"Orson Scott Card : l’écologie et la foi"
Alain Pelosato
(Cet article a été publié dans mon livre "Fantastique des auteurs et des thèmes" Naturellement 1999)
Card et la foi,
le nihilisme et le pouvoir.
Dans le cycle d’Alvin, dont l’objectif philosophique de l’auteur n’est pas le même que dans le cycle d’Ender, de larges allusions à la religion donnent à penser que le jeune garçon Alvin est l’élu de Dieu. Ainsi, par exemple dans « Le Prophète rouge », Alvin marche sur les eaux et le Prophète fait bondir l’eau en l’air « dressant comme un mur autour d’eux. » Et Alvin déclare : « J’crois que j’ai vu toute la création du monde. (...) Tout comme dans la Bible... »
Orson Scott Card a écrit la novellisation du film « Abyss ». En frontispice de son livre, il soumet à la ré-flexion du lecteur une citation de Nietzsche : « Quiconque lutte contre des monstres devrait prendre garde, dans le combat, à ne pas devenir monstre lui-même ; et quant à celui qui scrute le fond de l’abysse, l’abysse le scrute à son tour. »
Voilà qui est intéressant et à double titre. D’abord, cette citation concernerait bien mieux le « Cycle d’Ender » qu’« Abyss », bien qu’elle comprenne elle-même ce mot ; ensuite, elle montre sans équivoque que Card est un grand lecteur du philosophe du « surhomme » et, en effet, on ne peut que constater qu’il exprime tout au long de ce cycle une profonde harmonie avec la philosophie de Friedrich Nietzsche.
Cette philosophie constate que le christianisme a instauré une « morale d’esclave ». Card développe cette idée dans « Xénocide », pour le christianisme lui-même et à propos d’une religion inventée sur la planète de la Voie. Nietzsche affirme que la religion cache la vraie nature de l’homme, faite du combat entre la vie et la mort. N’est-ce pas là le but même du « Porte-Parole des Morts » de faire la lumière sur ce combat ? Enfin, si l’homme qui veut se réaliser tend vers le surhomme, n’est-ce pas là le destin d’Ender ? Et ce dernier ne montre-t-il pas clairement que la volonté de puissance ne passe pas par la convoitise, mais au contraire par le pouvoir de donner et de créer ? On a souvent tenté de montrer que cette philosophie avait été utilisée par les nazis, après l’avoir déformée. Steven Spielberg montre le contraire dans son film « La liste de Schindler » quand ce dernier (pour tenter de sauver des vies...) explique au tortionnaire du camp de concentration que son pouvoir sans limite, il ne peut l’exercer vraiment qu’en pardonnant.
Dans le premier volet de la trilogie d’Ender, « La stratégie d’Ender », il est très peu question de religion, encore qu’O.S. Card ne peut s’empêcher d’en parler ici ou là. « Les gens font des choses bizarres à cause de la religion », ou encore : « À cause de sa religion catholique, le grand-père d’Ender avait fait neuf enfants », ce qui était d’ailleurs contraire à la loi qui n’en autorisait que deux. Et si, « depuis la création de la FI, le Strategos des forces militaires avait été juif », c’est simplement parce qu’« il y avait un mythe selon lequel les généraux juifs ne perdaient pas les guerres. Et jusqu’ici, c’était vrai. » Dans ce livre, Card dépeint parfaitement ce que pourrait être une société fasciste qui élève des surhommes dans des centres adaptés et, pour bien montrer que la philosophie nitzschéenne n’a rien à voir avec le racisme et le nazisme, il fait des juifs les meilleurs stratèges militaires. Finalement, Ender, l’enfant-surhomme gagnera la guerre contre les doryphores, mais sans le savoir, car ses maîtres lui auront fait croire que ce n’était qu’un jeu... Nous verrons, en lisant « La Voix des Morts » qu’Ender souffrira alors d’une grande culpabilité vis-à-vis de ce génocide et il voudra se racheter en trouvant un lieu pour la reine qu’il a réussi à sauver.
Dans cette deuxième partie, on apprend que l’univers abrite une autre espèce intelligente, et, la célèbre controverse sur l’humanité des Indiens au temps de la conquête de l’Amérique, reprendra pour savoir si ces Piggies sont humains ou non, d’autant plus que la planète Lusitania ressemble beaucoup au Brésil portugais, car on y parle la même langue... Ender, nouveau prophète, « Porte-Parole des Morts » vieux de trois mille ans (il a voyagé à des vitesses proches de la lumière) a écrit un ancien testament moderne avec « La Reine et l’Hégé-mon » et écrira le nouveau, texte quasiment sacré qui montrera le statut de race intelligente des Piggies : « La Vie d’Humain », Humain étant le nom porté par un Pig-gie... « Les êtres humains de ce monde parlaient portu-gais, étaient de culture brésilienne et de religion catholi-que ». Tout cela tient encore de la philosophie nitzschéenne, celle du monde qui se déroule sur lui-même en un « éternel retour ». Lusitania est entièrement soumise à la religion catholique. Il y a deux hommes de pouvoir : le maire et l’évêque. D’ailleurs, Ender sait utiliser les artifi-ces de l’Eglise pour pouvoir s’imposer sur cette planète : si ses habitants ne coopèrent pas avec lui, il « demandera que son statut de pasteur soit transformé en statut d’inquisiteur ». Pas moins ! Et son statut de pasteur lui vient de cette nouvelle religion qu’il a fondée, celle des « Portes-Paroles des Morts » dont la bible est son livre (mais per-sonne ne sait qu’il en est l’auteur) : « La reine et l’Hégé-mon ». Il ne souffre pas du péché d’orgueil, car comme le souligne un personnage de « Xénocide » : « C’est peut-être ainsi que commencent certaines religions. Le fondateur ne demande pas de disciples : ils s’imposent à lui », bien que « La Reine et l’Hégémon » soit un livre à l’index.
