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Sommaire - Interviews -  Jean-Luc Marcastel auteur du roman Thaïr


"Jean-Luc Marcastel auteur du roman Thaïr " de Damien Dhondt


- Qui est Jean Luc Marcastel ?
Un grand gosse attardé qui, pour fuir une réalité pas toujours à son goût, aime se raconter des histoires et se perdre dans des mondes qu’il se plaît à créer et à peupler de compagnons imaginaires dont il partage les espoirs et les épreuves. Ces histoires, il a besoin de les mettre sur papier pour pouvoir se les raconter, pour qu’elles puissent naître et prendre forme. Coup de chance pour lui, il semble que ces histoires, et la manière dont il les raconte aient su plaire à d’autres que lui, et comme il a ainsi pu faire de sa passion son métier… Et passer son temps à raconter d’autres histoires.
Au final, c’est un homme chanceux.
- Qui est Faïria ?
Faïria est la dernière castalaïna (une sorte de reine mère) et l’ultime survivante du clan assassiné d’Orguenoire (un clan Avarnian, sorte de famille étendue un peu semblable aux clans Scott). Elle est la dernière dépositaire de la mémoire des siens, et d’un terrible secret. Elle devra violer tous ses serments, ses traditions, les coutumes de son peuple, et payer dans sa chair, pour sauver l’humanité tout entière d’un terrible fléau.
Faïria est une Avarniane, une enfant du Griaïre, le volcan gigantesque qui domine ces terres âpres et sauvages. Pour jeune qu’elle soit, sa volonté est sans faille. Elle ne reculera devant rien pour accomplir la mission qu’on lui a confiée, même si elle doit, pour cela, endurer mille tourments.
- Qui est Yaïn ?
Yaïn est un jeune harponneur de Taraba, une petite ville de pêcheur dans le delta de Garonnaï. Nul ne l’égale dans la chasse au crâsèche, ce redoutable mollusque géant qui hante les eaux troubles de la mangrove.
Mai Yaïn a un secret… Il a sauvé d’une tempête une belle sirénaïre, une fille des vagues à la peau noire et blanche, luisante, ce peuple que les scientaïres de Tolosania nomment « homo orcinus », produits de la science des anciens, et, malgré tout ce qui les sépare, en est tombé amoureux.
Mais des marchands de chair lui ont arrachée et l’ont emmenée.
Yaïn n’est pas un guerrier, mais son cœur a la fougue, le désir de pureté et d’absolu de la jeunesse. Il va se lancer sur les traces des ravisseurs de sa belle, mais, ce faisant, se retrouvera entraîné dans une histoire bien plus vaste et plus terrible dont dépend le devenir même de l’humanité.
- Qui est Vicent Barzaïn ?
Vicent est un postiaïre des Postes Capitolaïre de Tolosania, un de ces hommes qui, au mépris du danger, portent les nouvelles aux quatre coins de la fédération.
Du moins, c’est ce qu’il donne à croire.
« Un seigneur en exil. » C’est ce que dit de lui un de ses confrères, qui en sait long sur lui. Car Vicent, autrefois, a eu une autre vie, plus dangereuse et agitée encore, et a vécu un drame atroce où il se consuma… Un drame dont il va trouver écho en recueillant Yaïn et en l’aidant dans sa quête… une quête qui sera pour lui comme une rédemption, et rendra à Tolosania un de ses plus grands héros et une de ses meilleures armes contre le mal qui approche.
- Qui est l’avionaïre de S’Expry ?
C’est le symbole des postes capitolaïres de Tolosania, une légende d’avant l’Anthir (le cataclysme qui mit fin à l’Ancien Monde). Ce héros légendaire et son véhicule mythique sont devenus, depuis la Renaissance, un modèle de courage et de volonté pour tous les postiaïres qui prêtent serment en son nom et jurent de protéger et de livrer le courrier qu’on leur confie au péril de leur vie pour maintenir le lien de la civilisation en ces temps difficiles.
- Qui est Jaan de Carsac ?
Jaan de Carsac était, il y a plus de 1000 ans, avant l’Anthir, le meilleur agent du gouvernement mondial unifié de la Terre. Un homme rompu à toutes les techniques de combat et d’infiltration aux capacités « augmentées » nanotechnologiquement. Quelques jours avant le cataclysme, on l’envoya sur la cité lunaire de Sélénia pour enquêter sur des rumeurs inquiétantes concernant Trevor Arkhen, l’administrateur de la colonie lunaire, et certaines de ses « expériences ».
Nul ne sait ce qui se passa sur Sélénia, mais un mal terrible, un mal conscient, s’y répandit et emporta tous ses habitants en quelques heures.
