de Lancezeur et Ngola
L’éminent professeur Jacques Mékamgang présente les résultats de ses derniers travaux dans le grand amphithéâtre de la Faculté de Physique des Matériaux de Lausanne. Devant un parterre de confrères venus de toute la planète, il parle avec passion des alliages de métaux à mémoire de forme. Soudain, il est pris de tremblements et cherche sa respiration en ouvrant le col de sa chemise. L’assistance s’inquiète des pauses dans le flux de son discours. Alors que des projecteurs l’éblouissent, le regard fiévreux de Jacques scrute le fond de l’amphithéâtre. Là-bas, dans la pénombre, l’espace d’un instant, il a vu une silhouette étrange aux yeux rouges incandescents qui le fixaient. La chose porte un grand manteau orné de coquillages, peaux de léopard et tissus traditionnels africains. C’est le Mpoue.
Ce récit contemporain s’inscrit dans le courant de l’horreur, ou plutôt du fantastique. Son originalité provient notamment d’un ancrage dans la culture bamiléké, une ethnie camerounaise. En suivant le héros, Jacques Mékamgang, on voyage entre l’Europe et l’Afrique, entre les trafics d’influence de l’Université de Lausanne et les mythes des chefferies au Cameroun. Le Mpoue apparaît dans les songes, comme le Horla de Maupassant. Il défie la logique, comme les revenants de Lovecraft ou de Poe. Il se joue de la vanité des hommes, comme le K de Buzatti.
Damien Dhondt
Scénario : Blanche Lancezeur, Dessin : Martini Ngola _ Le Mpoue _ Éditions Felès _ Parution le vendredi 13 novembre 2020 _ Inédit, grand format, 52 pages couleurs _ 18 euros