Les scientifiques de la planète découvriront que les espèces qui y vivent ne sont pas sexuées ce qui troublera beaucoup l’Eglise comme le souligne Ender : « Les implications théologiques à elles seules sont stupéfiantes. » Par exemple, les « Petites mères », les « femelles » qui enfantent la « progéniture » des Piggies, meurent sans être baptisées, sans même devenir adultes, car elles sont dévo-rées par leurs enfants. D’autre part, les êtres humains ont été horrifiés par ce qu’ils avaient pris pour un rite extrê-mement cruel des Piggies : à un certain moment de leur vie, ils sont dépecés vivants et de cette mort atroce pousse un arbre magnifique. C’est une troisième vie qui commence alors pour eux. Si l’évêque interprète cela comme « le miracle de l’hostie transformée (...) en la chair de Dieu », on peut noter une fois de plus ce phénomène comme étant l’application du thème nitzschéen de l’« éternel retour » (les Piggies sont venus du végétal et y retournent) et celui qui en découle, que du pire naît le meilleur. Enfin, sur le plan moral, éthique, seul le « Porte-Parole des Morts » dévoilera à toute la communauté humaine que les enfants de Novinha ne sont pas ceux de son mari Marcao, mais ceux de Libo, marié par ailleurs et autrefois « dépecé » par les Piggies qui croyaient ainsi lui offrir une troisième vie. Ainsi, c’était la religion qui ca-chait la vraie nature de Marcao, Novinha et Libo, et seul Ender, avec sa religion à lui, proche de la philosophie de Nietzsche, l’a dévoilée. Au contraire, dans « Xénocide », Ender constate : « A présent, je ne dis plus à quiconque la moitié de ce que je sais, parce que, si je disais toute la vérité, ce serait la peur, la haine, la violence, le meurtre et la guerre. » San Angelo, dont Ender autrefois avait (involontairement) attesté plusieurs miracles, propose une nouvelle version de l’Evangile, pour la scène de la femme adultère :
« (...)Lequel d’entre vous est sans péché ? Qu’il jette la première pierre. »
Les gens sont déconcertés, oublient leur objectif commun dans le souvenir de leurs péchés individuels. Un jour, se disent-ils, je serai peut-être comme cette femme et j’espérerai le pardon et la possibilité de me racheter. Je dois agir avec elle comme je voudrais qu’on agisse avec moi.
Tandis que leurs mains s’ouvrent et que les pierres tombent sur le sol, le rabbin en ramasse une, la lève au-dessus de la tête de la femme et l’abat de toutes ses forces sur son crâne. Elle lui écrase la tête et éparpille sa matière cérébrale sur les pavés.
– Je ne suis pas exempt de péché, dit-il aux gens. Mais si nous autorisons exclusivement les gens parfaits à appliquer la loi, la loi sera bientôt lettre morte, et notre ville avec. » N’est-ce pas là une évolution, presque imper-ceptible, du religieux vers le politique ?
« Xénocide », la troisième partie de la trilogie d’En-der, peut être considéré comme un livre de philosophie qui tente de répondre à plusieurs questions de fond : la vérité est-elle toujours bonne à dire ? doit-on détruire une espèce lorsqu’elle met la sienne en danger ? la découverte scientifique peut-elle se permettre de détruire la foi en des dieux ? la religion est-elle parfois simplement une maladie génétique ? l’amour autorise-t-il n’importe quelle trahison ? a-t-on le droit de créer artificiellement une autre espèce ?...
Démosthène (la sœur d’Ender) a élaboré une classi-fication des espèces intelligentes : 1) les utlamings, étrangers sur sa propre planète ; 2) les framlings, humains extraterrestres (qui viennent d’autres planètes) ; 3) les ramans, espèce différente capable de communiquer, cœxister avec l’humanité ; 4) les varelses, une forme de vie dangereuse.
