"Loki " de Robert Rodi - Esad Ribic

Mars 2005 - 9,5/10

Peut-être le jeu de cartes était-il truqué, ou simplement la roue a-t-elle tourné, obligeant les pales de l’univers à suivre d’autres courants ? Mais le résultat est là, Loki a triomphé. Triomphé de son demi frère Thor, qu’il a fait emprisonner ; triomphé du royaume d’Asgard dont il est devenu le nouveau souverain, avec toutes les obligations qu’un tel règne sous-tend. Loki a-t-il atteint son ultime but pour autant ? Alors que la victoire est sienne, il réalise combien il est évident, comme si c’était là sa destiné, qu’il doit à présent achever son opposé, Thor, fils d’Odin. Mais cela n’a jamais été le but de cet enfant, toujours à l’écart, incompris de tous, qui est à présent l’adulte détenant le pouvoir de dire à quiconque, d’ordonner, ce qui est bon de penser et quelle est la manière d’agir. Mais le sait-il seulement ?

Le scénario de Robert Rodi est ainsi une mélodie dont l’orchestre graphique laisse entendre un chant bien plus complexe que le Bien opposé au Mal que l’affrontement Thor/Loki a souvent glorifié. La psyché de l’ennemi du royaume d’Asgard se voit ici complexifiée en une myriades de sonorités qui rendent le cœur de ces épisodes palpitant ; d’autant que leurs embranchements mènent aux organes, aux traîtres, qui ont permis à Loki d’accéder au trône. Les peintures d’Esad Ribic sont époustouflantes, de vraies œuvres d’art - certaines rappelant le côté bestial et sexuel des peintures de Boris Vallejo - sublimant une histoire qui se suffisait déjà à elle-même. Une mini série à découvrir d’urgence !

Grégory Covin