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Scénario : Andrea Di Stefano
Avec : Benicio Del Toro, Josh Hutcherson, Claudia Traisac, Ana Girardot, Brady Corbet.
Distribué par Pathé Distribution
114 mn - Sortie le 5 Novembre 2014 - Note : 9/10
Les grands noms du crime sont toujours une mine d’or pour le septième Art. Capone, Bonnie & Clyde, les frères Krays (dont Brian Helgeland vient de finir un biopic avec Tom Hardy dans les deux rôles !), Jacques Mesrine, et Pablo Escobar. De tous les projets concernant le plus célèbre des parrains du cartel colombien, on attendait beaucoup de celui de Joe Carnahan, « Killing Pablo », tombé un peu dans l’oubli faute de moyens. Arrive aujourd’hui ce film, écrit et dirigé par un ancien acteur qui s’est littéralement passionné pour le sujet. C’est vrai, ça se sent souvent durant cette incroyable odyssée d’un jeune américain, Nick, parti avec son frère sur les plages colombiennes pour y vivre du surf. Un jour en allant dans le village voisin, Nick rencontre Maria, jeune fille sage et c’est le coup de foudre. Maria présente alors très vite Nick à sa famille, une famille régie par son oncle, Pablo Escobar. Pour Nick, le choc est certain mais les attentions d’Escobar, sa bénédiction pour son union avec sa nièce, font oublier à l’américain certaines réalités. Leurs fiançailles sont alors mises en route en même temps que le gouvernement Colombie déclare la guerre à Escobar. Et Là, très vite, Nick va comprendre que sa vie est en danger, tout comme celle de Maria, et qu’il ne peut plus faire confiance à grand monde. Car « là-bas », Pablo est un dieu vivant, certainement pas un criminel...
Difficile de choisir un bon angle pour « biographier » la vie d’Escobar. Pourtant, contre toute attente, Di Stefano a réussi. En prenant un quidam rentrant malgré lui dans ce milieu très privilégié colombien, celui d’un empire criminel dirigé par un mogul idolâtré par quasiment tout le peuple. Dans le rôle de Pablo, Del Toro est plus qu’à l’aise, il EST simplement Escobar comme on pouvait se l’imaginer, faisant le bien autour de lui, confirmant son statut d’intouchable, tout en étant impitoyable et même plus que violent. Pour se donner une idée du personnage, on peut se référer à « Usual Suspects » où Kevin Spacey campait un Kayser Söze inspiré d’Escobar justement. Un criminel jouissant de la vie, faisant croire qu’il veut bien négocier sa reddition en mettant les siens à l’abri, alors qu’en même temps, il fera tout pour effacer toute preuve de ses délits, quitte justement à éliminer des proches, pour éviter tout moyen de pression pouvant le faire fléchir. Di Stefano restitue à merveille ce climax de dupes et autres tromperies, de mythomane psychopathe. En utilisant également un innocent qui a du mal à croire à un tel Escobar, il nous met encore plus mal à l’aise. Pas besoin de règlements de comptes entre trafiquants, tout au long du film, tension, peur & violence font bon ménage pour nous dissuader au plus haut point de frayer un jour dans ce milieu. Et de faire de ce « Paradise lost » l’excellente surprise qu’on n’attendait pas.
Stéphane THIELLEMENT
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