"Le shiatsu - Interview d’un praticien"
Intéressé pour en savoir plus sur le shiatsu, ses origines, ses apports, sa validité scientifique, nous avons enquêté. Max Arnolin, praticien Shiatsu à Paris, a accepté de répondre à nos questions.
SF Mag : Quelle est l’origine du Shiatsu ? Qui en est "l’inventeur" ?
Max Arnolin : Depuis les époques les plus reculées de l’Antiquité, l’homme aurait su masser les zones raides et douloureuses du corps. S’élabore au fil des siècles, en Extrême-Orient, un système de lignes et de points énergétiques. L’acupuncture aussi bien que le Shiatsu repose sur cet antique système médical.
Le Shiatsu est d’origine japonaise et sa pratique s’ancre dans la tradition japonaise, même si la méthode elle-même date du XXème siècle. Comme beaucoup d’autres disciplines japonaises, les méthodes de massage furent importées de Chine dans l’Antiquité. La médecine traditionnelle chinoise fut introduite au Japon à partir de deux traités fondamentaux :
Le Yi King ou « le Classique des changements », qui présente la théorie du Yin et du Yang ainsi que la théorie des 5 éléments.
Le Nei King de HOANG TI qui se divise en deux volumes :
- Le SU WEN ou « Dialogue sur la source des états vitaux », traitant de la physiologie, de l’étiologie et de la pathologie dans la compréhension des fonctionnements naturels de la vie.
- Le LING SHU, traduit par « Pivot Spirituel » ou bien par « le Livre des aiguilles ».
Ils traitent des principes liés à la notion de keiraku ou
méridiens en japonais et des physiothérapies basées sur cette notion qui sont principalement l’acupuncture, la moxibustion, la massothérapie et la saignée.
L’appellation Shiatsu, apparue pour la première fois vers la fin de l’ère Taishô (1920), est une des méthodes réunissant le Kampô (la médecine venant de Chine), le Do in et le Anma.
Les plus grands sont Tokujiro Namikoshi et Shizuto Masunaga :
– Tokujiro Namikoshi (1905-2000) a été à l’origine du shiatsu moderne. Il a développé sa technique dès l’âge de sept ans alors qu’il tentait de soulager les malaises de sa mère souffrant de polyarthrite rhumatoïde. Il a constaté qu’elle se sentait mieux lorsqu’il usait de pression avec ses pouces au lieu d’effleurement et de massage. Ses maux ont finalement disparu et elle a vécu en très bonne santé jusqu’à l’âge de 88 ans. Namikoshi a mis l’accent sur la physiologie et l’anatomie et délaissé la fonction des méridiens, pour rendre le shiatsu plus accessible au mode de
pensée occidental. Dans les années 1940, il crée l’école japonaise de shiatsu : Nippon School of Shiatsu.
– Shizuto Masunaga (1925-1981) réintroduisit les principes de base de la médecine traditionnelle chinoise. A treize ans Masunaga est initié aux différentes techniques du Shiatsu. En 1949, il est diplômé de psychologie et poursuit ses études de thérapeute. Il
ouvre l’Institut Iokaï à Tokyo en 1968. Partant des textes anciens, et à travers de son expérience clinique, il a étendu à l’intégralité du parcours des douze méridiens la pratique du Shiatsu, afin d’en parfaire la technique et d’en accroître l’efficacité.
Question : Quelle est la formation nécessaire pour être praticien shiatsu ?
MA : Il y a différentes formules et formations en France,c’est à chacun de savoir pourquoi il veut être Praticien en Shiatsu ou s’il veut juste faire du Shiatsu. Pour la suite il faut trouver une formation par rapport à sa demande.
Pour ma part j’ai suivi 1000 heures de formation dans une école, je suis le cursus de la formation Ohashiatsu de New York, puis pour aller à la source, je suis une formation en Médecine Traditionnel Chinoise.
Rien n’ai jamais acquis, il faut régulièrement se remettre en question,
s’informer, se former.
Quand on commence, on ne s’arrête plus....
Question : Quelle est son positionnement par rapport à l’ostéopathie, la
physiothérapie, feldenkrais ? Que pensez vous de ces autres techniques ?
MA : Je n’ai pas à positionner ses techniques, chacune possède leurs spécificités et chacun doit ressentir ce dont il a besoin pour son corps et son bien-être. Par exemple l’ostéopathie comme vous le savez travaille sur toutes les affections osseuses, c’est un système thérapeutique basé sur des gestes de manipulations sur les muscles, la colonne vertébrale.
Le Shiatsu est basé sur la circulation de canaux d’énergie, appelés méridiens.
