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Sommaire - Interviews -  Peyton Reed, réalisateur d’ANT-MAN


"Peyton Reed, réalisateur d’ANT-MAN" de Sfmag


Pour Peyton Reed, fan inconditionnel de Marvel, réaliser ANT-MAN est l’accomplissement d’un rêve. Il confie : « Enfant, je passais mon temps à lire des comics Marvel. Je connaissais tous les personnages de « Ant-Man » – qu’il s’agisse de la version avec Hank Pym ou de celle avec Scott Lang – et j’avais beaucoup d’affection pour eux. Je pense que lorsqu’on grandit le nez dans une B.D., on tisse des liens solides avec les personnages, et j’avais une idée très claire de ce que je voulais voir et ne pas voir dans le film, ainsi que de la manière dont je voulais aborder les personnages. »

Le fait que Scott Lang, alias Ant-Man, soit interprété par le talentueux Paul Rudd a constitué un immense atout pour le réalisateur – et ce pour plusieurs raisons. Il explique : « Paul est le genre d’acteur que je préfère. Il est intelligent et professionnel, il est arrivé incroyablement préparé sur le tournage, mais il est aussi capable d’oublier sa préparation et d’inventer quelque chose de totalement différent. Le fait qu’il ait pris part à l’écriture du film a aussi été un avantage majeur car cela lui a permis de ne pas s’intéresser seulement au personnage de Scott Lang mais à l’histoire dans son ensemble, et de comprendre la trajectoire de tous les personnages ainsi que le ton du film. Et c’est vraiment quelque chose d’extrêmement précieux. »

À propos du personnage de Paul Rudd, Peyton Reed déclare : « Scott Lang est quelqu’un de très intelligent. Il détient un master en électrotechnique mais il a aussi un talent inné pour le cambriolage. Il a pris de mauvaises décisions par le passé et en a payé le prix. Lorsqu’on le découvre au début du film, il vient de passer trois ans derrière les barreaux et s’apprête à retrouver la liberté. Il est déterminé à entamer une nouvelle vie et à rester dans le droit chemin. Il veut renouer avec sa fille et devenir quelqu’un de bien… mais ça n’est pas si simple. Le monde est plein de tentations et il doit apprendre à y résister et à discerner le bien du mal. Nous aimerions tous qu’il prenne les bonnes décisions, et pendant tout le film, nous sommes témoins de sa bataille intérieure pour faire ressortir ce qu’il y a de meilleur en lui. »

Le réalisateur avait une idée bien précise de la manière dont il voulait présenter Scott Lang au public. Il explique : « Je voulais qu’au début du film, dans les scènes qui se déroulent en prison, Paul apparaisse très affûté. Il a suivi une importante préparation physique pour le film et on découvre que son personnage est capable de se battre d’égal à égal – au moins pendant un moment – avec les autres détenus. Mais j’aimais aussi l’idée qu’à l’image d’Indiana Jones, il se fasse rouer de coups et qu’il en redemande. C’est un personnage très bagarreur ! »

Peyton Reed a également pris beaucoup de plaisir à porter Hank Pym, l’un de ses personnages préférés, sur grand écran. Le cinéaste explique : « Hank Pym est l’un des vétérans des comics Marvel, et le voir interprété par Michael Douglas est un rêve devenu réalité. Ce qui est bien dans ce film, c’est que nous introduisons le personnage de manière à ce que l’on comprenne son rôle dans l’univers Marvel au sens large. »

Il poursuit : « Dans le film, on découvre ce que Pym pense des Stark – père et fils – ainsi que des Avengers. C’était très intéressant d’inscrire le personnage dans ce contexte plus général, car il n’apparaît dans aucun des autres films. C’est sa première apparition dans l’Univers Cinématographique Marvel, mais nous expliquons très rapidement quelle place il y tient. Ce n’est que justice d’une certaine manière, car pour moi, Hank Pym a toujours fait partie des plus grands héros Marvel, au même titre que Tony Stark, Peter Parker, Reed Richards et toutes les autres figures de proue de l’univers Marvel. »

