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  Sommaire - Dossiers -  Le Prix de l’Armée des 12 Singes : charte, corpus et résultats ou la grande aventure des Utopiales 2005

"Le Prix de l’Armée des 12 Singes : charte, corpus et résultats ou la grande aventure des Utopiales 2005"

Emmannuel Collot

Pour voir le règlement du prix, la liste des participants et les élus du 1er tour : A12S

Lorsqu’en Juin 2005 m’est venu l’idée de créer un nouveau prix littéraire, à aucun moment je ne l’ai envisagé comme un moyen de concourir à ceux existant déjà dans le circuit actuel (Merlin, Rosny Aîné, etc....) mais plutôt comme une nouvelle opportunité pour les écrivains du genre de se voir distingués par les lettres pour la qualité de leurs histoires ou le talent dont ils auront fait montre en tant qu’artistes peintres. Ainsi, Le Prix de l’Armée des 12 Singes sera né de cette double préoccupation quand aux personnes oeuvrant pour des arts comme la lettre ou l’image. Je ne pense pas qu’il soit bien légitime de distinguer dans les genres de l’imaginaire deux exercices aussi complexes que sont les lettres et les images, non pas d’un simple point de vue esthétique, comme on pourrait l’envisager de façon très primaire. Disons que le panache d’une telle catégorie littéraire est bien justement de rendre possible cette cohabitation entre l’écrit et l’image par une similarité de " climats " et une correspondance de paysages, les paysages mentaux suscités par une écriture chargée renvoyant à des images-archétypes primitives que seuls des illustrateurs en ayant une vision suffisante parviennent à incarner sur une couverture qui est la première chose qui frappe un regard. Et je pense que c’est là que se tient l’une des raisons pour lesquelles la littérature dite " blanche " fait preuve d’autant de prévention vis-à-vis d’une littérature que somme toute elle ne peut s’empêcher de réduire à des images trop enjolivées et spéculaires qu’elle juge déviantes parce que faussant le vrai message du réel, ce qui se présente là, devant soi. Erreur d’origine, confusion intellectuelle concernant les opposés entre raison et imaginaire, le résultat est là, des littératures de l’imaginaire manquant à dépasser le soupçon de falsification qui menace un réel qu’une raison semble en devoir de conserver, manquement pour une littérature dite blanche (même si le terme est ici malaisé) à dépasser un cadre préétablit, déjà fixé et qui semble se réduire continuellement à l’intimiste et au relationnel, oubliant le romanesque et la parure. En Juin 2005 j’ai lancé une idée, il lui manquait un nom.
Nous perdions alors en titres tapageurs, formes nominales et autres qualificatifs que nous nous efforcions tous de vouloir frapper les imaginations, sans nous rendre compte un seul instant qu’il manquait une âme à notre prix, quelque chose qui pourrait signifier une certaine subversion sans pour autant impliquer une volonté de nous démarquer de tout le monde et de faire route en solitaire. C’est à ce moment là que l’une de nos collaboratrice, Valérie Revelut, nous proposa le titre révolutionnaire de "Prix de l’Armée des 12 Singes" . Interloqués au départ, nous nous sommes convenus tous de nous en tenir à un titre non pas subversif mais pamphlétaire dans ses lettres mêmes. Ainsi devait naître "Le Prix de l’Armée des 12 Singes" sous le patronage d’une bande de passionnés, chercheurs, spécialistes du genre ou tout simplement lecteurs attentifs aux formes que peuvent emprunter des genres aussi poreux et inactuels. Le dernier écueil qu’il nous restait à dépasser était celui de la spécificité de ce prix littéraire. En effet, arrivé à ce niveau de notre architectonique du prix comme récompense accordée à un tiers, l’épineuse question qui relevait de l’instance s’imposait à nous avec la menace de nous voir relégués à un comité restreint et donc à une inévitable relativisation de la portée de notre jugement, de nos choix. Pourquoi alors ne pas postuler pour la possibilité de dédoubler ce prix en un prix du public et un prix du jury ? Ainsi, notre décision se porta sur cette possibilité d’avoir deux visions, celle d’un public de passionnés qu’on espérait le plus large possible et celui d’un jury qu’on voudrait à ce point irréprochable qu’il pourrait faire