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Scénario : Joey Sagal, Hanala Sagal & Cary Elwes
Avec : Michael Shannon, Kevin Spacey, Alex Pettyfer, Johnny Knoxville, Colin Hanks, Ashley Benson.
Distribué par Warner Bros. France
86 mn - Sortie le 20 Juillet 2016 - Note : 7/10
Le King est sur la fin de son règne. Elvis commence déjà à disjoncter grave, mythomane, mégalomane, il en est à un point où son immense statut de roi du rock’n roll, où son immense fortune, où son immense popularité ne lui amènent plus aucune satisfaction. Végétant devant sa télévision qu’il plombe à coups de révolver dès que ça ne lui plait plu, Elvis a une nouvelle lubie : il veut devenir agent fédéral. Et pour ce faire, lui qui est déjà shérif suppléant ou quelque chose dans ce goût-là, il n’y a qu’une solution : aller plaider sa cause auprès de l’actuel président, Richard Nixon. Aidé par un de ses plus fidèles amis, Jerry – un des rares à avoir gardé la tête sur les épaules et un solide sens des réalités -, Elvis part donc à Washington. Dans l’avion, il écrit une lettre à Nixon, lettre qui parvient à être remise en mains propres à Nixon… Qui l’écarte d’un revers de la main. Jusqu’à ce qu’Elvis, tenace, lui promette un autographe pour sa fille. Et l’incroyable inconcevable se produit : Elvis et Nixon se rencontrent, et le président arrive même à y trouver un intérêt, partageant avec le King des points communs au point d’être plus agréablement surpris qu’il ne le pensait.
Complètement fou et décalé et invraisemblable ? Pourtant cette histoire est vraie, la photo existe, et contrairement à Roswell, ce n’est pas un canular ! Et tout le film joue sur ces décalages, sur ces extravagances, sur ces réalités irréelles et pourtant définitivement vraies. En tant que film, « Elvis & Nixon » aurait mérité une réalisation plus forte. Ici, le seul bât qui blesse, c’est ce côté gentil téléfilm. Avec un tel sujet et des acteurs qui y croient tellement, quelqu’un de plus assuré et inventif derrière la caméra aurait fait du film une pépite. Car côté acteurs, c’est du très bo niveau. Ok, Michael Shannon ressemble autant à Elvis que Jerry Lewis. Mais à l’opposé, il a complètement compris le personnage, et arrive de ce fait à supplanter le manque de ressemblance physique par son appropriation de la personnalité complètement déjantée du King. Face à lui, Kevin Spacey. Là, c’est simplement génial. Spacey, déjà habitué à un rôle aussi « grand » via « House of cards », s’est complètement incarné en Nixon, même physiquement. La gestuelle, les tics, les regards, la diction, tout est là, et même ce côté suspicieux, sarcastique et cynique trouvent en lui l’écho parfait pour faire revivre un des plus célèbres pantins de la maison blanche. Alors oui, on va sourire, rire, s’étonner – et pas qu’une fois – de cette rencontre historique, du portrait de la plus grande star du rock’n roll qui avait la chance d’être bien entouré pour arriver à ne pas trop sortir des ornières, du moins encore à ce moment-là de sa vie, et se dire qu’on a assisté à une des plus incroyables rencontres de l’histoire, on regrettera encore une fois une mise en forme assez banale voir anodine, mais qu’importe, le show est là et en soi, c’est rare d’arriver à être encore surpris par des faits historiques à un tel niveau !
Stéphane THIELLEMENT
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