À propos de la technologie développée par Hank Pym, Peyton Reed déclare : « Les particules Pym ont, comme leur nom l’indique, été découvertes par Hank Pym. Il s’agit, pour résumer, d’une technologie qui permet de réduire la distance entre les atomes, et donc de rétrécir des objets. En théorie, elle permet aussi d’augmenter la distance entre les atomes, et donc d’augmenter leur taille. Il a ensuite eu l’idée d’une combinaison qui distribuerait ces particules. »

Il ajoute : « Le costume possède un système intégré qui régule la distribution des particules, et est contrôlé via un bouton situé sur la main. À droite, il lui permet de réduire sa taille, et à gauche de l’augmenter. Il distribue la quantité exacte de particules pour prendre la taille d’une fourmi puis pour retrouver sa taille humaine. Lorsqu’il était jeune, Hank Pym a rejoint le S.H.I.E.L.D. et a été baptisé Ant-Man. Il a mené de nombreuses missions d’extraction pour l’organisation. C’était un brillant agent et sa technologie furtive était très appréciée par le S.H.I.E.L.D., cependant il n’a jamais révélé son secret de fabrication à l’organisation. Mais avec le temps, il n’aimait plus ce qu’il faisait ni la manière dont sa technologie était utilisée. »

Evangeline Lilly incarne quant à elle Hope van Dyne, la fille de Hank Pym, un personnage clé du film. Le réalisateur commente : « La trajectoire de Hope est l’une des plus intéressantes du film car lorsqu’on la rencontre, elle n’est de toute évidence pas heureuse. Sa vie a été très influencée par l’identité de son père, mais on comprend très rapidement qu’elle a beaucoup d’ambition. Elle sait ce qu’elle veut mais elle n’est pas autorisée à le réaliser. Dans le film, on la voit évoluer et s’affirmer en tant qu’héroïne. »

La relation père-fille qui unit Hank et Hope est l’un des éléments du film que préfère Peyton Reed. Il explique : « À l’image de Scott, qui aimerait retrouver une place dans la vie de sa fille, il est important que Hope et Hank retrouvent une relation apaisée car beaucoup de choses se sont passées entre eux et les non-dits se sont accumulés. L’évolution de leur relation est un élément central du film. »

Corey Stoll a rejoint l’équipe du film dans le rôle de Darren Cross, le méchant de l’histoire. Le réalisateur commente : « Corey fait un parfait méchant. Il est réaliste mais aussi capable de jouer un personnage excentrique et très confus. Dans le film, nous laissons entendre que sa longue exposition aux particules a sans doute modifié la chimie de son cerveau. J’ignorais avant de travailler avec lui sur ce projet que Corey était fan de comics. À première vue, je n’aurais jamais imaginé qu’il passait son temps à lire des bandes dessinées, mais c’est le cas, et il a une connaissance encyclopédique des personnages. Ça a été très intéressant de collaborer avec quelqu’un capable de créer un méchant plus vrai que nature mais en même temps ancré dans la réalité. Corey est formidable dans le film. »

À propos des motivations du personnage, le réalisateur déclare : « Nous voulions que le public soit surpris par le personnage de Darren Cross. Au début, alors qu’il défend son invention en bon commercial, on réalise qu’elle pourrait être dangereuse si elle tombait entre de mauvaises mains, mais ce n’est que la facette technologique de sa personnalité. Très vite, on découvre que c’est un sociopathe doublé d’un tueur de sang-froid. C’est un personnage qui manque aussi parfois cruellement de confiance en lui, très vulnérable et qui ne cherche finalement que l’approbation de Hank Pym. C’est un homme profondément brisé et Corey fait brillamment ressortir chacun des aspects du personnage. »

