« Quelle ironie que ce ne soit pas des zombies qui la tuent, mais un homme censé être de Dieu. »
Le Gouverneur n’est plus. Après les événements sanglants qui ont conduit à sa chute, la communauté de Woodbury se remet de ses plaies dans une sorte de torpeur post-traumatique. Lilly Caul, de personnage secondaire, devient un peu malgré elle leader du petit groupe de survivants, quarante trois âmes. Alors qu’elle doit s’occuper de reconstruire sur les cendres fumantes de Woodbury, Lilly n’a guère le temps de se poser, car déjà de nouvelles menaces surgissent. La première, évidente : une horde de milliers de zombies se rapproche. Le nombre est effrayant, mais les zombies sont prévisibles. La seconde, plus insidieuse : l’arrivée de Frère Jeremiah, prédicateur efficace et organisé à qui Lilly se verrait bien confier les rennes de Woodbury. Mais derrière son calme et sa rigueur de façade, le prédicateur n’est-il pas qu’un fanatique prêt à déclencher l’Armageddon ? Une fois encore, le plus grand danger vient de l’homme, et c’est évidemment ce qui fait le sel de cette série.
Après quatre tomes – quand même ! – à nous raconter une histoire que l’on connaissait déjà (l’ascension et la chute du Gouverneur), les auteurs prennent enfin la voie du spin off, suivant en cela les conseils que je leur prodigue depuis bien longtemps dans les pages de SF Mag – comment cela vous doutez qu’ils le lisent, mais diantre qu’en savez-vous ? Les auteurs, ou plus exactement l’auteur, car bien occupé par le comic book et la série télé, Robert Kirkman a laissé le champ libre à son compère Jay Bonansinga pour mener à bien la tâche d’écrire de nouvelles histoires dans l’univers délétère de Walking Dead. Mission accomplie par ce vieux routier du thriller et du fantastique qui respecte le carnet de bord de la série, sans décevoir mais sans surprendre non plus. C’est pourquoi après avoir réclamé des histoires originales se détachant de la bédé, je militerais bien à présent pour voir celles-ci écrites par un auteur doté d’un vrai talent et d’une vraie folie, un Kirkman littéraire en quelque sorte.
Hervé Lagoguey
The Walking Dead : L’ère du Prédicateur, de Robert Kirkman et Jay Bonansinga (The Walking Dead, Descent, 2014), traduit de l’américain par Pascal Loubet, Le livre de poche, septembre 2015, 356 pages, 8,10 euros.