Jaan de Carsac parvint à revenir sur Terre et fit son rapport au conseil, qui envoya aussitôt contre Sélénia ses quatre croiseurs de combats… Deux furent détruits, le troisième parti à la dérive et le quatrième se saborda pour s’écraser sur Sélénia et l’anéantir dans le feu de ses moteurs à fusion, vaporisant une partie de la lune… Mais pas avant que Trevor Arkhen, ou le fléau qui s’était emparé de lui, ne lance contre la terre la première bombe antimatière qui causa l’Anthir, la destruction de l’Ancien Monde…
Nul ne sait ce qu’il advint de Jaan de Carsac, mais il est de retour aujourd’hui pour combattre ce fléau, la Malepeste que tous croyaient anéantie… Car là-haut, sous les cendres de Sélénia, quelque chose à survécu… un mal, un haut mal que Jaan, lui, nomme d’un autre nom… Les nodes… Des organismes nanotechnologiques à la conscience collective, capables d’assimiler la chair, le métal, les souvenirs et la psyché de tous les êtres vivants, humains ou animaux, et de les recombiner selon leurs besoins, et leur bon vouloir… une nouvelle forme de vie en permanente évolution qui, depuis plus de mille ans, attendait son heure sous la surface blessée de la lune, et a enfin trouvé moyen de traverser le vide pour se répandre sur Thair et en assimiler tous les habitants… Et même si personne n’en a encore conscience, rampant, invisible, le fléau est déjà là, colonisant de nouveau « véhicules », étendant chaque jour son influence, et s’apprêtant à se révéler, et à frapper…
Jaan de Carsac, revenu à la vie, différent, plus redoutable encore, mais moins humain, est le seul rempart qui se dresse entre les nodes et l’humanité… Mais sera-t-il suffisamment fort pour leur résister ?
- Le personnage de Jaan de Carsac est-il inspiré de François Bordes alias l’auteur de science-fiction Francis Carsac ?
Oui, le nom m’en a été inspiré par Françis Carsac (nom de plume de François Bordes) car « Pour patrie l’espace » a été le premier livre « sans images » que j’ai lu à l’âge de 9 ans (et relu tant et tant de fois depuis avec le même bonheur) sur l’impulsion de mon père, que je ne remercierai jamais assez, et qui m’a ouvert les portes de l’Imaginaire… Je voulais par-là rendre hommage à ce grand monsieur.
- Quelle a été l’idée de base pour Thair ?
Thair et la somme de mes influences, le produit distillé de mes lectures, des films que j’ai vus, de mon propre vécu et de ma culture, de mon pays… Le désir qui m’a toujours tenaillé de créer des univers.
Je pense que le désir m’est venu en lisant Dune, de Frank Herbert. J’ai souhaité, moi aussi, créer un monde cohérent auquel je pourrais croire et dans lequel je pourrais commencer une grande aventure, un peu comme Gorge Lucas avec Star Wars. Un univers de science-fiction, mais avec une dimension, un souffle épique qui, s’il reste dans le domaine de la science-fiction (j’ai toujours eu du mal avec la magie, je veux toujours savoir comment ça marche) emprunte également ses codes à la fantasy.
De tous ceux que j’ai pu engendrer, il s’agit de l’univers du plus abouti. Il est né, ou, dirais-je, a commencé à s’imposer à moi, voici plus de vingt ans : des visions, fragmentaires, ici et là, de paysages, de peuples, de créatures… J’ai commencé à les jeter sur papier, puis sur ordinateur, et à mesure que j’écrivais, je me plongeais, tous les soirs, et même la journée (j’étais encore enseignant à cette époque-là) dans cet autre monde, et le découvrait, morceau par morceau, l’explorait, en parcourait les paysages fabuleux, en rencontrait les habitants fascinants ou terrifiants.
En trois ans, j’avais accumulé plus de trois cents pages de background : histoire, géographie, faune, flore, sociétés, et encore ne s’agit-il là que du territoire de l’ancienne France…
Pour illustrer tout cela, comme des témoignages que j’aurais glanés à mille lèvres, en voyageant dans ce futur qui n’existera jamais, ou ailleurs, dans une des multiples versions de notre réalité, j’ai écrit des nouvelles, des témoignages d’exploraïres… Thair vit en moi, à chaque instant, et j’ai toujours un pied ici, et un pied là-bas.
- À la lecture de Thair, en découvrant de nombreuses références historiques, on a l’impression de se trouver en présence de ce qui ressemble à un certain « Épisode IV ».
Aurons-nous l’occasion de découvrir les premiers épisodes ?