des choix ne relevant pas seulement des modes et intérêts mais des goûts et avis éclairés quand aux qualités des textes et à celles des artistes oeuvrant pour les genres de l’imaginaire. Un prix était né, manquait une effigie, ces diplômes qui manquent tant à l’appel pour distinguer un travail, pour dire merci, pour dire encore, pour que de mains en mains se fassent d’heureuses correspondances de sentiments quand à cette attribution relevant d’une élection, d’une élévation à une oeuvre qui tranche sur les autres parce qu’elle a touché, parce qu’elle a su marquer une différence stylistique ou un ton nouveau. Nous réussîmes ainsi à obtenir un logo assez significatif distinguant un prénom et un nom, un extrait de l’oeuvre jugé symptomatique de l’entreprise d’écriture de celui qui use de sa plume pour raconter. Raconter est aussi bien possible par les mots que par l’image, c’était décidé, ce serait notre objectif pour les années à venir. De fait, arracher à une oeuvre écrite ce qui fait une spécificité qu’elle soit écrite ou de forme et de couleur, sera chaque année une manière pour nous que nous nous attachons à des textes gagnant à être lus ou des peintures suscitant les imagination de façon tout à fait appréciables. Arrivé à ce point, je me suis interrogé sur le fait de savoir s’il était possible de faire mieux, plus pertinent, pas plus beau que les autres et sombrer ainsi dans un snobisme crétin, mais comme un hommage nécessaire, une marque artistique pour saluer un travail qui aura certainement suscité beaucoup de douleurs, d’engagement, de sacrifice, l’accouchement symbolique socratique de soi-même à l’oeuvre qui dort en puissance dans notre corps et qui est esprit comme biologie, cette cause étant la raison la plus grande d’écrire. Ainsi est venue cette envie légitime de voir une image aux côtés de l’écrit, comme deux miroirs s’interrogeant sur le signifiant et le signifié, sur le dit et le voir, éternel questionnement sans réponse, si ce n’est cette division qui pourrait renvoyer en quelque sorte à notre propre séparation et notre besoin sans satisfaction de faire correspondre la fonction dirimante du réel qui nous fait face et violence avec la fonction imaginaire, iconique, à toujours vouloir dépasser cette évidence pour en toucher l’idée, voir pour les genres de l’imaginaire l’altérité qui nous permette enfin de dépasser le mot et nous dire qu’il y a transcendance possible dans une écriture et que l’image qui lui fait face peut aussi signifier du non réel, du non phénomène, du non dit, mise à l’épreuve du réel, torsion de ses données et non pas contradiction de son statut central sur la vie dans laquelle nous nous mouvons sans réellement nous comprendre ou nous situer. Du renversement Copernicien je passerai au renversement Bachelardien pour définir le pathos secret d’un genre, quand l’écriture peut nous faire toucher à des sources obscures abreuvant le réel sans pour autant être mobilisées pour révéler un tout clair et limpide, saisissable immédiatement par cette conscience souvent opposée bêtement à un inconscient dont on fait à tort l’arrière court néfaste de tout un chacun. La volonté de voir figurer une illustration auprès d’un écrit s’imposa donc alors à nos esprits comme une évidence absolue. Je décidai donc de contacter un artiste avec lequel le Science-fiction magazine avait déjà travaillé. Alexandre Thuis, dont on connaissait déjà l’excellence artistique me fournit alors la possibilité d’illustrer notre prix d’un choix de 3 illustrations. Un vampire de toute beauté qui laissait loin derrière les vampires clonés d’un John Bolton, une saynète mettant en scène des créatures issues de l’imagerie fantastique, une autre exposant le combat éternel d’un chevalier contre un dragon, j’avais là de quoi illustrer ce prix. A ces illustrations s’ajoutèrent des paysages martiens plus spécifiques au genre sf qu’il m’a été permis d’utiliser ainsi que diverses couvertures pour les mentions spéciales et certaines catégories, et j’avais là enfin tout le matériel pour faire de ce prix un bel hommage aux artistes des mots et des images qui continuellement interrogent de leur art la muse silencieuse, cette sphinx qui ne dit jamais mot mais signifie les rêves sans formes qui font les histoires...

