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  Sommaire - Dossiers -  GERARDMER Fantastic’Arts 2006

"GERARDMER Fantastic’Arts 2006"

Stéphane THIELLEMENT


Happy Tree Friends


Wolf Creek

 

Enfin ! Enfin, le Festival de Gerardmer Fantastic’Arts nous offre pour sa cuvée 2006 une sélection riche et variée, et moins axée vers le Fantastique Asiatique et autres films « aux limites du genre traités de surcroit de façon très rationnelle voir intellectuelle » ! Hétéroclite est le qualificatif qui reviendra souvent pour cette treizième édition dont le seul bémol fut une affiche qui ne fera pas date ! Mais question cinéma, alors là, chapeau, ça faisait longtemps que le programme n’avait pas été aussi varié, allant bien sûr du très mauvais (hé, c’est rare qu’il n’y en ait pas, hein !) mais allant aussi jusqu’au chef-d’œuvre, ce qui ne fut pas le cas certaines années... Allez, c’est parti !

On va commencer par une sélection parallèle, compétitive, cinématographique, jugée uniquement par le public, qui permet de découvrir souvent quelques petites perles (comme « L’écorché » l’an dernier, ça sort en ce moment en DVD, très bientôt sur Canal Plus en exclusivité mais ça aussi, on va en reparler...), je veux parler de la Compétition des Inédits Vidéo qui commence à avoir sa petite renommée. Six films se battirent pour avoir le privilège d’accrocher sur leur jaquette la mention « Prix Inédit Vidéo Fantastic’Arts Gerardmer 2006 », on va vite oublier les très médiocres « Dracula 3 : l’héritage », seconde séquelle à « Dracula 2000 », des films directement tournées avec un ou deux millions de dollars pour la vidéo et qui n’en méritent pas tant à quelques exceptions près (surtout une, l’excellent « Prophecy 2 » avec Christopher Walken en archange Gabriel un peu fêlé, digne suite d’un excellent shocker gothique qui aurait mérité une sortie salles...), sur le dernier navet signé Dario Argento, « Aimez-vous Hitchcock ? », pseudo-suspense référentiel lorgnant plus vers un « Maigret » conjugué à du « Derrick » mais ce qui n’étonne plus après avoir vu « The card player ». Certes, on attend son travail sur son épisode des « Masters of horror » mais autrement, difficile de croire que cet Argento là fut le même qui signa quelques chefs-d’œuvre du genre tels que « Suspiria », « Les frissons de l’angoisse », « Ténèbres », etc... Bon, on a dégagé les pires, on remonte un peu dans la qualité avec le très rigolo par moments mais terriblement Z aussi « Dead and breakfast » qui nous la joue encore avec des zombies encerclant de pauvres hères dans une campagne perdue, ici le Texas. A part un ou deux gags vraiment drôles (le chorus line des zombies par exemple) et un chapitrage à la « Mary à tout prix » (un gus qui chante toutes les 20 mn même quand il devient zombie !) tout cela est ultra fauché et sombre vite dans une surenchère pas des plus homogène d’horreur et de gags lourdingues. Un cran au dessus, on retrouve la série B pas prétentieuse du tout avec le sympathique « Mosquitoman », un des films de la série « Génération mutants », un des meilleurs semble t’il d’après ceux qui ont vu les autres. Effectivement, cette variation de « La mouche » version moustique est traitée à son niveau, sans aucune prétention avec pour seul but de remplir un bon cahier des charges question effets spéciaux et horreur, palliant ainsi des dialogues crétins et quand même aussi un scénario pas des plus fufutes ! Avant de terminer par le meilleur, il y a celui qui obtint le Grand Prix Vidéo Inédit, et comme l’an passé avec l’excellent « Into the mirror » (qui sort dans un mois en DVD, n’hésitez pas, ça vaut le coup, on en reparlera de toutes façons dans la rubrique DVD !), c’est l’Asie qui remporte le match avec une ghost-story qui à l’inverse de celles proposées dans les deux films sélectionnés dans la compétition cinéma, se révèla excellente. Ca s’appelle « Shutter », c’est thaïlandais, ça rappelle « Les yeux de Laura Mars » avec un photographe voyant de drôles de choses dans son objectif après qu’il ait renversé accidentellement une nana. Parfois vraiment terrifiant, mais continuellement inquiétant, « Shutter » eut le mérite de nous réconcilier pendant ces quatre jours avec le cinéma fantastique asiatique. Et on arrive au meilleur de la sélection, celui qui aurait mérité aussi ce « Prix Inédit Vidéo », le nouveau film du réalisateur de « La nuit des vers géants » et de « Survivance », deux grands fleurons du cinéma horrifique du début des années 80, à savoir Jeff Liebermann. Qui renoue avec succès dans le genre avec « Satan’s little helper » ou comment un soir d’Halloween, un sale gamin s’accoquine avec un type portant un masque de Satan et à qui il demande d’être son apprenti pour emmener les âmes en Enfer, et surtout celle du boy-friend de sa sœur... Sans savoir qu’il s’agit d’un véritable psycho-killer ! C’est simple, ce quiproquo est surtout l’occasion d’épingler toute une culture moralisatrice américaine, de jouer avec les codes du genre, de tout oser (le gosse encourageant « Satan » à foncer avec son chariot sur les vieilles traversant la rue ou les poussettes d’enfant, d’affirmer à un moment que « Jésus, c’est Satan ! », etc...), de ne jamais sombrer dans la provocation gratuite pour faire de « Satan’s little helper » un petit bijou d’épouvante et d’humour noir comme on n’en a pas vu depuis une sacrée éternité ! Ne ratez pas cet évènement vidéo qui surgira vers le troisième trimestre 2006 !

