluer l histoire du clan Vorkosigan, m rir les personnages et les situations. La place et le r le des femmes sont bien plus pr sents que dans les autres ouvrages. L introduction des s urs Koudelka, la venue de Mark et de sa Majest des mouches beurre en la personne de Enrique Bosco, donnent au r cit une dynamique nouvelle. Les plus impatients d entre nous, qui lisent l anglais, pourront se jeter sur Diplomatic Immunity d s le printemps 2002 afin de suivre les aventures de Miles. Les autres attendront la traduction fran aise. Ekaterin, Lois McMaster Bujold, J ai Lu SF, n 5927. Traduction de J.-P. Roblain. 608 p. A. Marcinkowski CODA + Jadis, l Unit a clat en une multitude de fragments psychiques. Depuis, nostalgique de son identit perdue, elle cherche recouvrer son int grit . Pour cela elle compte sur les auras, consciences minimales qui assimilent au cours de leur existence un certain nombre de donn es. Une fois ce chiffre atteint, sous la surveillance de l Eon qui assure la s curit de l ensemble en d truisant toute d viation psychique, chaque aura droit se coupler un partenaire impos de sa g n ration, pour former un Absolu. Les Absolus devant leur tour se fondre dans l Unit . Coda est l une de ces travailleuses mentales, toujours pr te assimiler davantage de codes. Bient t d sign e comme l lue par K phal, la t te des Subversifs qui tentent de s opposer la dictature psychique, elle devra accepter son pass et lutter pour faire valoir l Union, contre la volont totalisante de l Unit . G.P. Gweltaz n a pas crit un roman nul. L auteur transcende le concept de nullit , l l ve jusqu des sommets rarement gal s, s approprie int gralement la notion de daube. Le livre, appelons-le ainsi car il en a la forme, s tire en une criture boursoufl e et sentencieuse. Qu on en juge : Ses impressions ne transpiraient pas des repr sentations elles-m mes mais s vaporaient de l trange sensation que produisaient leurs apparitions . Que celui qui a compris t l phone la r daction, pas pour en parler vu qu ici tout le monde s en tamponne, mais parce que a fait toujours plaisir de causer avec un lecteur de SF Mag. Avec une certaine lucidit , G p reconna t tout de m me la ligne suivante qu il y a une sorte de flottement . La philo Mimile continue plus loin avec : Un premier contact est souvent d cisif pour servir de base la construction d une relation. C est a Simone, l eau mouille et le ciel est bleu, mieux que la Ph nom nologie de l Esprit, ma parole ! Pas b gueule, G p nous confie en quatri me de couverture qu il a d velopp son style d criture pendant plus de dix ans (tu m en remets dix avant qu on en reparle) et que le lecteur est invit d couvrir au c ur du r cit bien plus qu une simple histoire . Qu est-ce qu il y a au c ur du r cit, une cuisine quip e ? Bien s r, on pourra me dire que descendre un livre autofinanc revient tirer sur une ambulance. Eh bien, non. Le travail du critique consiste aussi viter les cueils au lecteur qui, rappelons-le, autofinance ses achats. Je ne souhaite bien s r aucun mal G.P. Gweltaz, sinon peut- tre de se casser un pied en faisant du ski. Ce qui l emp chera un temps d crire. CODA, G.P. Gweltaz, Auto- dition. 200 p. Xavier Maum jean Charmed : Menaces de mort +++ La vie de Phoebe Haliwell prend un nouveau tournant ; elle a d cid de s inscrire la fac. peine le semestre commenc , elle se voit confier un devoir d importance. En effet, l aide d un camarade de classe, Phoebe est charg e d enqu ter sur un terrible drame survenu en 1958. Cette ann e-l , lors de la soir e d Halloween, Betty et sa meilleure amie Charlotte sont assassin es froidement dans les locaux de l Universit . Ronald, le fianc de Betty, ha de tous est imm diatement soup onn du crime et abattu par la police locale. En appelant les esprits de ces jeunes gens, Phoebe esp re lucider ce drame et ses rumeurs, et ainsi obtenir une bonne note son devoir. Mais la mission qui paraissait simple va tr s vite se transformer en un cauchemar dont seul le Pouvoir des Trois pourra la d livrer. Malheureusement, ses deux s urs Prue et Piper, tomb es sous le charme d un sorcier assoiff de pouvoir, se d clarent la guerre, croyant avoir trouv l homme id al. Toutes trois en danger, et leurs dons menac s, il para tra difficile aux Haliwell de r soudre ce myst re. Tir de cette s rie t l vis e passionnante, ce livre nous replonge dans un univers familier. Les personnages parviennent garder les traits de caract re auxquels nous sommes attach s, et le fantastique qui nous fait tous r ver. Mais malgr une bonne construction du suspense tout au long du livre, et un apog e satisfaisant, le style et le langage du r cit ne contenteront pas tout fait le lecteur adulte et coutumier de la S.F. Bon, mais plut t conseill aux jeunes et adolescents en soif de lecture. Charmed, traduit de l am ricain par Sophie Dalle, ditions Fleuve noir, 188 pages. Cathy Brucker tude sur Stephen King, Shining ++++ Il est arriv tout amateur de litt ratures de l imaginaire de s interroger, ne serait-ce que fugitivement, sur les crit res consciemment ou intuitivement utilis s par les critiques pour d gager les conclusions de leurs lectures. Aux lecteurs curieux de poss der les cl s qui ouvrent les portes d une uvre, je ne peux que conseiller la lecture attentive de cette tude consacr e Shining, de Stephen King. Qu ils ne se laissent pas surtout rebuter par le terme tude : ce travail n est pas destin des universitaires. Il est destin tous, puisque le projet de cette collection est de donner au plus grand nombre le moyen d aborder une uvre litt raire de fa on autre que ludique. Il va de soi que celui qui souhaiterait enrichir sa connaissance de Shining trouvera ici son bonheur. Le roman, qui fonctionne sur divers niveaux, litt ral, symbolique et m taphorique, est l un de ceux qui se pr te le mieux une exploitation scolaire, avec le roman-feuilleton La Ligne verte et certaines nouvelles. Avec Shining, l enfant-lumi re, King a atteint la pl nitude de ses moyens. partir de sa culture litt raire et des innombrables r f rences assimil es qui en font la richesse, il a cr la forme personnelle dans laquelle il coulera bon nombre de ses livres fantastiques. Avec son troisi me roman publi dans le registre du surnaturel, il a atteint sa maturit d auteur et ma trise son habilet de raconteur d histoires apr s avoir longuement fait ses gammes sur les nouvelles crites et publi es depuis sa premi re ann e d universit . L tude de Labb /Millet pr sente plusieurs parties, dont deux se d tachent par leur nouveaut et leur pertinence : l uvre en examen et ses aspects fantastiques. Le corps du roman, minutieusement diss qu , est pr sent sous la forme d un long tableau, chapitre par chapitre, indiquant les l ments qui se rapportent au pr sent, au pass et l avenir. Le m me traitement circonstanci s applique aux proc d s de mise en sc ne, l utilisation du suspense, les leitmotive, le d cor, les personnages, la focalisation et le style. L tude fait preuve de la m me efficacit dans l analyse des l ments fantastiques, le glissement du r el vers l irr el, les transgressions, la mont e de l angoisse et les th mes. Des annexes, Shining au cin ma, la t l vision, des propositions de travaux scolaires, un glossaire, compl tent l ouvrage, qui contient le maximum d information dans l espace imparti. Le roman avait t situ dans son contexte biographique et dans l uvre dans un chapitre d introduction. En possession de cette grille de lecture bien structur e, les lyc ens ou les tudiants disposeront non seulement d un remarquable moyen d exploration de Shining, mais pourront sans peine transposer la m thode d analyse propos e d autres uvres. Ce livre utile t moigne aussi de la richesse d un genre que les enseignants commencent seulement explorer, continuant imposer trop souvent l tude d uvres qui paraissent compass es aux yeux des l ves. Avec le pr c dent travail de Josiane Grinfas consacr La Cadillac de Dolan paru l an dernier (Magnard, coll. Classiques contemporains), voil King qui renforce sa position scolaire, ce dont tous les amateurs d imaginaire se r jouiront puisque ces ouvrages t moignent d une reconnaissance du genre par les diteurs, promesse de lecteurs dans l avenir. Reste tendre le domaine la science-fiction, ce quoi s emploient nos deux auteurs qui vont sortir prochainement chez Belin un livre sur le genre. crivains eux-m mes, directeur et membre du comit de r daction de la revue Hauteurs, qui a publi r cemment des num ros consacr s Claude Seignolle, au fantastique et la science-fiction italienne, - ils ne l ont pas indiqu par modestie sur la quatri me de couverture ! - professeurs de lyc e, les auteurs connaissent bien leur public, pour lequel ils avaient publi l an dernier Le fantastique, (Ellipses, coll. R seaux) 1. Ils donnent aujourd hui aux adolescents un outil de travail remarquable qui met leur port e des bases solides pour comprendre leurs lectures favorites. Ce qui ne g te rien, ce livre est clair, crit avec simplicit et un vident souci didactique. tude sur Stephen King, Shining,
Denis Labb , Gilbert Millet, Ellipses R sonances. 128 p. Roland Ernould L amour au temps des dinosaures ++++ Apr s Bonnes nouvelles de l espace, livre en demi-teinte sorti chez J ai lu en 1994, John Kessel nous revient avec un roman plus son avantage. Le choix du titre fran ais ne refl te pas vraiment le contenu du livre. Il y est bien question d amour, de dinosaure, mais pas dans le Cr tac . Par contre, le temps est bien pr sent et dans tous ses tats. Owen Vannice, fils de parents richissimes revient du Cr tac avec une jeune dinosaure, Wilma. Un ennui technique l arr te avant de rejoindre son poque et le bloque dans la J rusalem de l an 40. Deux arnaqueurs, Genevi ve et son p re y voient l une bonne opportunit : faire main basse sur Wilma. Dans un premier temps, Gene fait tout pour s duire Owen afin de s en rapprocher, mais touch e par sa na vet et sa maladresse, elle en tombe amoureuse. Lui bien s r, est depuis longtemps tomb dans ses filets. La J rusalem de cette poque n est toutefois pas celle que nous connaissons. Tout y a t boulevers par le tourisme temporel qui a d barqu dans la vie des indig nes. La faction des Z lotes refuse cette situation et d cide de prendre la plate-forme de transfert. Alors que Gene emp che son p re de voler Wilma, les Z lotes attaquent l h tel et les prennent, avec Owen en otages Que peuvent toutefois faire une poign e d hommes contre la toute-puissante soci t future ? Owen, peut-il vraiment se marier avec une jeune femme qui lui a, jusqu pr sent, cach son pass ? vous de le d couvrir Ici, on est bien loin des poncifs du genre. des lieues de La Patrouille du temps de Poul Anderson. Le temps y a une multitude de trames et l on ne se prive pas d en coloniser certaines des fins touristiques, surtout commerciales et d appara tre visage d couvert devant les autochtones. Comme cela ne modifie pas notre pr sent, pourquoi s en priver ? On ram ne m me du pass certaines de ses c l brit s. Lors du proc s de Simon, un des douze ap tres, Abraham Lincoln et J sus y feront les plaidoiries ! La soci t future ne se refuse rien tant que c est rentable et bon pour l audimat ! Cette vision du temps (inspir e de Mozart en verres miroirs de Bruce Sterling et Lewis Shiner) donne un coup de fouet ce compagnon de tous les jours. De plus, nombre de situations sont assez cocasses (notamment la fin) et ce chass -crois amoureux entre Owen et Gene avec Wilma en arri re plan, fera sourire. Elle peut en agacer certains, mais un livre qui n veille aucune motion est bien fade. Si vous aimez lire de la SF pas toujours s rieuse, L amour au temps des dinosaures est l pour vous satisfaire. L Amour au temps des dinosaures, John Kessel, Deno l Lunes d encre. Traduction : Patrick Marcel. 346 p. Fran ois Schnebelen Le Parchemin Du Fourreau + Suite et fin du cycle entam avec Le Pacte de la Forge, ce nouvel opus estampill LanceDragon plonge dans le pass du peuple Nain, revisitant des hauts-faits et des lieux devenus mythiques l poque des h ros de la Guerre de la Lance. L -bas, Thorbardin, on ne se souvient plus des anciens serments, l Histoire s est dilu e dans la l gende. Cette forteresse ( l chelle d un royaume), renferm e sur elle-m me, indiff rente aux affaires du monde, voit son clat p lir devant l ombre des empires humains qui s avancent, inexorablement. Ses clans sont divis s, dissipent leurs nergies en luttes intestines. Mais quelques visionnaires n ont pas abandonn tout espoir et, avec la complicit d alli s pour le moins inattendus, pr parent en secret l av nement (ou le retour) d un individu capable de rendre au peuple son unit , son lustre et sa puissance d antan. Voil , c est tout et c est trop peu. Esquisse d intrigue, esquisse de personnages, esquisse de roman en somme, le parchemin du fourreau n est qu un croquis de plus mettre l actif d une esquisse d diteur, j ai nomm TSR. Dan Parkinson, le parchemin du fourreau, ditions Fleuve Noir. Traduction : Anne-Virginie Tarall, 253 p. Rams s R ves D absinthe Anthologie de Litt rature D cadente + ++++ Les ditions de l il du Sphinx ont r alis , avec Philippe Marlin la barre, l ambitieux projet de pr senter une anthologie de nouvelles de litt rature d cadente. Avec un pareil sous-titre, on est en droit de s attendre au pire. En fait, les textes propos s dans R ves d Absinthe sont tous exquis ment crits, bien qu ayant pour certains souffert d une relecture un peu vite exp di e (de fr quentes fautes de frappe en sont le d faut principal) mais la plong e dans ce livre peut mener en Enfer. Cela commence tout doucement. Dans L Absente, Emmanuel Thibault nous entra ne dans un delirium tremens issu de la F e Verte, l absinthe, que l illustration de couverture, sign e Romuald Reutimann, repr sente merveille. Avec le portugais E a de Queir s, dans M moires d une potence, et avec Songe d Isis, de Dean Venetza, se profile le Fantastique. Mais c est dans le tr s court et tr s beau texte de Julie Proust Tanguy, L me en peine, que l motion est son comble : une jeune femme morte par noyade assiste son enterrement, d peint la torture des vers et le cimeti re si d peupl . La Conception, de Henrik Johnsson, emm ne le lecteur un peu plus loin, un peu plus profond ment, la rencontre des non-morts, de leurs d sirs Apr s le Fantastique, le Parcours. Philippe Gras, avec Le Jeu du Destin, tire les tarots d un grand-oncle myst rieux auquel le narrateur est li par le contact avec les pr cieuses cartes. L preuve d Ida Pendragon, d Aleister Crowley, se veut une parabole sur la Vie et la Mort, sur l Initiation. Ce texte et Pr tresse de Babalon, de Diana Orlow alias Lilith Von Sirius, seront trop obscurs pour la plupart des lecteurs, mais les amateurs d sot risme y retrouveront avec motion des auteurs mythiques. Sur un tout autre registre jouent Xavier Dollo, avec La voix de Monsieur Ambrose, et L a Silhol, avec Lucifer opiomane. Ces deux nouvelles d crivent la d cadence travers le sexe et les pactes dangereux ou bien la drogue. Le dessin en page 3 de Willy Favre illustre merveille certaine sc ne du texte de X. Dollo, dont les orgies laissent entrevoir la d cadence sexuelle qui cl turera le livre. Mais c est surtout l histoire que l on retiendra, cet acteur pr t tout pour que sa voix soit la mesure de son talent, et l univers parall le, un XIXe si cle o Baudelaire aurait crit Les fleurs v n neuses et o le mausol e du grand roi Louis XIX tr nerait c t de Notre-Dame. Le Lucifer opiomane de L a Silhol se passe aussi dans un XIXe si cle, qu importe lequel, dont le dandy supr me, Lucifer, ne serait point le diable que l on s imagine. Viennent ensuite trois nouvelles qui m lent l humour la terreur. Le fr re de G latine, de Jean-Claude Boudreault et Bernard Majour nous racontent les al as de celui qui a pour charge de ressusciter les assassin s, B r zina, de Jacky Ferjault, d crit la longue d cadence d une femme autrefois noble et riche et qui, devenue dame-pipi, se vengera d on ne sait qui Quant Ma p tite grosse, de Jess Kaan, ce n est pas l histoire, classique deux amoureux rencontrent l horreur dans un lieu de sinistre r putation qui est particuli rement remarquable, mais le rendu de l ambiance. On appr ciera surtout les pens es des deux protagonistes, enlac es dans les dialogues Et aussi la mont e vers on ne sait quoi Avec Pour quelques larmes de Mezcal, diptyque de S r na Gentilhomme et Claude Bolduc, commence ce que j appellerais la partie d cadence sexuelle de R ves d Absinthe. Mezcal et Bout du rouleau allient le Fantastique la Pornographie, un soup on de dr lerie, une touche d c urement ; une histoire machiav lique de vengeance et de voyeurisme. Ton jus savoureux, de Claude Bolduc, d peint le manque d imagination et de d sir qui s installe dans un couple de pervers au moment o B b arrive, dans le salon rempli d immondices . Ces nouvelles sont r server un public averti, soyons clairs. Mais elles n atteignent pas, et c est heureux, l atrocit de In cauda venenum, de Philippe Pissier. Un texte empli de cruaut , o le sadisme ne s accompagne d aucun d sir masochiste, o aucune fellation ne peut avoir lieu sans instrument de chirurgie, o la torture est le quotidien sans que jamais aucun jugement ne soit port sur cet tat de fait, ce qui a pour effet de rendre le lecteur complice de ce smuff-movie. Certes, la d cadence de notre soci t y est parfaitement d crite ! Mais est-ce une raison pour publier ce texte qui semble faire l apologie des horreurs qu il d crit ? cause de ce texte, tr s bien crit au demeurant, R ves d Absinthe ne peut tre offert n importe quel lecteur, m me averti : ce n est pas une