Dans « Xénocide », l’univers ne comprend pas moins de cinq espèces différentes : les humains, dont certains sont modifiés génétiquement comme les habitants de la planète taoïste de la Voie, les doryphores, les pequeninos (Piggies), la descolada (virus intelligent) et Jane, nouvelle créature intelligente informatique, seule de son espèce (pour le moment ?). Tout au long des évènements relatés dans les deux dernières parties de la trilo-gie, on assiste aux débats entre les protagonistes pour savoir si les pequeninos sont des ramans ou des varelses. On finira par savoir que ce sont des varelses, à condition de pouvoir réaliser une mutation de la descolada.
Au départ, la loi instaurée par le Congrès stellaire oblige les chercheurs (les xénologues, nouveaux ethnologues) à laisser les Piggies dans un isolement total, car il ne fallait pas les influencer dans leur évolution. Mais, cette séparation entre les deux espèces ne pourra pas durer longtemps, et les deux vérités finiront pas se mé-langer. De même que tout le village saura l’adultère de Novinha et le calvaire de son mari qui la battait, mais avait quelques excuses... Le Congrès stellaire, organe du pouvoir de l’espèce humaine dans le cosmos, « a été constitué pour mettre un terme aux djihads et pogroms qui éclatèrent... » Le pouvoir politique est bien issu de conflits religieux, ce qui ressemble beaucoup à l’histoire terrestre de l’humanité. En ce qui concerne les pequeni-nos, la question est posée de savoir s’ils sont intelligents grâce à la descolada, mortelle pour l’homme. Il faudra donc trouver « Dehors » une mutation génétique pour produire la recolada qui produit le même effet sur les pequeninos mais est inoffensive pour l’homme. D’autre part, cette recolada va libérer les taoïstes de la Voie de leur maladie génétique, la psychonévrose obsession-nelle(PNO) due à une mutation génétique accidentelle, maladie produisant chez ces humains la croyance en des dieux qui réclament régulièrement des pénitences cruelles à ses « élus ». Ainsi, Quing-jao s’oblige à suivre du doigt les fils du bois de son parquet jusqu’à l’épuisement. « Je suis l’esclave des dieux (...) et je m’en réjouis », dit-elle. Et lorsque toute la population de la Voie sera guérie de la PNO, elle deviendra elle-même une divinité, car, seule elle poursuivra ses actes (déments ?) de pénitence. Donc, pour Card, la religion est bien plus puissante et profonde dans l’âme humaine que la conséquence banale d’une mutation génétique. Toujours, Nietzsche et l’éternel retour. D’ailleurs, ce sont les gènes de Wang-mu, la servante de Quing-jao qui sauveront les habitants de la Voie. Une simple servante vaut mieux que tous les soi-disant « élus ». N’est-ce pas là un signe de Dieu ?
Bon, voilà les humains préservés de la nécessité de détruire une espèce (un « xénocide »), mais les problèmes religieux demeurent. Les pequeninos ont été endoctrinés par un missionnaire, Quim, un des fils de Novinha. Cela produit de terribles effets, car une véritable guerre de religion s’installe entre les « orthodoxes » et les « hérétiques », ce qui fait dire à Miro, son frère : « Tu les convertis et après ils perdent la tête ?
– L’hérésie semble se répandre plus vite que la vérité », répond le missionnaire.
Sur la Voie, les débats théologiques font également rage. Ces débats ne sont pas étrangers aux affaires politiques, Quing-jao affirmant fermement : « J’obéirai au Congrès tant qu’il aura le mandat du ciel ». Jane, toujours la plus lucide, déclare quant à elle : « Personne ne s’est encore aperçu que les dieux disent toujours ce que les gens veulent entendre ? » Texte à rapprocher de cette citation de Jean Ray dans « Malpertuis » : « Les hommes ne sont pas nés du caprice ou de la volonté des dieux, au contraire, les dieux doivent leur existence à la croyance des hommes. Que cette foi s’éteigne et les dieux meu-rent. » Par ailleurs, Ender, en réfléchissant, présente une magnifique définition de l’intégrisme : « La plupart des humains sont capables de prendre du recul, de garder quelque distance entre l’histoire et le tréfonds de leur cœur. Mais pour ces frères - comme pour toi, Quing-jao - l’horrible mensonge est devenu le récit essentiel, l’histoire qu’il faut croire pour rester soi-même. Comment puis-je vous reprocher de vouloir notre mort à tous ? Vous qui êtes si remplis de vastes desseins des dieux, comment pouvez-vous avoir de la compassion pour des destins aussi négligeables que ceux de trois espèces ra-man ? Je te connais Quing-jao, et je n’attends pas de toi un autre comportement. Peut-être qu’un jour, mise devant les conséquences de tes actions, tu pourras changer, mais j’en doute. Une fois prisonniers d’un récit aussi puissant, bien peu réussissent jamais à s’en libérer. » Ce n’est donc pas la religion de la Voie qui a été créée par une maladie psychiatrique, mais son intégrisme... Problème dramatiquement d’actualité...