On passe à la sélection officielle. Avec pour commencer trois des segments composant les fameux « Masters of horror », une anthologie initialisée par Mick Garris (réalisateiur de téléfilms tirés de romans de Stephen King, de « La nuit déchirée », de Critters 2 ») et qui a eu l’idée de proposer à chaque grand nom du genre de réaliser un film d’une heure suivant un scénario choisi par eux-mêmes. On vit donc celui signé Tobe Hooper, bien mieux que certains de ses derniers films sans pour autant être une révélation, mais servi quand même par une réalisation esthétique surprenante de la part du maitre d’œuvre de « Massacre à la tronçonneuse », « Massacres dans le train fantôme », « Le crocodile de la mort » et prochainement du sympathique mais raté « Mortuary ». La déception vint du film de John Carpenter : inutilement compliqué, un brin prétentieux, pour finalement n’aboutir qu’à ça, soit une réflexion sur le pouvoir du 7ème Art, déçoit énormément de la part de celui qui sur un sujet voisin fit un chef-d’œuvre avec « L’antre de la folie ». Enfin, c’est Joe Dante (pour les amnésiques : « Hurlements », « Gremlins », « Piranhas », « L’aventure intérieure », c’est lui) qui remporta les suffrages avec sa métaphore sur la politique US actuelle : les zombies des soldats morts au Golfe reviennent à la vie pour voter plus justement afin de rejoindre la royaume d’Adès. Féroce, méchant, sarcastique, mais tout ça dans les meilleurs sens de chaque terme, bien plus réussi que son très moyen « La troisième guerre mondiale », Dante signe ici un petit joyau qui se déguste sans modération, jouissif en plein ! Ces trois-là plus tous les autres films signés Argento, Coscarelli, etc..., sortent en vidéo prochainement.