Il était essentiel aux yeux de Peyton Reed que tous les membres de l’équipe – devant comme derrière la caméra – aient une vision claire du ton du film. Il commente : « ANT-MAN est un film particulier car il n’appartient pas à un seul genre. C’est évidemment un film de super-héros, mais aussi un film de science-fiction par l’aspect changement de taille et contrôle des fourmis, un film de casse, et un film dramatique pour ce qui touche aux relations père-fille. Pour l’unifier, nous avons opté pour un ton résolument comique. »

L’humour, véritable pilier du film, naît des personnages et des acteurs qui les interprètent, et en particulier du duo formé par Michael Peña et Paul Rudd. Peyton Reed déclare : « Je suis un immense fan de Michael Peña. J’ai vu tous ses films mais j’ignorais qu’il avait un tel talent comique. C’est notre arme secrète ! Il est vraiment très drôle, et Paul et lui forment un duo particulièrement cocasse. »

Il ajoute : « Michael Douglas n’est pas en reste non plus. Tout le monde connaît son immense talent d’acteur, mais on l’a rarement vu dans des comédies. Il incarne un personnage très sérieux dans le film, mais il est aussi à l’origine de pas mal d’éclats de rire. »

Malgré sa tonalité comique, ANT-MAN est aussi un film de casse, comme le rappelle le réalisateur : « En tant que film de casse, il se devait d’avoir un certain rythme, et ce rythme a fortement influencé la manière dont je l’ai tourné, ainsi que, sur le plan musical, la manière dont nous l’avons mis en musique. »

Pour s’assurer qu’ANT-MAN respecte les codes du film de cambriolage, Peyton Reed a travaillé en étroite collaboration avec les scénaristes. Il commente : « L’un des sujets qu’Adam McKay et moi avons évoqué lorsqu’il a rejoint l’équipe en tant que scénariste, était la meilleure manière d’intégrer les codes du film de casse. À plusieurs reprises dans le film, Luis affirme avoir des pistes pour un gros coup, et la manière dont nous avons choisi de l’illustrer est fortement inspirée des classiques du genre : des images de différentes personnes liées au cambriolage passent à l’écran tandis que Luis les commente en voix-off. Nous tenions à ce que cette séquence rappelle le langage visuel des films de casse. »

Comme dans tous les films du genre, la musique tient une place majeure dans ANT-MAN. Peyton Reed déclare : « La musique du film a été composée par Christophe Beck. Je voulais que le héros ait un thème très reconnaissable mais j’ignorais si c’était encore quelque chose qui se faisait en 2015, c’est donc l’un des sujets que Chris et moi avons évoqués. Je tenais aussi à ce que la musique fasse tout de suite penser à un film de casse avec une mélodie jazzy, et il fallait aussi qu’elle soit enjouée parce qu’en dépit de l’importance des enjeux dans le film, l’ambiance reste légère. Nous voulions instaurer une atmosphère semblable à celle de OCEAN’S ELEVEN, un film rythmé dans lequel chaque personnage apporte sa pierre à l’édifice. »

Pendant le tournage du film, le réalisateur s’est attaché ce que le rendu des scènes dans lesquelles Ant-Man rétrécit soient aussi réalistes visuellement que possible. Il explique : « Nous avons eu recours à la macrocinématographie, à la macrophotographie, à la capture de mouvements (des acteurs et des cascadeurs) et à des macro-décors, qui sont des reproductions miniatures des décors du film. Dans le monde de l’infiniment petit, Ant-Man parcourt différentes surfaces – parquet, moquette… –, et je voulais rendre ces matières très tactiles. C’est donc devenu notre mot d’ordre : ce monde devait être aussi photoréaliste que possible. Grâce à la technologie moderne, nous avons pu rendre toutes ces surfaces tactiles et réalistes sans que cela limite les mouvements de la caméra. C’est la grande innovation technologique du film et c’est ce qui, à mon sens, le distingue des autres films utilisant le concept du rétrécissement. »