La foi, quelle que soit la religion, est inhérente aux espèces intelligentes, créées par Dieu à son image qui semble donc être multiple. Cela est confirmé par une pensée de Miro : « Il se rappela une image de la vision de saint Etienne : le Christ est assis à la droite de Dieu. Or, à sa gauche, il y avait (...) la reine des cieux (...) la reine des doryphores. » Seule l’existence matérielle des êtres dé-forme cette foi en des religions différentes et en font des enjeux de pouvoir. Ce qui fait dire à l’évêque de Lusita-nia, lorsque le vaisseau va au « Dehors » pour créer la recolada : « Vous allez envoyer dans le ciel un vaisseau comme Babel pour chercher la face de Dieu ».
Là-bas, au « Dehors », dans ces autres dimensions qui sont peut-être la maison de Dieu, chacun crée ce qu’il a dans son âme. Ce « Dehors », n’est-il pas le chemin emprunté par le « philote », principe de fonctionnement de « l’ansible » qui permet de communiquer instantanément d’un point à l’autre du cosmos ? C’est Jakt, le mari de Valentine, qui affirme que le philote est l’âme. Ainsi, Ender, à l’image de Dieu lui-même, devient une trinité en créant deux autres lui-même : Peter, son frère mort depuis si longtemps, et Valentine, sa sœur, rajeunie par rapport à celle qui existe déjà. Quant à Miro, il se reconstitue un corps tout neuf et Ela constituera le nouveau virus de la recolada. Ne reconnaît-on pas là l’intervention divine ? Peter va s’employer « à renverser les guignols du Congrès » (toujours la politique), l’avant-dernier mot apparte-nant à l’évêque, noblesse oblige : « Tous seront des saints un jour, car cette époque ressemble aux premiers temps du christianisme. » Le dernier sera pour Quing-jao, à qui Jane dit : « Alors tu es une divinité Quing-jao ».
Toujours Nietzsche et son éternel retour...
Les enfants de King,
ceux d’Herbert
et ceux de Card.
Les œuvres d’Orson Scott Card font une part essen-tielle aux enfants, particulièrement la trilogie d’Ender. Mais ce ne sont pas des enfants comme les autres. « Il peut avoir des amis. Mais il ne peut pas avoir de parents. » Écrit-il à propos d’Ender. N’est-il pas naturel qu’un enfant livré à lui-même ne trouve comme issue, pour survivre, que de devenir un surhomme ? C’est le cas d’Ender. Son compagnon d’entraînement lui confie : « ... J’ai une idée assez précise de ce que sont les enfants, et nous ne sommes pas des enfants. Les enfants peuvent se perdre, parfois, et personne ne s’en inquiète. Les enfants ne sont pas dans des armées, ils ne sont pas comman-dants, ils ne dirigent pas quarante gosses, c’est plus que ce que l’on peut supporter sans devenir fou. » Mais eux sont des surhommes, et ils ne deviendront pas fous. Mais ce sont tout de même des enfants : « Ma famille me man-que » et « Je ne peux pas faire une chronique hebdoma-daire, dit Valentine, je n’ai même pas eu mes premières règles. » et encore : « Ender Wiggin qui pleurait ? C’était déconcertant ». Ces enfants sont très en avance pour leur âge, mais il est encore des expériences qu’ils n’ont pas encore connues puisque Ender ne comprend rien aux histoires grivoises qu’il entend raconter par les adultes.
Card traite ses enfants très durement, car ils ont une grande destinée devant eux : Peter doit devenir « L’Hegemon » et commander aux destinées interstellai-res, Valentine sera Démosthène, prestigieuse idéologue au service de la conquête du pouvoir de Peter et Ender deviendra quasiment un dieu. Le martyr d’Ender a donc une utilité pour son avenir. Et l’éternel retour nitzschéen, catégorie philosophique adoptée par Card, fera qu’Ender sera le xénocide qui détruira les doryphores, mais aussi, celui qui permettra leur renaissance. Cela ne vaut-il pas la peine de souffrir un peu ?
Les enfants de Stephen King, eux, sont gratuitement, soit victimes de cruautés inouïes, soit cruels eux-mêmes.
Danny, l’enfant lumière, fils de Louis, écrivain al-coolique (comme le fut à un moment de sa vie Stephen King), est également un surhomme : « Quand il se con-centrait très fort (...) Le monde autour de lui s’effaçait et un autre monde paraissait à sa place. Une fois, peu après qu’on lui eût plâtré le bras, ça lui était arrivé à table pen-dant le souper. » Et si on lui a plâtré le bras, c’est que son père le lui avait cassé en le battant ! Car, les enfants, surtout les enfants-lumière, sont des victimes. Seul « Tony », son « camarade invisible » sait parler à Danny. Plus tard, dans l’hôtel hanté, quand son père sera possédé, il le poursuivra avec un maillet de hockey pour le tuer... C’est dans « Shining ».