question d ge, mais de respect de la personne humaine. Et c est fort dommage car ce livre est un bel ouvrage o l originalit le dispute au talent. On trouvera ce livre dans toute bonne librairie, mais on peut aussi le commander sur le site des ditions de l il du Sphinx : http://www. oeildusphinx. com/accueil. htm R ves d Absinthe, Philippe Marlin, ditions de l il du Sphinx, Les Manuscrits d Edward Derby vol 3, 278 p. Lucie Chenu Le Voleur De R ves +++ Depuis Pedro Calderon de la Barca et La Vie est un Songe, le th me du sommeil et des r ves a t abondamment exploit en litt rature. Qu on se souvienne en particulier de certaines nouvelles sign es Lovecraft ( A la recherche de Kadath ou Dans l Ab me du temps par exemple), ou de romans sign s L. Ron Hubbard (oui, vous avez bien lu : le papa de la scientologie) ou Catherine L. Moore (Slaves of Sleep pour le premier, La Nuit du Jugement pour la seconde). Sur le m me th me, Stephen Pendragon Lawhead, auteur de fantasy historique , a d laiss les grandes chevauch es et les francs coups d p es pour nous concocter ce thriller/SF m taphysique . Peut- tre un rien trop m taphysique d ailleurs, car certains passages risquent de plonger le lecteur us par une journ e de travail dans un tat voisin du sommeil profond. Pour le reste, l intrigue est compliqu e souhait et m nage d agr ables surprises. De bonnes raisons donc de d couvrir ce Lawhead inhabituel ( noter que la version originale de ce roman a t publi en 1983 et pr c de les cycles de fantasy qui ont fait la c l brit de l auteur). Le Voleur de R ves, Stephen Lawhead, ditions Buchet-Chastel. Traduction : Anne Howe. 542 pages. Alain Paris Mr. X ++++ Depuis la publication de Koko en 1988, Straub a d laiss le genre fantastique pour se sp cialiser dans les myst res macabres. Dans des petites villes, sur lesquelles, la mani re de King, il fournit de nombreux d tails, Straub a mis en sc ne des crimes extraordinaires auxquels taient m l s des gens ordinaires qui se posaient des questions sur leur absence ou non de participation ou de responsabilit morale. Avec Mr. X, son quatorzi me roman, Straub retrouve partiellement le fantastique. Sur un surnaturel autre que celui de Julia ou de Ghost Story, il greffe habilement l enqu te polici re laquelle il nous avait depuis habitu s. Ned, trente-cinq ans, travaille dans une soci t de logiciels et retourne dans sa ville natale (Edgerton, en Illinois) o sa m re, qui se meurt, lui r v le le nom de son p re qu il n a jamais connu, et le pr vient qu il court un grave danger. Dans cette petite ville qui rappelle la Derry de a, avec ses gouts et son monstre, Ned c toie aussi bien la bourgeoisie que les bas-fonds. Objet de manipulations vari es, au travers desquelles il doit retrouver sa v rit , il peine la d couvrir, chacun lui fournissant des l ments biais s. La qu te incessante de Ned le conduit dans un encha nement de de tra trises et de meurtres. Ned est diff rent des autres. Pas seulement par le fait qu il cherche avec obstination son p re : le titre du roman vient en partie de la poursuite de son ascendance. Mais aussi, deuxi me anomalie, parce que depuis qu il est tout petit, il scrute la chose absente , son double, qu il ne peut pas encore nommer. Puis il le rencontre, fr re de sang, n de la m me m re lors du m me accouchement, n ayant pas de reflet, capable de passer les portes sans les ouvrir et de lancer d autres d fis aux lois de la nature. Ce fr re finit par se faire conna tre, s associe ses projets, tout en poursuivant ses desseins particuliers. Cette histoire sur le motif du double, de sa d couverte son acceptation, la difficile coexistence, est une des plus riches et originales que j ai lues sur ce th me. Enfin Ned consolide peu peu un myst rieux pouvoir, celui de passer dans un autre temps, et de faire des voyages ailleurs , y compris avec un passager comme dans Le Talisman On rencontre aussi dans le roman l esprit perverti de Mr. X., un illumin qui croit que les histoires racont es par Lovecraft sont v ridiques. Dans sa folie, il s imagine investi d une mission sacr e par les Grands Anciens, confi e par le ma tre de Providence. Il a d ailleurs commis un livre de nouvelles lovecraftiennes, De l au-del , qui va jouer son r le dans le r cit. Dou lui aussi de pouvoirs particuliers, capable de dispara tre notamment d un endroit pour r appara tre un autre, il sait qu un ennemi le menace, un fils ; qu il poss de une ombre ou un double cach ; que ses talents grandiront avec l ge et qu il doit tre limin pour ne pas emp cher la venue des temps nouveaux. Dans sa qu te d identit , Ned va d couvrir les personnalit s singuli res, extravagantes, un peu inqui tantes, des membres de sa famille, concentr de passions et de haines ancestrales. Tribu bizarre, la fois soud e et querelleuse, dou e de pouvoirs paranormaux vari s, qui rappelle le roman de Clive Barker, Galil e. Cette variation moderne sur L abomination de Dunwich de Lovecraft, est remarquablement construite, pleine de recoupements, de sc nes reprises avec un sens nouveau, de divers clairages sur la m me situation. Elle joue de l espace et du temps avec habilet , surprenant sans cesse aussi bien le h ros que le lecteur. Le texte vocateur, m lange de terreur pure et de badinerie bouffonne, de peur, de gore et d humour noir, marque le retour triomphal du paranormal et du surnaturel dans les romans de Straub. Ce roman brillant ne cesse de d router son lecteur jusqu la derni re phrase, ultime pirouette, qui jette un doute sur l identit du narrateur et oblige le lecteur, d pit , reconsid rer le r cit Mr. X, Peter Straub, Pocket Terreur. Traduction : Michel Pagel, 704 p. Roland Ernould Crime A Tarsis ++ Tarsis Anciens joyaux de Krynn, Tarsis n est plus que l ombre d elle-m me, depuis le Cataclysme et le recul des eaux. Mais la cit d cr pite n a gu re le temps de r vasser sa gloire pass e. L heure est plut t grave : dehors, au-del des remparts, campe la horde du terrible Kyaga, venue des steppes afin d teindre les derniers feux de ce bastion de la civilisation. Parce que la civilisation n est pas tendre avec les po tes affam s, Nistur est devenu tueur gages. Mais un reste d empathie et un peu de magie le dissuadent de mener terme son dernier contrat. Mal lui en prend : de fait, cette coupable faiblesse l a attach au service de sa cible, un mercenaire sur qui p se quelque trange mal diction Papillonnant d ennuis en ennuis, les deux larrons (auxquels viendra bient t s ajouter une larronne) se retrouvent finalement dans l obligation de mener une d licate enqu te pour le compte du seigneur de Tarsis, sous peine de go ter aux joies de l chafaud ou de mourir cras s par la fureur barbaresque. Car oyez ! oyez ! c est l ambassadeur aux yeux brid s qu on assassine entre les murs de Tarsis ! Qui a fait le coup ? Un noble de la ville ? Un petit chef barbare jaloux ? N importe. Il faut un coupable Heureuse initiative que la publication de ce roman, qui rompt avec la tradition des sagas rallonge et l eau plate dont TSR s est fait une sp cialit . Une histoire compl te, un seul roman. C est le temps qu il faut pour trouver le coupable, comme le souligne tr s justement Jacques Goimard en introduction. M me si l action prend le pas sur l intrigue, m me si la conclusion semble quelque peu tir e par les cheveux, cet hybride de polar et de fantasy offre n anmoins une bonne alternative tous les lecteurs que le sch me classique portes-monstres-tr sors a blas . John Maddox Roberts, Crime Tarsis, ditions Fleuve Noir. Traduction : Isabelle Troin. 250 p. Rams s. G ronima Hopkins attend le P re No l ++++ Gudule/Anne Dugu l aime explorer les tr fonds de notre subconscient. Dans ce nouveau roman, elle ne s en prive videmment pas. G ronima Hopkins est une dame d un certain ge, crivain succ s de son tat, et seule, absolument seule dans la vie. Pas de parents, pas de mari, pas d amis. Elle se compla t dans cette vie tranquille dans laquelle elle crit ses romans l eau de rose. Jusqu au jour o elle va croiser Baby Golgotha, une de ses fans, et Nono, son mari. Elle rencontre Baby Golgotha dans un caf . Baby est tout l oppos e de G ronima. Autant G ronima est belle et poss de une prestance extraordinaire, est riche et a de l assurance, autant Baby est laide, pauvre et effac e. Et pourtant, la rencontre de ses oppos s va provoquer un s isme dans leur vie. G ronima Hopkins attend, depuis cinquante ans, la venue du P re No l, depuis ce jour o elle l avait attendu devant la chemin e, o elle n tait qu une petite fille qui s appelait alors Henriette Lemartyr et o le P re No l lui avait donn ses premiers mois sexuels. Elle n oubliera jamais ses baisers, ses mains et sa longue barbe blanche. Elle en tait tomb e amoureuse et n attendait qu une seule chose, qu il revienne pour terminer le travail qu il avait commenc . Malheureusement, il n est jamais revenu et G ronima en a t tr s affect e, au point d avoir compl tement n glig sa vie sentimentale et sexuelle. Elle commence la r daction d un nouveau livre, compl tement l encontre de ce qu elle crit d habitude, avec ses nouveaux amis pour personnages principaux. La r alit va bient t rejoindre la fiction et m me la d passer. G ronima finira-t-elle par assouvir son fantasme : faire l amour avec le P re No l ? Livre parfois dr le, toujours cynique ; parfois s v re, toujours noir, il d montre parfaitement que l enfance peut torturer l me humaine durant des ann es. ne pas mettre entre toutes les mains. Gudule est en pleine possession de ses moyens et nous le prouve une fois encore. Gudule, G ronima Hopkins attend le P re No l, Albin Michel, 198 p. Marc Bailly La For t des Mythagos ++++ Par leur th me, leur traitement original et les qualit s d criture de leur auteur, certains livres s imposent d s la premi re publication comme des classiques en devenir. Ce fut le cas pour La For t des Mythagos, de l anglais Robert Holdstock. Comme souvent, au d part, il y eut un texte plus court. Mythago Wood fut publi aux USA en 1982 dans la revue F & SF , et remporta le prix de la meilleure nouvelle au British SF Association Award ( noter que les lecteurs fran ais purent lire sa traduction dans la revue Fiction n 340/mai 1983). Robert Holdstock r alisa que son sujet m ritait un cadre plus ample, et il d veloppa sa nouvelle en un roman. La r action des lecteurs fut imm diate : ils tenaient un chef-d uvre et effectivement, La For t des Mythagos fut couronn par le World Fantasy Award 1985. Alors Holdstock d cida d exploiter plus profond ment encore son sujet, et ainsi naquit le cycle de fantasy que les ditions Deno l proposent pour la premi re fois dans son int gralit aux lecteurs fran ais. Voici donc deux gros volumes qui contiennent les cinq romans du cycle de La For t des Mythagos, ranger parmi les cr ations majeures du genre fantastique. Quelque part dans la campagne anglaise, une for t qui n appara t sur aucune carte se nourrit des r ves humains. Les mythes les plus anciens s y perp tuent si cle apr s si cle, depuis l aube des temps. Des hommes et des femmes s interrogent sur les secrets de cette for t. Ils l tudient, ils l explorent, et dans leur qu te insens e, ils laissent leur sant mentale et parfois leur vie Difficile de donner id e d une uvre aussi foisonnante qu il suffise de dire qu apr s avoir lu ce cycle, on ne regarde jamais plus la for t de la m me fa on ! Holdstock est un magicien, et il nous entra ne bien au-del de l imagination. La For t des Mythagos (l Int grale), Robert Holdstock. ditions Deno l, Collection Lunes d Encre . Traduction : William Desmond et Patrick Marcel. Tome 1 : 830 pages. Tome 2 : 666 pages. Alain Paris Gotham ++++ Xavier Maum jan, apr s avoir obtenu le Prix G rardmer 2000 pour son excellent pr c dent roman Les M moires de l Homme-El phant, s attaque ici un tout autre sujet, la d sagr gation mentale. Hommage peine d guis au grand James G. Ballard, Gotham nous raconte la lente mais irr versible d sagr gation mentale de Jonathan Pyke. Jonathan est LE publicitaire en vogue de la c te Est des tats-Unis. Associ principal de la prestigieuse agence Mac Manus, Jonathan s occupe, entre autres, de la r lection du gouverneur Filmore et de la campagne du nouveau parfum Samarkand. Qu est-ce qui lie ces deux contrats me direz-vous ? Mais simplement, la corruption et la mort. Pour plaire sa femme, Jonathan d cide de changer le carrelage de sa salle de bains, s ensuit une lutte contre la fragilit de l image que l on veut donner de soi et la dure r alit de la vie quotidienne. Jonathan finira par carreler la salle de bains de main de ma tre, mais une fissure dans la baignoire va le pr cipiter au fond d une folie bestiale dont il ne sortira plus. Il se transforme sous nos yeux en un animal sauvage que l auteur nous d crit comme tant proche d un tigre. Avec brio, Xavier Maum jan nous montre la psychologie nouvelle que peut s cr ter notre soci t technologique. Jonathan Pyke est l arch type de l tre humain au sommet de son art et de sa c l brit , mais toujours la ris e de son p re encore plus c l bre et de sa femme qui le m prise. Il faudra Jonathan une petite fissure dans son quotidien pour le plonger au fond d un gouffre de meurtres, de tensions, de lutte pour la survie et de manipulations politiques et commerciales qui font malheureusement partie de notre monde. Force est de constater que Xavier Maum jan signe ici un thriller du quotidien qui donne des frissons et nous d montre bien que l argent, la corruption et la folie font partie de notre monde et s insinue jusqu au plus profond de nos cellules. Un grand merci l auteur pour nous ouvrir les yeux sur nous-m mes. Xavier Maum jan, Gotham, ditions du Masque, 288 p. Marc Bailly La Tour des R ves ++++ Jamil Nasir nous entra ne dans un univers o r alit et virtualit se m lent et s emm lent en d inextricables n uds. L ambiance du roman n est pas sans rappeler les atmosph res cr es par Philip K. Dick, mais une diff rence majeure vient compenser la ressemblance : le virtuel de Jamil Nasir existe, il est l , il nous a rattrap s. C est le Net. Blaine Ramsey est prospecteur d Image, entendons par l que son m tier consiste r ver des Images de l Inconscient Collectif qui sont enregistr es pour tre utilis dans la publicit . Pour cela, lui et d autres parcourent le monde, se rendant l o l Imagerie populaire est la plus forte, la plus color e. Mais un jour la machine se grippe. Un r ve d Image revient sans arr t, angoissant, dans lequel une tr s belle jeune femme, Butha na, implore son aide. Blaine d couvre que cette femme est en fait une c l bre actrice gyptienne, A da, et se rend au Caire pour mener son enqu te, ou sa qu te Si r ve, r el et virtuel se m lent dans La Tour des R ves, mais aussi les civilisations orientale et occidentale. Et c est ce qui fait le charme tout particulier de ce livre. Jamil Nasir, am ricain d origine arabe, comme son h ros, imagine et d crit un futur proche fait de pollution, de pression d mographique et de s ismes mais aussi d Islam et d antiques d esses au bord du Nil, sous le vent du d sert. La Tour des R ves, par Jamil Nasir, ditions Pocket, collection Science-Fiction, traduction : Dominique Haas.320 pages, Lucie Chenu Les D rivants +++ Dans ce dernier tome de la Trilogie Atlante, Corinne Guitteaud nous entra ne avec le vaisseau monde Taunis vers la Grande Barri re, but du voyage entrepris six si cles plus t t. La situation politique a t boulevers e, car les Hels (les C lestes) ont pris le pouvoir, maintenant les autres races dans l ignorance de leur pass . L Illustre Perfection, machine censure et r pression des Hels, est la poursuite du mythique khilsati, afin d affermir sa position. En envoyant un espion humain dans la Communaut 23, si ge d un culte que vouent les autres clans la Dame, ils vont malgr eux, redistribuer les cartes. Elijah, un syrgath la solde des C lestes, sauve une petite fille qui redonnera l espoir tout un peuple M me si certaines influences sont manifestes (je pense bien s r David Brin), l auteur n a pas sombr dans la facilit et a su voir grand en tant ambitieuse. Les D rivants, m me s il est parfois confus, cl t admirablement le cycle et nous montre que tout n est finalement qu un ternel recommencement. Le refrain de ce livre est connu et peut lasser si on lit les tomes la suite comme je l ai fait : nous avons de nouveau deux tres qui s aiment, mais que les circonstances prennent un malin plaisir s parer. Il y aussi des passages un peu na fs auxquels on peut avoir du mal adh rer, mais l impression g n rale est bonne et la lecture ne laisse pas indiff rent. De plus, la fin offre de nouvelles perspectives une relecture du cycle. Quand je vois que Corinne Guitteaud n a que 25 ans, je me dis que l avenir nous r serve de belles surprises et qu elle sera s rement dans le peloton de t te des auteurs fran ais marquants dans les prochaines ann es. Attention tout de m me aux influences trop visibles. Corinne Guitteaud, Les D rivants (la Trilogie Atlante 3), Fleuve Noir, 448 pages. Fran ois Schnebelen La Prisonniere de Lhassa ++++ La prisonni re de Lhassa fait suite Les Pirates de Neptune et Le Messager de Callisto mais peut se lire ind pendamment. D s le d but, ce livre entra ne le lecteur dans l action. Dina, au cours d une mission, prend conscience qu on lui a fait subir un lavage de cerveau. Elle est la seule s en souvenir, pourquoi ? Elle partira la recherche de son pass et du myst re qui entoure la m moire de son p re. L histoire, facile suivre, plaira aux enfants jeunes. Les plus grands remarqueront peut- tre quelques incoh rences les h ros prennent un cheval pour ne pas tre rep r s par les m chants gr ce leur