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Scénario : Michael Leslie, Adam Cooper & Bill Collage, d’après le jeu vidéo Ubisoft
Avec : Michael Fassbender, Marion Cotillard, Jeremy Irons, Brendan Gleeson
Distribué par 20th Century Fox - 140 mn - Sortie le 21 Décembre 2016 - Note 6 /10
Et une nouvelle adaptation d’un jeu vidéo, une ! Enfin, « adaptation », c’est peut-être un peu surestimer cet « Assassin’s creed » qui, sans être le pire dans le genre (les pires : « Doom », « Super Mario Bros », … Les « meilleures » : « Silent Hill », le premier « Resident Evil », le premier « Mortal Kombat »…), n’en demeure pas moins limité dans son terrain d’action, à savoir celui de satisfaire d’abord les afficionados du jeu ; pour les amateurs de cinéma, ben il subsiste quelques belles choses…
Sauvé de la peine de mort qui l’attendait, Callum se voit transformé en cobaye par une puissante société qui a trouvé le moyen de retourner dans le passé en utilisant la mémoire génétique de chacun. Ainsi l’ancêtre de Callum s’avère être un membre de la Confrérie des Assassins, qui officiait sous l’inquisition espagnole, luttant contre les Templiers qui voulaient annihiler le libre arbitre dans l’humanité ! Au-delà des espoirs de ces scientifiques, Callum va réellement replonger dans un ancien temps et découvrir que la vérité est toute autre et que le hasard qui l’a amené en ces lieux n’est pas si fortuit que ça, puisque depuis toujours, on sait qui étaient ses ancêtres, et que la raison pour laquelle il est recherché se trouve en un objet dont lui seul connait la cachette d’antan, objet éperdument recherché par les Templiers, aujourd’hui reconverti dans la recherche médicale au sein d’un laboratoire dans lequel se trouve Callum !
Une histoire bien moins compliquée qu’il n’y parait, avec retours dans le passé, des confréries secrètes – Les Templiers sont les méchants maintenant ! – dont celle des Assassins, aujourd’hui baptisée les Yamakasis, vu cette propension qu’ils ont à sauter comme des cabris d’un toit à un autre ! Car tel est cet « Assassin’s creed », à savoir des courses poursuites interminables, avec des combats titanesques, les deux totalement invraisemblables pour tout commun des mortels, lesquels seraient déjà transformés en ketchup. Et pourtant derrière la caméra, il y a Justin Kurzel. Alors d’accord, son « Macbeth » pouvait agacer mais en même temps, le film reste un sacré morceau de bravoure. Et surtout, Kurzel avait signé avant un remarquable polar noir de chez noir, « Les crimes de Snowtown ». Bref, deux films qui nous faisaient presque piaffer d’impatience devant l’arrivée prochaine de « Assassin’s creed ». Le choc fut rude. Bon, ne soyons pas totalement négatifs, il reste quelques beaux plans, des séquences vraiment spectaculaires, et un Michael Fassbender donnant un peu d’intensité à son personnage-clef, ce qui relève quand même le niveau. Lequel n’est pas élevé à cause de ses excès dans l’action sous toutes ses démesures, mais à cause d’un scénario qui, partant pourtant d’un point de départ original et riche, s’appauvrit au fur et à mesure de son déroulement, la faute à un parti-pris voulant volontairement satisfaire le joueur plutôt que le spectateur. Maintenant, est-ce qu’un joueur vidéo prend autant de plaisir à voir sur grand écran sans aucune implication de sa part un jeu dans lequel il peut être un des acteurs-protagonistes ? Les producteurs vous diront que oui, pourtant au vu des résultats au box-office des adaptations, on eut encore se poser la question. Et laisser ainsi la porte ouverte à tout artiste voulant vraiment signer une adaptation cinéma d’un jeu vidéo digne de ce nom. Aujourd’hui, et en l’état, « Assassin’s creed » n’est pas une infamie, ni un navet, c’est juste qu’on était en droit d’espérer mieux, beaucoup mieux.
Stéphane THIELLEMENT
Lire les interviews du réalisateur Justin Kurzel et de l’acteur Michael Fassbender dans sfmag No 94 disponible en kiosques jusqu’au 14 mars 2017.
Le programme complet de ce numéro (il changera à la parution du numéro suivant) :
http://www.sfmag.net/une.php
Lire 2800 chroniques de films dans le livre d’Alain Pelosato :
123 ans de cinéma fantastique et de SF : Essais et données pour une histoire du cinéma fantastique 1895-2019
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