Dans « Simetierre », Stephen King cite plusieurs fois l’évangile. C’est pour rappeler que le christianisme, dans ses textes sacrés, évoque le retour des morts. Là également, King utilise un souvenir personnel : la peur de voir son fils écrasé par un camion. Cela arrive à Gage Creed : son père en fera un mort-vivant qui tuera cruelle-ment son voisin et son épouse, donc la mère du petit. « Gage Creed (...) portait le petit costume dans lequel on l’avait enterré. Une mousse d’un vert noirâtre avait poussé sur les épaules et les revers du veston. » Et à la fin, après avoir massacré sa mère et le voisin : « L’enfant avait le museau barbouillé de sang... » Quelle épouvantable destinée pour le petit Gage...
Mais ce n’est pas le pire ! Dans le monde du « Pistolero », il y a un enfant : John Chambers, surnommé Jake. D’où vient-il ? Il ne le sait pas lui-même ! Horrible situation... « J’ai pas demandé à être ici, répéta Jake, buté, perdu ». Mais le lecteur en saura un peu plus grâce aux rêves du Pistolero. « (La voiture) brise les reins de Jake, lui réduit le ventre en bouillie, fait gicler son sang par sa bouche en un jet puissant. Il tourne la tête et voit briller les feux arrières de l’auto, crachoter la fumée entre les roues bloquées (...)
Jake saigne du nez, des oreilles, des yeux, du rec-tum. Il a eu les parties broyées... » Avez-vous remarqué l’insistance avec laquelle King décrit les horribles mutila-tions de l’accidenté de la route, la manière avec laquelle il répète comment et par où il saigne ? De quelle horrible tristesse l’enfant King a-t-il souffert autrefois pour faire encore saigner à ce point son cœur ?
Mais, parfois c’est l’enfant lui-même qui est sadique. Il faut bien se rattraper un peu...
Dans la longue nouvelle « Un élève doué » du recueil « Différentes saisons », le jeune Todd Bowden, 13 ans, a découvert un ancien nazi tortionnaire des camps de concentration. Il s’appelle désormais Arthur Denker, de son vrai nom Dussander. Si Todd l’a découvert, ce n’est pas par hasard. Il aime l’odeur de la souffrance et de la mort. Et qui peut être mieux imprégné de cette odeur qu’un SS des camps de la mort ? « (Todd Bowden) avait tout du petit Américain (...) » et il affirmait : « ça me branche vraiment tous ces trucs sur les camps de concentration. » (...) « Todd Bowden veut tout savoir sur l’horreur des camps. Il a trouvé Dussander pour lui raconter ! » Il ne veut pas tout savoir seulement pour sa culture personnelle, mais aussi pour le mettre lui-même en pratique !
Dans « Dis-moi qui tu hantes », James Herbert insiste sur la culpabilité du petit garçon vis-à-vis de sa sœur dont il croit être coupable de la mort. Processus émi-nemment psychanalytique de la part d’un enfant qui as-pire à être le seul amour de ses parents, mais hélas, il y a toujours un frère ou une sœur. S’ils n’étaient pas là... Ainsi, David adulte rêve de son enfance : « La forme dans le cercueil (sa sœur) brodé de dentelle lui apparaît progressivement. (...) Sa main jaillit pour le toucher. (...) Le gar-çon est paralysé d’effroi. » David Ash ne croit pas aux fantômes. Mais il y viendra à la fin de l’histoire... Quand aux nourrissons, James Herbert n’y va pas par quatre chemins et les fait carrément dévorer par les rats dans « Les rats »... J’ai lu dans une de ses interviewes qu’il traitait mieux ses enfants que Stephen King. Ce n’est pas si sûr...
Ender, dans « La stratégie d’Ender » d’Orson Scott Card, est un enfant extraordinaire. Il a été choisi parmi l’élite pour devenir commandant des forces militaires humaines chargées de détruire les doryphores. Ses parents ont accepté de le perdre. Il leur en voudra toujours pour cela. Trois mille années plus tard, il y pensera en-core : « Cela amena Ender à se demander si ses parents avaient éprouvé une telle douleur lorsqu’il leur avait été enlevé. Il estimait que non (...) Il leur montrerait trois mille ans plus tard, comment un père doit se comporter. » Déjà tout petit, on lui avait greffé un « moniteur » sur la nuque, pour que les autorités puissent suivre et voir tout ce qu’il faisait. Quand on décida de le lui enlever, l’infir-mière lui dit que cela ne lui ferait pas mal. « Elle avait menti en lui disant qu’il ne sentirait rien. Mais comme les adultes disaient toujours cela lorsqu’ils allaient lui faire mal (...) Parois, il était plus facile de se fier au mensonge qu’à la vérité. » Voilà un pauvre enfant que l’on isole et que l’on soumet à un entraînement militaire intensif, d’au-tant plus efficace que l’enfant est seul. De temps en temps, il a bien le cafard, mais sans plus, « de tout son cœur Ender eut envie de rentrer chez lui. » Comme tous ces futurs militaires sont des enfants, une part de leur entraînement consiste à jouer aux jeux vidéo. Des jeux extrêmement interactifs, reflets de l’inconscient du joueur, à tel point que l’être informatique appelé Jane naîtra des jeux d’Ender. Quelques scènes du jeu pratiqué par Ender : « De la forêt sortirent une douzaine de loups à face humaine (...) C’étaient les enfants de l’aire de jeux. » Le « petit » garçon y apercevra même son frère Peter dans un miroir : « du sang coulant sur le menton et une queue de serpent lui sortant de la bouche. » Le grand frère Peter (Ender est le dernier enfant de la famille, comme son nom l’indique) est ignoble et Ender en souffre : « Je veux qu’il m’aime ». Quant à la sœur Valentine, Ender rêve qu’il la noie dans le lac et crie dans son sommeil, ce qui ne manque pas de nous rappeler les cauchemars de David, l’enfant d’Herbert.
