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Scénario : Dennis Lehane, d’après sa nouvelle.
Avec : Tom Hardy, James Gandolfini, Noomi Rapace, Matthias Schoanerts, John Ortiz.
Distribué par 20th Century Fox
107 mn - Sortie le 12 Novembre 2014 - Note : 9/10
Décidément, le polar noir se porte bien ces derniers temps. En l’espace de quelques semaines, après l’excellent « Ballade entre les tombes » sort en salles ce « Quand vient la nuit » dont le seul nom du scénariste et de la nouvelle initiale, font dresser l’oreille : Dennis Lehane. Lehane, l’auteur de « Mystuc River », de « Gone baby gone », de polars noirs nimbés d’une bonne émotion qui sait vous étreindre, Lehane qui avoue humblement lors de sa venue au Festival de Cognac - oui, ça ne remonte pas à hier, même en étant la dernière édition - que c’est l’écriture et son imagination qui l’ont aider à se sortir du misérabilisme du quotidien de son enfance, Lehane qui sait créer des personnages plus qu’humains, Lehane qui prendra toujours la défense des plus faibles, Lehane... Oui, ce Dennis Lehane là, a donc écrit une petite nouvelle quasiment tout de suite achetée par un studio indépendant qui en a vite ressenti le potentiel. Derrière la caméra, l’auteur de « Bullhead » avec Matthias Shoanerts, enfin séduit par un scénario américain. Devant sa caméra, Tom Hardy, et le grand Gandolfini dans son dernier rôle. Voilà, tout est dit. Passons au film...
Barman, Bob Saginowski mène une vie qu’il veut tranquille dans le bar de son cousin. Pour lui, le trafic de blanchiment d’argent qui transite dans le bar est une activité qui donne plus de bonus aux revenus normaux. Un jour, Bob recueille un chien. Lequel fait arriver dans le quotidien du barman Nadia et son ancien mec pas des plus sympathiques, Eric. Et la police commence à poser beaucoup de questions, qui vont déterrer un passé qui risque de modifier le présent de Bob et de ceux qui sont proches de lui.
Pas d’action policière dans ce film, juste une ambiance tendue, sur des personnages qui vivent leur petite vie aux yeux de tous, mais dans un univers faits d’illégalités à dimension simplement humaines. Pas de vrais caïds, pas de tueurs légendaires, juste un panel de simples mortels, plus ou moins honnêtes, déchirés dans leur existence à priori si quotidiennement banale. Dennis Lehane connait bien de tels personnages, il leur donne l’importance nécessaire pour faire vivre une histoire sur près de deux heures. Chacun est parfaitement bien dessiné, avec ses ombres et doutes, et logiquement, on s’y attache. Maintenant, le piège est de ne pas tomber dans une étude de caractères théâtrale et plombante. L’élément policier est là, il faut faire du James Gray, et Michael R. Roskam y parvient avec maestria. Il sait donner de la tension à chaque scène en demandant, insuffler le malaise là où on n’y attend pas, et surtout, donner du rythme à son polar d’atmosphère. Et au bout du compte, « Quand vient la nuit » se révèle être un superbe film noir, magnifié par des acteurs habitant leurs personnages, bénéficiant d’un traitement d’écriture rigoureux, le tout réalisé et mis en scène par un vrai cinéaste. Du pur plaisir de 7ème Art...
Stéphane THIELLEMENT
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