On revient au cinéma avec la compétition et les autres, on va d’ailleurs commencer par eux. Un documentaire à Gerardmer, ça existe, ça s’appelle « Midnight movies, from the margin to the mainstream », ça relate la grande aventure de ces films underground qui eurent leur succès avec les séances de minuit, on revient donc sur des titres tels que « El Topo » (ben si vous ne l’avez pas vu, le peu qui en est montré ne donne pas envie d’aller plus loin, hein !), « La nuit des morts vivants », le cultissime « The Rocky Horror Picture Show » (non rien à voir avec Stallone !), le toujours trop barge « Eraserhead » et quelques autres. C’est passionnant, une autre époque, les balbutiements du genre au box-office, chose qui n’a plus lieu d’être aujourd’hui (et on sort les mouchoirs, si, si !). Bon, on passe au pire navet de cette treizième édition (à priori, il y en avait un autre mais ne l’ayant pas vu, je ne le citerai pas, non, non !), j’ai nommé le remake de « Fog ». Signé Rupert Wainwright (« Stigmata » que personnellement j’aime bien), et cautionné (mais dans quelle mesure et avec quelle sincérité ?...) par Carpenter himself, c’est l’exemple type du remake plus qu’inutile : aucune ambiance tant visuelle que musicale (une des clefs de voûte du modèle !), aucun suspense, des personnages fadouilles (dont Tom Welling, le Superman de « Smallville ») au possible, de l’humour inapproprié avec le black déconneur de service, des spectres sortis de « Pirates des Caraïbes », rien, mais alors absolument rien n’est à sauver dans cette affligeante exécrable copie d’un des chefs-d’œuvre de Carpenter. Autant le remake vaut le coup avec des exemples tels que « L’aube des morts », le « Body snatchers » d’Abel Ferrara, « King-Kong » de Peter Jackson, autant « Fog » en démontre le parfait contraire.
De France nous parvint avec la présence des acteurs dont Vincent Cassel et du réalisateur Kim Shapiron la comédie horrifique très « Neuf Trois » avec humour de banlieue, vannes grasses, mise en scène par contre originale et percutante, le simplement curieux « Sheitan » où un groupe de jeunes sont les hôtes d’un étrange fermier lors d’une nuit des plus démoniaques. Ca hurle, ça charcle à tout va, mais au bout d’un moment, ça lasse aussi.
Et on pas se maintenant à la compétition qui s’ouvrit avec un petit dessin animé tiré d’une série très populaire sur le net et qui regroupée donne un film, « Happy Tree Friends », qui regroupe une bonne partie de ces petits segments sur des animaux un peu neuneus dont les jeux finissent systématiquement par un massacre des plus gores. Et avant chaque séance, on eut droit à un de ces petits sketchs sanguinolents. Très drôle.
L’ouverture 2006 se fit avec la séquelle de « Underworld » où on retrouve la très sensuelle Kate Beckinsale dans le rôle de la vampire Selene accompagné de son amant loup-garou hybride Michael à la poursuite du plus ancien et puissant des vampires, Marcus qui ne rêve que de chaos depuis sa résurrection. En gros, hein, parce que tout cela est un peu fouillis, il faut bien l’admettre, ce qui n’empêche pas « Underworld : Evolution » d’être un spectacle supérieur à son prédécesseur, plus ambitieux, avec des séquences réellement impressionnantes, une action non-stop (mais en même temps un peu trop excessive...) associée à un esthétisme visuel étourdissant, plus gothique, plus démesuré. Au final, le spectacle est au rendez-vous, c’est certain, mais un peu au détriment de l’histoire qui du coup perd en concisions scénaristiques. Sortie en salles en Mars 2006.
On commence par le bas du panier des neufs films en compétition avec le Danois « Allegro » de Christoffer Boe, monument d’ennui sur un homme ayant enterré son passé et qui de ce fait a créé une zone interdite dans sa ville. Pour retrouver son amour perdu et rendre la liberté à ces habitants depuis enfermés, il doit renouer avec ce passé. C’est chiant comme la pluie, laid à mourir avec une photo passé derrière un rideau de semoule, d’une prétention bien pesante, avec une technique d’amateur (et vas-y que je zoome en avant, puis en arrière, etc... On se croirait dans un sketch des « Inconnus » mais eux c’était volontairement parodique !), et si il devait n’y avoir qu’une chose à sauver, ce serait la présence de la magnifique Helena Christensen, top model aux yeux magnifiques, au regard si blessé et mélancolique. Même au travers d’une photo aussi pourrie.
