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Sommaire - Interviews -  IRON CLAW


"IRON CLAW" de Sean Durkin


Note du réalisateur Sean Durkin :

J’ai grandi en Angleterre à la fin des années 80, début des années 90. Il n’était pas facile d’avoir des informations concernant la lutte texane. Bien qu’il était possible de se procurer des VHS d’anciens évènements, elles étaient rares. Ma source d’information la plus fiable était les magazines tels que « Pro Wrestling Illustrated » (Magazine de catch US, NDLR). Un jour, je suis rentré chez un marchand de journaux et j’ai trouvé le dernier numéro, qui datait probablement de quelques mois. Ma mère me l’a acheté et je l’ai lu pendant que nous dînions dans un restaurant chinois un samedi soir. Je me souviens avoir ouvert une page et lu l’annonce de la mort de Kerry Von Erich. Cela m’a brisé le cœur. Je l’avais vu lutter en direct plusieurs fois et j’étais un grand fan de lui et de sa famille. Je savais que ses autres frères étaient morts quelque temps auparavant, et penser qu’un autre frère était parti était trop dur. C’était trop. Mes pensées allaient à sa famille et ce souvenir est resté quelque part dans mon esprit pendant la majeure partie de ma vie. Lorsque j’ai commencé à écrire le scénario d’Iron Claw et à adapter l’histoire de cette famille en film, j’ai dû comprendre pourquoi j’étais attaché à cette histoire. Enfant, j’étais attiré par ces artistes pour leur style rock and roll, qui reste le fondement du catch moderne. Cependant, leur perte tragique m’a également profondément affectée. Les Von Erich ont été considérés comme les « Kennedy » du sport. Malgré le destin tragique subi par la famille, Iron Claw n’est pas un film sur le chagrin et la douleur. Il explore plutôt l’absence de chagrin et ce qui peut arriver lorsque les gens refusent de regarder leur douleur en face. Si le destin de cette famille n’est qu’un petit morceau de l’histoire américaine, elle met en lumière les effets néfastes de la masculinité extrême ainsi que d’un état d’esprit générationnel qui a nui à notre culture et dont nous com-mençons à mesurer les dégâts. À la fois drame familial et film sportif, Iron Claw est une véritable tragédie grecque au cœur de l’Amérique. C’est l’histoire d’une résurrection : Kevin brise le moule de sa famille et rompt la malédiction, pour en ressortir plus sage, plus fort et en paix. Inspiré par des films tels que « Raging Bull » et « Voyage au bout de l’enfer », Iron Claw explore les thèmes de la gloire, de la perte et de la masculinité américaine. Il aborde également l’importance de l’amour de soi et de l’acceptation. Il se penche aussi sur les relations entre les membres d’une même famille, en particulier entre un père et ses fils, ainsi qu’entre frères. Iron Claw parle de la quête de la gloire et des illusions liées au succès, des conflits générationnels et de la nécessité de remettre en question nos idées préconçues. Iron Claw est une célébration de la découverte de soi, de la camaraderie, de la fraternité et des jours de gloire de la lutte américaine.

À propos du film.

