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  Sommaire - Films -  A - F -  Creep
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"Creep" de Christopher Smith

 

Avec Franka Potente, Vas Blackwood, Sean Harris, Kelly Scott
Distribué par Bac Films.
Sortie le 4 Mai 2005.
85 mn.
Note : 9/10.

Le grand retour de l’horreur britannique se fera en 2005. Si précédemment des films tels que « Le bunker » ou « Deathwatch » ne nous avait pas convaincus, la tendance cette année nous le démontrera. En attendant pour le début de l’été le jouissif « Shaun Of The Dead », voici qu’arrive aujourd’hui le premier film de Christopher Smith, grand fan du genre. Et le moins qu’on puisse dire à la fin de « Creep », c’est qu’il y a longtemps qu’on n’avait pas vu ça !
Tout commence par une soirée dans la jet set londonienne. Kate s’en extirpe avec l’intention d’aller dans une boite où George Clooney (!) ferait une apparition. Ne trouvant pas de taxi, elle se décide pour le métro. Là, s’endormant sur un siège du quai, elle se réveille quant tous les trains semblent être passés. Et elle se rend compte qu’elle est enfermée. Surgit alors le dernier métro qui stoppe entre deux stations. Et pour Kate, ce sera le début d’un long cauchemar, un voyage dans les profondeurs de l’enfer avec Craig, un véritable monstre, un mutant dégénéré ayant fait de certains coins abandonnés du métro son antre de la folie dont personne n’est jamais revenu.
La faiblesse du film vient d’un début assez terne avec la présentation de Kate et son entrée dans le métro qui deviendra sa prison. Mais une fois passée les premières attaques surprises, une fois que nous est dévoilé Craig, « Creep » prend un rythme de croisière effréné, parsemé d’idées qui relèvent complètement le niveau du film. On sent que Smith a bouffé du film d’horreur et d’épouvante et qu’il a pensé à toutes ces invraisemblances et autres clichés pour certes les utiliser mais en les détournant vers un raisonnement plus logique, ce qui renforce énormément la terreur que suscite le film. Dévoiler rapidement le look de Craig permet surtout de lui conférer une plus grande identité : on l’observe dans ses actes, ses réflexions, son « quotidien » pourrait-on dire. Et quand il frappe, quand il agit, « Creep » ne rechigne jamais à aller jusqu’au bout de l’horreur. Si on excepte une opération gynécologique qui atteint un point assez culminant dans l’horreur, on ne verra pas visuellement le résultat de l’atroce mort de la victime de Craig mais tout ce qu’elle a subi avant ne nous est pas épargné. Autrement, quand il s’agit de verser dans le gore, « Creep » n’hésite jamais. En même temps, Smith a très bien retenu la leçon que plus son monstre possède des souvenirs, un passé donc, plus humain il peut nous apparaître au point de susciter une compassion qui paradoxalement s’efface dès que Craig tue. Pareillement, le scénariste-réalisateur a certainement été marqué par tous ces films où une poursuite dans des couloirs sombre rapidement dans une monotonie qui annihile l’effet choc qui surgira à un moment donné. Tous les décors de « Creep » ont une histoire, un intérêt et une manière d’être utilisés qui contribuent à un malaise certain tout au long du film. Jamais gratuit, jamais consensuel, « Creep » plonge complètement son héroïne (Franka Potente, vu dans Anatomie et en girl-friend de Matt Damon dans « La Mémoire dans le peau » et sa suite) dans une véritable descente aux enfers qui peut paraître invraisemblable quand elle se situe juste sous nos pieds (petite critique sociale sur l’économie Londonienne au passage...), mais qui est tellement bien exploitée, que l’inconcevable devient la plus terrifiante des réalités. Des comme ça, on n’en a pas souvent mais quand on en a, on ne comprend pas pourquoi on ne les trouve pas à Gérardmer par exemple. A croire que certains ne vont pas jusqu’au bout du cauchemar pour se rendre compte qu’un film comme « Creep », c’est carrément une petite bombe donnant au film d’horreur une dimension encore plus puissante qui relève le genre comme ce dernier l’est depuis curieusement quelques temps avec le remake de « Massacre à la tronçonneuse », « Détour mortel », « L’armée des morts », « Le Cercle », avec cependant encore un peu plus de force, identité britannique oblige. Et de façon plus générale, « Creep » contribue largement à prouver aussi que le cinéma britannique est bel et bien un des meilleurs au monde, même dans l’épouvante horrifique !

Stéphane Thiellement

NB : on retrouve la même inspiration dans la nouvelle de Clive Barker "Le Train de l’abattoir" (dans le recueil "Livre de sang")
A.Pelosato



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