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Réal. & co-scénariste : Guillermo Del Toro
Scénariste : Travis Beacham
Avec : Charlie Hunnam, idris Elba, Rinko Kikuchi, Charlie Day, Ron Perlman.
Distribué par Warner Bros. France
110 mn.
Sortie le 17 Juillet 2013.
Note : 10/10.
Ils sont peu aujourd’hui à rendre impatient la découverte de leur nouveau bébé, leur nouveau film. On citera Spielberg et Cameron. Et encore, Spielberg ne déplace pas tant que ça les foules à chaque film. Cameron, si. Et juste derrière, il y a Peter Jackson. Quentin Tarantino. Et Guillermo Del Toro. Del Toro, cinéaste mexicain découvert via « Cronos », qui fut sélectionné à Cannes il y a maintenant vingt ans. Puis il y eut l’excellent « Mimic » (revu et corrigé par ses producteurs au grand dam de del Toro), le superbe « L’échine du Diable », le carton « Blade 2 », suivit de celui du « Labyrinthe de Pan », les deux « Hellboy », des productions diverses et variées (« L’orphelinat », énorme succès commercial, le superbe dessin animé « Les cinq légendes », et bien d’autres où sa « patte » est parfois là sans qu’il n’ait rien fait...). Et aujourd’hui, « Pacific Rim ». Certainement un des films les plus attendus de cet été. De premières images qui enflamment l’imagination, une première bande-annonce qui laisse abasourdi, d’autres qui suivront encore plus folles. Et la certitude de voir dans ce mix de « Transformers » vs. « Godzilla » le film de ce genre le plus abouti, le plus intelligent, le plus ahurissant de tous. Au bout du compte, c’est encore bien plus.
D’où viennent-ils, pourquoi sont-ils arrivées ce jour-là, personne ne sait, et qu’importe : surgis des profondeurs des océans, des monstres encore plus gigantesques que les plus grands dinosaures sont apparus. Pensant avoir affaire à une seule créature, les armées réussirent enfin à abattre le premier. Mais un autre survnt, causant encore plus de dégâts et de désolations et de morts. Puis encore plus rapproché arriva le troisième. Face à cette menace, l’humanité unit ses forces et créa de supers-robots, les Jaegers, d’une taille similaire, guidés par deux pilotes à l’intérieur de cette gigantesque carcasse d’acier. Les victoires furent écrasantes. Mais les monstres, les Kaijus, revenaient de plus en plus rapidement, encore plus forts. Et pour certains, c’était l’annonce d’une ultime attaque pour décimer toute vie terrienne. Il était temps alors non plus de combattre mais d’attaquer au cœur du mal.
Bien sûr qu’on pense à « Tranformers ». Mais autant les films de Michael Bay jouent la carte de la surenchère en y mélangeant de l’humour, du n’importe quoi comme Michael Bay sait si bien (si, si, « si bien » est adéquat au bonhomme, la preuve via son dernier film, « No pain, no gain », mais ceci est une autre histoire...) le faire, autant Guillermo Del Toro lui, veut aller plus loin, il veut nous inclure à son univers, nous le faire partager, nous le faire vivre. Et techniquement, chaque séquence d’effets spéciaux est vivante, intégrée à quelque chose qui vit et existe même en arrière-plan (des hélicoptères au travers d’une fenêtre, la pluie sur les robots, un bateau au cœur d’un affrontement gigantesque...), au travers de plans sophistiqués, de toute beauté, somptueux. Et scénaristiquement, les enjeux dramatiques sont là, la psychologie des personnages est présente, nous inclut à leurs peurs, leurs doutes, leur vie. Et ce futur apocalyptique semble si réel, cette guerre de titans est si intelligemment mise en place que rien ne peut nous faire douter. On est impliqués du début à la fin du film, tant par l’histoire, les vies de chacun et les séquences simplement extraordinaires, inédites, colossales, brillantes d’effets spéciaux. Pendant près de deux heures, on découvre enfin une nouvelle sensation cinématographique, unique, de plus en plus rare - la dernière en date avant « Pacific Rim » ? « Avatar », hé oui... - qui plus d’une fois vous laisse la machoire béante tant le spectacle est là, en tout, visuel, narratif, vivant. Une telle richesse ne peut se savourer qu’une fois, « Pacific Rim » est le genre de film qui va se (re)découvrir pour une seconde session, voir une troisième, en attendant le plaisir égoïste du plaisir de le revoir en optimal chez soi. Quasiment parfait - de minuscules bémols sur le rythme au milieu -, difficile alors de ne pas voir en ce film le meilleur jamais fait dans son genre. Finalement, quasiment parfait, voir même... Parfait. Une merveille. Un chef-d’œuvre.
St. THIELLEMENT
Interview de Guillermo del Toro dans le sfmag No 81 en kiosques du 18 juillet au 20 septembre 2013
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