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Scénario : Isabel Pena & Rodrigo Sorogoyen.
Avec : Antonio De La Torre, Monica Lopez, Nacho Fresneda, Ana Wagener.
Distribué par Le Pacte – 131 mn - Sortie le 17 Avril 2019 - Note : 9/10
Dans sa région d’Espagne, Manuel Lopez-Vidal a une position politique des plus influentes. Il est même prédestiné à aller plus haut dans les sphères du pouvoir. Mais la mise à jour d’un scandale financier au sein même de son parti contrecarre cette ascension. Et en voulant s’en écarter, s’éloigner de personnes trop impliquées, Lopez-Vidal fait pire que mieux. Et c’est l’inverse qui se produit, il s’enfonce dans une tourmente infernale qui ne pourra plus lui laisser aucune chance de s’en sortir.
Il fut un temps très récent où le cinéma fantastique espagnol dominait le genre. Ce temps est aujourd’hui épuisé, mais par contre, il est remplacé par le polar, et force est d’admettre que depuis deux-trois ans, la qualité est de mise : « Groupe d’Elite », « La Isla Minima », « L’homme aux mille visages », « La colère d’un homme patient », « Box 507 », « Pas de pitié pour les salauds », « Que Dieu nous pardonne » constituent les fleurons de ce renouveau, complété par d’autres titres plus discrets mais tout autant réussis tels que « The body », « L’accusé », « La jeune fille et la brume ». Aujourd’hui arrive donc le dernier grand polar espagnol, auréolé de ses 7 Goyas (Oscars hispaniques), « El Reino », plus un suspense politique qu’un pur polar, mais construit comme un thriller, et qui ne nous lâche plus jusqu’à l’ultime image. Moins porté sur l’aspect polar que pour son précédent et déjà excellent « Que Dieu nous pardonne », Rodrigo Sorogoyen nous plonge dans la politique et tout ce qu’elle a de plus vicié et dangereux, via le portrait d’un sénateur promu à quitter le domaine local pour aller dans le domaine national. Et peu à peu, chaque nouvelle révélation, de la plus petite à la plus grande, l’enfonce dans un maelström destructeur qui l’achèvera malgré tous ses efforts pour s’en sortir, mais en s’extirpant du giron de la politique. Dominé par le jeu d’acteur époustouflant d’Antonio de La Torre (un air de Dustin Hoffman par moments incroyable), « El Reino » doit surtout sa réussite à un scénario en béton qui nous assomme tout en nous gardant conscient et réceptif à tout ce qui se dévoile sous nos yeux, le tout mis en scène avec une maestria peu commune. Alors oui, on peut une nouvelle fois le confirmer : l’Espagne est en ce moment maître du polar au cinéma.
Stéphane THIELLEMENT
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