Les descriptions de la vie de caserne de ces en-fants, avec la lutte pour le pouvoir dans le dortoir et les batailles des uns pour dominer les autres, rappelle la vie quotidienne dans un internat. Mais dans un internat, ces évènements font partie de la vie, alors que dans le roman de Card, ils sont partie intégrante de l’entraînement mili-taire. Au fond, tous ces enfants, que ce soient ceux de Card ou de King n’en sont pas vraiment, car ils possèdent des pouvoirs qui les rendent supérieurs aux adultes. C’est ce que confirment les qualités de Libo, enfant vivant sur Lusitania, la planète des Piggies dans le deuxième vo-lume du cycle d’Ender : « La voix des morts », car « (il) avait le don de faire croire aux adultes qu’ils étaient va-guement immatures, comparativement à lui. » Et, des années plus tard, « Miro (le fils de Libo) était jeune (...) mais son visage et son attitude trahissaient des responsabilités et une lassitude sans lien avec son âge ». Décidé-ment, les enfants de Card n’ont droit ni à l’enfance, ni à la jeunesse... Miro prendra sa revanche dans le troisième volet du cycle, car il rajeunira, et rajeunir avec une expé-rience d’adulte, que demander de mieux ? Dans tous les cas, enfance il y a, parce que le stade adulte vient tout de même après. Ainsi Novinha, camarade de Libo, « se sou-viendrait (...) de l’examen (...) comme (...) la fin de son enfance. »
Comme les enfants de King, ceux de Card ont parfois un père terrible. C’est le cas des enfants de Novinha, dont le mari (qui est en réalité le beau-père des enfants, mais lui seul et sa femme le savent, et l’amant, bien sûr...) bat régulièrement sa femme : « Il battait maman jusqu’à ce qu’elle soit incapable de marcher ! » Cela donne l’occa-sion à l’auteur de donner à la réflexion du lecteur une analyse profonde des causes de la violence conjugale : « Il y a des gens qui battent leur femme et leurs enfants parce qu’ils convoitent le pouvoir, mais sont trop faibles pour le conquérir dans le monde. » Et lorsque la vérité ne voit pas le jour, l’inceste n’est pas loin, comble du péché de la chair, puisque l’enfant de Libo, la jeune Ouanda, est amoureuse de Miro, fils également de Libo, mais sans que les deux enfants le sachent... Card pousse loin l’ironie du sort de ces deux jeunes gens lorsqu’il fait parler ainsi Ouanda : « Oh, Miro, je suis heureux qu’il (Libo) ne soit pas ton père. Parce que, dans ce cas, je serais ta sœur et je ne pourrais jamais espérer t’avoir pour moi toute seule. » Hélas... En parlant d’inceste, Ender n’en est pas loin non plus avec sa sœur Valentine : « Pendant un instant, il (Ender) eut envie de parler de sa vie en compagnie de Valentine aussi proche et aimante qu’une épouse. » Ouanda et Miro auraient dû prendre exemple sur lui... Lorsque la communauté de Lusitania apprend la parenté exacte des uns et des autres, alors que Libo est mort de-puis longtemps, Grego, l’un de ses fils qui se croyait en-fant de Macao, pleure de dépit : « Tous mes papas sont morts. Je n’ai pas de papa. » Mais ne le savait-il pas déjà ?
Dans le cycle d’Alvin, ce jeune garçon, Alvin, a des pouvoirs supranormaux.
« L’a quelque chose de bizarre, c’gamin-là, dit un homme.
– L’a un ange gardien, voilà ce qu’il a, dit l’autre. »
Encore un enfant exceptionnel, capable d’appeler les cloportes par milliers, de casser en deux par l’esprit une poutre qui tombe sur lui, de maintenir vivant à dis-tance l’Indien Ta-Kumsaw qui mène sanglante bataille. Mais, depuis « la fameuse nuit où l’homme-lumière (Lol-la-Wossiky) était venu le voir quand il avait six ans, ja-mais Al n’avait employé son talent pour se venir en aide à lui-même ». Quand il est blessé, son état d’enfant apparaît au travers de son corps : « Il s’était mis à considérer son corps comme une cabane, un abri où il vivait par mauvais temps en attendant que sa maison se construise. »
Mais pourquoi Orson Scott Card ne permet jamais à ses enfants de penser un peu à eux-mêmes, au lieu de les embarquer toujours dans des destins pour lesquels leur responsabilité est très lourde ?...
