Les créations « mécaniques » de l’homme ont toujours fait les beaux-jours de la littérature fantastique. Le plus célèbre fut « Pinocchio » de Carlo Collodi. Mais il y a eu aussi « Le Golem » de Gustav Meyrink, tiré d’une légende, l’automate « Olympia » de Hoffmann que l’on retrouve dans l’Opéra « Les Contes d’Hoffmann », etc. Toutes ces « machines » sont spécifiques du fantastique du 19e siècle.
Puis vint l’homme et la machine, thème de la SF, car la machine, bien sûr, a une connotation scientifique que n’avaient pas les Pinocchio et autres Golem….
Le tout premier qui a commencé sérieusement au cinéma fut :
Metropolis de Fritz Lang (1927),
dans l’univers géométrique (cher au cinéaste) de Metropolis, un robot prend la place d’une syndicaliste pour rétablir la paix sociale. Un chef-d’œuvre qui a le défaut de prôner la collaboration de classes quelques années avant la prise de pouvoir du nazisme. Cela ennuyait Fritz Lang lui-même.
Le jour fut donc venu où l’homme donna à la machine l’intelligence. On appelle ça aujourd’hui l’IA, l’intelligence artificielle. Elle est peut-être artificielle, mais il y a bien l’intelligence….
La SF a beaucoup traité de ce sujet, sous divers angles.
Isaac Asimov a écrit toute une série sur les Robots, et sa fameuse règle qui doit diriger le robot. Les trois lois de la robotique d’Asimov :
Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, en restant passif, permettre qu’un être humain soit exposé au danger.
Un robot doit obéir aux ordres qui lui sont donnés par un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la Première loi.
Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n’entre pas en conflit avec la Première ou la Deuxième loi.
Oui, mais nombreuses sont les histoires où ce trois lois n’existent pas !
Sur ce thème on a eu
2001 L’odyssée de l’espace,
un chef-d’œuvre (il y en a d’autres) de Stanley Kubrick réalisé en 1968. Pourquoi est-on en vie ? Où va l’univers ? Enchaînement célèbre de l’os servant d’arme à l’homme préhistorique jeté en l’air et devenant navette spatiale. Merveilleuse utilisation des valses de Johann Strauss pour montrer le ballet glacial des engins spatiaux. Les philosophes Nietzsche et Hegel sont mis à contribution pour la réflexion du spectateur avec l’ouverture de l’œuvre du musicien Richard Strauss : Ainsi parlait Zarathoustra. Le Space Opera au service de l’angoisse existentielle : vieillard sur son lit de mort et fœtus dans l’espace, isolement complet de l’homme dans son scaphandre à l’écoute de sa respiration, preuve angoissante de sa vie organique. Jupiter attend Discovery débarrassée de ses êtres humains inutiles pour l’ordinateur de bord qui, pourtant, a été créé par eux... Dieu aime-t-il encore les Hommes ? Le film est inspiré de « La Sentinelle » d’Arthur C. Clarke. 1951
Mondwest de Michael Crichton (1973),
dans un village de vacances du futur, de nombreux services sont rendus par des robots à l’apparence parfaitement humaine. Mais l’un d’entre eux, qui porte le visage inquiétant de Yul Brinner, se révolte et devient méchant. L’image montre parfois ce que voit le robot, procédé repris souvent ensuite (Terminator, Predator)...
AI de Steven Spielberg (2001),
je n’ai pas vraiment aimé. Ce film, soi-disant inspiré de Kubrick – mais pourtant tiré d’une histoire de Brian Aldiss – est une mièvrerie qui plagie Pinocchio de manière encore pire que Walt Disney…
I, Robot d’Alex Proyas (2003).
Alex Proyas montre ici tout son talent encore que les effets spéciaux manquent d’expression artistique… Ces robots manquent de consistance au point de vue de la matière. Quant à leur style ils ne m’ont pas convaincu. Cette histoire serait tirée d’une nouvelle d’Asimov : Le robot qui rêvait. Je n’ai jamais vraiment été passionné par les histoires de robot d’Asimov, encore moins par cette très courte nouvelle dans laquelle un robot rêve qu’il est un homme et lorsque la vieille Calvin (car chez Asimov il s’agit d’une vieille femme…) l’apprend, elle détruit le robot. Dans le film c’est le contraire, le scénariste fait la nique à Asimov : Susan Calvin est une belle jeune femme et le robot devient quasiment un homme. Et Will Smith ? Fait toujours le même numéro que beaucoup trouvent très bien. Alex Proyas a réalisé The Crow (le premier…) et le surprenant chef-d’œuvre Dark City (1998).
Et on a eu « Robocop » !
Robocop de José Padhila (2014)
Remake du film de Paul Verhoeven.
Il y a un prologue « antiimpérialiste » avec robots policiers à Téhéran (!)
« Qu’y a-t-il de plus important que la sécurité du peuple américain ? » En fait, ce sont des méchants qui invoquent la « sécurité du peuple américain »… Faut être méchant, non, pour dire ça ?
Une multinationale (ah ! ces multinationales impérialistes !) veut proposer des robots pour le maintien de l’ordre. Mais les robots n’ont pas de conscience, donc faisons un être mi-homme mi robot, il aura une conscience lui ! « On va mettre un homme dans une machine ».
