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Réal. & scénariste : Fede Alvarez
Co-scénariste : Rodo Sayagues
Avec : Jane Levy, Shiloh Fernandez, Lou Taylor Pucci, Jessica Lucas, Elizabeth Blackmore.
Distribué par Metropolitan Filmexport
Note : 9/10
On a longtemps cru qu’on ne touchait pas aux classiques, qu’on n’en ferait jamais un remake. Mais dans les classiques, il y a la classe nanar et la classe chef-d’œuvre. Ainsi, faire un remake de « La colline a des yeux », pour le résultat que l’on sait, et au vu de l’original, définitivement pas terrible du tout, fut une excellente idée. Les remakes de « Hitcher » et « La maison du diable », deux catastrophes. Et celui de « Massacre à la tronçonneuse » une excellente surprise. Hé bien, « Evil dead » se situe dans cette dernière section. L’original de Sam Raimi, constitua en son temps une sacrée date dans le genre. Traumatisante à l’époque, du genre à vous scotcher pour un bon bout de temps, à vous faire retarder le moment d’aller se coucher. Des images chocs encore présentes à l’esprit (le stylo dans la cheville...), une folie omniprésente tant cartoonesque que terrifiante. Le film dont on se disait qu’un remake serait cause perdue. Sauf si, comme dans le cas présent, il est signé d’un pur fan du film, qui le connait sur le bout des doigts, qui a ressenti des choses qu’il a eu envie d’inclure à sa version, une version qu’il rédige avec un comparse avec un respect pour le film de Sam Raimi qui se sent à chaque plan. Et de découvrir son « bébé », un pur film d’horreur cauchemardesque, du genre qui arrive à vous faire grimacer devant ce qu’on voit, sans humour, avec beaucoup d’horreur et de peur, « Evil dead » n’est pas une relecture de son modèle, mais simplement une réappropriation d’une œuvre phare du genre, resituée à notre époque, plus étoffée question scénario, plus folle, plus gore...
Cinq amis partent en week-end dans la maison familiale de Mia et de son frère David, officiellement pour de la pure détente, officieusement pour guérir Mia de ses addictions. Une fois installés, l’un d’eux découvre un vieux livre fermé au fil de fer. En tentant de le comprendre, Eric récite à voix haute certains mots reproduits sur les pages. Et une longue nuit en enfer peut commencer, car ce qui au final n’est rien d’autre qu’une incantation maléfique, réveille de vieux démons et surtout l’un d’eux, le plus terrifiant de tous, ressuscité uniquement pour décimer tout humain rencontré...
Premier film d’un jeune cinéaste uruguayen, complètement fan de l’original, cet « Evil dead » nouvelle version conserve les grandes lignes de son scénario, mais en parallèle, il s’en réapproprie d’autres pour mieux les (re)travailler, voire y ajouter de pures séquences d’horreur traumatisantes car limite inédites dans le genre, même quand on pense avoir tout vu. Déjà, Alvarez et son comparse Rodo Sayagues, commencent par embellir les personnages, faisant de l’un d’eux une candidate en puissance au suicide, en manque de communication avec son frère, et pour laquelle ses amis sont prêts à utiliser ce week-end pour l’aider. Ce qui donne au spectateur une meilleure connexion avec chaque protagoniste. Ensuite, question horreur pure, « Evil dead » va loin, très loin. A notre époque, très marquée par le cinéma horrifique version séquelles de « Saw », ce nouvel « Evil dead » retrouve la folie hystérique de son modèle couplée avec de l’horreur pure de dure, mais version « old school », comprendre sans l’aide de CGI. D’où cette impression étrange, ce sentiment de ressentir comme un certain malaise, chose que les « torture porn » ont tellement galvaudé qu’on n’y ressent par contre plus rien devant chaque atrocité commise. Et enfin, il y a tout simplement ce talent certain de savoir conjuguer à l’horreur ce que le premier « Evil dead » avait réussi, à savoir susciter de la peur, de la vraie peur, de croire en un Mal qui existe bien dans les images qu’on voit - en ôtant par contre toute notion d’humour de quelque sorte qu’il soit, humour présent dans l’original car faisant partie de la personnalité de Sam Raimi. Et de tous ces éléments, de cette passion pour le film choc de Sam Raimi, Fede Alvarez a transcendé son défi, son pari, a réussi à honorer ce modèle, ce classique, ce chef-d’œuvre comme on ne pensait jamais le voir. La dernière fois qu’un remake avait été aussi bluffant, c’était pour celui de « Massacre à la tronçonneuse » de Marcus Nispel. « Evil dead » constitue à ce jour le second meilleur remake d’un classique de l’horreur et de l’épouvante, c’est tout.
Stéphane THIELLEMENT
Interview de Fede Alvarez et autre chronique du film dans le sfmag N° 80 en vente en kiosques le 20 mais 2013 jusqu’au 20 juillet
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