v hicule mais ils ne se m fient pas d un ventuel micro mais ne bouderont pas pour autant leur plaisir. En effet ce livre se lit avec grand plaisir tout en v hiculant des valeurs de tol rance et de libert . La prisonni re de Lhassa, Dina tome 3, par Philippe Andrieu, aux ditions Bayard Jeunesse, collection Les Mondes Imaginaires, Science-Fiction, 104 p. Lucie Chenu Le Livre des Chantelune ++++ Le Livre des Chantelune fait suite Le pouvoir du Chantelune mais il est tout fait possible de le lire sans avoir lu le premier tome. Sven Owen, qui vient juste d apprendre qu il est le l gendaire Chantelune, a t oblig de fuir travers une porte spatiale. Lui et ses amis sont projet s sur un mode hostile o , d s leur arriv e, ils doivent fuir de dangereuses cr atures. Mais cette fuite perdue se r v lera salutaire pour leur destin et leur Qu te. Sur une trame classique l auteur tisse une histoire enchanteresse de laquelle se divertiront les enfants d s dix ans. On pourra certes regretter le manich isme des personnages, soit tr s m chants, soit tr s bons l exception de quelques-uns qui ont t tromp s mais ce serait bouder notre plaisir. En fait, il est pr voir qu apr s avoir lu cette histoire les enfants voudront lire la suite, le c ur des Chantelune, dont la sortie est annonc e pour mai 2002. Le Livre des Chantelune, Le Chantelune tome 2, par Fr d ric Faragorn, aux ditions Bayard Jeunesse, collection Les Mondes Imaginaires, Fantasy, 124 p. Lucie Chenu Les Chim res de la mort +++ Apr s l' chec d'une mission commando sur la Lune avec ses Chim res de la Mort, cr atures mi-tigre, mi-gorille issues de la manipulation g n tique, Sorg Lancray retourne sur Terre pour enterrer son jeune fr re. Ce scientifique de g nie lui a l gu une chim re aux pouvoirs myst rieux, Onyx. Voulant la dresser comme les autres, Sorg va apprendre ses d pens que l'on n'obtient pas tout par la force. Bien que prenant comme base la manipulation g n tique, ce roman ne s'embarque pas dans une interrogation autour de l' thique li l'eug nisme. Il s'agit plut t d'un roman initiatique. Cette histoire tr s humaniste traite avec justesse de l'incompr hension de l'autre. Le personnage de Sorg repr sente ces personnes effray es par l' tranger, le diff rent. Ces gens qui ne peuvent s'exprimer que par la violence et la col re. Au fil des pages, Sorg va apprivoiser sa propre humanit pour la laisser enfin s'exprimer. Ne s'embarrassant pas trop de sc nes d'action, Les Chim res de la mort est plus un voyage psychologique, un livre-questionnement sur ce qui fait d'un homme un homme. Un roman envo tant quelque peu tach par une fin alambiqu e. Les Chim res de la mort, Eric Simard, ditions Mango Coll Autres Mondes, 180 pages Micha l Espinosa Le Chemin de la Nuit ++++ Je ne sais combien de nouvelles j ai pu crire. Il y en a peut- tre un millier. Ainsi d bute l introduction, crite par Silverberg lui-m me, cette superbe anthologie que publie Flammarion. Puis, un peu plus loin : Sur les milliers de mots que j ai crits au d but de ma carri re, ce sont ces nouvelles-l celles qui m ont apport une certaine satisfaction personnelle que j ai retenues pour ce premier volume de mes nouvelles au fil du Temps . L anthologie comportera quatre volumes dont les deux premiers sortent au mois de mars et en septembre. Le premier volume est intitul Le Chemin de la nuit, d apr s la nouvelle The Road to Nightfall , datant de 1954, et d crivant un New York hallucinant et mal fam , peupl de cannibales. Nouvelle forte, t moignant d embl e du talent incontournable de Silverberg, m me tr s jeune. Le second texte, Op ration M duse , de la m me ann e, fut sa premi re nouvelle publi e, mais para t moins surprenant. Au travers de ces 41 nouvelles, nous verrons ainsi osciller l int r t entre textes (d j ) remarquables et d autres plus conventionnels. Silverberg, laur at du Most Promising New Author aux Hugo de 1955, devint un auteur boulimique, crivant 17 nouvelles en un mois (!), r pondant toute commande dans une effervescence incroyable, inlassable fournisseur de copie, seul ou avec d autres tel Randall Garrett pour le tr s beau Chants de l t . Cette p riode d bullition juv nile allait de pair avec l admiration perdue de certains a n s comme Robert Sheckley dont on sent l influence dans La Colonie Silencieuse ou dans le tr s mouvant Les Collecteurs . Quoique plus jeune, et n appartenant pas vraiment L ge d Or , Silverberg crit, pas vraiment exp riment , des nouvelles bien dignes de ses a n s : Le Chancelier de Fer , Le Sixi me Palais ou En Bonne Compagnie en t moignent. Et Lever de Soleil sur Mercure , transpos d apr s une simple couverture de magazine, prouve suffisance un brio incontestable. Mais, et c est l le plus impressionnant, bon nombre de ces textes (je rappelle que ce premier volume couvre les ann es 1954-1970) laisse d j entrevoir l immense crivain qu il deviendra, et certains peuvent tre qualifi s de chefs-d uvre : ainsi le c l bre Voir l Homme Invisible de 1962, Les Colporteurs de Souffrance , Un Personnage en Qu te de Corps ou Nous savons qui nous sommes , toutes nouvelles centr es sur la solitude, l isolement et le sacrifice, th mes si humains que Silverberg d veloppera amplement dans ses uvres ult rieures. Cette chaleur, cet attachement aux valeurs humanistes temp r es d un humour souriant se retrouvera dans les charmants r cits que sont Le Circuit McAuley , L Affaire des Antiquit s , Carrefour des Mondes , L pouse 91 ou l admirable Danse au Soleil de 1968, sans oublier les fantasques Passagers de 1967. D but des ann es soixante-dix, l atmosph re s assombrit et les deux derni res nouvelles du recueil annoncent ce changement ( Martel en t te et Trip dans le R el ). S ouvre l poque des grands romans tristes que seront Les Monades Urbaines, Le Livre des Cr nes ou L Oreille Interne. La fabuleuse invention va se cibler, et devenir plus s v re. L heure s rieuse a sonn . En attendant, jouissons pleinement de ce Silverberg jeune et enthousiaste. Chaque nouvelle tant pr c d e d une passionnante introduction de l auteur, tous les amateurs de Silverberg et, plus largement, tous les amoureux de la SF classique devraient se pr cipiter sur cette parution exceptionnelle, et commander les trois volumes suivants. Le Chemin de la Nuit, Robert Silverberg, ditions Flammarion, Traduction : H l ne Collon et Jacques Chambon, 700 pages. Bruno Peeters L Aigle de Sang ++++ Ah que cela fait plaisir ! Doublement plaisir m me, de voir un auteur francophone publi par Pocket Et qui plus est un auteur de talent. On le devinait d j avec L Arpenteur de Mondes, mais Jean-Christophe Chaumette confirme avec L Aigle de Sang qu il a les qualit s et le souffle pour rivaliser avec les plus grands auteurs de chez nous et de chez nos voisins anglo-saxons. L Aigle de Sang se d roule dans un futur relativement lointain, dans une Europe battue par les neiges et les vents du nord, o le TPI est devenu une esp ce de super-police mandat e pour enqu ter sur le territoire de la " grande Europe ". Ceci pour le d cor, qui permet surtout Jean-Christophe Chaumette de ne pas s embarrasser de la lourdeur de notre quotidien pour tisser la trame d une aventure surnaturelle qui doit beaucoup Graham Masterton (pourtant, Chaumette ne le connaissait pas avant d avoir crit L Arpenteur de Mondes !!) et cette facult qu a l auteur anglais bien connu de m ler avec bonheur consid rations modernes et l gendes anciennes. Ici c est une vieille proph tie nordique tout fait authentique qui sert de support une course contre la mort et l apocalypse. Ainsi, dans leurs incarnations actuelles (enqu teurs, tueurs, ermites, universitaires, etc.), les dieux du Walhalla vont rejouer le destin de notre plan te tout en se servant de moyens r solument modernes. Au c ur de cette trame ultra-classique (le Bien contre le Mal, donc ), Chaumette parvient encore donner un clairage original certaines th ories de science-fiction (les petits gris, les Near Death Experiences) et maintenir une qualit stylistique faire p lir les plus grands. L ann e derni re, L Arpenteur de Mondes, s tait vu couronner par le Prix Masterton du meilleur roman fantastique francophone. Nous avions alors hurl que Chaumette tait un nom retenir. Nous ne nous tions pas tromp s ! L Aigle de Sang, Jean-Christophe Chaumette, Presses Pocket Terreur.512 p. Christophe Corthouts CHAUMETTE Mini interview Le Quizz des 10 mots King : un grand crivain. Pas un crivain de Fantastique, mais un grand crivain tout court. Personnellement je juge sa production h t rog ne, avec des chefs-d uvre et des choses nettement moins bonnes, ce qui est normal pour quelqu un qui a beaucoup crit, et qui n a pas eu peur d emprunter toutes sortes de voies. J ai d ailleurs conscience que certains livres de Stephen King que j aime moins sont qualifi s de g niaux par plusieurs critiques. En tout cas, je consid re que La Ligne verte est un des meilleurs romans que j ai lus. Carpenter : un bricoleur de g nie. Comme Stephen King, il n a pas h sit exp rimenter, ce que je consid re comme une grande qualit . Avec la diff rence qu un crivain peut tout ma triser de A Z, tandis qu au cin ma Avec peu de moyens, il a r ussi faire de vrais petits bijoux. Mais son uvre est tr s in gale mon avis. Ghosts of Mars m a beaucoup d u ; mais The Thing est un des sommets du cin ma fantastique. Lovecraft : un ma tre de l horreur. Il m est arriv d essayer d analyser sa fa on de faire, en me demandant comment cela pouvait fonctionner, ces d lires compl tement outranciers qui taient crits dans un style d suet. Mais a fonctionne ! Impossible de ne pas se laisser prendre ! Barker : Hellraiser ! Un film dont le seul r sum m a foutu les jetons Koontz : le roi de l ambiance oppressante Fleuve Noir : une tape indispensable. 99 % des auteurs francophones de SF, Fantasy ou Fantastique sont ou ont t publi s au Fleuve. Il y a certainement quantit de choses dire sur cet diteur, des tas des critiques formuler son encontre, mais un fait demeure : si vous tes un jeune crivain na f qui vient d achever son premier roman o il est question de plan tes lointaines, d elfes ou de vampires, qui allez-vous envoyer votre manuscrit en ayant une petite chance de le voir publier ? Harry Potter : le livre pr f r de mes deux filles (13 et 10 ans) Moi je ne l ai pas lu, donc je n ai rien en dire Mais j ai t oblig d accompagner ma prog niture voir le film ; mon fils de 6 ans a ador Brussolo : Je ne le connais pas, et je n ai quasiment rien lu de lui ; difficile donc d en parler. Julia Roberts : une actrice qui a du charme. Pour mes fantasmes personnels, je pr f re le genre bomba latina nettement mieux pourvue (Jennifer Lopez, Monica Belluci, entre autres ) Mais, bon, elle est quand m me pas mal Elle n a pas tourn que des chefs-d uvre, mais il faut bien vivre et les temps sont durs ! Je l ai trouv e excellente dans Erin Brokovitch : elle joue de mani re convaincante le r le d une femme forte poitrine, ce qui prouve qu elle est bonne actrice Le Griffon Blanc (La guerre des Mages livre deux) +++ Quoique se rattachant au cycle des H rauts de Valdemar, Le Griffon Blanc se situe mille ans avant la fondation du mythique royaume imagin par Mercedes Lackey. Les Kaled a in et leurs amis non-humains se sont r fugi s loin de leurs terres apr s la guerre sans merci qui les a oppos s au mage noir Ma ar. Skandranon le griffon a cess de se teindre les plumes en noir pour ne pas tre rep r pendant les combats ; il fait pr sent partie du Conseil de Griffon Blanc la ville nouvelle baptis e ainsi en son honneur et s ennuie r gler les affaires de la Cit . Mais, alors qu un homme cruel et malsain est expuls en ch timent de ses crimes, un navire est annonc dans le lointain. Amis ou ennemis ? L ambiance du roman rappelle par moments l atmosph re qui r gne dans les volumes de la saga de Pern, d Anne McCaffrey, avec qui Mercedes Lackey a crit plusieurs livres. Mais si Le Griffon Blanc a h rit de ce c t familial et chaleureux qui caract rise les romans d Anne McCaffrey, elle a malheureusement aussi r cup r le manich isme syst matique et partial si tu n es pas un ami du h ros, tu es un m chant alli un manque d explications sur les nombreux personnages secondaires qui donne parfois, en lisant, le sentiment de ne rien comprendre. Tout cela n emp che pas que l histoire, bien qu originale, se termine de la fa on la plus convenue qui soit et s il n y avait l affection qui lie le lecteur aux h ros, celui-ci aurait l impression de perdre son temps. Le Griffon Blanc reste donc distrayant, mais sans plus. Le Griffon Blanc (La Guerre des Mages livre deux), par Mercedes Lackey et Larry Dixon, ditions Pocket, collection Fantasy. Traduction : Anne-Virginie Tarall, 320 p. Lucie Chenu Le livre des contes perdus ++++ Tolkien n est pas simple lire. Mettre cela sur le dos de la traduction ne change rien la complexit du langage de l crivain. J ai constat que Le Seigneur des anneaux a t publi en collection pour les enfants. Je ne suis pas s r qu ils y trouveront leur compte. Enfin, il manquait cette dition des contes perdus retrouv s par la famille puisque cette dition est tablie par Christopher Tolkien et traduite par Adam Tolkien. Rassurez-vous, ce texte fran ais n est pas plus simple que celui du Seigneur des anneaux. Premi re phrase du premier conte La chaumi re du jeu perdu : Maintenant il se trouva en un temps que le voyageur venu de pays lointains, un homme d une grande curiosit , fut par le d sir de pays tranges et d us et de demeures de peuples inhabituels men par bateau tant loin l ouest que l le solitaire elle-m me. Ouf ! Tout le livre (689 pages d une petite police) est du m me style. Mais n est-ce pas justement ce style qui fait le bonheur du v ritable amateur de Tolkien en litt rature ? Ce style contribuant au d paysement, la nostalgie d une poque r volue (m me si on se demande si elle a vraiment exist ) o la Nature tait g n reuse envers ses cr atures, l Homme en particulier. Ce livre est donc une somme, incontournable pour le v ritable amateur de Tolkien. Il comporte un dictionnaire des Noms dans les contes perdus , absolument indispensable. Un livre mythique d un crivain qui l est devenu depuis longtemps. Le Livre des Contes Perdus, J.R.R Tolkien. Christian Bourgois diteur, Traduction : Adam Tolkien, 698 p. Alain Pelosato La Tueuse perdue +++ La Tueuse perdue est une s rie de courts romans pr sentant une aventure in dite de Buffy, notre Tueuse de Vampires favorite. Cette s rie crite par Christopher Golden nous pr sente un futur alternatif possible pour la s rie TV, futur parce que Buffy y a 25 ans, alternatif parce que Giles y est devenu le roi des vampires et r gne en ma tre incontest sur Sunnydale. Les choses sont en fait un peu plus complexes que cela : l me de Buffy adolescente est propuls e dans le corps de la Buffy-25-ans, dans ce possible futur o tout a mal tourn . Giles est devenu un vampire et a captur Buffy. Elle a t prisonni re durant toutes ces ann es. Pendant ce temps, la r sistance s est organis e Sunnydale pour la supervision de Xander, Willow et co N anmoins, sans Buffy, cette r sistance n a pas t facile et les vampires contr lent une bonne partie de l tat o se trouve Sunnydale. Le gouvernement des USA cache la r alit de la situation au reste du monde, mais h site envoyer l arm e sur place. Lorsque la jeune Buffy arrive dans le corps de Buffy-25-ans, elle s chappe de la prison o Giles l avait oubli e. La question est de savoir si elle pourra r parer les d g ts et reprendre le contr le de Sunnydale temps avant que le gouvernement US n envoie l arm e. De plus, pour accomplir cet objectif, elle devra tuer Giles. Sera-t-elle assez forte pour transformer son ancien mentor en poussi re ? Les romans de la collection Buffy (et la m me chose est vraie pour le comics) ne sont en g n ral pas de grande qualit . Le style n est pas tr s bon et les sc narios sont inf rieurs la s rie t l vis e. Il y a de quoi tre d u, car la s rie TV Buffy : Tueuse de Vampires est clairement une des meilleures s ries actuelles (ex quo mes yeux avec Enterprise , la nouvelle s rie Trek), et une des mieux crites, tout particuli rement dans la mani re dont les diff rents personnages interagissent. N anmoins, La Tueuse perdue sort un peu du lot. Ce futur alternatif est int ressant, quoique l intrigue qui m ne l me de la jeune Buffy se retrouver dans le corps de Buffy-25-ans est particuli rement tortueuse. tait-ce bien n cessaire ? Ce futur alternatif est l occasion de nous pr senter des versions plus sombres des personnages que nous connaissons bien, un peu comme l univers miroir dans Star Trek . noter que des univers alternatifs ont d j t pr sent s dans la s rie t l vis e elle-m me De plus, l auteur a plus de libert que d habitude et peut se permettre de tuer les personnages qu il d sire, m me si ce sont des personnages importants : cela cr e quelques surprises noter enfin que La Tueuse perdue ne fait pas r f rence aux v nements les plus r cents de la s rie (les v nements li s Dawn, la s ur de Buffy). La Tueuse perdue, Fleuve Noir, vol.1 : Proph ties, vol. 2 : Le Temps maudits, vol. : Le Roi des morts, Christopher Golden, Fleuve Noir. Traduction : Isabelle Troin 130 p. Jean-Michel Abrassart Anne McCaffrey & Margaret Ball La Qu te d Acorna (La Jeune Licorne livre deux) +++ Acorna est une jeune extraterrestre recueillie b b , dans une capsule de survie, par trois mineurs d ast ro des. En quatre ans le b b est devenu une adulte. Sorte de licorne humano de, dont la corne poss de les pouvoirs fabuleux des antiques l gendes, tels que purifier l eau ou soigner les bless s et les malades, on ne sait rien de ses origines. Or, tandis qu Acorna se lance la recherche de ceux de sa race, ceux-ci arrivent pr s des plan tes peupl es par ses amis pour les pr venir d un terrible danger. L histoire est amusante, fourmille d anecdotes humoristiques, mais dans le fond, manque d originalit . Il n y a aucun suspens, aucune surprise majeure, mais une foule de petits faits nouveaux et chacun d eux est d velopp au point de faire perdre tout cr dit l intrigue principale. Les longueurs abondent, toutefois, si on parcourt certains passages en diagonale, on trouvera plaisir ce livre rempli de gens sympathiques et de m chants qui ne font pas vraiment peur. La Qu te d Acorna (La Jeune Licorne livre deux), par Anne McCaffrey et Margaret Ball, ditions Pocket, collection Fantasy. Traduction : Simone Hilling. 