On passe en Asie avec « Les chaussons rouges », ghost-story pourvue d’une excellente séquence d’ouverture mais qui ensuite ne fait que brasser du déjà-vu de façon outrancière comme bien de ses prédécesseurs dans le genre (style « the grundge », « Acacia », etc...) : une paire de chaussures rouges possédée par l’esprit de la jeune fille assassinée qui les porta en premier sème l’horreur pour toute personne la possédant. C’est simple, rien d’inédit, toujours pareil, toujours les mêmes gimmicks, les mêmes travers, bref ce n’est pas « Les chaussons rouges » qui sera à mettre dans la même catégorie que des réussites telles que « Dark Water » (l’original, parce que le remake, tiens, encore un bien inutile !), « Deux sœurs », « Double vision », « Into the mirror » et cette année « Shutter ». Même bilan, en pire, pour le Taïwanais « The heirloom » et sa maison hantée. Rien de plus à dire sur ce dernier.
Hé bien voilà, on a éjecter les plus mauvais films de la sélection, il en reste six incluant ce fameux chef-d’œuvre. Commençons par le nouveau film du roublard Eli Roth, connu pour son très mauvais « Cabin Fever » qui eut la chance d’avoir la bénédiction de Peter Jackson. Avec « Hostel », c’est Quentin Tarantino qui adoube Roth pour cette histoire commençant comme un « American Pie » en Europe centrale avent de plonger dans un monde fait de tortures demandées par des gens riches en mal de pulsions interdites. Là où on pensait être traumatisé, Roth désamorce ses effets par un humour (in)volontaire caricatural et outrancier, propre au Grand-Guignol auquel « Hostel » se réfère plus qu’on ne le pense. Vous ne verrez jamais l’acte abominable en lui-même, juste le début et la fin, ce qui nuit en partie au but de dégoût voulu et annoncé par un Eli Roth qui livre cependant un film bien plus maitrisé que son précédent. Mais on est quand même loin du pire cauchemar qu’on pensait voir. Ce qui est par contre le cas de l’excellent « Wolf Creek », premier film de l’australien Greg McLean, « survival » réaliste sur deux filles et un gars partis en camping au cœur de l’Australie profonde. Arrivés sur le site de Wolf Creek, leur voiture tombe en panne, un gentil autochtone les dépanne et les emmène chez lui, les drogue, les torture, les chasse, les mutile, et... Et on sort terrifiés de cet angoissant suspense claustrophobe, renforcé par ce tueur si avenant et pourtant si monstrueux. Certes, la première partie fait un peu dans le tourisme mais en même temps, elle restitue bien le sentiment d’isolation et de dernier monde sauvage au cœur d’un continent encore assez méconnu. Le retour du grand cinéma Fantastique Australien est là, avec une belle maestria et on attend de voir le prochain film de MacLean sur des crocodiles semant l’horreur dans un petit village (sortie prévue le 10 Mai 2006).
C’est l’Irlande qui décrocha le Grand Prix de Gerardmer 2006 avec la série B horrifique « Isolation » de Billy O’Brien, déjà présenté à Dinard en Octobre dernier : des expériences menées sur l’élevage de bovins d’un fermier dégénèrent un soir en naissance d’un monstre sanguinaire. Des personnages bien définis, une action rondement menée pas avare en séquences très gores, un climax oppressant, un monstre indéfinissable (au croisement de celui d’Alien en embryon, d’un piranha, d’un ver géant, etc...) au service d’une histoire rocambolesque donne le cachet d’originalité à « Isolation » et son prix de la Critique et son Grand prix ont réellement ému Billy O’Brien (sortie prévue en Août 2006).
Curieusement, le film d’horreur de Hong-Kong s’éloigna radicalement de la veine du genre actuel venue d’Asie. Avec « Nouvelle cuisine », la version longue du segment inclus dans le très moyen « 3 extrêmes », de Fruit Chan ne comporte aucune petite fille aux cheveux longs tombant devant les yeux. Mais pourtant l’horreur est bien là avec cette femme voulant rester jeune et qui en appelle à une sorte de sorcière moderne qui lui fait déguster un plat très spécial à base de... C’est l’un des chocs de ce film surprenant, intelligent, et qui terrifie par le sentiment de malaise qu’il génère. De l’horreur sérieuse conjuguée à une belle histoire quelque part (la peur de perdre l’amour de l’autre, mais ne reposant que sur la dégénérescence de la jeunesse physique, ça casse le romanesque !), le tout servi par une mise en scène d’une très belle patine, renforçant encore plus la répulsion éprouvée par ce qu’on y découvre.