À propos du costume d’Ant-Man, Peyton Reed déclare : « Je suis évidemment partial, mais je pense que c’est le costume le mieux conçu de l’Univers Cinématographique Marvel ! J’aime l’idée que ce costume ait une histoire, un vécu. Il est usé et le casque porte les stigmates des batailles passées qui évoquent les aventures d’Hank Pym dans ce costume. Il y a aussi un côté incroyablement rétro. »

Le réalisateur poursuit : « Il n’a pas l’air vraiment contemporain, il semble appartenir à une autre époque. Le cuir évoque une combinaison de motard, et le dispositif de rétrécissement est activé par un simple gros bouton rouge intégré au costume. Il y a quelque chose de très « analogique » dans cette combinaison. D’ailleurs, pour différencier les costumes d’Ant-Man et Yellowjacket, nous les appelions l’analogique et le numérique. Le principal atout du costume d’Ant-Man, c’est sa discrétion. Il ne contient aucune arme en dehors du système de rétrécissement. Celui de Yellowjacket, en revanche, est très militaire et possède des canons à plasma, c’est une vision beaucoup plus agressive de cette technologie. »

Lorsqu’on évoque Ant-Man, les gens pensent tout de suite au fait qu’il peut rétrécir et au caractère furtif de la technologie qu’il utilise, mais ils pensent moins à son « arme secrète » : sa capacité à contrôler des colonies de fourmis. Peyton Reed commente : « Dit comme cela, ça peut sembler ridicule, mais l’une des choses dont je suis le plus fier dans ce film, c’est que nous montrons de manière grandiose au public ce dont sont capables ces fascinants insectes. Nous présentons aux spectateurs différents types de fourmis : les fourmis balle de fusil, les fourmis folles, les fourmis de feu ou encore les fourmis charpentières. Chacune d’entre elles possède des compétences particulières qui sont mises à profit pour le casse de Pym Tech. »

Pour approfondir les recherches de Marvel sur les différents types de fourmis et leurs comportements, Peyton Reed a lui aussi étudié ces insectes et a fait des découvertes surprenantes. Il confie : « J’ai découvert un monde dont j’ignorais tout. Ma mère m’a envoyé un livre que j’avais lorsque j’étais enfant intitulé World of Insects [« Le monde des insectes »] sur la couverture duquel figurait une fourmi. C’est un très vieux livre que je n’avais pas revu depuis mon enfance, et ça m’a rappelé plein de souvenirs ! »

Les fourmis jouent un rôle crucial mais difficile dans le film. Peyton Reed explique : « Nous demandons au public d’accepter ces insectes comme des personnages réalistes à part entière. Mais on n’est pas dans 1001 PATTES pour autant, nos fourmis ne sont pas aussi stylisées, ni aussi loufoques. Il fallait qu’elles soient réalistes. Il y a notamment une fourmi ailée dont Ant-Man se sert pour voler, cette image est très importante dans les comics et dans l’iconographie de « Ant-Man » mais elle est très délicate à réaliser au cinéma car il faut que l’insecte soit réaliste – d’autant plus qu’un lien très fort unit Scott Lang à cette fourmi. D’ailleurs, bien que Hank soit habitué à classer les fourmis en utilisant des nombres, Scott estime nécessaire de donner un nom à cette fourmi ailée. »

Le réalisateur déclare : « Avec ANT-MAN, je voulais faire un film haletant, drôle et captivant mais également émouvant. Je tenais également à ce que notre film soit très différent d’AVENGERS : L’ÈRE D’ULTRON. Ce film est grandiose et formidable, mais nous racontons ici l’histoire d’un homme qui vit à San Francisco et qui trouve un costume qui lui permet de rapetisser, l’échelle du film est donc par nature plus réduite. ANT-MAN a autant de souffle et d’action que les autres films Marvel, mais il se déroule à plus petite échelle ! »

Pour résumer, Peyton Reed déclare : « Je pense que les spectateurs passeront un bon moment devant ANT-MAN. Ils vont beaucoup rire. Je trouve que c’est un film exaltant. Tous les héros Marvel font évidemment rêver et je trouve qu’il y a quelque chose d