384 p. Lucie Chenu L preuve des les +++++ Paraissant enfin en poche, la saga de Denis Duclos, le Cycle de l Ancien Futur, h rite de plus d une pr sentation tr s agr able, comme cela est le cas chez J ai Lu depuis quelque temps. Mais au-del du fait d avoir entre les mains un ouvrage de collection poche de qualit , on ne peut qu tre enthousiaste face aux p riples d Augustin Coriac, dont les aventures l am nent encore et toujours faire face des d couvertes sans cesse renouvel es. Denis Duclos est une fine plume, qui sait charmer le lecteur d une tournure de phrase ou d une description f erique, qui nous donne l impression de croiser l la route d un Voltaire ou Diderot gar au XXIe si cle. Perdu comme peut l tre Augustin sur l Archipel de Longwor, inconnu de toutes cartes, quand bien m me il commence se faire ce nouveau monde, pas si diff rent de celui qu il a quitt en fin de compte. Car la fourberie et la trahison n ont pas de fronti re, ce dont que l intr pide aventurier va bien vite obtenir confirmation, une fois engag dans la terrible course minusale, preuve de tous les dangers, et fil conducteur de ce roman qui nous fait red couvrir avec style le souffle des romans d aventure. L preuve des les, de Denis Duclos, J ai Lu, 348 p. Emmanuel Chasteli re La Matrice fant me +++ Mikhail Lanart-Hastur se rend au domaine Halyn, dirig par Priscilla, s ur du dernier roi de T n breuse. Son oncle, le grand R gis Hastur, figure politique minente et largement controvers e, l a charg d une mission d licate : d terminer si, parmi les descendants du haut lignage, l un des fils peut assumer la fonction de souverain. Mikhail accepte difficilement sa charge de r gent, et conserve un mauvais souvenir de son dernier passage sur les terres Halyn. Quatre ans plus t t, alors qu il n tait qu un simple cuyer, le jeune homme avait assist une s ance de spiritisme qui annon ait l effondrement de la maison royale. De son c t , Marguerida, aim e de Mikhail et fille du l gendaire Lew Alton, ancien repr sentant de T n breuse au conseil terrien, se conforme de plus en plus difficilement sa condition de t l pathe. Pour d velopper son laran, force psychique qui constitue le fondement m me de la culture, elle a d renoncer sa vocation de musicienne et endurer les pires maux. Parvenu au domaine Halyn, escort par ses fid les Daryll et Mathias, le r gent ne peut que constater la r alisation de la proph tie L uvre de Marion Zimmer Bradley est r solument engag e. travers Darkover (La Romance de T n breuse en fran ais), l auteur d veloppe depuis 1962 une r flexion douce-am re sur l ali nation n cessaire de la volont individuelle l int r t g n ral. Comment peut-on demeurer int gre ou libre lorsqu il nous faut sacrifier nos aspirations particuli res au nom d une instance sup rieure ? Les personnages voluent au gr des intrigues et des manigances, se renient ou simplement vieillissent dans un cycle de romans qui ont leur place aupr s de Dune et de Fondation. Un trait de pratique politique, et un roman remarquable. La Matrice fant me, Marion Zimmer Bradley, Pocket, coll. Fantasy. Traduction
: Simone Hilling, 552 p. Xavier Maum jean Les Berserkers ++++ Pour le science-fictiologue Stan Barets, Fred Thomas Saberhagen est devenu synonyme de Berserkers. Cette renomm e a quelque peu occult ses autres publications tourn es vers la fantasy, le fantastique gothique ou l uchronie. Ce space-op ra, constitu de nouvelles crites dans les ann es 60-70, reste l uvre la plus connue de l auteur. Tel Hom re narrant la 10e ann e de guerre entre les Ach ens et les Troyens, Saberhagen a choisi de d buter Les Machines de mort en plein conflit avec une bataille dans la n buleuse dite de l Essaim de Pierres o la flotte, sous le commandement de Johann Karlsen, d fit l armada berserker. Machines de guerre, machines d voreuses d hommes, les berserkers sont vou s exclusivement la destruction de la malevie. Ces Moloch m caniques sacrifient la Vie pour mieux la comprendre, en cerner les faiblesses et ainsi la vaincre. Traqu par l ennemi, Karlsen est devenu une l gende vivante parmi les hommes depuis sa disparition dans une hypermasse avec ses trousses un astronef berserker. Saberhagen a su cr er un univers confin et angoissant, sombre mais poignant, o des h ros mettent en d route l intelligence artificielle par le questionnement philosophique. Sur la plan te Sirgol, une t te de pont berserker est parvenue s tablir 21 000 ans dans le pass pour massacrer l embryon de population. Le Commandement des Op rations du Temps envoie Derron Odegard et une vingtaine de fantassins en armure de combat contrer l assaut des machines et emp cher la modification du futur. La mission du COT sera de prot ger n importe quel prix certains hommes dont d pendra l avenir de Sirgol. Fr re assassin est peut- tre le plus insolite des quatre livres. Bien qu il se d gage une lointaine ressemblance avec le Terminator du r alisateur James Cameron, Fred Saberhagen revisite l histoire de saint Fran ois d Assise et du loup de Gubbio, introduit l exp rience du pendule de L on Foucault, s amuse du d bat th ologique sur la g ocentralit de la plan te. C est sur la plan te du Chasseur que l quipage de l Orion choisit d atterrir pour pratiquer l art cyn g tique. Mais la plan te est sous le contr le d un berserker qui manipule les pr tres du Cercle int rieur, et eux-m mes le peuple au nom du dieu Thorun. L Orion tombe aux mains des z lateurs de Thorun. La Plan te du berserker gr ne, dans un chapelet de violence, une succession interminable de morts qui ne parviendront jamais puiser la Vie, maladie fondamentalement humaine. Le Sourire du berserker cl t l pais volume par un titre paradoxal. Rien n est plus tranger des robots que l activation des zygomatiques ! Si l on sent parfois un manque de coh rence dans les nouvelles, certaines retiendront particuli rement l attention : Que voulez-vous que je fasse pour prouver que je suis humain stop ; Sous le radiant du temple ou encore Le musicien de l Enfer faisant de Ordell Callison le nouvel Orph e charmant un berserker ! Le lecteur restera sur sa faim car on n apprend rien de la gen se des berserkers ni de leurs constructeurs. Les machines-assassins existent depuis toujours et semblent survivre au temps. L int r t des quatre livres se situe ailleurs. Qu est-ce que l Homme, la br ve existence, pour un berserker dont la mission prioritaire reste la st rilisation de la vie ? Cette uvre puissante, aux nouvelles s ches et disparates avec des th matiques vari es, r v le en fait une fable humaniste au-del d un r cit au scalpel. On est loin des berserkirs scandinaves de l Ynglingasaga de Snorri Sturluson [litt ralement enveloppe (serkr) d ours (ber) ], ces confr ries guerri res d guis es en animal, afin de s approprier la puissance et la f rocit de la b te, qui constituaient les troupes d lite du roi. Mais en reprenant un vocable significatif de la po sie scalde, F. Saberhagen s empare du th me de l ennemi implacable pour en faire le mal absolu incarn par la machine meurtri re. Cette m canique tueuse, Stanley Kubrick l avait symbolis l cran par le computer HAL 9 000 dans 2001, l Odyss e de l espace (1968). Et il est notable de constater qu au moment m me, ou peu sans faut, o Saberhagen publiait sa nouvelle dans Galaxy, le fascicule allemand n 128 de Perry Rhodan (M rder aus dem Hyperraum) annon ait la lutte sans merci entre les nefs robots des Bioposis, charg es d an antir toute vie organique, et les Terriens ! Au-del du duel entre le logico-d ductif froid de la machine face l imagination et l motion humaine, d un manich isme classique, Saberhagen s interrogeait sur la place grandissante de l automation et du d veloppement de la robotique comme de la cybern tique, ceux-ci pouvant rendre obsol te le travail humain, et traduisait ainsi les craintes de la soci t am ricaine face au progr s. Les pr dictions peuvent parfois se r v ler dangereuses, mais on peut affirmer sans risque de se tromper que Les Berserkers sont bel et bien un classique. Les Berserkers, vol. 1 : Les Machines de mort ; Fr re assassin ; La Plan te du berserker ; Le Sourire du berserker, Fred Saberhagen, L Atalante. Traduction : B. Martin, P. Billon, M. Demuth et Alii. 869 p. A. Marcinkowski Le Meneur de loups et autres contes fantastiques. +++++ On conna t Alexandre Dumas pour ses romans classiques comme Le Comte de Monte-Cristo, Joseph Balasmo ou encore Les Trois mousquetaires. Oui, bien s r. Mais Alexandre Dumas tait galement un crivain de litt rature fantastique . Sa production dans ce domaine n tait que partie congrue de sa production en g n ral, mais elle tait d j bien plus importante que bien des auteurs fantastiques de son poque : 2 pi ces de th tre, 10 romans, et une dizaine de nouvelles. Voil qui a de quoi tonner, car ces uvres-l sont souvent pass es sous silence. Sont pr sent s ici, sur un peu plus de 1 000 pages, 10 textes que l on pourrait diviser en deux cat gories. Dans la premi re, le surnaturel s annonce d embl e et s installe en permanence. Dans la seconde, quoique pr sent, il reste implicite gr ce au climat que Dumas insuffle au texte. Mais voyons le contenu de cet omnibus. Les 1 001 fant mes ou comment apr s une partie de chasse des amis se racontent des histoires horribles de t te d tach e du corps et qui parle, des vertus d un bracelet et de cheveux pr lev s sur une morte, d une histoire de vampire, etc. Un D ner chez Rossini ou comment le spectre d un ami va conduire Gaetano ch tier les assassins. La Femme au collier de velours nous narre l histoire d un tudiant qui passe la nuit avec une morte et qui, le lendemain matin se rend compte qu elle est morte. Apr s lui avoir d nou son collier de velours, la t te roule par terre, tranch e. Il apprend ensuite que la danseuse a t guillotin e la veille. Le Gentilhomme de la Sierra Morena. Un homme se rend compte de sa mort alors que lui se sent tout fait vivant. Les Mariages du p re Olifus ou quand un vieux loup de mer raconte ses voyages autour du monde et ses nombreux mariages avec des sorci res et des sir nes. Le Li vre de mon grand-p re nous offre l histoire de Palan qui, apr s avoir commis un meurtre, voit appara tre un li vre g ant qui l obs dera et qu il chassera durant des mois. Le Testament de M. de Chauvelin ou comment un gentilhomme revient de l au-del pour signer son testament. Le Ch teau d Eppstein ou comment un mari qui se croit tromp et assassine sa femme en train d accoucher, se voit tuer plus tard par le fant me de sa femme. Le Meneur de loup ou l histoire du sabotier Thibault qui conclut un pacte avec un loup qui n est autre que le Diable en personne. Des histoires certes classiques, mais un style, un souffle pique et un sens de l aventure incomparable. Surtout ne boudez pas votre plaisir plonger dans les r cits d un des plus grands raconteurs d histoires que le monde litt raire ait engendr . Alexandre Dumas, Le Meneur de loups et autres r cits fantastiques, Postface de Francis Lacassin, Omnibus, 1 088 p. Marc Bailly La Forteresse D Ynis Mor (Les enfants de Lugheir livre trois) +++ La Forteresse d Ynis Mor est le troisi me volume de la t tralogie d Isabelle Pernot, Les Enfants de Lugheir. L intrigue est pr sent bien avanc e, les pions sont pos s, certains ont m me d j disparu. Les fils de l Empereur s opposent lui et son me damn e, Hadrien. L h riti re du Lugheir, Caitlin, doit apprendre utiliser ses pouvoirs avec les Druides. Mais leur route est bien videmment sem e d emb ches. Complots et trahisons, meurtres et magie noire ou blanche, tels sont les ingr dients de ce roman l ambiance gothique. Certes, on peut regretter le classicisme de l histoire et de certains personnages druides, v ques, mages mais une histoire classique est toujours distrayante si elle est bien racont e. En fait, le d faut de ce livre son criture laborieuse qui donne l impression au lecteur d avoir un effort faire. Heureusement, cette sensation dispara t une fois bien install dans le roman, mais il est dommage d avoir passer par l . Enfin, une fois pass es les longueurs, le livre culmine la nuit de Samhain, lors de l preuve de Caitlin. La Forteresse d Ynis Mor (Les Enfants de Lugheir livre trois), Isabelle Pernot, ditions Mn mos, collection L gendaire, 384 p. Lucie Chenu L Ivresse du D mon +++ Richard Storm, passionn de l gendes effrayantes, s est construit une situation confortable en produisant des films d horreur Hollywood. La quarantaine venue, cet Am ricain, lass de sa vie chaotique, d cide de se rendre en Angleterre. Il devient imm diatement le collaborateur d Harper Albright, r dactrice d un journal relatant divers t moignages et enqu tes sur les fant mes. Passionn du sujet, Storm compte bien rencontrer la d funte h ro ne de sa fable favorite. C est alors qu il fait connaissance avec Sophia Endering, directrice d une galerie d art dont on dit que le p re n est autre qu un antiquaire ayant b ti sa fortune l aide de tableaux vol s. Malgr lui, Storm se verra entra n dans une enqu te palpitante la recherche des acqu reurs d un triptyque recelant le secret de la vie ternelle. Deux hommes sont suspects ; Sir Endering, le p re de sa petite amie, et Iago, ancien gourou de secte. Lequel d entre eux est, selon la l gende, le diable en personne ? Ce livre, tr s palpitant, pousse le lecteur dans la qu te de la clef du myst re. Un style passionnant, m lant humour et litt rature gothique. De vielles fables terrifiantes pars ment cette histoire de d tails parfois noirs, souvent glauques, mais tr s captivants. La trame est tr s bien construite et le lecteur ne se lasse aucun moment. Klavan donne un r cit contemporain m lant romantisme, journalisme, pratiques sectaires, entrecoup d explications sous la forme de l gendes de fant mes terrifiantes. Un roman couper le souffle. prendre au second degr toutefois pour ne pas vous emp cher de dormir. lire absolument, en vitant la p nombre ! L Ivresse du d mon, Andrew Klavan Pocket Terreur. Traduction
: G rald Message. 474 p. Cathy Brukcer Pand monium ++++ Johan H liot avait surpris avec La Lune seule le sait, un premier roman steampunk communard. Il nous livre en ce d but d ann e son troisi me roman, Pand monium. Pand monium, capitale des enfers o r gne corruption et chaos. Pand monium, mot effrayant apparu en 1663 sous la plume de l anglais John Milton dans Le Paradis perdu, dont H liot se fait l ardent propagandiste. Et l on ne pouvait r ver meilleur nom d diteur que B lial, ce vaurien qui tr ne au royaume des morts dans l Ancien Testament, pour le publier ! Pand monium est en quelque sorte le journal de bord de Fr d ric Maupin, homme de plume dans le Paris du roi Louis-Philippe Ier, qui fut saisi par les hommes de la S ret de monsieur Vidocq, suite au meurtre d un ma on et au vol d une des r pliques miniatures des forteresses de Vauban. La vie de Maupin bascule inexorablement lors d une soir e privative chez le Prince Lestoz. Aid de Masferrer, le colosse providentiel d une rixe dans une taverne, Fr d ric Maupin poursuit le Prince et son Pand monium de Paris Besan on, puis vers les terres de l Est o subsiste un fragment de territoire hors du temps. Maupin apprend de Lestoz qu un navire c leste s est chou il y a 150 ans sur une montagne qui porte la forteresse de l ing nieux Vauban. Deux groupes antagonistes d extra-humains se sont form s, l un fid le au Navigateur Harakis, l autre conduit par l ambitieux et cruel Lestoz et ses sbires avec un seul but : quitter la terre et son atmosph re d l t re pour retrouver le chemin des toiles. Mais pour cela, il faut r injecter la m moire de navigations au Commandement du vaisseau. Le d positaire de cette m moire n est autre que Fr d ric Maupin, possesseur d un code biologique transmis g n tiquement par Harakis, son p re. D s lors le jeune homme devient l objet de toutes les convoitises de la part des d mons, ceux-ci n h siteront pas mettre Paris sens dessus dessous pour le retrouver malgr la protection de Vidocq. Pand monium est un roman imaginatif, bien que classique dans son traitement, la crois e de plusieurs genres : le fantastique horrifique tout d abord, avec un int r t pour le th me du vampire ; le steampunk ensuite o l on retrouve le Paris du XIXe, ce qui permet l auteur de mettre l accent sur les injustices sociales ; et enfin la science-fiction avec de la nanotechnologie travestie en germes m caniques . Malgr la faiblesse de la psychologie des personnages, quelques coquilles, ces p ch s v niels ne doivent pas emp cher le lecteur de se laisser porter par une trame narrative dense, enlev e et pleine de rebondissements. J. H liot confirme bien son appartenance aux forces vives de la nouvelle g n ration de la SF fran aise. Pand monium, Johan H liot, ditions du B lial 184 p. A. Marcinkowski Sara +++ Elle est jeune, belle, et travaille comme illustratrice pour enfants. Sara Latimer a tout pour tre heureuse. Jusqu au jour o tout s croule : son fr re, sa m re puis son p re d c dent en moins d une semaine. Sara se retrouve seule et d sempar e. Peu apr s, une lettre lui apprend qu elle est propri taire d une demeure Arkham. Cette maison appartenait sa grand-tante Sara, d c d e sept ans auparavant. La jeune femme se rappelle alors les derni res paroles de son p re, lui r v lant que toutes les Sara de la famille avaient eu une vie et une mort tranges. Sara d cide cependant d aller occuper cette maison pour retrouver la s r nit . D s son arriv e, les habitants se comportent trangement, lui souhaitant la bienvenue pour son retour. Sara fait la connaissance de Brian, jeune m decin fra chement install , qui la conduit dans la maison de la vieille sorci re . Brian lui r v le en effet que sa grand-tante est consid r e par les gens du pays comme une sorci re. La jeune Sara rit, mais, d s l entr e dans la maison, elle sent une pr sence diffuse. Pouss e par elle ne sait quel d mon, elle se jette dans les bras de Brian et se donne violemment lui. Peu peu, pouss e par un trange voisin et des souvenirs mergents, Sara s adonne des actes sexuels de plus en plus excessifs et se sent peu peu envahie par l esprit de sa tante. Elle tente d sesp r ment de lutter contre sa nature de sorci re et doit affronter une ultime preuve, un grand sabbat. Vous l avez compris, M.Z.Bradley place son roman dans l univers lovecraftien. Elle le fait r solument, effectuant m me des r f rences certains l ments contenus des crits de H.P.Lovecraft. Pourtant, M.Z.Bradley ne parvient pas nous procurer les m mes frissons, rendre l ambiance aussi glauque et d sesp rante que celle de Lovecraft. Sara, h ro ne isol e face aux forces mal fiques, ne semble ni assez d sesp r e ni assez effray e. Le roman se lit avec plaisir, surtout pour ceux qui ne connaissent pas les crits de Lovecraft. Apr s Sara, ils pourront d ailleurs se plonger avec profit dans l uvre de celui-ci. Sara, Marion Zimmer Bradley. ditions J ai Lu. Traduction : Hubert Tezenas. 254