Pourquoi ne pas laisser les enfants être des enfants ?
La science-fiction dans le cycle d’Ender
Le thème principal de la science-fiction de Card dans le cycle d’Ender est la conquête du cosmos et, donc, la rencontre avec d’autres espèces. De ce thème, en découlent plusieurs autres. Celui de la génétique d’abord, science qui caractérise les différences des espèces entre elles et qui semble le mieux convenir à l’auteur pour illustrer ses théories nitzschéennes. L’écologie ensuite, car qui dit génétique, dit espèces avec leur environnement de vie. Enfin, dans l’infinité du cosmos, il faut pouvoir commu-niquer entre les hommes, et pour cela, il faut mettre en place des systèmes de communication instantanés et gérer tout cela avec l’informatique mise en réseaux grâce à ce système performant. Les mutations génétiques ont des effets curieux sur le peuple de la planète taoïste de la Voie, puisqu’elles produisent chez eux une maladie : la psychonévrose obsessionnelle qui leur fait croire à l’exis-tence des dieux.
Mais la conquête du cosmos et la rencontre d’au-tres espèces intelligentes ne va pas sans conflits et donc, sans guerre. Le premier livre du cycle : « La stratégie d’Ender » raconte par le menu détail l’entraînement militaire d’enfants surdoués afin de vaincre et détruire une espèce concurrente : les doryphores. De nouvelles armes sont inventées mais nous n’en connaîtront que le principe : « La science a évolué (...) Nous (...) sommes en mesure de contrôler la pesanteur. De la créer, de la supprimer. » Quant aux doryphores, le pouvoir des humains utilise la peur de leur nouvelle invasion pour maintenir l’espèce humaine mobilisée. C’est que ces insectes avaient voulu envahir la terre avec une véritable armada. Seul Mazer Rakham réussit à les vaincre et il participera à l’entraînement d’Ender, car il est parti voyager dans l’es-pace à des vitesses proches de la lumière et revenu des siècles plus tard alors qu’il n’avait vieilli que de quelques années. Cette méthode permettra à Ender, dans les deux autres volumes de la trilogie, de vivre trois mille années en ayant à peine la cinquantaine... Mais revenons aux doryphores. Graff, l’officier qui suit Ender explique : « Les doryphores étaient des êtres qui auraient parfaite-ment pu apparaître sur Terre, si les choses avaient tourné autrement un milliard d’années auparavant. Au niveau moléculaire, il n’y avait aucune surprise. Le matériel génétique lui-même était identique. Ce n’était pas un hasard si, aux yeux des êtres humains, ils évoquaient des insec-tes. Bien que leurs organes soient beaucoup plus com-plexes et spécialisés que ceux des insectes, et possèdent un squelette interne, ayant renoncé presque complètement à leur squelette externe, leur structure physique rappelait toujours leurs ancêtres, qui devaient beaucoup ressembler aux fourmis de la Terre. » La guerre contre les doryphores se justifie ainsi, selon les militaires :
« (...) Il ne s’agit pas seulement de traduire d’une langue dans une autre. Ils (les doryphores) n’ont pas de langue. Nous avons utilisé tous les moyens possibles pour tenter de communiquer avec eux, mais ils ne possèdent même pas de machines qui leur permettraient de voir que nous envoyons des signaux. Et peut-être ont-ils essayé de nous projeter des pensées et ne comprennent-ils pas pour-quoi nous ne répondons pas.
– Ainsi, toute cette guerre repose sur le fait que nous ne pouvons pas nous parler ?
– (...)
– Et si nous les laissions tranquilles ?
– Ender, nous ne sommes pas allés chez eux, ils sont venus chez nous.
– (...)
– Les doryphores ne parlent pas. Ils transmettent leurs pensées et c’est instantané, comme l’effet philotique.
– (...)
– (...) Les doryphores sont des insectes. Ils sont comme des fourmis et des abeilles. Une reine, des ouvrières. »
Et Valentine, la sœur d’Ender précisera encore les choses : « Plutôt que d’amplifier les différences entre les individus, le langage pouvait tout aussi bien les adoucir, les minimiser et arrondir les angles pour permettre aux gens de s’entendre même s’ils ne comprenaient pas vraiment. »
Après avoir détruit les doryphores à la tête des armées humaines, Ender, rongé de remords, retrouvera une reine survivante qui l’attirera sur les lieux de sa ca-chette en reconstituant une scène du jeu informatique qu’il utilisait lors de son entraînement. Sans l’autorisation de personne, il décidera de l’installer sur Lusitania où elle se reproduira et construira des vaisseaux spatiaux pour retourner vers les étoiles, mais, cette fois, sans esprit de conquête, car, grâce à Ender, la communication a pu être établie entre les deux espèces. Il apprendra encore à mieux les connaître et saura ainsi que les doryphores « voient la chaleur comme nous voyons la lumière. (...) De la peinture thermique » en quelque sorte.
