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Avec River Phoenix, Ethan Hawke
Paramount Vidéo
Après être sorti du giron de Roger Corman avec son sympathique Piranha, Joe Dante atteint une certaine renommée avec l’excellent Hurlements, puis le succès direct avec Gremlins. En trois films, Dante avait déjà donné les grandes lignes de son style, de ses goûts. Il signe alors Explorers qui sera le commencement de la fin, du moins commercialement parlant, parce qu’autrement, Joe Dante demeure toujours Joe Dante depuis ce film, c’est à dire avec l’excellent L’aventure intérieure, son téléfilm La troisième guerre mondiale, Small soldiers, le raté mais intéressant Gremlins 2, et Les Looney Tunes passent à l’action, une des meilleures réussites du genre cartoon mixé au film live, qui enfonce (facilement, c’est vrai) l’ exécrable Space Jam, précédente tentative de Warner d’intégrer Bugs Bunny & Co aux acteurs (bien que Michael Jordan, en tant qu’acteur...) de chair et de sang. Mais depuis Explorers, Joe Dante est maudit au box-office. On pourrait dire qu’on s’en fout tant qu’il garde son intégrité mais le problème, c’est que sans succès, difficile parfois de revenir derrière un projet cinématographique à Hollywood.
Bon, Explorers : ben déjà, ça a vieilli grave, soyons honnêtes. C’est normal, c’est un pur produit du début des années 80, une période qui subit mal l’usure du temps, surtout au niveau des effets spéciaux... Et du look de l’humain d’alors. On avait déjà eu un aperçu de ça avec la ressortie de génération perdue, Explorers le confirme. Pourtant, on se surprend à suivre le film jusqu’au bout. Pourquoi ? Parce qu’il y a la « Dante’s touch », comprenez par là cette nostalgie d’une période de la vie (l’enfance et toute l’imagination qu’elle génère), et puis un petit côté « cartoonesque » au travers d’arrières plans discrets mais qui ont une importance (ainsi, un trou dans le sol voit dans la paroi la visite d’un petit rongeur surpris d’être ainsi réveillé en pleine nuit !). Pour le reste, on ne peut pas dire qu’Explorers soit le meilleur Dante de sa carrière. La partie la plus intéressante est bien entendue celle qui voit ces 3 gamins créer un vaisseau spatial (en tête du trio, tout jeunes qu’ils étaient, feû River Phoenix et Ethan Hawke) avec une aide surprenante sortie de leurs rêves mais en fait envoyée par des extra-terrestres. Une fois l’engin construit, ils l’essaient et s’envolent dans l’espace pour rencontrer des aliens au look proche du cousin de Casimir ! Là, c’est un peu dur quand même, tout en comprenant le point de vue de Dante. Il faut avaler la couleuvre et voir ces baudruches de l’espace ne facilite pas l’opération. Et en plus, les effets spéciaux ont pris un putain de sérieux de coup de vieux, tout comme quand on voit l’ordinateur et le clavier de l’époque : c’est la version « Cro-Magnonesque » de l’informatique ! Alors, c’est vrai qu’au final, Explorers laisse un drôle de goût, heureusement compensé donc par le côté nostalgique donné par Dante à sa première partie. C’est surtout elle qui sauve bien Explorers, surtout qu’en plus, la copie est très moyenne et qu’en bonus, on a droit à deux pauvres scènes coupées, certes intéressantes mais de là à transformer le DVD en Collector, on n’y est pas encore !
Note : 6/10 DVD : 3/10 (copie moyenne, format d’origine 1.78 image 16/9ème)
Bonus : 2 scènes coupées.
Stéphane Thiellement
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