Question : Qu’apporte de plus le shiatsu ?
MA : Se sont des techniques différentes, il n’y a pas de plus ou de moins. Cela dépend de ce que vous avez, de ce que vous ressentez, de ce qui vous convient pour vous et vous seul.
Question : Quelles sont les apports prétendus du shiatsu ? Pour quelle
pathologie ?
MA : Vous ne pouvez pas remettre en question environ 1000 ans depuis que la médecine chinoise fut introduite au Japon. Le mot " prétendu" est en trop dans votre question.
Le Shiatsu a d’une part pour effet immédiat de relaxer le corps et de permettre à la conscience de s’apaiser, favorisant les sensations de légèreté et de bien-être. D’autre part, en rétablissant la circulation énergétique dans les méridiens, le Shiatsu dynamise le corps et optimise son adaptation au quotidien.
La philosophie sur laquelle repose le Shiatsu est celle de la circulation de l’énergie vitale (le Ki en japonais) à travers un réseau de canaux appelés méridiens. Si pour différentes raisons, l’énergie ne peut circuler librement, des symptômes psychiques et physiques apparaissent.
Le rôle du praticien Shiatsu est de trouver les blocages énergétiques et d’améliorer la circulation de l’énergie vitale.
Energie vitale : nous obtenons l’énergie vitale grâce à l’oxygénation qui transforme le sucre en acide lactique et à l’adénosine triphosphate qui transforme cet acide lactique en sucre. C’est à travers ce phénomène qu’une personne peut-être pourvue éternellement en énergie.
Le shiatsu agit entre autres sur :
– Le stress, le dynamisme, l’énergie.
– Les troubles digestifs, la constipation, les céphalées.
– Le sommeil, les états de déprime.
– Les contractions musculaires et les raideurs articulaires.
– La convalescence après une opération ou une maladie.
– Le Shiatsu est une aide au sevrage tabagique, séance « anti-tabac ».
NB : La personne qui reçoit un Shiatsu est habillé de préférence avec un vêtement ample ou souple type jogging et tee-shirt ou sweet-shirt.
Question : Quelles sont les preuves scientifiques qui valident l’intérêt de cette technique ?
MA : Des études cliniques réalisées depuis des années.
Le Ministère japonais de la santé et du bien-être a reconnu le shiatsu depuis 1955 et voici sa définition :
"Le shiatsu est une forme de manipulation exercée à l’aide des pouces, des doigts et des paumes, sans recours à un instrument mécanique ou autre, par application d’une pression au niveau de l’épiderme, afin de corriger les dysfonctionnements internes, d’améliorer et de préserver la santé"
Le Parlement Européen a voté le Shiatsu comme étant l’une des huit médecines non conventionnelles les plus efficaces. (Rapport Collins-Lannoye du 29/05/1997- Bruxelles).
Question : Pourquoi cela n’est pas remboursé par la sécurité sociale au même titre que la kinésithérapie ? Qu’en est-il dans les autres pays ?
MA : Au même titre que la chiropractie, l’ostéopathie, l’acupuncture, le shiatsu n’est pas remboursé par la sécurité sociale mais un remboursement par certaines complémentaires santé est possible.
Dans d’autres pays la sécurité sociale ne fonctionne pas comme en France, c’est pour cela que beaucoup de choses change en France à ce sujet.
Question : L’engouement pour le shiatsu n’est-il pas lié à un effet de mode actuel pour le mysticisme oriental ?
MA : Je ne pense pas que ce soit un effet de mode, c’est vrai que l’on parle de plus en plus de shiatsu en France. Les modes passent alors que le Shiatsu existe en France depuis les années 70 et se développe de plus en plus, on suit les pas de l’ostéopathie pour
arriver à une reconnaissance totale.
En Orient, l’approche traditionnelle est de voir la personne dans sa globalité, on engage autant les facultés physiques que mentales.
Le but est de trouver la cause.
Je pense qu’il est important de rajouter que l’organisation mondiale de la santé (OMS) a défini la santé comme : "l’état de bien-être physique, mental et social optimal, et non pas seulement l’absence de maladie ou d’infirmité".
Il faut garder présent à l’esprit qu’une alimentation équilibré dans notre vie quotidienne nous maintiendra en bonne santé. L’alimentation est la base d’une bonne santé car c’est la nourriture qui alimente la vie.
Propos recueuillis par David Lapetina
Pour plus de renseignements :
Site de Max Arnolin - Praticien Shiatsu
Max Arnolin
58 rue Saint Antoine
75004 Paris
Tél. : +33 (0)1 42 76 94 09
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