Le scénariste a pris le film de Paul Verhoeven complètement à rebours. Un truc rigolo genre père fouettard est devenu un tract antiimpérialiste…
Qui commande Robocop : l’homme ou la machine ?
L’humain cède de plus en plus la place à la machine. Ce n’est qu’une question de réglage…
Gary Oldman est superbe ! Hormis le volet idéologique, c’est un film superbe !
C’est un film gauchiste, mais pourquoi pas ?
Les autres films :
Robocop (Paul Verhœven (1987),
un flic justicier, quasiment invincible, combat pour la justice. C’est une combinaison entre un être humain et un robot dont la profonde humanité émeut le spectateur, particulièrement quand lui reviennent ses souvenirs de sa vie antérieure d’être humain. Suites :
Robocop 2 d’Irwin Kershner (1990)
Robocop 3 de Fred Dektar (1992)
Et puis il y a eu la série télé !
Voilà donc réalisé ce petit tour d’horizon du thème de la révolte des machines. Mais venons-en maintenant à la série qui a le mieux traité de ce sujet sur le plan dramatique, car elle est allée jusqu’au bout du raisonnement jusqu’à la lutte finale et en s’aidant de la notion, ô combien SF, de voyage dans le temps…
TERMINATORTerminator de James Cameron (1984),
venu du futur, un robot exterminateur cherche à tuer une charmante jeune fille qui doit enfanter le chef des résistants à la dictature des machines que connaît son époque. Il est suivi par un résistant qui doit, lui, protéger la jeune femme. Il lui fera un enfant (devinez qui ce sera ?) et ils élimineront le robot magistralement joué par Schwarzenegger. Formidables scènes d’actions ponctuées de surprises.
Terminator 2, le jugement dernier (1991)
La suite, réalisée par le même, est encore mieux. Deux robots viennent du futur, l’un pour tuer le jeune garçon qu’est devenu le fils du résistant, l’autre pour le défendre. La surprise, c’est que le gentil robot est Schwarzenegger. Fabuleux effets spéciaux du robot en métal liquide qui peut prendre toutes les formes et reste indestructible. Ils changeront l’avenir, car c’est le futur revenu à notre époque qui a produit cet avenir. Bon ! C’est un paradoxe des voyages dans le temps. On n’a pas fini de prendre des migraines avec ces paradoxes avec Terminator 3 : le soulèvement des machines de Jonathan Mostow (2003).
Terminator 3 : le soulèvement des machines de Jonathan Mostow (2003).
Cameron n’ayant pas voulu récidiver c’est Mostow qui a pris les manettes de ce Terminator 3. Ce film est surtout une transition pour T4 qui va nous montrer la guerre des machines…
C’est bien joué, bien filmé, impressionnant et violent mais sans plus. De nombreux enfants étaient dans la salle où je suis allé le voir… Les effets spéciaux sont excellents, Schwarzy toujours aussi ironique et les scènes excellemment filmées.
Terminator 4 renaissance de McG (2009)
Nous voici en 2018 en compagnie de John Connor qui dirige les combats des humains contre les machines. Le film ne tient pas les promesses de la bande annonce.
Séries téléTerminator les chroniques de Sarah Connor,
créée par Josh Friedman (2008), avec Lena Headey dans le rôle de Sarah Connor, qu’on retrouve aujourd’hui dans la série Game Of Thrones dans le rôle de Cersei Lannister…
31 épisodes en 2 saisons.
Sarah Connor et son fils fuient les Terminator venus du futur pour assassiner le jeune homme. Cette série est très plaisante mais n’a pas eu le succès qu’elle méritait, écrasée par les films…
Real Humans de Lars Lundström (2012)
Le titre original est “Äkta Människor”, le nom d’un groupe qui lutte contre les robots appelés ici hubots. Les hubots sont des machines utiles pour le ménage et aider les enfants à faire leurs devoirs. Ils savent aussi avoir des rapports sexuels.
Cette série traite des rapports.... humains entre les humains et les hubots et aussi de l’humanité de ces hubots.
Thèmes bien connus de ces histoires de robots. Mais ne vous y trompez pas : cette série approfondit la question, fouille la nature humaine, détaille les problèmes de ce qu’est l’humanité. Les humains sont-ils les seuls à en être ? Les hubots ne sont-ils pas aussi humains ?
La petite fille aime mieux Anita la hubot que sa mère car cette dernière est “toujours fatiguée” contrairement à Anita. Il se forme même des couples mixtes humains - hubots...
Il y a aussi des hubots dédiés au sexe, comme des sextoys...
Une série très intéressante.
Voir notre numéro 88 de sfmag avec un dossier important sur
Terminator Genisys :
interviews du réalisateur, des producteurs et des acteurs, dont Schwartzy et Emilia Clarke ! Sortie vers le 30 juin...
Bien sûr que le terme « Terminator » n’est pas une marque déposée et toute une ribambelle de films ont été tournés avec ce terme dans le titre. C’est accrocheur, mais ne vaut pas l’original…
Il en est de même pour les histoires de robots : cet article est loin d’être exhaustif. J’invite le lecteur à se reporter à mes ouvrages sur le cinéma de SF :
Un siècle de cinéma fantastique et de SF (2004) éditions Le Manuscrit. Disponible en papier et Kindle
Un siècle de cinéma fantastique et de SF : la suite (2004 – 2015) (2015) éditions EDILIVRE en papier, PDF et Kindle
Alain Pelosato
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