Le troisième film de Sean Durkin : Iron Claw, est la chronique d’une famille américaine. C’est un portrait à la fois intime et épique sur l’extraordinaire parcours des frères Von Erich qui se sont hissés au sommet du monde du catch, dans l’ombre de leur père. Il s’agit d’une histoire vraie et tragique. Enfant, Sean Durkin était obsédé par le catch : « Je me souviens d’un moment très précis, au début des années 90, j’étais en train de lire un magazine où il était écrit que l’un des frères Von Erich venait de mourir. En lisant ça, j’ai ressenti une tristesse immense. Ça m’a vraiment marqué. » Iron Claw est avant tout un film sur la fraternité où l’on suit les hauts et les bas d’une famille rêvant de gloire. Les acteurs sont tous talentueux et surprenants avec notamment Zac Efron dans un rôle marquant. « Tous les membres de la famille Von Erich attiraient l’attention. Ils étaient devenus de véritables icônes populaires dans le monde du catch » explique Zac Efron. « Leur ascension a été très rapide, et puis des choses terribles ont com-mencé à se produire. » Fritz Von Erich (joué par Holt McCallany) est le chef de famille. Très autoritaire et ancien champion de catch, c’est lui qui a créé le célèbre mouvement de catch qui a donné son nom au film : Iron Claw, qui consiste à écraser le crâne de ses adversaires avec ses mains. Le film commence par l’un de ses souvenirs où on le voit pratiquer cette technique sur un de ses adversaires. On le découvre ensuite en tant que propriétaire de la « World Class Championship Wrestling » : l’un des principaux endroits où se déroulaient des combats de catch avant que ce sport devienne très populaire. Dans une course vers le succès et la gloire, Fritz Von Erich va tout faire pour que ses fils atteignent les sommets de leur sport, malgré la multiplication des tragédies autour d’eux. Le début du film se déroule durant l’été où l’empire Von Erich est en train de se construire une réputation fondée sur leur force. Chez eux, tout n’est que virilité, puissance et muscles. À la fin du film, au contraire, il ne reste plus qu’un stade vide, des hôtels sinistres et une maison familiale silencieuse. « Je voulais montrer dans ce film ce que ça signifie de faire l’éloge de la virilité, de lutter contre les émotions, de ne pas avoir peur ni d’avoir mal : c’est comme ça que ça fonctionne dans cette famille » explique Sean Durkin. « Ces valeurs étaient étroitement liées aux valeurs masculines traditionnelles américaines. Elles défavorisaient bien sûr les femmes, mais elles pouvaient aussi nuire aux garçons. » Iron Claw est la chronique de plusieurs tragédies, mais le film parle aussi de l’amour profond que peuvent se porter des frères endeuillés. « Ils avaient une connexion vraiment spéciale entre eux, et je trouve que c’est la chose la plus précieuse que l’on peut posséder dans une vie » explique Zac Efron. « Ces garçons forment un groupe qui s’aime et qui est heureux. Malheureusement leur relation est reléguée au second plan au profit de leur réussite sportive pour atteindre les objec-tifs de leur père. Ils sont obligés de suivre les valeurs de virilité qui leur ont été imposées » raconte Sean Durkin. Pour Holt McCallany le film ressemble « presque à du Shakespeare » parce qu’il fait le portrait douloureux d’une famille américaine classique. Il s’agit d’une histoire vraie, pourtant il est presque difficile de croire à une telle histoire d’ascension et de chute. Avant la production du film, Sean Durkin a décidé de ne pas communiquer avec la véritable famille Von Erich. Pour créer un film plus accessible, le réalisateur a en effet été obligé de transformer la réalité, notamment en faisant abstraction du suicide d’un autre frère, Chris Von Erich, à l’âge de 21 ans. « La réalité était tellement pire qu’il était impossible, en si peu de temps, de montrer tout ça dans un seul film » explique Sean Durkin. Ce film est un portrait touchant sur les relations fraternelles et la douleur de perdre un frère. Kevin Von Erich (joué par Zac Efron) est le cœur du film. Grâce à sa performance très émouvante, on comprend à quel point il tente désespérément de sauver sa famille, même s’il n’y parvient pas. Pour Zac Efron, le film raconte « l’histoire d’un homme qui rompt avec le schéma néfaste qui était mis en place par son père pour aller de l’avant avec sa femme et ses enfants. » « Durant tout le film, on se demande : mais comment Kevin a pu briser la malédiction ? » explique Sean Durkin. « On comprend finalement que ce qui compte pour lui, et ce qui le sauve, c’est l’amour de ses frères et de sa famille. »

Marc Sessego

Merci à Aude Dobuzinskis de l’agence Dark Star pour nous avoir obtenu ces interviews.




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