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"Christophe Lambert" de Par Christophe Corthouts
Pour faire court avec les questions-bateau... “Passé-Présent-Futur ?”
Je suis né en 1969. J’ai fait une école d’audiovisuel (l’ESRA) vers la fin des années quatre-vingt et réalisé plusieurs courts-métrages après mon service militaire. Je voulais mettre en scène des longs-métrages, mais quand on arrive de nulle part, c’est très très dur... Au bout d’un moment, j’ai décidé de changer mon fusil d’épaule. Comme je n’arrivais pas à percer dans le cinéma, je me suis orienté vers la littérature. Le futur ? Heu, on m’a proposé de jouer dans Vercingétorix 2 mais j’ai refusé. (rires)
Autre question bateau : vos influences ? vos maîtres à penser ? les auteurs que vous détestez cordialement ? Votre roman idéal ?
Je suis plutôt “ grand public ” : j’adore King, Tolkien, Herbert, Simmons, Crichton, Dick... Au cinéma, chez les “ Grands Anciens ” : Hitchcock, Ford, Hawks. Sinon, je suis fasciné par le “ New-Hollywood ” : tous les réalisateurs qui ont émergé dans les seventies (Spielberg, Lucas et C°). En BD, je suis très “ réac ” : Hergé, Martin, Jacobs... Je rêve de scénariser un “ Blake et Mortimer ” !!! Un coup de gueule ? Toute la vague Kassovitz, Gans, Kounen, Pitof... Disons-le tout net : leurs scénars sont à chier et leur mise en scène tape à l’œil. Est-ce que Carpenter fait les pieds au mur avec sa caméra, lui ? C’est dommage car la démarche première de ces réalisateurs (faire du cinéma de genre en France) est très louable. Le roman idéal ? Mon nouveau né : Souviens-toi d’Alamo, chez Mango. Je rêvais depuis des années d’écrire un livre sur le siège d’Alamo. Denis Guiot m’en a donné l’opportunité. Qu’il en soit loué. Amen.
Après un succès “ adulte ” avec Titanic 2032, vous vous tournez vers l’écriture de romans pour la jeunesse : envie, rencontre ou comme certains vous pensez que c’est là que se trouve aujourd’hui la “ vraie ” littérature populaire ?
Titanic et le Quark Noir que j’ai commis pour Flammarion (Les Étoiles meurent aussi) ne sont qu’une parenthèse adulte, trop courte à mon goût, dans ma production. J’aimerais pouvoir alterner les publics tout comme j’alterne les genres. J’ai fait mon trou en “ jeunesse ”, c’est ainsi, et il n’est guère facile de décoller ce genre d’étiquettes. Cependant, s’il est vrai que je travaille surtout pour des collections estampillées “ jeunesse ”, je n’ai pas pour autant l’impression de faire du “ club des cinq ” ! Clone Connection traite de thèmes aussi variés que l’inné, l’acquis, le mimétisme social, la mondialisation... Sans oublier la violence, qu’on m’a souvent reprochée. Adaptés au cinoche, la plupart de mes bouquins seraient interdits au moins de douze ans ! Ce qui me chagrine, c’est que le logo et le réseau de distribution “ jeunesse ” me privent d’un lectorat adulte qui pourrait réellement prendre son pied en lisant ces histoires. Je pense par exemple à ceux qui, comme moi, sont des fans de Carpenter, Cameron et autre Peter Jackson !
Lors de l’écriture de textes comme celui de la série des Chroniques d’Arkhadie, vous imaginez un cycle en entier, une trame générale, un point de départ un point d’arrivée, ou plutôt un solde scénario où les rebondissements sont “ programmés ” ?
Pour les Chroniques, j’avais les personnages et le premier tome bien en tête, ainsi qu’un vague coup de théâtre final pour le dernier volet. En ce qui concerne les tomes II et III, je me suis mis dans la position du feuilletoniste. 5 000 signes par jour. Marche ou crève. Un peu comme Moebius avec L’Incal (une planche par jour). En fait, plus je vieillis, moins j’aime les synopsis détaillés. Ils ne sont valables que pour une intrigue “ puzzle ” réglée au millimètre type Usual Suspects. Pour les récits d’aventure comme les miens, on peut improviser et, avec un peu de “ métier ”, on retombe sur ses pattes. S’il s’agit juste de relier entre eux X points définis à l’avance, ce n’est pas très rigolo.
Votre type d’écriture, très cinématographique, est-ce un style “ inné ” ou un travail de raffinage sur des textes plus longs, plus fouillés ?
Répondant à une question similaire, le dessinateur Hermann avait déclaré : “ je ne fais que plagier un cinéaste bidon qui serait moi ”. Mes romans sont les films dont je rêve. Je pousse même le vice jusqu’à faire une “ bande originale ” de mes livres en compilant diverses musiques des films que j’écoute durant la rédaction (Williams, Goldsmith, etc.). Ensuite, je donne cette B.O. à mes directeurs de collection pour les mettre dans l’ambiance !
Avec Alamo, non seulement on sent votre passion pour le sujet... mais peut-être aussi l’envie d’en dire plus. Vous ne vous êtes pas senti “ coincé ” par le format jeunesse ?
Le danger quand on est passionné, c’est de se faire trop plaisir. Dans l’un des chapitres, j’avais détaillé à fond le plan de bataille de l’armée mexicaine. Cela aurait sûrement intéressé les historiens et les amateurs de “wargame”, mais le lecteur lambda aurait décroché. J’ai supprimé de moi-même cette séquence à la relecture car, dans un récit d’aventures, la progression de l’histoire passe avant tout. En fait, la seule contrainte “jeunesse” était la présence d’un ado dans les personnages principaux. C’était plus évident à caser que dans Le Souffle de Mars, par exemple. Sinon, que ce soit au niveau de la complexité des thèmes abordés, voire même au niveau d’une certaine violence, je crois que la collection “Autres Mondes” n’a rien à envier à ce qui se fait en “adultes” pur et dur.
On vous offre un budget illimité, quelle histoire portez-vous sur grand écran et avec qui ?
Souviens-toi d’Alamo, réalisé par Spielberg. Il adore les vieux coucous et sa manière de filmer la guerre dans Private Ryan a tout simplement révolutionné le genre. Quant au casting de la “sainte trinité” (Crockett, Bowie, Travis), j’aurais bien vu des “grosses pointures”, des gens du calibre de Mel Gibson, Russel Crowe ou George Clooney.