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Tout aurait pu bien se passer. A la mort de son père Althea Vestrit aurait du hériter de la vivenef Vivacia le navire en bois-sorcier, tandis que son cousin Hiémain aurait du poursuivre son novicia au monastère de Sa. Mais voici que la vivenef a été léguée au capitaine Kile Havre le mari de la soeur d’Althea. Comme ce navire en bois-sorcier ne peut naviguer sans quelqu’un de la famille Vestrit Kile Havre a retiré son fils du monastère, allant même jusqu’à le réduire en esclavage. Pendant ce temps, déguisée en garçon, Althea s’efforce de reconquérir l’héritage dont elle a été spoliée. Les souffrances ressenties à bord de la Vivacia transformée en transport d’esclaves affectent le navire-vivant qui est suivi par les serpents de mer attendant les cadavres jettés par-dessus bord et l’ambitieux pirate Kennrit rêvant de posséder une vivenef. N’oublions pas les énigmatiques "autres" qui parcourent les mers pour une mystérieuse quête.
Toute l’habileté de Robin Hobb a consisté, tout en précisant le contexte, a établir des destins croisés afin de les réunir, le lecteur étant laissé jusqu’au dernier moment dans l’incertitude quant aux circonstances de la rencontre où des personnages seront amenés à se rencontrer.
Tout comme dans la série "L’assassin royal" se déroulant dans le même univers Robin Hobbb précise la nature du mal. Point de machiavélisme mais une banalité écoeurante comme la jalousie de Kile envers les possesseurs de de Vivenef, ou celle de sa fille Malta qui à Terrilville poursuit ses rêves d’ascension sociale mettant sa famille en difficulté, attirant entre autres l’attention du peuple du Désert des Pluies. C’est également un autre aspect du talent de Robin Hobb qui consiste à affiner peu à peu le monde alors qu’en arrière-plan se trouve un univers beaucoup plus vaste.
Damien Dhondt
Robin Hobb _ La conquête de la liberté (Les aventuriers de la mer tome 3) _ (Ship of magic The Liveship traders, trad. A ; Mousnier-Lompré) _ J’ai lu n°6975 (mai 2004) _ Réédition, poche, 379p. 7,30 euros