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  Sommaire - Films -  S - Z -  THE CROW (Id.)
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"THE CROW (Id.) " de Rupert Sanders

Scénario : Zach Baylin & William Schneider, d’après le comics THE CROW de James O’Barr

Avec : Bii Skarsgard, FKA Twigs, Danny Huston, Sami Bouajla
Distribué par Metropolitan Filmexport - 110 mn - Sortie le 21 Août 2024 - Note : 1/10

Par où commencer ? Par un comics, véritable exutoire de souffrance pour son auteur James O’Barr, qui ainsi fera enfin son deuil du drame qui le frappa avec la mort de son amie tuée par un chauffard. Un style visuel différent, tout en noir et blanc, un anti-héros dévasté par le chagrin et une soif de justice via une vengeance radicale, dans un monde de violence.
Et en 1994, sort le film, œuvre testamentaire de son interprète Brandon Lee qui décéda accidentellement durant le tournage. Signé d’un illustre inconnu dans le septième Art mais qui avait marqué certains esprits avec des vidéo-clips originaux, impressionnants dans leur innovation et leur maitrise, Alex Proyas, cette première adaptation / vision de « The Cfrow » au cinéma demeure définitivement la meilleure. Tout y est, la passion, l’amour, le chagrin, la souffrance, la violence, la folie, la justice, l’émotion, une bande musicale en osmose, et un Brandon Lee définitivement habité par son personnage.

Suivront deux séquelles, une série TV, toutes plus insipides les unes que mes autres. Et arrive aujourd’hui cette nouvelle « vision » de « The Crow ». Quelque part, on peut y croire, signé par le réalisateur de « Blanche-Neige et le Chasseur », un très bon acteur… Et non, définitivement non. Ce n’est pas jouer les nostalgiques ou autre que d’énoncer cela, c’est simplement de faire le constat d’un projet vain, qui prouve que certaines œuvres sont uniques, ont transcendé le matériau de base, et qu’il ne sert à rien de donner « un sang nouveau » à ce qui ne le demande pas. Ici, Eric Draven est une sorte de paria, qui rencontre lors d’un séjour dans un centre une fille paumée comme lui. Ils tombent amoureux, mais une nuit tout bascule avec une agression mortelle menée par un « seigneur » des ténèbres. Eric, lui, arrive au « purgatoire », rencontre le gardien – du Styx presque, sauf que c’est une gare désaffectée – qui le renvoie dans le monde des vivants pour rendre justice.

Alors, déjà dès le début, ça foire : le couple Skarsgard/Twigs a autant de charisme que d’inexistence, ils sont fades tous les deux, à aucun moment on ne croit à leur idylle, c’est filmé à l’esbroufe, affreux. Puis vient l’assassinat et Erik qui part dans l’au-delà et est accueilli par… Sami Bouajila ! Là, ça s’aggrave, des corbeaux lui tournent autour, Sami lui explique que tout ça n’est pas juste, qu’il lui faut repartir pour mettre une branlée à un « démon » qui n’est autre que… Danny Huston ! Lequel murmure des mots apocalyptiques aux oreilles de ses victimes avant qu’elles ne meurent. On continue ? Eric est malade de chagrin, devient un as du maniement du katana – sabre japonais – et part dans une croisade sanglante au plus haut point.

Voilà, disons le franchement, il n’y a rien à sauver dans cette version premier degré de vendetta d’un loser, on ne ressent surtout jamais rien là où LA version ultime, magnifique, ultime, vous vrillait le cœur, vous arrachait des émois, au point d’en verser peut-être une larme. Une des plus belles séquences du film de Proyas étant celle où Erik va chercher chez le prêteur sur gages la bague de fiançailles qu’il offrit à Shelly, la cherchant les yeux fermés, jetant une par une toutes celles qui ne correspondent pas. Un moment d’émotion, de « true love » qui justifie les actes d’Erik par la suite face à un empereur du crime parfaitement campé par Michael Wyncott, autre chose que le pauvre Huston Jr, plus pathétique qu’autre chose. Et on pourrait continuer ainsi sur cette nouvelle version, à énumérer chaque seconde de souffrance subie à voir un tel gâchis. Il n’y a rien à sauver, tout comme tout ce qui suivit « The Crow » avec Brandon Lee, et je confirme, l’ayant revu récemment – avant de découvrir « ça » ! – via une magnifique copie bluray, « The Crow » d’Alex Proyas avec Brandon Lee vieillit très bien et demeurera pour l’éternité la seule adaptation réussie du comics, imparfaite certes, mais au moins créée avec passion, souffrance et amour.

Stéphane THIELLEMENT

Alain Pelosato



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