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Avec Catriona MacColl, Paolo Malco, Ania Pieroni
NeoPublishing Vidéo
Alors que l’on assiste à une « résurgence » de l’Epouvante et de l’Horreur assez sérieux dans le cinéma (voir Jeepers Creepers ou le remake de Massacre à la tronçonneuse), un éditeur français propose aujourd’hui la sortie des meilleurs films de Lucio Fulci. Fulci, c’était dans les années 80 (grande, grande période pour le Fantastique horrifique & terrifiant) le pape du gore transalpin. Si le succès ne lui fut accordé que tardivement, on peut quand même citer dans sa période antérieure deux excellents western spaghetti, le sadique Le temps du massacre et l’assez barge Les 4 de l’apocalypse. Ce dernier posait déjà pas mal de références propres au cinéaste qui les décupla par la suite dans ses films d’horreur. Après une entrée en matière qui se solda par un fiasco avec l’intéressant L’emmurée vivante, il réalise L’enfer des zombies qui surfe sur le succès du Zombie de Romero tout en étant complètement différent. Les zombies à la sauce Fulci, c’est la putréfaction, le sadisme, le gore bien craspec mais tout en étant aussi très bien foutu, son maquilleur attitré, Gianetto De Rossi, y gagnant ses galons de popularité. L’enfer des zombies cassa la baraque, le suivant, Frayeurs, fit encore mieux et plus Fulci filmait, plus il repoussait certaines limites tout en se dirigeant lentement vers sûrement vers des œuvres plus importantes qu’elles ne semblaient l’être initialement. Ainsi, L’au-delà constitue certainement dans la carrière du cinéaste son chef d’œuvre avec son final apocalyptique et dantesque où le couple de héros s’enfuit en courant en plein Enfer, au milieu des cadavres des âmes damnées ! Paradoxalement, on ne peut qu’admettre l’impression assez « bordélique » des scénarios qui ne sont là que pour étoffer une idée conductrice émaillées de scènes gores de plus en plus folles. Sauf avec La maison près du cimetière, de facture plus classique tout en n’omettant pas le gore spécifique, la « Fulci ‘s touch » !
Enquêtant sur un mystérieux suicide d’un collègue, le Dr Boyle emménage avec sa femme et son fils dans une demeure située près d’un cimetière. Alors que son fils Bob ( !!!) commence à communiquer avec le fantôme d’une gamine, Boyle va aussi découvrir que c’est cette maison qui est responsable de toutes ces morts : elle appartenait au mystérieux Dr Freudstein, un siècle auparavant, qui fut radié de l’ordre des médecins pour ses pratiques contre-nature. Et il se pourrait bien qu’il ait réussi son ultime expérience : vivre éternellement.
Donc, comme dans tout bon Fulci (ou autres bons films d’horreur transalpin, à part quelques exceptions comme La maison aux fenêtres qui rient de Pupi Avati), les acteurs jouent souvent comme des pieds, en plus d’être systématiquement doublés en anglais. Ici, le summum est atteint avec le gamin : c’est sûr, ce n’est pas Haley Joel Osment (Sixième sens ou A.I. : une pointure dans le genre). Ensuite, les ellipses scénaristiques sont légion : la nurse (Ania Pieroni, des yeux magnifiques qui troublèrent aussi Dario Argento qui l’engagea sur Inferno : c’est la nana avec le chat angora, une scène qu’on n’oublie pas !) découvre du sang sur le sol, c’est normal, donc elle l’essuie ! Ben voyons ! Bon, mais à coté de ça, La maison près du cimetière s’avère toujours assez terrifiant, et ses scènes gores restent mémorables, couronnées par la révélation d’un Freudstein, zombie vivant du plus bel effet. En parallèle, on relève aussi d’excellentes idées comme cette relation entre les enfants, le monde des morts et des vivants, cette tombe en plein milieu de la maison, et ce monstre à la voix enfantine (le film se clôturant sur une citation d’Henry James, expliquant finalement cette facture plus « gothique »). Alors bien entendu, il y a des effets propres à ce cinéma transalpin qui est à lui seul un genre bien défini (macabre, sadique, baignant dans la pourriture) qui par moments frôlent le Z. Dans L’au-delà, la scène des araignées bouffant un gars vaut le détour ! Mais malgré ça, force est de constater que La maison près du cimetière constitue pourtant un excellent shocker horrifique, étrange, dérangeant, inquiétant, un peu Lovecraftien aussi, et qui comme souvent chez Fulci se termine fatalement. Par la suite, on peut encore garder L’éventreur de New-York mais tous les suivants n’atteignirent jamais cette apogée. Murderock était un Giallo assez plat et Aenigma et ses escargots tueurs et les suivants enterrèrent le talent du maître avant sa vraie disparition. Ah si, il y en a un qui n’a rien à voir, un film érotico-sadique complètement branque, Le miel du Diable. Pour une fois qu’un film érotique n’était pas chiant... Avec ces 5 ou 6 titres phares (suivant si on y inclus L’enterrée vivante et L’éventreur de New-York), il fait partie des grands noms du Fantastique. Maintenant, là où on pouvait craindre une édition déplorable et honteuse, il n’en est rien : les films sont tous proposés dans une très belle copie en 16/9ème, avec vostf et parfois quelques bonus conséquents comme ici « J’étais terrifié... », un reportage avec des interviews de grands fans de l’éternel du genre à savoir (moi ? Non !) Christophe Lemaire, Christophe Gans, Alain Schlockoff ou encore Eric Valette. C’est simple, en les écoutant, on se dit qu’on est vraiment sur la même longueur d’onde pour aimer encore aujourd’hui de tels classiques (si, si !) signés Lucio Fulci. Enfin, si vous n’êtes pas encore convaincu, mais si vous avez aimé le premier vrai film d’horreur français digne de ce nom réussi, à savoir Haute tension, alors vous ne pouvez pas ne pas aimer ces Fulci : ils ont en commun le même maquilleur !
Stéphane Thiellement
Note : Film : 8/10 DVD : 8/10
Bonus (vostf) : bande-annonce ; documentaire « J’étais terrifié... » de 30 mn ; livret de 16 pages.
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