p. Christophe
Del Rosario Pieds d argile ++++ Vous tes vieux et vous n avez pas souscrit une assurance d c s, dommage pour vous ! Car le troisi me ge a le vent en poupe ces temps-ci Ankh-Morpork mais c t morgue. Il y eut d abord le meurtre du p re Tubelcek, assassin son domicile, puis celui de monsieur Hopkinson au mus e du pain de nain, et la tentative d empoisonnement l arsenic du Patricien V t rini. Bien s r il y a des meurtres suite aux contrats sign s par la Guilde des Assassins, mais les derniers homicides n ont rien voir, et l on ne trouve que tr s peu d indices sauf peut- tre cette argile blanche qui intrigue tant le commissaire Vimaire. Donc, on recrute au Guet des Orf vres. Engagez-vous qu ils disaient ! C est ce que fait Hilare (ia) Petitcul dans la section alchimie, comprenons la police scientifique. L enqu te se concentre d sormais sur les golems, cr atures artificielles forme humaine fonctionnant avec des mots magiques. On apprend que ces g ants cr s partir d une masse de boue tiennent des r unions secr tes, complotent contre la R publique morporkhienne. D ailleurs l un d eux, Dorfl vient se constituer prisonnier et passe aux aveux alors que ses homologues d argile se suicident peu apr s. Pendant ce temps, le caporal Chicard se voit courtis par la Jet set dans le but de remplacer le Patricien, de r tablir la royaut sous le contr le des principales guildes et des grandes familles aristocratiques. Car celui que l on croit tre Chicard, parfait tire-au-flanc et poivrot inv t r du Guet, se r v le tre en r alit C.W. Saint-Jean de Chique, comte d Ankh. Mais si tout cela n tait qu une aimable manipulation de l honorable coll ge royal d H raldique dirig par le non moins honorable vampire Dragon Roi d Armes aid s de quelques notables commer ants ? On pourrait l gitimement penser qu avec le 19e opus des Annales du Disque-Monde, le talent de Pratchett s mousse, lasse le lecteur. Il n en est rien. Ce qui fait le charme de cet enfant terrible de la fantasy humoristique, c est son imagination d brid e, sa d rision, sa joie manier les calembours. Rien chez Pratchett n est totalement simple ni m me n a l apparence de la banalit . L auteur parvient, par son sens du farfelu, aborder le th me rebattu de l tre artificiel en r bellion contre son ma tre sous l angle social. Un andro de peut-il avoir une personnalit morale ? Peut-il tre poursuivi en justice en tant qu objet ? En puisant dans la tradition populaire juive, Pratchett s inscrit dans la lign e de ces crivains, tels Gustave Meyrinck ou Isaac B. Singer qui ont mis en sc ne le golem. Pieds d argile, Terry Pratchett, L Atalante, 416 p., traduction de Patrick Couton. A. Marcinkowski Histoire d un mort racont e par lui-m me +++ Ce recueil de textes d un auteur dont on va c l brer dans quelques mois le bicentenaire de la naissance suscitera l int r t. Il nous rappelle que Dumas n est pas seulement un prestigieux romancier d aventures. Le Dumas auteur fantastique et de terreur m rite d tre mieux connu. Le propos de ce livre est d y contribuer en proposant aux lecteurs des textes vari s, courts ou extraits de romans, dont les ditions ne sont gu re accessibles. Les crits fantastiques de Dumas se ressentent des mouvements occultistes du d but du XIXe si cle. Hugo, Nodier, Balzac, Nerval ont t marqu s par ce courant, comme Dumas. Dans le long extrait de Les Mille et Un Fant mes qui nous est propos , un m decin est longuement oppos partisan du surnaturel. Les r f rences Hoffmann sont fr quentes, et Astic propose des rapprochements pertinents avec Edgar Poe, crivant la m me poque. Comme lui, dans Histoire d un mort racont e lui-m me, Dumas est fascin par ce qui se passe apr s la mort et attir par les impressions qui peuvent na tre d un tel passage. Dans les nouvelles d horreur comme Le Quaranti me Ours, les morts-vivants ou fant mes ne sont pas n cessaires, la cruaut froide et suffisante d un p re tuant un fils peureux est renforc e par une narration impassible. D autres r cits, caustiques ou po tiques, t moignent de l ampleur du registre de leur auteur. Le fantastique de Dumas est certes dat , marqu par la mode hoffmannienne des ann es 1830-40. L auteur n a pas le brillant pas de Nodier, sa forme n est pas toujours tr s tudi e. Mais ces textes se lisent avec agr ment parce que Dumas a gard du th tre le go t de la mise en sc ne et des v nements impr vus. On sait moins qu il est aussi l homme des g n rosit s humaines, ins r dans son temps qu il vit avec la m me passion que sa vie personnelle. moins de trente ans, il fait le coup de feu sur les barricades lors des Trois Glorieuses de juillet 1830. D mocrate lib ral, en parall le avec l crivain socialiste Eug ne Sue, il charge ses romans d id ologie, d nonce les m chants qui ont construit leur carri re sur la fin de la R volution et la chute du premier Empire. De la fuite Bruxelles quand Napol on III prend le pouvoir, jusqu l aide apport e au r volutionnaire italien Garibaldi, Dumas sera du c t des g n reux. Guy Astic a donc choisi ces textes pour nous donner un clairage compl mentaire, qui fera qu la lecture de ce recueil, le nom de Dumas restera associ celui d un combat permanent contre la peine de mort ou le crime, la guillotine comme l infanticide, l assassinat conjugal comme le crime politique. L authenticit de ses indignations n est pas contestable. L utilisation du fantastique sert ici une cause vidente, en d non ant une opposition la peine capitale qui n a trouv en France une solution que r cemment, et qui a encore cours dans la plupart des pays du monde. Non seulement ce recueil nous donne ou nous remet en m moire des faits concernant Dumas, mais encore il nous en montre un aspect humain n glig . Le lecteur appr ciera ces textes oubli s, qui sont intelligemment pr sent s, de leur date de parution l analyse du contenu aussi bien litt raire que philosophique. La pr face, brillante, est centr e sur la formule qui correspond le mieux la personnalit de ce flambeur : l immobilit , c est la mort. Histoire d un mort racont e par lui-m me, Alexandre Dumas. Anthologie pr sent e par Guy Astic, ditions du Seuil, Points Virgule. 272 p. Roland Ernould Le Pays de Cocagne +++ Le space-op de grand papa est de retour !!! Ce livre, pourtant crit en 1990 a un c t d suet qui nous ram ne la grande tradition du genre. Le syst me solaire est un gigantesque carrefour entre races extraterrestres : Eladeldis, Perks, Thrants, Les Capelliens ont la main mise sur tout gr ce leur avance technologique. Ils en font b n ficier leurs alli s, mais sans leur accorder la compr hension, le savoir de ce qu ils utilisent. La capitaine Tabatha Jute forme avec son vaisseau, l Alice Liddell un couple ins parable. La personae du vaisseau, Alice est sa confidente. En cherchant du travail sur Mars, Tabatha d clenche une bagarre et est arr t e. Ce n est que le d but d une longue s rie d ennuis qui vont lui faire sillonner le syst me solaire. Elle est lib r e de suite, mais doit payer une amende qui, vu ses finances au plus bas, l oblige trouver imm diatement des fonds sous peine de perdre son seul bien (et amie) : l Alice Liddell. Elle croit avoir trouv la solution avec Marco Metz qui la s duit pour mieux arriver ses fins. Il l entra ne avec Tal, son perroquet E.T. dans un ancien habitat Effrasque. Dans le pass , les Effrasques se sont r v l s des rivaux pour les Capelliens qui les ont purement effac s pour garder l obscurantisme technologique qu ils imposent dans le syst me. Dans le Pays de Cocagne, elles rencontrent le reste de la troupe de Marco : les jumeaux Zodiac, Xtasca, un ch rubin adapt l espace, ainsi que sa patronne : la morte Hannah Soo. Rapidement, leur pr sence va semer le chaos et ils vont fuir la police avec un myst rieux colis bord du Bergen Kobold avec son cristal d axe de crabot d fectueux, ils vont chapper des pirates, s craser sur V nus, Ce livre peut tre pris comme un hommage au space-op ra de la grande poque. On peut d ailleurs lui reprocher son manque d originalit . Avec deux bouts de ficelle, on r pare un vaisseau spatial ! Le pire est que a marche et que l on ne se pose pas trop de questions sur la vraisemblance des situations. L action n est jamais morte, elle vit sans cesse. La magie est l . Il y a deux, trois d tails aga ants, tels que l utilisation de cassettes dans ce lointain futur, mais la lecture glisse dessus sans accrocher. Le choix du couple d h ro nes, Tabatha et Alice n est pas innocent. D un c t , une capitaine na ve et de l autre, une gabarre d glingu e avec une personae aux ressources insoup onn es. Les conversations entre les deux sont des morceaux de choix m me si de prime abord, elles semblent alourdir le r cit (600 pages quand m me !). Elles nous font d couvrir la vie de Tabatha, ainsi que de multiples d tails ayant leur importance dans le livre. J esp re que l on pourra embarquer aux c t s de Tabatha Jute dans ses autres aventures que Colin Greenland a crites. Le Pays de Cocagne, Colin Greenland, J ai Lu. Traduction : Luc Carissimo, 604 p. Fran ois Schnebelen Bref Rapport sur une tr s Fugitive Beaut +++ Le lecteur un peu regardant, amateur de science-fiction de choc, d intrigue bien men e et de sensibles r flexions sur notre condition humaine, serait sans doute peu attir par un livre bard d un tel titre et d une couverture qui, soyons francs, est loin d tre une uvre d art Si je me suis fendu de cette longue phrase d introduction, c est videmment pour ensuite conclure par un le lecteur un peu regardant aurait bien tort de bon aloi. Et donc, le lecteur un peu regardant aurait bien tort de passer son chemin. Car ce Bref rapport , sans tre un chef-d uvre est de ces romans solides, qui racontent une histoire sans fioriture et qui secouent le lecteur de la premi re la derni re page. Nous plongeons donc t te la premi re dans une Ville (de-ci de-l on reconna t des l ments de Lille, de Paris et d ailleurs ) qui va, pour on ne sait quelle raison, basculer dans le chaos la suite de l apparition d un virus particuli rement destructeur et conscient . Cette conscience est d ailleurs d cortiqu e par l auteur dans de courts chapitres qui ponctuent l action et nous clairent sur cette Rouge , le nom du virus, qui semble vouloir pargner les picuriens bons vivants pour r duire en bouille sanglante les moutons assomm s par une soci t de consommation et de privil ges son apog e. Au-del de cette dichotomie un peu facile, avouons-le, J r me Leroy parvient dresser une galerie de portraits que l on verrait parfaitement bien interpr t e par des gueules du cin ma fran ais d aujourd hui, dans une adaptation grand spectacle de ce Bref rapport . Le tout avec un sens du rythme qui doit beaucoup au roman populaire et aux best-sellers efficaces de nos voisins anglo-saxons. Le meilleur compliment que l on puisse d ailleurs faire ce livre, c est de trouver dommage sa pr sence dans une collection grand format (dirig e par les anciens de chez N O, mais tout m me), alors qu il aurait parfaitement eu sa place dans une grande maison populaire comme le Fleuve Noir de la belle poque. Mais finalement, peu importe le flacon pourvu que l on ait l ivresse, non ? Bref Rapport sur une tr s fugitive beaut , J r me Leroy, Le Grand Cabinet Noir, 192 p. Christophe Corthouts La Grande menace (Le Peuple des rats T1) ++++ Il ne fait plus bon vivre sur le port pour les rats. Et encore moins pour Vasco dont la tribu a t extermin e. Avec trois ratons rescap s, il doit trouver refuge dans la ville pour reconstruire une nouvelle famille. Mais les emb ches sont nombreuses et la lutte pour la survie, impitoyable. Ce roman d aventures a un cachet ind niable car l auteur a su viter l cueil des romans o 1es h ros sont des animaux, elle ne les a pas humanis s. Les personnages conservent leur c t sauvage et utilisent leur moustache, leur flair et autres armes animales. Une bonne astuce pour conter un r cit initiatique m lant esprit chevaleresque et p rip ties aux multiples rebondissements. On s attache aux personnages m me si parfois le style m riterait d tre moins impersonnel. Un premier tome agr able et de bon augure pour la suite de la saga. La Grande menace (Le Peuple des rats Tome I), Anne-Laure Bondoux, Bayard Jeunesse (collection Les mondes imaginaires), 120 p. Micha l Espinosa La Momie d capit e +++ Laura et Quentin sont trop curieux. Jamais ils n auraient d p n trer dans le manoir de leur d funt Oncle et r veiller la momie qui y reposait. Mais les enfants ne font jamais ce qu on leur dit Ce petit roman m langeant les saveurs d Indiana Jones et de Lovecraft adapt es aux enfants est une jolie balade au pays de la frousse. Les h ros courent de la cave au grenier, poursuivis par une abominable momie maudite et vengeresse. Les portes claquent, les planchers grincent, les sorts en sont jet s et le frisson est bien pr sent. On lui reprochera d tre un peu court et de rester la surface des choses. Une sorte de montagne russe litt raire avec ses avantages (de l action, encore de l action) et ses travers (un manque de profondeur). Un roman sympa pour les prochaines vacances dans un manoir lugubre. La Momie d capit e, Michel Amelin, Bayard Jeunesse (collection Les romans de Je bouquine), 70 p. Micha l Espinosa Le Guetteur de dragons +++ Le pays de Galerne est prot g des dragons par la Ronce, une barri re dite infranchissable. Mais parfois, les dragons la traversent et d posent leurs ufs pr s des villages. Heureusement, le Guetteur de dragons veille au grain. Cette fois, il a besoin de l aide du jeune Sigund pour accomplir sa mission. Mais pourquoi lui, l orphelin gringalet et repouss par tous ? Pierre Grimbert poursuit ses visites des mondes de la Fantasy avec ce r cit d apprentissage. Tous les ingr dients classiques du conte sont l , articul s avec ma trise, ponctu s de rebondissements, menant l tre apparemment insignifiant vers un destin grandiose. C est d ailleurs ce que l on pourrait reprocher Pierre Grimbert. L utilisation d un canevas par trop vident et qui nous fait deviner sans difficult l issue de cette aventure. Mais n est-ce pas aussi l apanage des r cits h ro ques que d en conna tre la fin ? De savoir que tout finit bien dans le meilleur des mondes ? N est-ce pas ce que l on recherche ? Alors quand c est bien crit et plaisant la lecture, pourquoi s en priver ? Le Guetteur de dragons, Pierre Grimbert, Bayard Jeunesse (collections Les mondes imaginaires), 140 p. Micha l Espinosa La Fille de la voleuse de r ves +++ Ulric, dernier rejeton de la lign e Von Bek, est un aristocrate l ancienne, id aliste raisonnable dont l intellect, dont le comportement ont t forg par de longues heures de m ditations et d escrime. Accabl par le souvenir du n ant issu de la Grande Guerre, il s vertue d s lors, en compagnie d autres sympathisants, provoquer l av nement d une Allemagne unie, d un monde plus juste et plus humain. Mais les men es d Hitler et la mont e inexorable du fascisme contrarient quelque peu ses aspirations : contrari t qui trouvera un point culminant avec la visite Bek de deux tristes sires frapp de la croix gamm e, dont le prince Gaynor de Mirenbourg, son propre cousin. Lui aussi est sorti tr s marqu des tranch es de Verdun ; mais l o Ulric contre le nihilisme, l absurdit de cette exp rience a choisi de cheminer froidement sur la voie de la conscience et de la raison, Gaynor s est laiss s duire par la vision simple de l existence comme une lutte brutale, de la force comme unique moyen d arriver ses fins. Derri re l adh sion factice au r gime nazi, il ambitionne de devenir le v ritable homme providentiel de l Europe, de prendre le