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"Jean-Louis Fetjaine" de Par Alain Paris
Jean-Louis Fetjaine est “né” pour les lecteurs de fantasy francophone avec la trilogie des Elfes. D’abord autant de divers textes humoristiques, cet habitant de Vincennes s’est ensuite tourné vers la grande aventure de la fantasy, avec un succès certain et à la clé, un prix Ozone 2000 décerné par les lecteurs. Aujourd’hui, Jean-Louis Fetjaine nous revient, dans les pas de Merlin l’enchanteur pour un roman qui semble moins “fantasy”, mais qui selon les dires de l’auteur lui-même est surtout une “rampe de lancement” vers d’autres volumes beaucoup moins “réalistes”. Il nous en parle donc, comme de sa carrière, de ses influences et d’autres choses encore...
Les très nombreux lecteurs de SF Mag qui ont aimé la trilogie des Elfes aimeraient connaître son auteur. Jean-Louis Fetjaine, pouvez-vous vous présenter ?
Pas grand-chose à dire : j’ai 47 ans, j’ai 3 enfants, je vis à Vincennes. Voilà.
Vous commencez par publier des ouvrages d’humour (le “Guide du jeune père” par exemple), puis vous investissez l’univers de la “fantasy” avec une trilogie unanimement saluée par les lecteurs et la critique. Aujourd’hui, vous nous proposez un roman historique à peine teinté de merveilleux. Pourquoi ces changements d’orientation ? Suivez-vous tout simplement votre inspiration du moment ?
La nouvelle “saga” est en fait beaucoup plus ancrée dans le merveilleux que vous ne l’avez ressenti, et le sera de plus en plus dans les tomes suivants. Le Pas de Merlin est un roman historique aussi fiable que possible, consacré à une époque où le merveilleux appartient à la réalité quotidienne. Les gens de l’époque croient vraiment aux miracles ou à la magie des druides. Le fond de l’histoire de ce nouveau cycle est que Merlin, “Fils du Diable” selon la tradition, est en réalité le fils d’un elfe de Brocéliande. On est dans le Merveilleux. Mais je voudrais que ces elfes soient rendus crédibles par un environnement historique précis. Je pense qu’il y a eu historiquement des peuplades qui sont restées isolées par les immenses forêts couvrant l’Europe à l’époque, en marge de la culture romaine dominante, et que leur découverte suite au défrichement de forêts a donné naissance à des mythes. D’autres peuples historiques sont devenus légendaires. C’est le cas par exemple des Hongrois (les Huns) qui sont devenus des Ogres.
2001/2002 aura été l’année du Seigneur des Anneaux, le film d’abord, et un retour en force de l’œuvre de Tolkien. Quelle a été son influence sur votre trilogie ? D’autres auteurs de “Fantasy” vous ont-ils influencé ? (je pense par exemple à des gens comme le Jack Vance du cycle de Lyonesse).
Tolkien est évidemment une influence majeure, tellement forte que des réminiscences, dans les noms de personnages ou de lieux par exemple, deviennent inconscientes. C’est en fait ma seule influence dans l’univers de la Fantasy.
Dans Le Pas de Merlin, votre approche est très différente de vos précédentes préoccupations de la trilogie des Elfes. Avertissement au lecteur, chronologie approximative des événements, descriptions très fouillées des décors et de l’action, réalisme des scènes et des dialogues. J’ai beaucoup aimé, et j’espère que la suite de la saga tiendra les promesses du premier volume. Pouvez-vous nous en parler ?
Merci, tout d’abord... Comme je le disais plus haut, je ne vois pas de rupture entre la trilogie des elfes et ce nouveau cycle, puisque les elfes seront au cœur du récit. Comme dans la trilogie, Merlin est mi-elfe mi-homme – une sorte d’erreur génétique si vous voulez – et incarne ce que l’homme aurait pu être, le rêve d’une humanité “féerique”. La suite de la saga verra Merlin retrouver ses origines : son père Morvryn, sa sœur Gwendidd... De ses amours avec Guendoloena naîtra un fils, Arthur. Il s’agit d’Artur (sans h) mac Aedan, un prince des Scots Dal Riada qui a réellement existé et dont les faits se retrouvent dans la légende arthurienne. Comme je fais de Merlin – Emrys Myrddin – le fils d’Ambrosius Aurelianus, le roi historique qui fut sans doute le vrai Arthur, Merlin serait donc à la fois le père et le fils d’Arthur...
Le second tome s’appellera Brocéliande.
La documentation, sans jamais être pesante, joue un grand rôle dans cette nouvelle saga. En tant qu’amateur de jeu d’histoire avec figurines, à la liste des sources présentée en fin du premier volume, j’ajouterais des ouvrages et des articles comme “Britannia and Arthur” de Susanna et Dan Shadrake (“ Ancient Warriors/Montvert Publications), ou bien “Armies of the Dark Ages” de Ian Heath (WRG Publications). Comment travaillez-vous ?
J’établis bien sûr un synopsis de départ, mais je me suis toujours aperçu que les personnages, s’ils “existent” vraiment, ont leur vie propre. Vous aviez prévu un chapitre où ils iraient de A à Z, vous découvrez en l’écrivant que ce n’est pas possible, que Merlin ne peut pas faire cela, qu’il lui faut d’abord faire un détour, etc. Ce qui est à la fois magique et sympa quand on écrit, c’est qu’on est la première personne à qui l’on raconte l’histoire, et parfois il faut se laisser surprendre par ce que vos personnages vous imposent.
Après cette saga, quels sont vos projets d’écriture ? Retour à la “Fantasy” classique ou exploration d’un nouveau domaine ? Votre dossier de presse vous présente comme diplômé d’histoire médiévale : cette formation aura-t-elle une influence sur vos prochains ouvrages ?
Il est difficile de parler du futur alors que ce cycle ne fait que commencer. Pendant quelques années, je serai dans Merlin jusqu’au cou. Après, j’aimerais bien écrire une histoire de vampire, de la même façon, c’est-à-dire en partant du principe que la réalité est beaucoup plus humaine que l’image qu’en a façonnée la légende.
L’histoire est un formidable point d’appui. Pourquoi créer un monde de Fantasy alors que l’histoire regorge de personnages, de royaumes et de destins bien plus riches ? C’est ce que j’ai voulu faire ici. Pour moi, les Pictes, les Gaëls, le royaume de Manau Goddodin, les Dal Riada, Urien de Rheged, le barde Taliesin, tout cela me parle bien plus qu’un hypothétique royaume Zorg où sévit le cruel Raburg. Je caricature un peu, mais c’est l’idée...