Les titres de propriété de chaque parcelle de terre ont pour origine un acte de violence, plus ou moins reculé dans le temps et les droits de propriété n’ont que la valeur de la volonté et de la force nécessaires pour les protéger. C’est la leçon que nous donne l’Histoire.
Nouveau venu sur la planète Koryphon Elvo Glissam y découvre les subtilités du peuplement.
Si les Erjins et les Morphotes sont considérés comme des peuplades autochtones dont le niveau d’intelligence reste encore à déterminer les 30 000 ans de conquête spatiale au sein de l’Aire Gaïane ont amené plusieurs vagues de peuplement.
Les Uldras humanoïdes ont vu leur aspect modifié au fil des générations tandis qu’ils perdaient leur maîtrise technologique. Ceci explique qu’il y a deux siècles des flibustiers venus de la Terre sur leurs vaisseaux spatiaux se sont imposés par la force, obligeant des tribus uldras à leur céder le contrôle de larges territoires.
Depuis les Barons terriens et les Uldras vivent en symbiose économique profitable aux deux parties. Mais si les les terres régies par les Barons sont des havres de paix ce n’est pas le cas des territoires aux mains des Uldras nomades en état de guerre quasi permanent.
Koryphon abrite également une population d’origine terrienne récente et plus modeste. Ne possédant pas de terre acquises autrefois aux dépends des Ultras ils se caractérisent par une vie sociale riche qui implique une large part de philanthropie et d’’altruisme. Ainsi l’Alliance Rédemptionniste lutte politiquement contre les "Traités de Soumission" insistant pour qu’on rende aux Uldras leurs territoires jadis confisqués.
Alors que l’agitation politique se poursuit Glissam participe aux recherches du Baron Madduc disparu en plein désert alors qu’il faisait une stupéfiante découverte.
Ce roman riche en énigmes et aventures développe le thème de la conquête. À l’idéalisme des Rédemptionnistes s’oppose le réalisme des Barons. Le fait que les Rédemptionnistes idéalistes soient incapables de combattre leur coutera cher.
Au regard réaliste riche en exemples historiques Jack Vance n’a pas pu s’empêcher de placer des réflexions issues du cynisme et de l’humour noir. Ainsi les Uldras ne sont pas exploités par les Terriens, cependant ils ont développé contre eux une vigoureuse haine. En effet habitués aux razzias et aux viols les Uldras considèrent l’indifférence des Terriens envers leurs femmes comme une offense. La description que donne Jack Vance de la gent féminine Uldra est parfaitement explicite : une peau grisâtre, un long nez ressemblant à une stalactite en voie d’affaissement et un crâne rasé pour éviter la prolifération de la vermine.
Instructif...
Damien Dhondt
Auteur : Jack Vance _ Les Domaines de Koryphon _ Traduction : Jean-Pierre Pugi & Arlette Rosenblum _ Presses Pocket _ janvier 1987 _ Inédit, poche, 220 pages