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Avec Naomi Watts, Brenda Blethyn, Christopher Walken, Alfred Molina
La Fabrique de Films Vidéo
Sous ce titre un tantinet roublard puisque surfant sur le succès de la série TV Six feet under, se cache une des meilleures comédies britanniques de ces dernières années. Découvert en 2002 au festival du Film britannique de Dinard où il ne récolta aucun prix (c’est Bloody Sunday qui récolta Le Grand Prix) mais où il connut un énorme succès populaire (voir une salle comble s’éclater de rire, ce n’est pas donné tous les jours !), Plots with a view, car tel est son titre original qui pourrait se traduire par « Terrains avec vue » ou « Tombes avec vues », en référence avec Chambre avec vue de James Ivory, se sous-titrait là-bas et dans la presse britannique « 4 enterrements et un mariage » ! Et qu’est-ce qu’une comédie à priori romantique fait ici ? La réponse est fort simple : certes, il y a du romantisme dans ce film mais on y parodie aussi avec talent Star Trek lors d’un enterrement que vous n’êtes pas prêts d’oublier, et le final verse carrément dans le « slapstick » le plus délirant avec une mise en scène de résurrection incluant un spectre, la grande faucheuse et des effets spéciaux dignes de Méliès ! Mais qu’est-ce que c’est que ce film ?! Tout simplement une fable : dans un petit village du pays de Galles, Boris le croque-mort est amoureux depuis sa tendre enfance de Betty, la châtelaine. Or celle-ci est marié à un mufle de première qui la trompe ouvertement avec sa pulpeuse secrétaire (Naomi Watts, la victime du Ring version US, difficile de résister effectivement...). Un jour, Boris avoue enfin son amour à Betty et à l’idée « d’organiser » sa mort pour qu’ils puissent enfin partir en croisière et danser autant qu’ils le voudront tels Ginger et fred. Mais si la mise en scène de la mort marche bien, l’enterrement révèlera des secrets qui nécessiteront l’aide du concurrent de Boris, l’américain Frank Featherbed (Christopher Walken, génial !) dont l’ambition est de donner un ton nouveau aux funérailles, quitte à s’inspirer de délires Hollywoodiens !
Et c’est parti pour 90 minutes d’humour britannique des plus fins, de gags hilarants, le tout saupoudré d’une touche raffinée de sensibilité donnant à l’ensemble un ton différent dans le genre, pour aboutir à une remarquable comédie à la fois romantique, macabre, noire, désopilante. Tout dans L’amour six pieds sous terre est réussi, déjà par un casting au diapason (Alfred Molina, alias Dr Octopus dans Spiderman 2, est parfait en amoureux transi vieux garçon, Walken est au top, et Betty qu’interprète Brenda Blethyn montre une étendue d’un talent qui ne s’arrête pas qu’aux tranches de vies de Mike Leigh !). Le réalisateur Nick Hurran démontre ici une maîtrise impressionnante avec un tel scénario, ce qui devrait lui ouvrir prochainement les portes d’un projet plus ambitieux. Mais surtout, surtout, il y a cette osmose parfaite entre toutes les formes d’humour dont celles qui justifient la place d’un tel film ici, à savoir ce qui est lié à la science-fiction avec l’enterrement d’une fan de Star Trek (attendez de voir le film sur les fans, Trekkies 2, vous verrez que la vérité n’est pas si éloignée que ça de ce gag !) et ce final où Betty se transforme en fantôme vengeur et terrifiant. Comme quoi, les parodies dans un seul genre sont rares quant à leur réussite (éventuellement pour la SF, il y a Galaxy Quest qui se bonifie un peu plus à chaque vision...), mais quand elles sont mixées aussi intelligemment, cela donne un pur petit joyau, un de ces films dont on regrette qu’ils n’aient pas eu meilleur accueil en salles. Et il y en a un paquet de films méritant d’être célébrés sur grand écran (tiens, quelques titres : Le maître des illusions de Clive Barker, en version intégrale, svp, laquelle est uniquement disponible en DVD zone 1, Cherry Falls, le polar ibérique La caja 507, et très récemment Bubba Ho-Tep qui va finalement sortir dans une salle, le britannique Creep et son monstre-tueur du métro, etc...). Bref, tout ça pour dire qu’il ne faut pas louper la sortie de ce DVD, ne vous fiez pas au titre, ni à l’affiche (pourtant bien meilleure que celle pour le cinéma), faites confiance pour une fois aux critiques que vous lirez un peu partout. En plus, pour un film si discret, l’édition DVD propose en bonus directement liés au film des interviews des 4 acteurs principaux dont celle de Walken qu’on croirait complètement shooté à la coke tellement il a l’air « débranché » ! C’est peu, surtout que les questions sont assez basiques, mais bon, c’est une petite cerise sur un excellent gateau.
Stéphane Thiellement
Note : film : 9/10 DVD : 7/10 (copie excellente, format 1.77 image 16/9ème compatible 4/3, vostf)
Bonus (vostf) : interviews des acteurs principaux ; galerie de photos ; autres bandes-annonces de La Fabrique de films dont celle d’un inédit australien présenté en compétition vidéo inédit à Gerardmer 2005, The locals, qui à l’air bien chtarbé !
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