SF Mag
     
Directeur : Alain Pelosato
Sommaires des anciens Nos
  
       ABONNEMENT
Des centaines de chroniques livres
Sfmag No124
118

20
s
e
p
t
RETOUR à L'ACCUEIL
BD   CINÉ   COUV.   DOSSIERS   DVD   E-BOOKS  
HORS SERIES    INTERVIEWS   JEUX   LIVRES  
NOUVELLES   TV   Zbis   sfm   CINÉ-VIDÉOS
Encyclopédie de l'Imaginaire, 18 000 articles
Pour voir le programme du No en cours cliquez sur l'image
Voir 103 livres sur le cinéma, romans, études, histoire, sociologie...
  Sommaire - Dossiers -  The Knights Of Mary Phagan (Théâtre)

"The Knights Of Mary Phagan (Théâtre)"

Jesse Waldinger

Souvent la réalité est plus horrible que la fiction et l’être humain beaucoup plus terrible... « The Knights of Mary Phagan » en est une monstrueuse et révoltante démonstration.

Ecrite par l’avocat et écrivain Jesse Waldinger la pièce est basée sur le procès de Léo Frank qui eut réellement lieu en 1913 à Atlanta en Géorgie... (une véritable tache noire sur le drapeau américain : un des sombre moment de l’Amérique).

C’est à un drame que nous assistons, à une bureaucratique et adroite manipulation d’où n’est pas exempte l’hystérie du public : une tragédie avec un impressionnant et extraordinaire cast :

Les faits : 26 Avril 1913, en ce jour férié qu’est le « Confederate Mémorial Day », la jeune Mary Phagan -13 ans - se rend à la « Pencil Factory » pour percevoir son salaire de $1.20 Il est environ midi et devant la porte de l’usine elle rencontre le tout jeune Alonzo Mann avec qui elle échange quelques mots. Il est la dernière personne qui la verra en vie.
Le lendemain à 3 h du matin on découvrira son corps dans les sous-sols de l’usine. Elle a été battue, étranglée et violée.
Très vite le district Attorney Léo Dorsey focuse sur le gérant de l’Usine Léo Frank : N’est-il pas un étranger venu du Nord (Brooklyn) et.... JUIF de surcroît.... tout pour en faire le bouc émissaire rêvé dans cet Etat Sudiste. Et c’est bien ce qui va se produire... Nous assistons alors à un honteux procès de pacotille où tout est déjà orchestré et alors que rien ne relie Léo Frank à l’assassinat, excepté : les affirmations de Jim Conley... un ouvrier noir qui essaie de couvrir ses arrière et mentira honteusement sous serment.
L’avocat de la défense Luther Rosser démontrera que Conley est un ivrogne, un voleur et un violent personnage qui a déjà fait de la prison pour coups et blessures.... Conley lui même reconnaîtra qu’il est un menteur mais.... peu importe Léo Frank est le parfait coupable !
Bien sur le jeune Alonzo sera interrogé mais, complètement terrifié il n’ose même pas ouvrir la bouche, tandis que remontée à bloc par les groupes antisémites la foule réclame la tête de Léo qui, depuis son arrestation, n’a pas cessé de clamer son innocence.
Condamné à mort le 10 octobre 1913, le Gouverneur de Géorgie John Slaton, conscient de l’iniquité du verdict, commutera la sentence en prison à vie et ordonnera - afin d’assurer sa protection - son transfert à la prison d’état de Milledgeville... C’est la que le 16 août 1915, une vingtaine d’hommes armés (tous des citoyens bien pensants), se nommant « The Knights of Mary Phagan » lancent une attaque, kidnappent Léo Frank pour le pendre à un arbre. Ils feront également brûler une immense croix près de la tombe de Mary et décideront de prendre le nom du tristement célèbre Ku Klux Klan qui opérera dans le Sud encore de nombreuses années.

A la suite de ce brutal assassinat sera créé « The anti-Defamation League »
4 Mars1982 : Alonzo Mann, le jeune garçon qui fut le dernier à voir Mary vivante, très malade et désireux d’être en paix avec sa conscience atteste devant un juge que le jour où Mary Phagan fut assassinée, il a vu Jim Conley transporter le corps de Mary, inanimée mais encore vivante, sur son épaule et que le découvrant Conley a menacé de le tuer s’il disait quoi que ce soit... Fou de terreur il s’est rué chez lui et a tout confié à sa mère qui lui conseilla de se taire... Il a bien essayé plusieurs fois de dire ce qu’il avait vu mais personne n’a voulu l’écouter et.... il avait tellement peur !
Ce qui est le pire dans cette affaire c’est que dans un Etat sudiste, ce sont les mensonges débités sous serment par un noir qui ont scellé le destin de Frank et qu’il fallu 70 ans pour que la vérité finalement jaillisse et le comble dans tout ce gâchis c’est que l’état de Géorgie ne voulant pas reconnaître son erreur et l’injustice flagrante de ce procès, rejeta une première fois - le 22 décembre 1983 - la demande de réhabilitation présentée par « The Anti-Defamation League » prétextant que la déposition d’Alonzo pouvait bien sûr incriminer Conley mais ne prouvait pas de manière conclusive l’innocence de Léo !. Finalement l’état accordera son pardon à Léo Frank à titre posthume le 11 Mars 1986 pour : la faillite de l’état de Géorgie à protéger Léo durant son incarcération ! Officiellement il n’a pas été absout du crime...

Dirigé avec brio par Scott Mlodzinski et joué avec une extraordinaire maîtrise par des acteurs au talent peu commun, la pièce vous prend « aux tripes » dès le début et ne vous lâche pas tout au long de son déroulement : tout y est criant de vérité des décors aux costumes ou à l’atmosphère qu’elle dégage ... C’est effrayant, terrifiant, abominable mais... VRAI !

Difficile de préférer telle ou telle performance car tous les acteurs de cette pièce sont excellents mais j’ai noté, en particulier, celle époustouflante de Charles Hoyes en avocat de la défense Luther Rosser, ainsi que celle de Dick Decoit en Procureur Dorsey : leur affrontement est fascinant ! A noter également celle de Tegan Summer (Jim Conley).... et.... même s’il n’est que 10 mn sur scène la présence d’un jeune acteur Brian Kirchoff en reporter du New York Times.....

Bravo ! ...... Vraiment du beau travail !....

Andrée Cormier


Retour au sommaire des dossiers