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9/10
L’oracle ayant décrété qu’un des fils du roi serait l’enfant du démon, Chonchu (1) est maudit et banni alors que son frère jumeau Ulfasso devient l’héritier du trone. Elevé par un peuple guerrier qui n’est pas le sien, Chonchu laisse derrière lui une succession de massacres. Mais le banni est-il vraiment le fils du démon ? Quoi qu’il en soit il porte sur sa poitrine la pierre du démon qui le rendrait invincible. En tout cas tous ceux qui l’ont affronté ont succombé. Mais son frère est bien décidé à l’éliminer. Hormis les assassins habituels il envoie régulièrement à la bataille le peuple des Mirmidons au sein duquel vit Chonchu, développant ainsi la haine d’Agon le chef des Mirmidons qui voit son peuple périr au cours d’incessants combats.
Le scénariste a bâti une épopée qui mèle malédiction, tragédie et émotion. Le dessinateur quant à lui a élaboré un univers d’héroïc-fantasy en y incorporant des éléments (lunettes, vêtements, architecture) de l’Occident du XIX° s. Le tandem réussit régulièrement à creer la surprise. Ainsi Chonchu déclare "père je suis revenu" en transperçant un homme ayant la quarantaine. Se pourrait-il ? En fait, il vient de se débarrasser d’un assassin venu l’attaquer sur la tombe de son père adoptif. Ceci illustre parfaitement le talent des deux auteurs.
Dernièrement de nouveaux personnages apparaissent et puis que faut-il comprendre par cette phrase énigmatique : "vous vous êtes attaqués à l’une des trois personnes de ce monde qu’il faut absolument éviter" ? Trois !?
Il est vrai que certains personnages qui n’étaient en apparence que secondaires révèlent brusquement leur potentiel.
La disparition de Chonchu à la fin du tome 4 laisse les rescapés désemparés. Privé de l’objet de sa haine, Agon s’adonne à l’alcool, tandis que sa soeur Amir, amoureuse de Chonchu qu’elle croit mort, sombre dans la folie. Pendant ce temps Chonchu se retrouve sur le territoire des Whas dirigé par l’ambitieux Hyunwul qui a décidé d’extermination du peuple des Habaeks. Chonchu qui n’avait cessé de combattre et de massacrer ses adversaires pour se défendre ou sur le champ de bataille décide pour une fois de prendre parti et s’engage aux côtés des survivants Habaeks. Or il va découvrir que la religion de ce peuple est liée à la pierre du démon.
La spectaculaire résistance aux blessures de Chonchu était en apparence assez simple. Au départ de la saga il était "fils du démon" (selon la formule "t’occupe c’est magique"), comme le prouvait la pierre de démon implantée dans la poitrine (suite à une ruse de son frère jumeau). Mais voici que Chonchu découvre d’autres combattants, en apparence aussi immortels que lui, et qui mettent à mal son invulnérabilité. D’autre part si ses blessures guérissaient rapidement il ignorait jusqu’à présent qu’il avait un talon d’Achille (2). Cela permet de complexifier l’intrigue tout en nous offrant une présentation du contexte géo-politique et de l’origine de la pierre du démon. L’intérêt porté aux nombreux personnages secondaires et les flash-backs nous présentent les éléments de la vaste fresque.
De plus les armes antiques coexistaient avec certains éléments plus modernes, puis sont apparus la poudre à canon et même un robot d’une défunte "armée robotique", indice que cet univers a un passé tourmenté.
Au bout de quinze volumes de combats spectaculaires et de situations dramatiques, s’est achevée la première saison de Chonchu...et la deuxième saison est toujours en attente. On interrompt une série nulle, pas une bonne !
(1) en coréen "chonchu" se traduit par "mille automnes", ce qui signifie "une rancune qui ne pourrait pas se dissiper après mille ans"
(2) cf. la légende d’un dénommé Achille combattant avec les mercenaires Myrrmidons au siège de Troie
Damien Dhondt
Scénario : Kim Sunghae, Dessin : Kim Byongjin _ Chonchu 1-15 _ Traduction : Sarah Hy Kim, Adaptation graphique : Cisco _ Tokebi (juin 2003 à octobre 2005) _ Inédit, poche, noir & blanc, 159 à 196p. 6,95 euros
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