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Sommaire - Interviews -  Jean-Christophe Chaumette


"Jean-Christophe Chaumette" de Christophe Corthouts


Stoppez tout ! Oubliez les Granger, Werber et autres Christian Jacq. La France, voire la francophonie a son auteur populaire de “genre” qui va tout écrabouiller sur son passage. C’est juste une question de temps, mais Jean-Christophe Chaumette a prouvé, après quelques travaux de SF et de Fantasy, qu’il était capable de réaliser la fusion des genres que les anglo-saxons, auteurs de best-sellers ont quasi élevé en dogme. Après L’Arpenteur de Mondes (Prix Masterton 2001), c’est au tour de L’Aigle de Sang de scotcher le lecteur jusqu’aux petites heures de la nuit entre les couvertures d’un roman passionnant. SF MAG ne pouvait que rencontrer et faire parler ce phénomène littéraire en devenir !


Passé, présent, futur... Sortez-vous le grand jeu, Jean-Christophe Chaumette ?



J’ai commencé à écrire lorsque j’étais étudiant à l’École Vétérinaire de Nantes, en 4e année pour être précis. J’étais passionné par toutes les littératures de l’imaginaire, mais aussi par les romans historiques (mon livre culte à moi, c’est Salammbô de Flaubert). En fait j’aime ce qui transporte mon esprit AILLEURS : autre espace, autre temps (passé ou futur), autre réalité...


Mon premier roman, Le Neuvième cercle, a eu une gestation assez longue, d’une part parce que c’était le premier, d’autre part à cause de sa longueur. En fait il n’a été publié qu’après le deuxième, Le Jeu. Tous deux sont parus chez Fleuve Noir, Le Jeu en 89, Le Neuvième cercle en six tomes, entre 90 et 91.


Je suis resté assez longtemps sans écrire par la suite, accaparé par mon métier et mon installation en tant que vétérinaire praticien. Mon troisième roman, Le Niwaâd, est sorti en 97, toujours chez Fleuve Noir, suivi d’une réédition du Neuvième cercle en 98, puis de La Porte des ténèbres en 99, la suite de la saga de Techno-Fantasy entamée dans Le Neuvième cercle.


J’ai réussi à bien concilier mon activité professionnelle et ma passion de l’écriture, et les livres se sont enchaînés relativement vite avec L’Arpenteur de mondes (Pocket Terreur) et Les Sept saisons du Malin (Naturellement) en 2000, puis L’Aigle de sang (Pocket Terreur) en 2001.


Là, je viens d’achever un huitième bouquin, un roman historique qui retrace les aventures d’un ambassadeur chinois de l’époque des Han antérieurs (IIe siècle avant Jésus-Christ). Je souhaitais écrire ce livre depuis une quinzaine d’années. J’avais découvert l’histoire extraordinaire de cet émissaire de l’empereur Wudi qui ouvrit à ses compatriotes la fameuse route de la soie, en faisant des recherches bibliographiques pour ma thèse de doctorat (Les Animaux dans les guerres de l’Antiquité). Depuis, je reculais toujours à cause de l’énormité du travail demandé. En fin de compte, c’est Patrice Duvic, mon directeur de collection chez Pocket Terreur, passionné par l’histoire chinoise, qui m’a poussé à me lancer. J’avais tellement travaillé le sujet au fil des années que la rédaction du roman s’est révélée moins ardue que ce que je craignais.


Quant au futur... Au moment où je réponds à cette interview, Voyage au pays des chevaux célestes n’est achevé que depuis trois jours ! Mon futur immédiat, ce sera certainement de peaufiner ce roman historique. Pour la suite, je suis incapable de répondre. J’ai de vagues idées qui me trottent dans la tête, mais il faudra que la page de ma dernière histoire soit définitivement tournée pour qu’elles deviennent des projets précis...


