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Hidden
De Jack Sholder
Avec Kyle McLachlan, Michael Nouri, Claudia Christian
Metropolitan Vidéo
Avoriaz, Janvier 1988, palmarès du Festival du Film Fantastique (pour les plus jeunes, c’était ce qu’il y avait avant Gerardmer, sa popularité en faisait le second festival de France après Cannes !). Alors que tout le monde donne gagnant « Robocop » de Paul Verhoeven (au point que l’attaché de presse de l’époque le fit revenir de Hollande juste pour la remise des prix, et quand il n’obtint que « l’Antenne d’Or », prix-médaille en chocolat décerné par la seconde chaîne télévisuelle, cela fit un peu de bruit... Ah, nostalgie, quand tu nous tiens !), le Grand Prix échut à une épatante série B, un modèle du genre, « Hidden », troisième film de Jack Sholder connu jusqu’alors pour un excellent slasher, « Alone in the dark » (« Dément » lors de son passage sur Canal Plus) et pour avoir signé le second volet des exploits de Freddy Krueger dans « La revanche de Freddy ». Aujourd’hui, grande est notre surprise de (re)découvrir « Hidden » en DVD, couplé avec l’archi nul « Hidden 2 » dont on dira seulement qu’il ne fait qu’exploiter médiocrement les moments clés du premier. Voilà, maintenant revenons à « Hidden », le seul, l’unique, servi en plus par une excellente édition DVD.
A Los Angeles, la police finit par mettre hors d’état de nuire un homme devenu un fou meurtrier après une folle poursuite au volant d’une Ferrarri volée. Mais un agent du FBI, Lloyd Gallagher vient trouver le détective Beck pour lui apprendre qu’un autre a pris le relais. D’abord sceptique, Beck finit par croire quand on lui apprend plusieurs meurtres. Mais la vérité est encore plus folle, comme le policier va finir par le découvrir.
Un scénario habile pour une histoire toute simple mais jamais abordée jusqu’alors (par la suite, ce ne fut pas le cas : rappelons-nous « Le témoin du mal » avec Denzel Washington par exemple). Signé Jim Kouf (qui prit un pseudo) à qui on doit pas mal de bons polars des années 90, il est surtout l’aboutissement de tous les talents de son réalisateur, Jack Sholder. Ce dernier le confirme aussi dans l’excellente interview découpée en quatre parties réalisée très récemment : Sholder fut musicien, et surtout monteur, ce qui lui donna le sens de la vélocité quant à l’art et la manière de gérer l’action et le suspense dans un film. On apprend ainsi pas mal de secrets sur cette fabuleuse poursuite de voitures (et Sholder de se référer à celle de « French connection », sa préférée, et d’affirmer que celle de « Bullitt » n’est pas si terrible que ça !!!), que ses relations avec Michael Nouri (Beck) furent si orageuses qu’à l’époque, il rêvait de le tuer (!), qu’il n’a jamais voulu devenir cinéaste ciblé dans l’horreur, son rêve étant plutôt des films d’auteur, que tous ses talents font que ses films ne sont jamais ennuyeux (oui, ben, « Arachnid », hein, c’est un peu plan-plan quand même !), etc... Tout cela est assez passionnant, surtout quand c’est en rapport avec un excellent petit film comme celui-ci. Le meilleur de Sholder donc, qui juste après signa le très bon polar d’action « Flic et rebelle », au scénario assez classique mais aux qualités techniques indéniables. Son échec fut le chant du cygne de Sholder qui ne retrouva par la suite jamais de tels succès. Quant à « Hidden », certes « Robocop » est un chef-d’œuvre mais parfois, il faut donner un coup de pouce aux outsiders qui le méritent. Son Grand Prix fut un des plus justifiés d’Avoriaz.
Stéphane Thiellement
Note : film : 9/10 DVD : 9/10 (copie excellente, format 1.85 image 16/9ème, remastérisé en 5.1 en anglais et français, vostf)
Bonus : commentaire audio de Jack Sholder et Tim Hunter ; retour sur le film : 30 mn avec Jack Sholder et Michael Nouri ; filmographies ; bande-annonce de « Hidden ».
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