pouvoir pour son compte. C est oublier que l id e de s en remettre un seul homme ou id al, l id e m me de providence est dangereuse ; car il y a davantage d individus corrompus par le pouvoir que de pouvoirs corrompus par un individu Toujours est-il que Gaynor, afin de complaire Hitler et ses lieutenants, doit encore rentrer dans leur jeu. Raison pour laquelle il est venu r cup rer le Graal et l p e Ravenbrand, illustres objets et symboles de puissance que la l gende a rattach depuis longtemps au nom des Von Bek, et dont les nazis ont grand besoin pour asseoir leur supr matie (au moins sur les esprits). Ulric ignore la cachette du Graal, et refuse de c der l p e ; les nazis reviennent en force, l emprisonnent. Interrogatoires muscl s. S vices corporels et psychologiques. Tout l arsenal du parfait petit tortionnaire est d ploy pour arracher son secret Ulric, qui ne trouve pas de r pit m me dans ses r ves. R ves o , suivant la trace d un li vre blanc chapp de Alice in Wonderland, il est amen croiser son reflet, un autre lui-m me dans un autre monde. Ulric ? Elric ? L -bas, Tanelorn, le conflit aussi fait rage, dont le pivot, l axe criminel n est autre qu un avatar de Gaynor, et dont l enjeu est carr ment la coh sion du Multivers. Dup par des ennemis surnaturels, Elric y perd son p e Stormbringer et sombre dans un tat entre sommeil et veil qui le rejette au fond d un corps tranger. Elric ? Ulric ? Qui r ve qui ? Apr s un passage dans une Mittelmarch tir e des fantaisies romantiques et au terme de trajectoires chevel es, les deux r veurs se retrouveront (litt ralement) pour une bataille dantesque dans le ciel d Angleterre, opposant les dragons de Melnibon aux escadrilles de Stuka nazies. bouriffant ! Mais tout ceci aurait pu laisser un sentiment g n ral de d j -vu et carr ment rester banal si l auteur n avait profit de l aubaine pour livrer une r flexion sur les fondements du nazisme, d nudant l horrible et absurde syllogisme qui a conduit au plus grand g nocide de l Histoire et d crivant comment la vacuit des r gimes tyranniques se nourrit et se renforce des circonstances. Le fascisme se glisse entre les failles de la d mocratie jusqu en faire clater la sc ne : c est un spectacle hollywoodien dont les ombres et les terribles illusions ne se dissipent malheureusement pas facilement Voici bien l un des propos les plus pertinents de notre poque. Michael Moorcock, La Fille de la voleuse de r ves, L Atalante, traduction de Michel Pagel, 378 p. Les Papillons du Mal ++++ Qu il est bon de voir que certains auteurs sont encore capables de se renouveler, tout en continuant d voluer dans l univers qui leur est propre. Avec Les Papillons du Mal (un titre fran ais qui fleure bon le n importe quoi ), Graham Masterton nous offre une vision diff rente de ces habituelles et passionnantes intrigues base de d mons anciens et de meurtres repoussants. Le lecteur fait la connaissance dans ce roman de Bonnie Winter, une Am ricaine moyenne, affubl e d un mari paresseux et bas de plafond (d ailleurs, dans toute l histoire, la charge contre la gente masculine est plut t hilarante ) qui s est cr e un job plut t original. Elle nettoie des sc nes de crimes apr s le passage de la police, des m decins l gistes et d autres enqu teurs de ce type. T ches de sang, humeurs corporelles incrust es dans les parquets, d bris organiques en tout genre, Bonnie sait comment les faire dispara tre afin de rendre aux maisons et appartements un semblant de normalit . Attach au destin de cette femme pas comme les autres, Masterton tisse peu peu une intrigue au c ur de laquelle il injecte des l ments bien connus de son univers (comme les agissements d une cr ature mythique, venue du folklore mexicain) mais sans jamais entrer de plein dans un surnaturel d monstratif comme celui de Manitou ou du Ma tre des Illusions. Les Papillons du Mal flotte dans une atmosph re de doute, de peur et de mal tre essentiellement parce que nous vivons toute l histoire, sans exception, au travers des yeux de Bonnie. Femme attachante, courageuse, marqu e par la vie, ce personnage f minin fort (peut- tre un des plus forts que Masterton ait jamais cr et dont la ressemblance physique avec la femme de l auteur est tonnante !) nous entra ne sans mal au-del des apparences, des clich s et des conventions pour finir par nous bouleverser par sa candeur et son jusqu au-boutisme. Un excellent roman, au style concentr mais terriblement efficace, qui m rite de toucher un public beaucoup plus large que celui de la simple terreur. Les Papillons du Mal, Graham Masterton. Presses de la Cit
(Collec. Paniques). Traduction : Fran ois Truchaud. 222
p. Christophe Corthouts La Reine de Vend me Vol 2 + + Bon. On r sume et l on reprend. l issue du premier volume, Eyr, rejeton de Manitard s abandonnait Vend me et ses luttes de faction inextricables pour aller s expliquer avec son vieux rival ce coquin de Jered Raque et incidemment d couvrait quelle auguste figure se cachait sous les traits du gentil m nestrel qu il croyait incarner. Donc, l homme qui s en retourne la cour n est autre que le chevalier Sell s. LE Sell s. LA l gende vivante. Sauf qu un tel truc, c est souvent plus embarrassant vivant que mort. Souveraine, magiciens et autres gens de pouvoir s interrogent alors quant l utilit et la place qu ils vont conf rer l illustre revenant/g neur. Le tourbillon des intrigues reprend, men s par les membres ind cis de la Compagnie (le gouvernement local), uniquement attel s la r alisation de leurs desseins personnels, quand la menace de Raque (un instant cart e) de nouveau se pr cise. Cruel dilemme pour Sell s, cartel entre son devoir d ob issance la Couronne et le code moral de l ancienne confr rie des chevaliers, qui lui enjoint de combattre les ennemis de la paix : que d cider, en effet, quand tous veulent l utiliser des fins guerri res, quand tous semblent compromis, et que le mal est partout ? Pourtant, c est le propre et l avantage des l gendes que de refuser d entrer dans le jeu des puissants et de pouvoir revendiquer son ind pendance. N tre inf od qu sa seule volont La suite se pr sente comme une longue mise l preuve de cette r solution : querelle domestique, d fi de Raque (accept ), face face tendu avec la reine S miramis qui l a repris son service, exp dition l autre bout du pays pour corriger le sorcier ren gat. Surprise : Raque fait son mea culpa et lui propose une alliance temporaire, au nom d une ancienne complicit (peut- tre) et de la haine qui les lie tous deux contre la reine (surtout). Ensemble, ils taillent la route en Ether, la recherche du sanctuaire secret qui abrite S miramis l a n e, s ur de l autre, et l gitime d positaire du tr ne. Avec elle, peut- tre qu ils auront la paix et nous aussi. Deuxi me coup de th tre : Jered Raque tr passe, puis revient enfin, c est un autre qui revient travers lui, encore plus m chant, plus puissant, plus haineux, et le larron rallie toutes les forces de l Ether et de l Empire hostile Vend me, et tout se termine (presque) par un massacre. Ouf ! Dans la chronique du premier volume (SF Mag n 21), on avait exprim l gard de ce cycle int r t et circonspection. Int r t parce que l auteur faisait montre de qualit s prometteuses ; circonspection parce que le style nous semblait parfois confus pour ne pas dire incoh rent. Force est de reconna tre que les choses ici n ont gu re volu . On ne r siste pas la tentation de paraphraser Sell s, qui d clare page 186 : je devine qu force de ruses, de tours et de d tours, il est en train de se perdre dans son propre jeu. Citation qui vaut mode d emploi pour l auteur et l ensemble de l intrigue. OK, Marchika impose son r cit une narration moins d cousue (quelques figures du premier volume sont proprement escamot es), mais c est encore bien trop bavard, trop redondant. Manque de rigueur, manque de ma trise, comme en t moigne cruellement le choix de certains proc d s d criture. Trop d ellipses tuent l action et r duisent l impact de l histoire un l ger b illement. N est pas Borges qui veut. Ou Zelazny. Mais soyons indulgents pour cette fois. Colin Marchika poss de une voix originale, attachante : s il parvient mettre un peu d ordre dans ses id es et dans son style, nul doute que la fantasy fran aise tient l une future t te d affiche. La Reine de Vend me volume 2, Colin Marchika, dition Mn mos, 256 p. Rams s. La Nef du Cr puscule ++++ Ce troisi me volume voit le royaume des Six-Duch s au bord de l effondrement. Les attaques des Pirates Rouges se succ dent, de plus en plus efficaces et audacieuses. Leurs m faits restent impunis et leurs victimes, les Forgis s (hommes rendus l tat de b te), se rapprochent dangereusement de Castelcerf o si ge le Roi Subtil. Devant le danger, le prince h ritier V rit fait construire des navires afin de veiller sur les c tes du royaume et d attaquer les navires ennemis. Il demande Fitz, le h ros-narrateur, de s embarquer sur le Rurisk pour lui servir de relais aupr s du commandant. Dans ce contexte, Fitz ach ve son d veloppement initi dans le premier tome : il atteint sa maturit physique et s aguerrit l preuve des combats. Malgr les efforts des marins, la menace pirate ne faiblit pas. V rit d cide alors de partir la recherche des Anciens, tres l gendaires cens s venir en aide la famille royale en cas de besoin. Il confie Fitz la mission de prot ger ses int r ts et de veiller sur le Roi Subtil. Cette d cision se r v le judicieuse car Royal, demi-fr re de V rit , profite de son d part et de l amour de son p re pour pr parer son accession au tr ne. Face lui, Fitz a peu de moyens, et le soutien de Subtil s affaiblit chaque jour avec la d g n rescence physique du Roi. Pourtant, soutenu par son loup il-de-nuit et conseill par son vieux mentor, Fitz essaye de prot ger les personnes qui lui sont ch res et les int r ts de V rit . Il s expose ainsi en permanence et subit de nombreuses blessures, allant jusqu sacrifier son amour pour Molly son devoir. Malgr tout, la victoire demeure incertaine. Robin Hobb nous entra ne dans les aventures de Fitz avec un grand talent. La narration est pr cise et l atmosph re de la vie du ch teau o se d roule le r cit est superbement rendue. L intrigue ne conna t aucun temps mort, les v nements et les rebondissements s encha nent continuellement. On prend beaucoup de plaisir suivre le h ros, parfois na f, parfois sanguinaire, face aux nigmes du monde. Des points demeurent obscurs comme le sort de V rit ou les objectifs des Pirates Rouges. Et c est tant mieux, car c est avec impatience qu on attend de lire la suite. Robin Hobb confirme dans ce troisi me tome que le cycle de L assassin royal est un grand cycle de Fantasy et qu elle est un auteur de qualit . La Nef du Cr puscule, Robin Hobb. Cycle L assassin royal
T.3. Ed. J ai Lu. Traduction : A. Mousnier-Lompr . 414 p. Christophe Del Rosario Le Roi D Ao t ++++ J ai lu et ou dire propos de ce Roi d ao t qu il s agissait d un roman historique teint de fantastique. Restrictive autant que n gative, une telle formulation semblerait dire de ce roman qu il ne sait pas tr s bien o se situer. La r alit , c est que Le Roi d ao t est un incontestable et superbe roman fantastique tout autant qu il est un roman d une grande fid lit l Histoire. Comment cela est-il possible ? Explications. Le Roi d ao t nous conte l histoire de Philippe II Auguste, roi de France, depuis son adolescence jusqu la c l bre bataille de Bouvines. Il nous retrace, avec une pr cision m ticuleuse, les heurts et les malheurs du roi, la croisade laquelle il a particip , ses d m l s avec sa famille, avec les grands feudataires, les souverains trangers les Plantagen ts surtout et la papaut . Et y regarder d un peu plus pr s, Michel Pagel, en crivain accompli, nous propose en outre plusieurs itin raires parall les et convergents la fois : le parcours historique que nous venons d voquer ; l histoire d une amiti tout le moins houleuse entre Philippe et Renaud de Dammartin, son compagnon d enfance, dont l importance est loin d tre n gligeable dans le d roulement du r cit ; les amours successives du souverain pour Isabelle, puis Agn s, et enfin Isambour, sur lesquelles plane le spectre d une trange cr ature appel e Lysamour. Mais, au fait, que nous dit l Histoire : D s le lendemain de la c r monie (du mariage), pour des raisons myst rieuses, il (Philippe) d cide de se s parer d elle (Isambour) [Grand Larousse Encyclop dique en 10 vols. - Tome 8e - 1963] Je n ai pas interrog Michel Pagel ce sujet, mais quelque chose me dit que ces raisons myst rieuses de doivent pas tre totalement trang res sa d cision de s emparer un jour de l histoire de Philippe Auguste pour en faire un roman qui, d s son prologue de pr s de 40 pages, nous plonge on ne peut mieux dans le fantastique le plus d brid : Philippe ne serait autre qu un demi-humain depuis que son anc tre Hugues Capet a copul avec une cr ature non humaine. C est cette semi-humanit qui va lui permettre de vaincre Henri II d Angleterre. C est cette semi-humanit qui va d clencher chez lui une sexualit des plus troubles. C est cette semi-humanit qui va le pousser se s parer, sit t mari , de la belle Isambour dont la nature v ritable lui permettra, plus tard, d viter bien des pi ges et de remporter la d cisive bataille de Bouvines. S il s agit donc ind niablement d un roman fantastique, il s agit tout autant d un roman historique, o l Histoire se trouve compl tement revisit e, mais non pas la mani re d un Alexandre Dumas ou d un Walter Scott qui nous corrigeaient les v nements en faveur de h ros plus ou moins authentiques, mais bien celle, toute nouvelle, de ce nouveau courant initi par les Valerio Evangelisti avec son Nostradamus ou Juan Miguel Aguilera avec La Folie de Dieu et dont Michel Pagel emprunte son tour la trace. Un formidable pari totalement r ussi. Le Roi D Ao t, Michel Pagel. ditions Flammarion. 622 p. Jean-Pierre Fontana Ring ++ La version fran aise du r cit de Suzuki arrive fort propos en m me temps que la sortie DVD de Ring et celle de Ring 2 au cin ma. Sorti en 1991, ce livre s est vendu a plus de trois millions d exemplaires, profitant du succ s du film en 1998. Il est vrai que la trame du r cit est plut t simple : le journaliste Asakawa cherche une explication la mort de sa ni ce Satoko. Celle-ci est d c d e d un arr t cardiaque incompr hensible. Le plus trange, c est que trois amis de Satoko ont galement succomb , pour le m me motif et au m me instant. Lors de ses investigations, Asakawa est conduit visionner une cassette vid o et tombe dans un pi ge mal fique : il a sept jours pour lucider l nigme contenue dans la vid o. En cas d chec, une mort identique celle de sa ni ce l attend. Le r cit est une longue enqu te men e par Asakawa et son ami Ryuji pour retrouver celle qui est l origine de la mal diction, l inqui tante Sadako Yamamura. D chec en impasse, le terrible compte rebours ronge peu peu Asakawa, qui voit son univers se d sagr ger. Malheureusement, c est l le seul l ment de tension du livre, car l criture de Suzuki (ou est-ce le passage au fran ais ?) ne parvient pas cr er une atmosph re angoissante. On compatit au sort terrible d Asakawa, mais on n a jamais vraiment peur pour lui, malgr un d but prometteur. Cependant, gr ce une fin plus noire et plus surprenante, Ring laisse une impression assez favorable pour la suite venir, Rasen. Ring, Koji
Suzuki. Pocket Terreur. Traduction : Annick Laurent. 310 p. Christophe
