Un individu civilisé ne s’abaisserait pas à un acte aussi méprisable, à Foranza.
Lorsqu’il est arrivé dans la cité de Foranza, Martin le mercenaire venu du de Nord, y a découvert que les femmes y disposaient de plus de droits qu’ailleurs. Les guerres et épidémies ayant fortement réduite la population masculine les femmes ont trouvé place dans les ateliers et dans l’artisanat. Cependant, il a pu également constater qu’il ne pouvait y trouver aucune femme à séduire, ni même une prostituée.
Néanmoins, il découvre qu’il a la possibilité d’y trouver un emploi. En effet, une série de meurtres frappe les modèles des peintres. Aussi Martin propose-t-il aux responsables de la guilde des modèles d’organiser une milice composée de guerrières. Ces dernières, originaires de Foranza ont parcouru de nombreux champs de bataille comme mercenaires. Connaissant la cité, elles pourront protéger les victimes potentielles et également leur apprendre à se défendre. Quant à lui, il servira d’intermédiaire avec les autorités de la cité. En effet, si la situation des femmes est relativement bonne à Foranza elles ne peuvent combattre dans les armées de la cité ni prétendre à une charge d’officier.
Parmi les rares femmes à disposer d’une certaine autorité se trouve l’enquêtrice Aphrodisia Malatesta. Chargée de l’enquête sur les meurtres elle n’a pu que constater que ceux-ci allient atrocité et sophistication.
Mais le vernis de civilisation et de modernité qui recouvrait Foranza commence à craquer, comme si les meurtres faisaient resurgir les pulsions malsaines de certains membres de la population. Des hommes désœuvrés qui ne trouvent pas de travail voient en ces femmes qui travaillent des ennemies. En toute « logique » elles doivent donc être agressées, lapidés, tuées.
Ce thriller se déroule dans cité similaire à celle de la renaissance italienne (Foranza = Florence ?). Certains noms renvoient à des personnages historiques, mais aussi littéraires ou bien cinématographique. Le contexte implique une discrète fantaisy avec une religion particulière (à laquelle le rustre Martin ne comprend rien) liée au culte des fées (ces dernières revenant régulièrement dans l’œuvre de Sara Doke). On trouve également une touche de steampunk avec des inventions originales.
L’intérêt de cet ouvrage repose avant tout sur les personnages élaborés. Parmi eux les deux enquêteurs Aphrodisia et Martin apportent deux points de vue : celui d’une personne comprenant parfaitement la cité et celui d’un étranger qui découvre peu à peu la réalité de cette société en apparence utopique.
Damien Dhondt
Auteur : Sara Doke, Couverture : Philippe Jozelon _ La complainte de Foranza _ Éditions Leha _ février 2020 _ Inédit, grand format, 400 pages _ 19 euros