LE PRIX DE L’ARMEE DES 12 SINGES : CORPUS

S’il est une chose vraie dans les littératures de l’imaginaire c’est leur propension à susciter des catégories. Mais bien plus, d’un simple point de vue littéraire, faire des prix remerciant des exercices aussi différents que les essais, recueils, nouvelles indépendantes, romans ou cycles, est apparut comme une évidence absolue. Enfin, inclure spécialement une catégorie allouée aux artistes traitant des genres fut une autre obligation eu égard à des prix insuffisants à remercier le travail immense de ces personnes vouées à leur unique instrument de travail.

Le Prix de l’Armée des 12 Singes comportera donc dorénavant les catégories suivantes et se divisera entre deux prix spécifiques, l’un relevant du Prix du Jury, l’autre du Prix du Public. Je signale que, comme je n’ai pu malheureusement le faire dans cette première session, Le Prix de l’Armée des 12 Singes sera scindé en deux écoles, l’école de langues étrangères (anglo-saxons, américains, etc...) et l’école française. Cela laissera la voix à toute une floraison d’auteurs méritants et novateurs pour le genre trop souvent éclipsés par l’aura médiatique de leur homologues de langue étrangère.

ROMAN FANTASTIQUE

Souvent défini comme le genre pauvre en France, il a été distingué cette année par la plume furieuse et belle d’une femme écrivain de grand talent, par des nouvellistes et des artistes de grand talent qui chaque année seront justement récompensés.

PREMIER ROMAN FANTASTIQUE

Cette catégorie récompensera l’auteur dont c’est la première incursion dans le genre sous forme de roman. Cette catégorie permettra de distinguer souvent des plumes peu connues, souvent trop vite éclipsées par les autres prix ne s’arrêtant pas assez sur cette spécificité riche et féconde...

CYCLE FANTASTIQUE

Typique de ces littératures de l’imaginaire, cette catégorie fera chaque année un gros plan sur un cycle marquant du genre...

ROMAN DE SCIENCE-FICTION

Il est apparu également comme une nécessité de bien compartimenter les genres. En accordant à la sf son propre prix, nous avons pris le risque de laisser rentrer plus d’oeuvres apparentées au genre ou relevant spécialement de la science-fiction, ce qui permettra, nous le souhaitons, de donner leur chance à des oeuvres pas assez remarquées ou exclue des autres prix...

PREMIER ROMAN DE SCIENCE-FICTION

Là encore, il fut impératif de procéder à cette distinction. Cela évitera que des auteurs plus connus l’emportent à chaque fois aux détriments d’auteurs débutants dont c’est la première aventure dans le genre sous le médium du roman. Cette catégorie complémentaire devrait être une obligation pour chaque prix littéraire. Car même si nous ne voulons pas professer pour tout le monde, il est bon de temps en temps de se faire entendre et de communiquer un désire, mieux, une évidence, nécessaire et obligatoire pour tout prix voulant donner sa chance à chacun.....

CYCLE DE SCIENCE-FICTION

Idem que pour sa catégorie soeur, cette distinction rappellera combien la sf a de fécondité quand à ces longues sagas...

ROMAN DE FANTASY

Genre phare dans les genres de l’imaginaire, la Fantasy sera dignement distinguée chaque année dans toutes ses nuances. Mais à ce niveau, nous nous sommes gardés d’édifier des catégories sous-jacentes (Urban-Fantasy, Low-Fantasy, etc.).

PREMIER ROMAN DE FANTASY

Vital et urgent afin de révéler de nouveaux loups qui seront les futurs grands prosateurs de demain...

CYCLE DE FANTASY

Impératif pour un genre qui connaît encore plus la profusion du roman feuilleton.

ROMAN JEUNESSE

Depuis C.S. Lewis, il est impératif de reconnaître également ce genre à part entière.

RECUEIL

Nous avons pu constater que chaque année de nombreux recueils fort pertinents font leur apparition sur les étagères des librairies. Besoin d’explorer des thématiques différentes ? Envie de jongler avec plusieurs histoires autour d’un thème unique ? Quoiqu’il en soit, cette catégorie a ses lettres de noblesses au regard des très grands qui s’y sont illustrés par le passé.

NOUVELLE

On ne compte plus les nouvelles produites par des auteurs chevronnés ou débutants, les qualités dans cette catégorie ne dépendant pas toujours d’un nom ou d’une renommée mais d’une plume peut-être plus puissante que les autres dans sa magie évocatoire. Des dizaines seront collectées chaque année, sans distinction des motivations ou des écoles, le tout étant qu’elles ressortent d’un imaginaire pouvant à la fois provenir des genres consacrés que de cette littérature blanche qui parfois produit des textes relevant des genres tout en ne s’en revendiquant pas. Chez nous, chacun se verra le bienvenu, seule compte la bonne volonté à s’ouvrir, s’ouvrir pour échanger, s’ouvrir pour permettre le don à la communauté des talents particuliers...

ESSAI / ETUDE

Tout comme les recueils, nous voyons depuis quelques années se multiplier les études et essais sur des genres et auteurs qui oeuvrent brillamment pour éclairer des genres souvent difficiles d’approche pour le profane ou tout simplement les lecteurs curieux de mieux connaître ce qu’ils lisent sans nécessairement savoir de quoi cela relève.