Del Rosario L Instinct de l quarrisseur ++++ Avec ce roman, l auteur propose de nouveaux avatars de Sherlock Holmes et une variation de ses relations avec son concepteur. Cette fois-ci, c est par le biais d univers parall les que nous retrouvons un h ros fort diff rent de celui qui est pr sent dans les r cits de Watson. Dans cet univers envahi par les Worsh, (sortes de nounours venus de l espace) Holmes est l assassin Royal et ex cute froidement les sentences. Il est flanqu d un Watson plus proche du Professeur Challenger que du modeste chroniqueur que Conan Doyle a fait passer la post rit . Ce dernier peut passer d un univers l autre. Ce qu il vit avec Holmes n est que la vision d form e de ce qui se passe dans notre univers. C est ainsi qu il est m me de r soudre, en compagnie d Oscar Wilde, le myst re de Jack l ventreur. Il est entra n sur la piste de Moriarty et de l Arche des Worsh dans une qu te de l immortalit . L Instinct de l quarrisseur est un livre truculent, picaresque, violent, tonique, regorgeant de trouvailles farfelues, de situations d cal es sans faire perdre sa coh rence au sc nario. Ce roman de fiction, d aventures met en sc ne des personnages romanesques et historiques tels que Oscar Wilde, Jack London, Edison, dans une intrigue dont la tension ne faiblit quasiment pas au long des 370 pages. Un va-et-vient permanent entre les univers parall les, apporte une grande latitude de cr ation que l auteur ne se prive pas d exploiter. Bien qu il excelle dans l art difficile de la nouvelle, Thomas Day a eu tout fait raison de venir au roman, le r sultat en est probant. L Instinct de l quarrisseur, Thomas Day, Editions Mn mos, coll. Icares, 370 p. Serge Perraud Pollen ++++ Pollen : un monde qui aurait pu s appeler Eden ; un monde o les cit s ont pour nom Aigue-Marine, Am thyste, Lazulite, Chrysolithe et o les arbres offrent des nids douillets aux habitants humains. Pollen : un monde parfait, o toute forme de violence a t bannie ; un monde o la reproduction par manipulation g n tique dispense les femmes des affres de la grossesse et des douleurs de l enfantement. Pollen : un monde dominante f minine que dirige une matriarche ; un monde o les triades deux filles et un gar on constituent la cellule de base et o l amour sous toutes ses formes est devenu une r gle d or. Pollen : un monde paisible parce que prot g par un bouclier-satellite sur lequel des guerriers sont toujours pr ts intervenir pour repousser les pirates de l espace. Pollen : un monde de r ve enfin, sauf que Sauf qu un certain Sandre, quelque peu manipul il est vrai, va commettre un meurtre parce qu on lui a soustrait la femme qu il aimait. Sauf que Salem, sa s ur jumelle, va parvenir quitter la plan te pour rejoindre le bouclier o Sandre est d sormais exil . Sauf que Sahr , sa seconde s ur jumelle, ne supportera pas cette s paration et d clenchera, du m me coup, l agonie d un syst me en m me temps qu elle d couvrira ce qui se cachait derri re l apparente harmonie. Jo lle Wintrebert, dont il faut saluer ici le grand retour, nous offre avec Pollen l un de ces romans qui vous prennent la gorge d s la premi re phrase et qui ne vous l che plus jusqu son terme. En narratrice accomplie, elle distille savamment et simultan ment v nements et informations afin que l univers qu elle propose se construise dans l esprit du lecteur au fur et mesure qu elle d roule son r cit. Mais tout autant qu il l est par un d coupage qui encha ne m saventures et coups de th tre, ce roman est passionnant par la richesse de son d cor, par la justesse de son propos, par la diversit de ses personnages tous attachants leur mani re. Et par son style. Car Jo lle Wintrebert a un style nul autre pareil. Elle danse avec les mots, avec les phrases, conviant de la sorte son lecteur une folle sarabande sur la piste enfi vr e, sensuelle, sauvage et sans cesse surprenante des trois cents trente-trois pages d un livre qu il faut d couvrir toutes affaires cessantes. Pollen, Jo lle Wintrebert. ditions Au Diable Vauvert, 336 p. Plaisirs coupables +++ Dans une soci t o les vampires, les morts et sans oublier les lycanthropes sont citoyens am ricains, Anita Buffy Blake est r animatrice de profession et chasseuse de vampire par passion Invit e un trange spectacle vampirique aux plaisirs coupables pour l enterrement de jeune fille de son amie Catherine, Anita dite l ex cutrice se retrouve oblig e d accepter un contrat pour sauver son amie de l emprise des vampires. Son but est de d masquer la personne ou la chose qui d cime les vampires du royaume de leur ma tre Nikolaos, trange petite fille qui n a de pu ril que l apparence. Enqu tant travers les cabarets de vampires, les soir es sp ciales esclaves de sang , les glises de l immortalit , Anita rencontre des tres plus tranges les uns que les autres (et ce ne sont pas tous des tres de l autre monde !!!) ; qui a dit que le m tier de chasseur tait facile ? Gri-gri vaudous, marques vampiriques, rat garous, serviteurs immortels, goules, morts vivants, junkies accros l extase vampirique , tout y passe Dommage mi-chemin entre les vampires l gendaires et les vampires modernes, la bonne vieille m thode du pieu dans le c ur et les armes automatiques, le choix n est pas tr s clair, quelquefois aristocratique, quelquefois punk, l atmosph re oscille entre ses deux extr mes. Ce n est pas Dracula, ce n est pas non plus Lestat, mais bon, la famille des vampires est grande Cela dit, il s agit d une bonne distraction (faut bien reposer de temps en temps ses neurones !) avec un sc nario sans d saccord dans l laboration (rien qui tombe du ciel !) ; quant au fond attendons les aventures suivantes Plaisirs Coupables, Laurell K. Hamilton, Pocket Terreur, Traduit de l anglais par Isabelle Troin, 3787 p. Arnaud Blanchet Christopher Priest Le Monde inverti ++++ Ayant atteint l ge de mille kilom tres, Helward Mann doit pr ter serment et devenir apprenti dans une guilde. Parmi les six corporations veillant sur la ville, il choisit celle du Futur. Mais, comme l exige l immuable tradition, Mann doit parfaire sa formation au contact des cinq autres. Pour cela, il doit sortir de la cit . Le jeune homme d couvre alors l incroyable v rit : dans ce monde hyperbolique o chaque extr mit de la courbe tend vers une valeur infinie, la ville se d place sur rails, cherchant sans jamais y parvenir atteindre un point-optimum qui fuit vers l avant. Le sol lui-m me se meut vitesses variables selon une acc l ration exponentielle. Arriv au terme de son apprentissage, Helward se voit confier une mission : reconduire les femelles tooks leur village apr s qu elles aient accouch . La ville a en effet besoin d enfants et d ouvriers. C est pourquoi, au gr de son parcours, elle change nourriture et assistance m dicale contre femmes et hommes en mesure de travailler sur les chantiers. Une situation que supportent de plus en plus difficilement les populations ext rieures affam es. Helward Mann quitte alors la ville et Victoria son pouse pour un p riple qui le changera jamais Ce roman a rendu Christopher Priest c l bre, la suite n a fait que confirmer son talent. crivain au style polymorphe, Priest semble d ployer une double activit litt raire : l appropriation d univers fa onn s par d autres (Wells avec La machine explorer l espace, David Cronenberg avec la nov lisation de son film ExistenZ), ou le d veloppement de pr occupations personnelles travers des r cits comme Le Don ou Le Prestige. Le Monde inverti appartient sans nul doute cette seconde cat gorie. L auteur signe ici une uvre am re sur le devoir et la perte des certitudes, belle et d sabus e, rappelant Le d sert des tartares de Dino Buzzati. Une r dition n cessaire, mettre sur le compte de Folio SF qui, apr s la reprise d ENtreFER de Iain Banks, r alise d cid ment un parcours sans faute. Le Monde inverti, Christopher Priest, Gallimard, coll. Folio SF. Traduction : Bruno Martin. 388 p. Xavier Meaum jean La Trilogie Divine ++ Philip K. Dick est un monument. Auteur de chefs-d' uvre comme Ubik ou Le Ma tre du haut ch teau, sa vie fit autant couler d encre que sa bibliographie. Pourquoi ? La Trilogie divine est sans doute une des causes de son image de parano aque et de schizophr ne. Ce livre r dit aujourd hui par Lunes d encre est en fait compos de quatre romans : L Invasion Divine, La Transmigration de Timothy l Archer, Siva et Radio Libre Albemuth. Loin de ressembler ses bouquins ant rieurs, ils refl tent l tat d esprit de l auteur la p riode de leurs critures. Un homme qui ce moment-l est en pleine p riode mystique de doute et d interrogation sur l existence et le sens de dieu. Et par l m me sur le sens de la vie et cr dibilit de la r alit . Bref, La Trilogie divine est le reflet de cette recherche spirituelle. Parfois difficile lire (dans le premier roman par exemple Dick s inclut dans le fil du r cit puis dispara t lorsqu il se sent en paix avec lui-m me), mais bien moins imp n trable qu elle n en a l air, cette r dition satisfera surtout les fans purs et durs de l auteur. Les autres se contenteront de ses plus grands succ s. La Trilogie Divine, Philip K. Dick. dition Lunes d Encre. Traduction multiple, 948 p. J r me
Vincent L cole des assassins +++ Combien sont-ils ? Une quarantaine, mais chacun vaut mille fois plus. Que sont-ils ? Des tres chappant toute mesure, inhumains l image de la soci t dont ils sont issus. Des dieux. Des monstres. 2047 : quelque cinquante ans apr s sa r trocession la Chine (autrement appel e Comchine), Honk Kong est devenue une place-forte, une plaque tournante du pouvoir, point nodal et miroir de l immense village hyperlib ral mondial que se disputent un grand nombre d acteurs plus ou moins identifi s. Entre organes politiques, organisations criminelles affili es aux vieilles triades chinoises et entreprises- tats se livre une guerre occulte o tous les coups sont permis, avec pour objectif unique la domination sans partage en Asie. C est dans cette optique et dans la plus parfaite ill galit que certaines firmes ont achet les services de milices d un type particulier, capables de prouesses guerri res in dites gr ce la bio-am lioration (g n tique, nanotechnique et tutti-quantique ). Le programme le plus accompli du genre est peut- tre l uvre d un haut cadre de la Voyager Concept SA ; car sous couvert de participer aux efforts de recherche dans les secteurs de la bio-industrie et de la cybern tique, le d nomm Marion Strauss s est en fait ing ni pendant vingt-cinq ans doter son employeur d un service action constitu d individus (son fils et sa fille y compris !) sublim s par une technologie r volutionnaire et donc aptes r duire n importe quel adversaire. Mais un v nement impr vu va venir l zarder la fa ade de ce bel difice. Guid par les pr ceptes du Bushido et l enseignement de son mentor Jon Hoka , Peter (alias le Samoura ), le propre fils de Strauss, entre en dissidence, refusant de suivre la voie meurtri re qu on a trac e pour lui. Pire : son exemple fait des mules chez les anciens l ves de l cole des Assassins. Pour mater cette r bellion, Strauss est pr t toutes les compromissions, tous les sacrifices On sait la fascination de Thomas Day pour les civilisations orientales et les gestes violents. Ceux qui d duiront d un tel axiome que les l ments ci-dessus nonc s servent de pr texte de spectaculaires empoignades ne seront pas tout fait d us. Ceci est bien une histoire de super-(anti)h ros comme on les aime, au carrefour d influences fortement marqu es. Rendons Akira et Matrix ce qui leur appartient. Mais, surprise, derri re l apparente simplicit du propos se cache une r flexion plus ambitieuse sur la condition humaine, la solitude, le renoncement, que le duo Day/Bellagamba expose par petites touches tr s habiles. L homme de demain ne sera que la somme et le r sum des choix de toute l humanit , nous dit un des protagonistes en conclusion de cette belle fable cyberpunk. Sans pr tention, mais diablement efficace. Thomas Day / Ugo Bellagamba, L cole des assassins, Le B lial, 178 pages. Rams s Lisane, la magicienne sans nom. Le cycle de Ller 1. +++ Lisane, fille du IlerMennet, le Seigneur du Cycle, et de la IlerKalten, la Reine M re, a t duqu e pour devenir son tour la future imp ratrice et pr tresse de Mennenkalt. Sur sa plan te, ce qu ailleurs on appelle Magie est consid r comme manant de Ller, nergie premi re, mi-d esse mi- l ment, la fois respect e et lou e. Mais tout cela n est plus que pass , fumerolles dans l univers indiff rent, souvenirs sans force. Les envahisseurs ont tout an anti. La plan te a t ravag e et les sujets de Lisane r duits en esclavage. Dans sa fuite, Lisane choue sur un monde archa que, o elle est faite prisonni re et conduite dans une citadelle aust re aux r gles carc rales. Ici est enseign e la Magie, puissance dangereuse et mena ante. Ller y est inconnue. Ici on ne croise que des gar ons. Sur ce monde, seuls les hommes semblent capables de manier la Magie et nombreux sont ceux qui en usent avec violence. Malgr le d saccord des membres du Grand Conseil, Kaihan, personnage aussi nigmatique que puissant, ordonnera qu elle suive l enseignement r serv aux apprentis mages et qu elle se pr sente devant la B te pour l ultime preuve. Pour son premier roman, Delia Marschall Turner nous offre une alliance r ussie entre fantasy et science-fiction, m lant sans fausse note, magie, pr trise l mentaire et conflits galactiques. Le style est vif, l intrigue rythm e et accrocheuse. La fin du roman p che un peu. Trop rapide. On reste sur sa faim, peut- tre parce que l on s est laiss prendre par le p riple de l h ro ne et que l on voudrait en lire plus. Autre hardiesse de l auteur : le voile de pudeur qui jusque-l flottait sur tous les crits de fantasy est d finitivement arrach . Les h ros sont de chair. Le d sir existe ! Et pas seulement. La surprise est l . Mais est-ce suffisant ? La suite nous dira si, l tonnement pass , il subsiste suffisamment de qualit s pour en faire une bonne saga. Verdict au tome II du Cycle de Ller. Lisane, la magicienne sans nom, Le cycle de Ller 1, Delia M. Turner. ditions J ai Lu. Traduction : Sophie Troubac Karine Soum-Dominiczak La Fille aux cheveux noirs +++++ Il y a plusieurs Philip K. Dick : le total hallucin de Substance mort, le parano de Coulez mes larmes, dit le policier, celui plus religieux du Ma tre au Haut Ch teau. Le Dick que l on d couvre dans La Fille aux cheveux noirs r v le une autre facette d un individu-ubik l coute de son anima et de ses motions sublim es ou fantasm es. Compos e en 1972, en partie durant son exil canadien , mais publi e en 1988, La Fille aux cheveux noirs (l original offrant d autres lettres et textes) est un recueil de 6 r ves et 16 lettres adress es 9 correspondants majoritairement f minins (sa m re Dorothy, ses ex-femmes ou compagnes ). Dans ces textes-souvenirs, parfois maladroits et path tiques, se d gage une beaut poignante notamment lorsque Dick s ouvre, en c ur g n reux, sur ses trajectoires amoureuses fragment es mais rayonnantes ou sur son incompr hension de la r alit sociale et la violence urbaine. On y croise, au d tour d une phrase, des anecdotes sur des grands noms de la SF tels Delany, Spinrad, Heinlein, Disch, ses pseudo-pers cutions par le FBI ou encore sa relation avec la drogue. Odes la vie, cet ternel f minin trop t t disparu durant ce mois de janvier 1929 et qui le hantera toujours, ces documents t moignent de la bont d un homme bless , passionn , la recherche d un omphalos et d une d esse-m re. Gardons-nous de devenir des andro des d connect s de l affect . La Fille aux cheveux noirs, Philip K. Dick, Gallimard, Folio
SF n 87.Traduction : G. Goullet, pr face de N. Spinrad. 192 p. A. Marcinkowski Cruels miracles +++ Orson S. Card pr sente dans ce recueil, six nouvelles dont l axe de r flexion est la religion. L auteur affirme que le r cit de science-fiction est le mieux adapt aux tats-Unis pour parler de religion. Cependant, cette volont affich e ne convainc pas enti rement car l int r t des r cits est in gal. Une nouvelle domine les autres par sa qualit : il pour il , qui a d ailleurs obtenu le prix Hugo. Mick est un adolescent dot d un pouvoir qu il comprend mal, mais qui lui permet de provoquer des maladies ou de tuer les gens qui l nervent. C est le m me principe que dans le cycle d Alvin le Faiseur, o la religion c toie la magie. il pour il nous plonge imm diatement dans un univers sombre et passionnant. Mets de Roi est une nouvelle d rangeante qui force r fl chir sur la responsabilit et la culpabilit de l Homme. Il s agit ici du cas du Berger, homme silencieux qui se charge d entretenir un troupeau d humains pour fournir de la nourriture son roi extraterrestre. C est un r cit fort que l auteur met en relation avec la situation des Juifs dans les camps de concentration. Trois autres nouvelles reprennent des th mes plus conventionnels : la mort ( Dieux mortels ), les rites tranges ( Sacr ), le jusqu au boutisme religieux ( Comte de Sainte-Amy ). Le dernier r cit, Gr ce salvatrice , traite d un probl me typiquement am ricain, le t l vang lisme. Cette nouvelle, aux dires de l auteur, fut la moins comprise et il est vrai que sa pr sence dans un recueil de science-fiction peut surprendre. Elle pourrait tre tir e d une publication religieuse. L uvre d Orson Scott Card est impr gn e de religion. Il va ici au bout de sa logique en cr ant des histoires illustrant des concepts religieux. Les nouvelles ne sont pas toutes exceptionnelles, mais il pour il et Mets de Roi mettent pleinement en valeur l immense qualit de conteur d O.S.Card. Cruels miracles, Orson Scott Card, Ed. L Atalante,
Traduction : A. Mousnier-Lompr et L. Carissimo. 220 p. Chistophe Del Rosario La table d Had s ++++ Au commencement tait un fait divers horrible comme il en existe tant dans notre bel Hexagone. Une femme et sa fille viol es puis massacr es par quatre zozos en manque de sensations fortes dans un parking, peu apr s la F te nationale. Puis viennent s ajouter les cadavres de deux des quatre loustics, retrouv s les organes internes carbonis s. Il y a de quoi flipper ! La richissime Mme Klain, dont le ben t de fils fut partie prenante dans cette sordide affaire, craint pour la vie de son rejeton. Elle engage derechef des porte-flingues pour liquider, renseignement pris, Monsieur Krall, avocat parisien mollasson mais li aux d funtes, jouant le justicier. Le quarteron de tueurs gage choue devant un Bernard Krall prot g par un halo calorifique. Pour Auffret, avocat reconverti dans le crime, il faut retrouver Krall et le liquider d finitivement. Mais comment tuer l inhumain d autant qu un certain commissaire Contura semble bien rencard sur le pyromane ? Auffret, conscient d une r alit insaisissable, doit s immerger dans le pass , plonger dans des souvenirs enfouis au tr fonds de son tre pour en extirper l affaire surr aliste du Texas, le cas Ledantec. Affaire qui l avait conduit la folie meurtri re puis l errance. Ma tre Auffret doit surtout admettre l existence d un au-del compos d mes chaudes, froides, ti des. Il sait d j qu il ne peut chapper un combat spirituel entre les p les thermiques. Ca d bute comme un polar et a se poursuit comme du fantastique horrifique la Dan Simmons. Pour ce premier roman, Rapha l Reclus a frapp fort. Il a su camper avec beaucoup de r alisme les personnages, cr er des situations, balancer des dialogues grin ants et corrosifs. Par un style incisif, il entra ne, tel un pr socratique, le lecteur dans un imaginaire de feu et de glace, de chaud et de froid. Signalons que les ditions CyLibris, qui commercialisent les premi res uvres sur internet, avaient d j fait para tre en ligne, d s juillet 1997, l excellent texte cynique de Reclus. Une version papier s imposait donc. La Table d Had s, CyLibris ditions, Collection Fantastique, 180 p. A.
