7/10
Au début de ce troisième tome de La Guerre des Cygnes, les principaux antagonistes sont en difficulté. La foire de Westbrook s’est terminée dans le chaos. Elise Wills a sauté dans la rivière Wynnd, préférant se noyer plutôt que de tenir le rôle auquel sa famille la condamnait. Alaan, qui se dit poète, mais qu’un héraut d’Aillyn appelle seigneur Sainth, est grièvement blessé dans les terres secrètes où il a tenté, en vain, d’attirer Hafydd, qu’il nomme son frère. Dease et Toren Renné se lancent à la poursuite de leurs cousins meurtriers. Les hommes du Val et Cynddl le quêteur d’histoires se font les chevaliers servants d’une Elise ressuscitée, qui ne sait plus si elle est une Wills ou Sianon, la sorcière disparue depuis près d’un millénaire. Pendant ce temps, les alliances se font et se défont, les unes pour déclencher cette guerre entre les deux familles et les autres pour l’empêcher à tout prix.
Ce cycle de Fantasy est un hymne constant à la nature. La description des lieux, l’atmosphère qui en émane donnent envie de la retrouver, de la protéger pour qu’elle garde cette puissance, cette magie et qu’elle reste une source nourricière. Dans ce tome, l’action, toujours très présente, relève plus de la Fantasy que de la relation d’une société féodale (aspect surtout marqué dans le tome deux). L’auteur fait intervenir sans cesse de nouveaux personnages pour combler les manques. Car, si les héros perdurent et c’est bien là leur rôle, parmi les « seconds couteaux » il se fait du ménage et le sang coule. Cependant, Sean Russel maîtrise son récit et manie avec élégance l’art du suspense. Il sait revenir sur les indices qu’il sème au cours de son récit, les présenter sous un autre angle, par un autre conteur et faire ainsi évoluer les situations. Peu à peu, les pièces des divers puzzles semées depuis le début du cycle se rassemblent. On commence à mieux saisir certaines interactions dans le destin des uns et des autres, quoique...
Les personnages sont attachants, bien que très mouvants, leur personnalité évoluant sans cesse entre ce qu’ils étaient, ce qu’ils sont censés être selon leurs dires et ce qu’ils sont réellement. Un récit servi par une écriture et un style efficaces où l’on a plaisir à se laisser entraîner.
Serge Perraud
L’Île de la Bataille, (The Isle of Battle) - Sean Russel - traduit de l’américain par Sheila le Pennec - Mnémos (Icares) - septembre 2003 - 450 pages - 22,5 euros