Une bonne série B yankee, très bien foutue, jouissive comme on n’en avait pas vue depuis longtemps, signée par Dave Payne, un pur fan du genre qui jusque là n’avait fait que des séries Z aux titres évocateurs (comme « Alien terminator », « Alien avengers 2 », ...), tel est ce « Reeker » que vous pourrez découvrir en salles le 26 Avril prochain. Un groupe de copains traverse le désert pour se rendre à une rave-party. En cours de route, ils se retrouvent bloqués dans un motel. Et là, le cauchemar commence : un psychopathe les décime un par un. Déjà vu, sauf qu’il semble venir d’un monde parallèle et là, difficile d’anticiper ses actes. Bon, on pense à bien des psycho-killers, à un peu de « Identity » avec les protagonistes isolés dans ce motel au cœur du désert, à « Phantasm » avec cet univers parallèle mais l’originalité vient de toute cette première partie où on ne sait pas d’où vient le danger et quand on tient une piste, c’est pour qu’elle disparaisse peu après vers autre chose ! Tout cela ne sombre pas trop, en plus, dans un humour potache, certains personnages sont très bien trouvés comme l’aveugle aux autres sens plus développés et même temps témoin muet de meurtres se déroulant juste à côté de lui. Tout cela est cependant atténué par une révélation finale, maladroitement vendue comme inédite par Dave Payne et sa femme lors de la présentation du film, qui elle est vraiment plus que déjà vue. Ce qui fait de « Reeker » seulement une très bonne série B fantastico-horrifique et qu’une autre fin plus frappadingue aurait pu transformer en petit chef-d’œuvre ou petit film culte.
Et on arrive au chef-d’œuvre tant annoncé, celui qui remporta 4 Prix à la Clôture de Gerardmer 2006 (Prix du Jury Jeunes, Prix 13ème Rue, Prix du Public et Prix Spécial du Jury). Attention, roulez tambours, voici donc le titre de ce mystérieux vainqueur, il s’agit du troisième film du réalisateur talentueux de « La secte sans nom » et « Darkness », vous l’avez reconnu, Jaume Balaguero, pour « Fragile ». Une histoire de fantôme dans un hôpital pour enfants qui va être vidé de ses petits malades. Lesquels ont soudain les os brisés sans raison apparente. Maggie, neuf ans, connait la responsable : la « mechanic girl », morte trente ans auparavant. Avec l’aide d’une nouvelle infirmière, Amy (Calista Flockhart alias « Ally McBeal »), Maggie va tenter de sauver ses amis.
Ce n’est là que le version simplifiée d’une histoire riche en émotions et terreurs, qui nous dévoilera un monstre comme on n’en a pas vu d’aussi terrifiant depuis longtemps, où Jaume Balaguero laisse de côté son fatalisme et ses tics de réalisateur pour signer une œuvre magnifiquement maitrisée, sa plus ambitieuse à ce jour. « Fragile » est un authentique chef-d’œuvre acclamé à la fin par quasiment tout le monde (les esprits chagrins, il y en a toujours !), qui faillit récolter le Grand Prix et qui ne sortira certainement jamais en salles. Hé oui, le film passe en exclusivité à la mi-Avril sur Canal Plus qui veut relancer sa nouvelle grille de films d’épouvante. Rien n’y fait, même si Balaguero n’est guère content du sort réservé à son film chez nous, même si d’autres ont la chance d’une sortie salles alors qu’un direct-to-vidéo serait plus approprié, « Fragile » fera le bonheur des chanceux abonnés à Canal plus, le film sera enregistré en DVD, etc... Donc, si vous le pouvez, guettez Avril et ne ratez pas « Fragile ».
Envisager une sortie salles deux mois après relève du suicide (toute la promotion va être faite pour cette exclusivité télévisuelle), il ne restera plus qu’à attendre la sortie du DVD.

Et voilà, c’est sur ce ressentiment amer que se termine ce compte-rendu d’une des meilleures éditions du Festival du Film Fantastique de Gerardmer, présidé cette année par Hideo Nakata (qui remporta le Grand Prix en 2001 pour « Dark Water », amplement mérité). On aurait aimé la victoire totale de « Fragile » mais au moins, « Isolation » fait oublier la honte de 2005 avec le nullissime « Trouble ». En tout cas, la sélection témoigna bien de la variété des films découverts cette année, un retour d’enrichissements qu’on espère encore plus présents pour 2007 !

Stéphane THIELLEMENT


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