C’est vrai. La trilogie de Thair se situe au milieu de deux histoires : celle d’avant l’Anthir, le cataclysme, celle de Jaan de Carsac et des dernières heures de l’Ancien Monde pour lequel je pourrais écrire un livre, celle du Nocturnage, aussi, quand les humains se sont réfugiés sous la terre dans les bastions souterrains, puis le Lumiriaïge, le premier temps de la renaissance, quand les premiers explorateurs se sont échappés (parfois contre les dirigeants de leurs bastions, de leurs abris souterrains…)
Et ce qui va se passer après ma première trilogie quand le Léonidas, le dernier croiseur terrien, qu’on croyait perdu à jamais dans le vide sidéral, reviendra, après plus de 1500 ans… la rencontre de deux humanités qui ont évolué sur des mondes différents.
Dans l’absolu, je pourrais écrire neuf livres dont la présente trilogie ne serait que le pivot central, trois avant et trois après… Mais je vais pour l’instant me consacrer à la rédaction des deux et troisième tome, le reste sera subordonné au succès de la série.
- Ce monde post-apocalyptique présente par endroit de nombreuses avancées technologiques supérieures à nos connaissances actuelles. Le déséquilibre est manifeste entre les régions. Pourquoi ne se produit-il pas un phénomène de diffusion du savoir ou de conquête ?
Pour l’instant l’humanité, récemment ressortie des bastions souterrains dans lesquels elle a survécu pendant les mille ans du Nocturnage, panse encore ses plaies. Elle récupère des instruments et des artefacts hypertechnologiques du passé sans parfois en comprendre vraiment ou totalement le fonctionnement. Et les factions sont nombreuses.
Certains, comme les clans Avarnians, sont structurés sur un modèle de néo-féodalisme où des champions revêtus d’armures cybernétiques conscientes de six mètres de haut récupérées dans des dépôts anciens s’affrontent en duel à l’épée au nom de leur Castlaïna. Dans la fédération de Garonnaï on en est plutôt à une sorte de XIXe siècle, avec une société savante, la maîtrise de la vapeur, de l’électricité. On étudie les textes anciens pour en tirer de nouveau les connaissances qu’on a perdues pendant le Nocturnage, on envoie des exploraïres partout… L’élite des combattants, la garde prétoriaïres, dispose d’armures de combats autoportées récupérées de l’Ancien Monde. Enfin, il y a peu, la fédération a mis la main sur des plates-formes octopodes de combat, des géants terrifiants qui en font une des forces les plus significatives de ce temps… Mais même ces araignées de métal géantes, capables de raser des villes seront-elles suffisantes pour combattre le mal qui approche ?
Ayant vécu en autarcie pendant mille ans, coupés les uns des autres, les humains ont développé des sociétés particulières, et une méfiance envers tout ce qui vient d’ailleurs.
Peu à peu, dans la concorde ou la violence, des alliances se forment, des conquêtes se font, mais les choses sont lentes et les disparités nombreuses. On parle même de bastions souterrains qui ne sont pas encore ouverts, et vivent dans la crainte du monde du dehors, ou sous la coupe de petits dictateurs soucieux de perdre leur pouvoir s’ils ouvrent leur petit enfer privé à l’extérieur, et d’autres encore, sur lesquels courent d’inquiétantes légendes…
- Il semble que les personnages ignorent ce qui se passe en dehors de l’ancienne France. Aurons-nous l’occasion de découvrir le monde extérieur ?
Dans mes rêves les plus fous, si Thair connaissait le succès que je lui souhaite, j’aimerais en faire une « licence » et inviter d’autres auteurs et illustrateur à développer ce monde, j’ai déjà tant à faire sur le territoire de l’ancienne France… Mais bien sûr, ce n’est pour qu’un rêve… et le restera certainement.
- Comment la saga de Thaïr va-t-elle se développer ?
Trois volumes pour l’instant. Le second est déjà écrit et n’attend que d’être corrigé et validé pour une sortie prochaine, je dois encore écrire le troisième.
La suite ne dépend pas de moi, mais des lectrices et lecteurs qui lui offriront ou non le succès que mon éditeur, Jean-Philippe Mocci, des éditions Leha, qui a cru en cette histoire et que je remercie ici pour sa confiance, son écoute, sa gentillesse et sa passion, et moi-même, lui souhaitons…

Bibliographie de Jean-Luc Marcastel :
  Louis le Galoup (Librairie les 3 épis, éditions du Matagot, Nouvel Angle, Livre de Poche)
  La Geste d’Alban (Nouvel Angle)
  Le Simulacre (éditions du Matagot)
  Praërie (Scrineo,)
  Le dernier hiver (Hachette, Livre de poche)
  Un monde pour Clara (Hachette)
  Les enfants d’Erebus (J’ai lu)
  Le retour de la bête (Gulf Stream)
  Un pape pour l’apocalypse (Pygmalion)
  L’auberge entre les mondes (Flammarion jeunesse, Père Castor)
  Frankia (Mnémos)
  Chroniques de Pulpillac (Lynks)
  Tellucidar (Scineo)
  Libertalia (Gulf Stream)
  Un jour une étoile (Gulf Stream)
  Cantal terra incognita (éditions Creer)

Lire la chronique du livre :
https://www.sfmag.net/spip.php?article14479




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