6,5/10
Livre à ne pas lire avant de partir pour un long voyage en 4x4 sur les routes désertiques des Etats-Unis. Sauf si vous aimez cauchemarder. Rêver de flics complètement allumés qui tapent dur, tuent à bout portant, jettent les petites filles du haut des escaliers, et zigouillent une ville entière, celle de Désolation en l’occurrence. Et tout ça en se vidant de leur sang, en perdant un oeil et en crachant des glaviots aussi sanguinolents que la dent qu’ils viennent de perdre sans s’en rendre compte... Voilà donc un Stephen King bien sanglant, où la folie s’installe dès le début. La première partie est irréprochable : les protagonistes tombent un à un dans le filet du type malade, on a envie de leur hurler de faire demi-tour, mais non, ils y vont, et le lecteur blêmit, découvrant peu à peu ce qui les attend. D’autant plus qu’on ne sait pas qui est ce flic très nettement psychopathe. Mais tout se complique, et s’affadit selon moi, quand le roman tourne au démonstratif : il s’avère que le flic est la xème réincarnation d’une force du Mal qui vit dans le cœur des mines de Désolation depuis des décennies. Parmi ses otages, un jeune garçon, David, qui est une représentation divine, ou au moins un représentant de Dieu (il a déjà ressuscité un de ses camarades). Ces deux êtres surhumains vont donc s’affronter dans les ruines et parmi les cadavres de Désolation. David et les autres survivants s’enferment d’abord dans un cinéma puis décident d’aller affronter l’origine du Mal au cœur des anciennes mines. Le lecteur sent tout de suite que c’est la pire des idées à avoir (et c’est ça qui est bien), mais le groupe suit David, directement inspiré par une voix intérieure, et ça, c’est plutôt raté. Les flash-back et les dialogues divins du jeune garçon sont mal venus, ralentissent narration et suspense et tournent finalement au démonstratif.
Il y a au moins cent pages de trop, c’est dommage mais on frissonne bien quand même : avis aux amateurs !
Sandrine Brugot Maillard
Désolation (1996), Stephen King traduit de l’anglais (américain) par Dominique Peters, Le Livre de poche (n°15148), octobre 2004, 823 pages, euros
1ère traduction française : Albin Michel, 1996