Graff, officier instructeur d’Ender, lui avait parlé d’une grande découverte, la physique philotique qui per-met les transmissions instantanées d’un point de l’espace à un autre quelle que soit sa distance. Card n’avait pas en-core assez réfléchi à cette physique à ce stade de son œuvre puisqu’il fait dire à son personnage : « Je ne peux pas t’expliquer la physique philotique. De toute manière, personne ne la comprend. Ce qui compte, c’est que nous avons construit l’ansible. Le nom officiel est : Emetteur Instantané à Parallaxe Philotique, mais quelqu’un a exhumé ansible d’un vieux livre... » Explication un peu légère que Card reprendra au début de « Xénocide »... « Les philotes se combinent pour produire une structure durable - un méson, un neutron, un atome (...) - ils s’entrelacent. (...) Les philotes sont les plus petits éléments constitutifs de la matière et de l’énergie. » Mieux encore : « Le philote est l’âme ». Le problème est donc posé de voyager plus vite que la lumière. « Arriver quelque part avant sa propre image. (...) Comme si on traversait un miroir pour rencontrer son double de l’autre côté. » Les humains y parviendront en utilisant les explications de la reine des doryphores. « Quand ils créent une nouvelle reine, ils font venir un genre de créature d’un espace-temps parallèle. » C’est cet espace-temps qu’ils appellent Dehors et qu’ils rejoindront pour créer matériellement leurs désirs. Le royaume de Dieu...
Les êtres humains rencontreront d’autres espèces dans l’univers. Sur la planète Lusitania vivent les Piggies. De petits nains sympathiques à la tête de cochons. Longtemps, les « xénologues » (ceux qui étudient les étran-gers) ont cherché quel est le mode de reproduction des Piggies (ou pequeninos). Ils découvriront qu’elle se fait selon un système compliqué de synergie entre l’animal et le végétal. Ces pequeninos, au début gênants, feront frô-ler la catastrophe à Lusitania, mais, comme, selon Nietzsche, de la catastrophe peut naître la meilleure des cho-ses, ils permettront aux humains de faire une énorme découverte scientifique. En effet, les pequeninos ne vi-vent et ne se reproduisent que grâce à un virus intelligent, mais mortel pour les humains, la descolada. Cette der-nière est « la forme de vie la plus dangereuse de tout l’univers. (...) Elle s’adapte (...) évolue délibérément. Intelligemment.(...) La descolada a été amenée par un vaisseau interstellaire. » Il faudra trouver un virus mutant qui continue à « soutenir » la vie des Piggies mais qui soit inoffensif pour l’homme. Il suffira d’aller « Dehors » pour le réussir.
Une autre espèce est présente dans ce cycle. Elle a la particularité de n’être représentée que par un seul indi-vidu qu’Ender a appelé Jane. « Comme tous les êtres in-telligents, elle avait un système de conscience complexe. Deux mille ans auparavant, alors qu’elle n’avait que mille ans, elle avait créé un programme d’autoanalyse. Il mit en évidence une structure très simple comportant approxi-mativement trois cent soixante-dix mille niveaux distincts de conscience. » (!) Le lecteur saura que Jane était née des jeux informatiques d’Ender et de l’imagination extraordinaire du joueur, et qu’elle existe à l’intérieur de son corps. Elle communique instantanément grâce aux ansi-bles. « Il n’est pas trop absurde que Jane ait été créée par les reines pendant la campagne menée par Ender contre elles. »
Card est extrêmement cohérent avec lui-même : sa science-fiction cadre bien avec sa philosophie et sa vision de la religion. Il met en place un système basé sur certai-nes connaissances scientifiques pour montrer un univers vivant, véritable création en perpétuel mouvement.
Et voici, en guise de conclusion, comment, à la fin, il fait décrire l’univers par un de ses personnages, univers dont la géométrie ne peut pas être euclidienne (c’est le moins qu’on puisse dire) :
« Représentez-vous l’instant présent comme la surface d’une sphère en expansion, d’un ballon qui se gonfle. D’un côté le chaos. De l’autre la réalité. ça n’arrête pas de se dilater (...) de faire jaillir de nouveaux univers conti-nuellement. (...) Envisagez-la comme une sphère de rayon infini (dont la) surface serait absolument plane (..) Et (dont) on ne pourrait jamais faire le tour. (...) Et mainte-nant, en partant du bord, on monte dans un vaisseau spa-tial et on se dirige vers l’intérieur, vers le centre. Plus on s’éloigne du bord, plus l’univers vieillit. On retraverse tous les anciens univers. »
Donc, l’univers n’a pas de commencement ni de fin.
« La réalité fonctionne comme ça parce que c’est l’essence de la réalité. Tout ce qui fonctionne autrement retombe dans le chaos. Tout ce qui fonctionne de la même manière passe dans la réalité. »
Alain Pelosato
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