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Avec Guillermo Toledo, Monica Cervera, Luis Varela
La Fabrique de Films Vidéo
On connaît Alex de la Iglesia pour son premier film, « Action mutante » (bientôt en DVD avec Mad Movies pour les amateurs), « Le jour de la Bête » (Grand Prix Gerardmer 1996), sa parodie Hitchcockienne « Mes chers voisins », « Perdita Durango » (inspiré par certains des personnages de « Sailor & Lula »), son hommage à un certain cinéma populaire avec « 800 balles ». Et aujourd’hui, il est temps pour celles et ceux qui l’ont raté en salles de découvrir son meilleur film, Grand Prix du Festival du Film Policier de Cognac 2005, la savoureuse et désopilante comédie très noire « Le crime farpait ».
Rafael est l’archétype du play-boy ringard sûr de lui, qui tombe toutes les vendeuses du grand magasin dans lequel il travaille et dont il espère diriger un jour à lui seul le rayon vestimentaire. Mais suite à une altercation avec son rival, il tue ce dernier devant un témoin des plus indésirables : Lourdes, la vendeuse la plus moche du magasin. Qui va le faire chanter bien entendu, en faire son esclave sexuel, son éventuel mari avant que Rafael, à bout de forces, n’imagine un stratagème implacable pour s’en débarrasser même si cela lui coûte ses rêves les plus fous !
C’est le triomphe de l’humour méchant, au service d’un scénario en béton, qui ne s’arrête jamais à une péripétie, ou à une référence ou à un hommage. Alex de la Iglesia jubile, fait preuve d’une inventivité sans temps morts pour faire de cette histoire un petit chef-d’œuvre d’humour noir désopilant. Tout le prologue présentant Rafael est déjà en soi une vraie pièce d’orfèvre qui met dans le bain de ce qui va suivre et qui ne s’arrêtera jamais jusqu’au final qui voit une sorte immoralité juste gagner la partie. Le personnage de Lourdes incarné par une actrice complètement en adéquation avec son personnage (déjà physiquement, c’est certain que ce n’est pas Charlize Theron ou Scarlet Johansson, hein ! Et en vrai, elle fait tout pour compenser son visage par la provocation du restant de son anatomie !!!) est en même temps le symbole de toutes les laissées pour compte de nos sociétés qui n’ont pas la chance de gagner des positions sociales par leur seul physique ! Et ainsi, le film de toucher une corde sensible tout au long de son intrigue avec ce réalisme quant à certains personnages. Et de mettre en boite des arrivistes en apparence possédant le profil type du vainqueur mais qui au fond ne sont que des lâches jouant sur leur chance. Un second disque de bonus permet de prolonger la vision d’Alex de la Iglesia sur tout ce microcosme social, de savourer encore plus son talent quant à l’humour absurde, surtout au travers de scènes coupées pas si inintéressantes que ça, qui vont du délire total (Rafael en diable rouge, grand moment !) à une ultime note d’émotion avec l’adieu du fantôme. Le reste se partage entre making-of, entretiens, interviews piquées lors de festivals, des bonus recelant toujours une petite révélation, donnant encore plus de valeur à la richesse de cette parodie haut de gamme.
Note : 10/10 DVD : 9/10 (copie excellente, format d’origine 2.35 image 16/9ème)
Bonus : disque 1 : bandes-annonces ; commentaire audio d’Alex de la Iglesia. Disque 2 : making-of ; scènes coupées avec introduction du réalisateur ; filmographies ; entretiens ; conférence de presse.
Stéphane THIELLEMENT
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