AGE D’OR

Nous avons longuement hésité avant de lancer cette catégorie, tellement cette occurrence peut se révéler comme futile au regard des auteurs modernes souvent mis au devant de la scène éditoriale. Ce prix viendra récompenser de judicieuses rééditions d’auteurs anciens ou des intégrales lancées par les maisons d’éditions souvent augmentées de nouvelles traductions ou d’un intéressant appareil critique.

ARTISTE

Enfin une catégorie qui récompensera durablement et régulièrement ceux qui nous font rêver avec ces couvertures alliant l’esthétique d’une image à la stylistique d’une narration. Moment important de l’élaboration du livre en tant qu’objet fini, la couverture s’efforce d’en être l’esprit mais aussi le miroir secret. Cette catégorie est l’une des plus fondamentales du genre. Il était grand temps que les artistes aient l’honneur d’un prix annuel accordé à leur art.

MENTION SPECIALE

Chaque année verra la nomination d’une mention spéciale pour un auteur ou un artiste dont il est important de saluer l’excellence de l’oeuvre au regard des suffrages du public comme du jury ou de l’un des membres du jury. Les lauréats ne pourront dépasser le nombre de 5.

EDITEUR

Les maisons d’éditions font preuve chaque année de plus en plus d’audace quand à leurs publications et la maquette de leurs livres. Quoi de plus normal que de créer également un prix les concernant. De plus, nous assistons chaque année à l’arrivée de nombreux nouveaux éditeurs. Cela s’imposait donc...

REVUE

Certes, nous sommes moins nombreux qu’ailleurs, mais lorsque j’ai pu voir l’ambition de certains "petits nouveaux" cela laisse rêveur. Cette catégorie est un hommage rendu à ceux qui oeuvrent beaucoup avec peu de moyens...

TRADUCTEUR

Longtemps, cette catégorie a manqué de prix pour récompenser un travail qui est probablement le plus difficile qui soit. Ce prix ressortira donc uniquement du jury car suscitant une certaine connaissance des travaux préludant à la publication en langue française. Ceci dit, à l’heure qu’il est, la possibilité d’un vote public reste ouverte...

Le Prix de l’Armée des 12 Singes ne se veut pas un prix élitiste mais une récompense destinée à récompenser chaque année tous ceux qui oeuvrent pour les genres de l’imaginaire dans toutes leurs aspérités. Il n’est motivé par aucun sectarisme ni élitisme mais est uniquement attentif à remarquer des personnes qui se seront distinguées dans une catégorie relevant de l’imaginaire.

En 2005 "LE PRIX DE L’ARMEE DES 12 SINGES" a récompensé
les personnes suivantes dans les genres suivants :

PRIX PUBLIC

SF roman : Fabrice Nicolas - Nous nous reverrons... hier
Cycles SF : Bujold - La saga Vorkosigan
Fantastique roman : Manou Chintesco - Les compagnons d’HeLa
Fantastique cycle : Valerio Evangelisti - Cycle de Nicolas Eymerich Inquisiteur
Fantasy roman : William Goldman - Princess Bride
Fantasy cycle : Robin Hobb - Cycle de l’assassin royal
Essais et études : Emblèmes hors séries n°2 - Les Fées
Jeunesse : Ray Bradbury - Histoires de dinosaures
Jeunesse cycles : Liam Hearn - Le Clan des Ottori
Age d’or : Bram Stoker - (4 romans : Dracula, l’invité de Dracula, la palissage rouge, la dame au linceul et 28 nouvelles)
Anthologies : Jess Kaan - Dérobade (recueil)
Premier roman : Alain Leboutet - Aux sources du temps
Nouvelles : Bidchiren Olivier - Destins croisés - Les méandres de la folie (Nuit d’avril)
Artiste : Manchu
Mention Spéciale : Sandrine Gestin

PRIX JURY

SF roman : Dan Simmons - Illium
SF cycles : Orson Scott Card - Ender
Fantastique roman : Manou Chintesco - Les Compagnons d’HeLa
Fantastique cycles : Anne Rice - Chronique des vampires
Fantasy : Robin Hobb - Le vol des Harpies
Fantasy cycles : Robin Hobb - Cycle de l’assassin royal
Essais : Jacques Goimard - Critique des genres
Jeunesse : Clive Barker - Abarat 2 - Jours de lumière, nuit de guerre
Age d’or : Francis Carsac - La vermine du lion
Anthologies : Jess Kaan - Dérobade
Premier roman (Fantastique) : Fabienne Leloup - Soie sauvage
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Artistes : Manchu
Mention spéciale : Formosa


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