Marcinkowski Star Wars
pisode 2 L Attaque des Clones +++ Connu dans le monde de la fantasy pour sa s rie de l Elfe Noir, ou encore pour ses ouvrages dans les univers cr s par Wizard Of The Coast, R.A. Salvatore s tait d j frott l univers de Star Wars avec Vecteur Prime, le premier volume du Nouvel Ordre Jedi, qui avait en quelque sorte relanc l int r t des lecteurs anglo-saxons pour une saga litt raire qui commen ait s puiser. Dot d un solide C.V., R.A. Salvatore a donc t choisi pour coucher sur papier l adaptation de cet pisode 2 Dont certains disaient, non sans une pointe de plaisir pervers, qu il finirait d asseoir la r putation de vil vendeur de produits d riv s d un certain George Lucas. Force est pourtant de constater que si le roman comporte quelques d fauts, il pr sente pourtant au lecteur amateur de space-opera sans fioriture, une solide intrigue, des personnages sympathiques et un rythme v ritablement effr n . Dix ans ont donc pass depuis les v nements relat s dans La Menace Fant me. Et les choses n ont gu re chang . La R publique est toujours rong e de l int rieur, les s paratistes se font plus nombreux et ils se sont r unis sous la banni re du Comte Dokuu, ancien Jedi d go t par la faiblesse du syst me d mocratique. Alors qu elle se rend sur Coruscant pour s opposer la cr ation d une grande arm e de la R publique, Padm Amidala, s natrice, est victime d un attentat. Pr occup par sa s curit , le Conseil Jedi lui d signe deux gardes du corps. Obi Wan Kenobi, chevalier Jedi et son padawan, un certain Anakin Skywalker. peine le temps de ressasser quelques vieux souvenirs et une nouvelle tentative d assassinat choue. Alors que Kenobi se lance la poursuite d un trange chasseur de primes, Anakin et Padm vont se r fugier sur Naboo Pour ceux qui n auront pas encore vu le film quand ils liront ceci, nous n irons pas plus loin. Il suffit de dire que R.A. Salvatore, avec un art consomm du r cit, du rythme et des descriptions courtes nous plonge dans un tourbillon o amour, trahison, batailles rang es et man uvres politiques s entrechoquent pour donner, sur papier du moins, une tapisserie beaucoup plus riche et plus tendue que celle de l pisode I. La chute d Anakin se dessine, les man uvres de Darth Sidious surprennent par leur audace et leur simplicit et finalement les principaux h ros sont r duits l tat de marionnettes entre les mains d un seul homme : le futur Empereur Palpatine. Comme nous le disions plus haut, le roman a des d fauts. Par exemple certains combats au sabre-laser sont totalement incompr hensibles, tout comme certaines sc nes d action, d crites avec une telle conomie de mots qu elles en deviennent paradoxalement obscures. L univers de Star Wars est bien rendu Mais risque de laisser en carafe certains nouveaux lecteurs qui entreraient dans cette galaxie lointaine avec ce roman. Enfin, une partie des dialogues, directement tir s du script, tombe vraiment plat. Mais ce sont l des d fauts mineurs face au plaisir de retrouver l esprit Star Wars et d entrevoir les bouleversements qui attendent lecteurs et spectateurs lors de la sortie de l pisode III en 2005. Star Wars pisode II, L Attaque des Clones. R.A. Salvatore. Fleuve
Noir ( dition simultan e en grand format aux Presses de la Cit ). Traduction :
Jean Marc Toussaint. 400 p. Chris Corthouts Fight Club + + + + Sur une chelle temporelle suffisamment longue, le taux de survie de tout un chacun retombe z ro . Le h ros anonyme du roman, Psycho Boy ou Joe-quelque chose, a tout le temps de m diter cette tragique lapalissade, puisqu il est insomniaque. Entre deux cachets, Amytal ou Seconal, il se rend dans les centres de soutien aux parasit s du sang ou du cerveau, aux rap-leuc miques, ou passe un moment avec Bob, athl te satur aux st ro des qui a troqu sa petite paire de testicules contre de superbes nibards. Une fa on comme une autre d oublier un m tier ennuyeux (escroquer l galement les accident s de la route) et de fuir son appartement tendance format par Ik a. Il ne manque que le gentil chien. Tout va changer lorsqu il fait la connaissance de Tyler Durden. Apr s une baston m morable, les deux compagnons de d route vont instaurer les r gles du Fight Club : on ne parle pas du Fight Club, chaque nouvel arrivant doit se battre, combat un contre un, au centre du cercle, sans chemise ni chaussures. Aucune limite, on s arr te quand l un des adversaires d clare avoir eu sa dose. Rien voir avec les affrontements aseptis s d Ultimate Fighting transmis sur le c ble l intention de yuppies en qu te de sensations. Ici on morfle. Ici on rena t. Car le d foulement hebdomadaire va bient t se transformer en v ritable entreprise de lib ration des individus, qui suppose au pr alable la d molition. Destruction d un corps oubli pour mieux le sentir nouveau, pulv risation de la soci t , acc l ration de l entropie par petites touches. Serveurs qui pissent dans la bisque de homard, image porno subliminale inject e dans le dessin anim des familles, graisse liposuc e refourgu e ses propri taires sous forme de savon vingt sacs le pain. Tyler Durden, qui est en passe de devenir une v ritable l gende urbaine, rassemble autour de lui les exclus de la soci t , les vrais, ceux qui ne peuvent en sortir. Avec l aide de ses singes de l espace , il met au point son chef-d uvre r volutionnaire : le Projet Chaos. Joe-quelque chose n a peut- tre pas l intention d aller aussi loin Si tous les go ts sont dans la nature, tous les coups sont
dans la culture. Fight Club est un superbe roman nihiliste, un programme final
pour ceux qui ne supportent plus les programmes, servi par une excellente
traduction. D non ant la publicit comme valeur politique, vomissant
l anesth sie des facult s, Chuck Palahniuk propose tout simplement de faire
p ter la civilisation. Non pas une r volution culturelle mais une r volution contre la culture. Br ler les for ts
amazoniennes, pomper des chlorofluocarbures droit vers le trou de la couche
d ozone, aller jusqu au bout de ses actes sans se retrancher derri re un
pr chi-pr cha politiquement correct. Apr s, tout ira mieux, et l on chassera
l lan dans les ruines du Rockfeller Center. Fight Club est une invitation
gueuler ou la fermer. D finitivement. Fight Club, Chuck Palahniuk, Folio SF. Traduction : Freddy Michalski, 290 p. Xavier Maum jean Le Chant de la meuille +++++
Bienvenue dans un livre de voyages ; voyages qui vous m nent du Rh ne New York, de l Allemagne la Russie en passant par l Alg rie, des ab mes lovecraftiennes jusqu aux toiles ; des voyages travers la vie, des voyages au-del de la mort, des morts. Un homme assoiff de vie ternelle , des portes qui m nent Ailleurs , une ville au comportement intelligent fondement de l Univers , un clochard crivain , des hommes pourchass s par leurs peurs , un enfant terroris la recherche de ses esp rances , un homme qui ne comprend pas sa destin e , autant de rencontres, et plus encore, qui vous attendent. Mythes, r cits, t moignages ou simples biographies, c est un v ritable tourbillon, une meuille , dont on ne sort pas indemne. Ces textes ne s expliquent pas, ils se vivent ! Ils racontent des vies qui furent ou qui ne seront jamais ! Leur force est telle que chaque page appelle une nouvelle page, une histoire une autre histoire ! Si souvent cit e, tristement d actualit , la mort prend une nouvelle dimension ; vous de le d couvrir travers ces textes tragiques, dr les, mouvants, r voltants, parfois choquants, en fin de compte inoubliables ! Un Livre, un vrai Livre ! Un livre qui vous poursuit des heures, des jours durant, et, bonheur, qui chaque lecture illumine des tr sors cach s et des messages jusqu alors obscurs ! Un recueil que chaque crivain en herbe aimerait pouvoir signer de sa propre main. Le Chant de la meuille, Alain Pelosato, ditions Naturellement, 232 pages. Arnaud
Blanchet Or not to
be ++++ Fort d une dizaine d ouvrages et de plusieurs prix (Ozone 1999, Bob Morane 2000, Grand prix de l imaginaire 2000), Fabrice Colin est un passionn de cette Albion des temps jadis et nombre de ses romans a pour d cor la cit londonienne. Or not to be ne d roge pas et nous entra ne dans l univers shakespearien. La trag die prend forme. Au lieu de d ferler victorieuse et paroxystique, elle s insinue progressivement page apr s page, ligne apr s ligne. Tout d bute avec ce jeune homme, Vitus Amleth de Saint-Ange, intern Elisnear Manor, tablissement pour malades mentaux fortun s, pour un cas d obsession shakespearienne. Nous sommes au d but du si cle et le grand docteur Freud fait des mules de par l Europe. Vitus est soign par Thomas Jenkins pour amn sie volontaire cons cutive un choc motionnel. Mais le d c s de sa m re Mary l am ne quitter Elisnear. Pour Vitus l agnostique c est l occasion de rapi cer les lambeaux de vie pars, de comprendre sa n vrose ou du moins de mieux la vivre. La plong e dans son enfance force l oublieuse m moire faire nouveau son travail. Il se souvient de la relation fusionnelle avec sa m re, de la rivalit avec les nombreux amants de Mary, de son oncle, de Samuel Bodoth et de la visite des Midlands o lui fut ouverte, par le biais de la rencontre avec l excentrique et cultiv Henry Hudson, la for t. D s lors qui de Vitus ou de William rencontre Pan, dieu d une Arcadie mythique, non loin des vestiges d un ancien temple romain par un apr s-midi pluvieux ? Th ophanie salvatrice, elle procure Vitus le moyen de s immerger dans le r el et, tel le barde de Stratford, de composer une Trag die fant me, exutoire pr cieux d une me en qu te d absolu. Le temps du renouveau a peut- tre sonn pour Vitus qui voue un amour platonique Anna, rencontr e la Grammar School de Stratford en 1915. Mais l chec ditorial de sa pi ce de th tre le conduira au suicide. Dans une atmosph re de surnaturel et d initiation r demptrice s entrecroisent les histoires de Vitus Amleth adulte, de Vitus enfant, de William Shakespeare. Par ce Livre au lyrisme appuy , l criture temp tueuse, on semble saisi par la m lancolie, cette maladie de l me qui transforme et noircit ce qu elle atteint. En apparence seulement car Fabrice Colin ne manque jamais de rappeler la fragilit de la vie, sa beaut aussi, dans une orchestration des deux forces pulsionnelles, Eros et Thanatos. En a de de la po sie pastorale, Colin c l bre le temps, les saisons, les senteurs, les bonheurs sylvestres d autrefois et leurs chos pa ens. Il aime les mots, s enivre de leur sens et de leur port e, les anime dans une sarabande au son de la syrinx de Pan, les fait gambader sur les sentes de Fayrwood. Et s il ne faut retenir qu une chose de lui : le souffle br lant d un talentueux po te. Tu t en es all seulement pour revenir sous les applaudissements . Or not to be, Fabrice Colin, L Atalante, 376 p. A. Marcinkowski La Lance de Saint-Georges (La Qu te du Graal) + + + Le jour de P ques 1342, un petit village du sud de l Angleterre est mis feu et sang par des pillards fran ais venus de Normandie. Une relique la lance avec laquelle Saint-Georges terrassa le dragon est vol e dans l glise. Ce m me jour, le jeune Thomas abat quatre agresseurs avec son grand arc en bois d if, et d cide d embrasser la carri re d archer. La Lance de Saint-Georges est le premier volume d une trilogie dont l action se d roule pendant la Guerre de Cent Ans. Son auteur, Bernard Cornwell, est d j l auteur d une trilogie arthurienne et de La L gende de Stonehenge. On le sent parfaitement l aise dans l vocation des aventures de son h ros, aventures qui se terminent (dans ce premier volume) avec la sanglante bataille de Cr cy, tombeau de la chevalerie fran aise. On peut s tonner d un titre fran ais qui sugg re un r cit l gendaire, alors que le titre original (Harlequin, du vieux fran ais hellequin - troupe de cavaliers du diable) correspondait mieux au contenu historique de l ouvrage. La Lance de Saint-Georges de Bernard Cornwell, ditions Presse de la Cit . Traduction : Christian Molinier. 492 p. Alain Paris Angel Heart + + + + La S rie Noire cr e par Marcel Duhamel tait une collection consacr e au polar, mais elle avait pour particularit d accueillir de temps autre un bouquin inclassable, un OVNI que d couvraient des lecteurs pat s. Pour exemple, citons Le Desperado de Clifton Adams (western hyper-r aliste), Le Cerveau du Nabab de Curt Siodmak (fantastique horrifique), Fantasia chez les Ploucs de Charles Williams (grosse rigolade). Angel Heart, de William Hjortsberg, appartient cette cat gorie de romans qui firent date dans la collection, o il parut sous un titre beaucoup plus explicite : Le Sabbat dans Central Park. Car il s agit bien d un polar fantastique, avec dans un des principaux r les m me s il reste tr s discret, le Diable en personne. Le d tective priv Harry Angel, lanc la recherche du chanteur disparu Johnny Favorite, n est pas au bout de ses surprises, et le lecteur non plus Gallimard r dite ce roman dans sa collection Folio SF, fourre-tout o se c toient Dick, Dantec, Asimov et Palahniuk. recommander, la version cin ma r alis e par Alan Parker, avec Mickey Rourke, rarement aussi bon, et Robert de Niro, impeccable comme d habitude (barbiche en pointe, pour incarner M. Cyphre). Angel
Heart, de William Hjortsberg, Gallimard Folio SF. Traduction
: R. Fitzgerald. 240 p. Alain Paris Le regard des furies +++++ Javier Negrete faisait partie de la liste d auteurs espagnols que nous conseillait Juan Miguel Aguilera dans son entretien. Apr s la lecture de ce livre, je ne peux qu approuver ce choix et esp rer lire les autres aussi. Le personnage central du r cit, Er mos est un g n te, un sur-homme cr en laboratoire pour les besoins de l Honyc. Dans les situations d sesp r es, elle fait appel lui. Suite la loi Chang, la chasse aux g n tes est ouverte et Er mos est mis en hibernation pour tre r veill dans des temps meilleurs. Quand un vaisseau triton s choue sur Rhadamante, tout naturellement, la compagnie y voit l occasion de mettre la main sur la technologie hyper-luminique et le rappelle au service. Les Tritons ont toujours gard jalousement leur savoir et menacent l humanit de destruction si elle ne lui rend pas cette technologie dans un d lai de treize jours. L enjeu est de taille, le compte rebours commence Le personnage du sur-homme n est pas nouveau, mais est trait ici avec originalit . Tout au long du r cit, nous pouvons suivre l volution d Er mos vers des r actions plus humaines, non calcul es. L auteur arrive nous rendre ce tueur sympathique et surtout oublier son statut de g n te pour voir en lui, un homme. L interrogation est d ailleurs toujours l : qu est-ce qui le rendrait moins humain que nous ? Est-ce que les retouches g n tiques, cybern tiques lui enl vent le droit des sentiments ? En quoi est-il tellement diff rent ? Sa manie de cerner les choix par A), B), est aga ante mais en accord avec un cerveau proche de l ordinateur. L ultimatum des Tritons r tr cit le cadre de l action et permet l auteur au long des 400 pages de s tendre sur les petits faits qui font toute la saveur de la vie (rencontre avec Clara, ). Javier est aussi pass ma tre dans l art du suspense en rajoutant une deuxi me date butoir, celle de la mort d Er mos ! Parall lement, les 2 menaces suivent leur cours, l une vers un destin contre lequel se battent Er mos et l autre vers la disparition in luctable de ce dernier. Quelle plus belle le on donner, que de d fendre les personnes qui vous refusent le statut de fr re ? Javier sait aussi m nager ses effets, il suffit de voir comment se termine le duel de Kraul Lusitania pour comprendre qu il est plein de surprises. Un tr s beau livre qui, se lit tr s facilement et nous interpelle sur l galit entre les hommes. Le Regard des furies, Javier Negrete, L Atalante : La dentelle du cygne. Traduction : Christophe Josse, 412 p. Fran ois SCHNEBELEN L IA et son double +++++ Voici venu le temps des machines pensantes reproduisant l intelligence humaine. De Siscie aux IA d Hyperion se mouvant dans l infosph re ou des drones savants de la Culture, les robots capables de perception, d action et de raisonnement ont envahi pour l instant la SF. Evolution s Darling narre l histoire de Ch ri, une intelligence artificielle volutive ayant d pass le cap de la simple m canique humano de pour devenir une personnalit autonome et poss der un statut l gal. Mais avant de devenir une individualit , Ch ri tait l IA du vaisseau du paparazzi galactique Isaah. Son d veloppement se fit gr ce l amour que lui portait Pasque, la fille d Isaah. Souvenirs vieux maintenant de 200 ans. Mandat par Fowdy, Ch ri, devenu n gociateur-expert en uvres d art, se rend sur Malvir afin d acqu rir un Vaddum lors d une vente aux ench res au b n fice de la galerie d Hirata Flex. L IA, sorte d alien min ral la Giger, esp re rencontrer encore une fois le sculpteur, un artificiel autodidacte de g nie, dans l univers de l Expansion o n importe quel produit peut tre synth tis . bord du Faveur de la Reine, il rencontre la biologique Mira, sp cialiste de l espionnage industriel et tueuse professionnelle, qui enqu te sur l explosion d une usine de synth se et la duplication d IA pr cis ment sur Malvir. De jeux rotiques sadomaso en aventures violentes, Ch ri et Mira trouveront chacun leur Graal une fois leur mission accomplie : paradis artistique pour l un, amn sie pour l autre. L IA et son double est un livre d routant et l on se surprend vouloir en abandonner la lecture d s les premi res pages. Ce serait l une premi re erreur. Car pass le " d boussolement " li une construction stylistique singuli re, on bascule vite avec d lectation dans le monde du tactile, du sensitif avec comme point d orgue la rencontre de la silice et de la chair jusque dans ses tats alt r s. La deuxi me erreur serait de r duire le r cit un conflit machine vs. tre humain. Cette lutte prom th enne, totalement d pass e, est rendue obsol te par la nouvelle perception des machines complexes et de l interrogation humaine sur l ventualit d une " me robotique ". Chez Westerfeld, le tr s c l bre test de Turing est emprunt pour mieux tre d pass . D s lors, l existence de l homme et de la machine volutive se fait au c ur de l ambigu t puisque l un comme l autre poss de les garants irr futables de l appartenance la condition humaine que sont m moire et corps. Scrutateur pertinent de notre poque, Westerfeld ne nous parle pas de l avenir imm diat mais produit un effet loupe sur la fascination de l artificialisation de l homme et l humanisation de la machine jusque dans sa conception formelle. Un roman intelligent et d bordant de sensualit par un jeune auteur extr mement prometteur. Body art magna vous dis-je ! L IA et son double, Scott Westerfeld, Flammarion, Collection Imagine. Traduction : P.-P. Durastanti. 294 p. A. Marcinkowski |