L’idée de situer L’Aigle de Sang dans un futur proche, mais très différent (dans son organisation légale entre autres) du nôtre, c’est un moyen d’échapper aux carcans d’un décor européen contemporain trop complexe


Non, je ne crois pas ! Si c’est le cas, c’est purement inconscient ! La projection dans un futur proche représente pour moi une manière d’accentuer le fameux dépaysement que j’ai évoqué à propos de mes goûts littéraires ; une manière d’ajouter une pincée de SF dans un bouillon de Fantastique... J’ai eu recours au même procédé dans L’Arpenteur de mondes, et dans la dernière nouvelle des Sept saisons du Malin. Je pense donc très sincèrement que cela correspond à la façon qui me convient d’aborder le Fantastique. D’ailleurs, si j’écrivais un autre roman dans ce genre littéraire, il est probable que j’utiliserais à nouveau cette technique...


Au départ, vous flirtiez plutôt avec la SF et la Fantasy Aujourd’hui la prestigieuse collection Terreur, le spectre de vos écrits est très large...


J’adore explorer des genres différents... Le Neuvième cercle et sa suite La Porte des ténèbres empruntent à la fois à la SF et à la Fantasy. Le Niwaâd a été publié dans une collection de Fantasy, mais pour moi c’est un roman d’anticipation. L’Arpenteur de mondes et L’Aigle de sang, comme je viens de le dire, utilisent des ingrédients SF. Il n’y a guère que Le Jeu et Les Sept saisons du Malin (du moins pour les six premières nouvelles), qui ne soient pas à cheval sur deux genres littéraires...


J’aime écrire, et j’aime ce qui arrache mes pensées au quotidien. Je ne vois pas pourquoi je me cantonnerais à la SF et me priverais ainsi de toutes les autres possibilités de réaliser ces objectifs. Voyage au pays des chevaux célestes m’éloigne infiniment plus de mon point de départ que ne l’ont fait les deux romans publiés dans la collection Terreur !


Toute la mythologie avancée dans L’Aigle est réelle ? La prophétie existe-t-elle ?


Absolument ! J’ai utilisé plusieurs traductions, en français et en anglais, de la Voluspa, la prophétie de la voyante transcrite par Snorri Sturluson au XIIIe siècle. Cela m’a permis de choisir les images et les termes qui selon moi avaient l’impact le plus fort pour les citations qui illustrent le début de chacune des parties.


Quant aux autres éléments de la mythologie germano-scandinave, ils sont conformes aux connaissances historiques. J’ai construit mon histoire autour d’eux, sans tricher en les déformant.


En vous lisant, on ne peut pas ne pas penser à Masterton. C’est une de vos influences ?


Je vais vous faire une révélation qui va vous surprendre. J’ai découvert qui était Graham Masterton lorsque j’ai lu la phrase insérée par mon éditeur sur la 4e de couverture de L’Arpenteur de mondes. Lui aussi avait songé à Masterton en me lisant. On ne peut donc pas dire que Masterton m’ait influencé dans la mesure où je ne connaissais aucune de ses Ĺ“uvres alors que j’avais déjà écrit un roman fantastique publié dans la collection Terreur.


Évidemment, après, j’ai lu du Masterton ; j’ai même dévoré des tas de bouquins de Masterton, et j’ai vraiment eu honte de ne pas l’avoir fait plus tôt ! Bien sûr, j’adore sa façon de raconter une histoire. Je suis heureux que vous pensiez à lui en lisant L’Aigle de sang. Et je suis fier d’avoir reçu un prix qui porte son nom pour L’Arpenteur de mondes. Mais, sincèrement, je ne peux pas le considérer comme une de mes influences ; je l’ai découvert bien trop tardivement...


Vous utilisez pas mal d’archétypes savoureux comme la Zone 51, les Projets Noirs, etc. Pas peur d’être taxé de “ populaire ” et de “ cliché ” ?


Pour moi, il s’agit véritablement d’une mythologie moderne. J’ai plaqué l’un sur l’autre deux mythes, l’un qui remonte à un millier d’années, l’autre qui est né après la Seconde Guerre mondiale, et je me suis amusé à les faire coïncider. Et puis je trouvais savoureux de développer l’idée suivante : “ Voyez, les “ petits gris ” existent vraiment ! Mais ils ne sont pas du tout, du tout, du tout ce que vous croyez ! ”





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