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"Maeve / L’héritage d’Émilie 2" de Florence Magnin
9,5/10
John Hatcliff est, en fait, un ancien militaire français laissé pour mort lors de la bataille de Castelbar en 1801. Alors qu’il erre dans les landes désolées du Connemara, il trouve un ancien cairn qui ouvre sur des grottes. Au fond de celles-ci, gît une femme-guerrière parée de bijoux. Il s’empare des richesses et fuit avant que tout ne s’écroule, suivi quelque temps par le fantôme de la guerrière.
Avec l’argent de la revente du trésor, il construit un magnifique château qu’il entoure d’un parc luxuriant, bien que, depuis toujours, il ne pousse guère que des cailloux sur ces landes. Il donne des fêtes somptueuses jusqu’au jour où il disparaît sans laisser de trace dans l’explosion d’un feu d’artifice.
Émilie, danseuse au Moulin-rouge, perd son emploi et son ami. Fatiguée, déprimée, elle rentre chez elle. Alors qu’elle s’engage dans l’escalier, la concierge lui rappelle son loyer en retard, mais lui donne une lettre d’un notaire. Celui-ci la convie à venir prendre connaissance de l’héritage d’un oncle mort plus d’un siècle auparavant. Ce notaire singulier, manipulé par un homme mystérieux, lui apprend qu’elle possède un château en Irlande et lui remet le journal de Hatcliff et une montre. Elle décide de se rendre sur place, aussitôt, il lui avance l’argent du voyage.
Le présent tome débute par l’arrivée d’Émilie au château. Accueillie par une servante, elle découvre un groupe d’étranges personnages et un jeune homme entreprenant. Tous attendent le journal qu’Émilie a en sa possession. C’est aussi le cas des ces bohémiens qui rôdent autour du domaine avec Tara, la fille aux pouvoirs psychiques. À Paris, un autre groupe d’individus douteux attend qu’Émilie ouvre une « porte ».
La jeune femme prend possession de son domaine, non sans mésaventures et dangers. Elle découvre le marais, hanté par des êtres du « petit peuple », des fantômes venus du temps jadis, par des vestiges anciens. Elle comprend qu’il existe une autre réalité et que son ancêtre disparu, ne l’est peut-être pas autant qu’on le croit. Et puis, pourquoi est-elle autant surveillée, épiée ? Que veulent ces individus qui la surveillent ? Apparemment ils attendent un geste de sa part ! Mais lequel ?
Florence Magnin nous invite une fois encore à un voyage au royaume de la Fantasy. Son univers est si fantasmagorique, si attrayant qu’on ne se lasse pas de parcourir ces pages, découvrir ces images, passeport pour un périple au pays du merveilleux.
Elle adopte, pour son récit, un mode de narration relativement lent, mais qui s’accorde bien avec le monde qu’elle veut décrire et le genre d’atmosphère qu’elle souhaite installer. Les actions et les coups de théâtre se succèdent avec suffisamment d’espace pour laisser au lecteur le temps de s’imprégner du climat, du ton féerique. La beauté du dessin, le choix et la qualité des couleurs, la finesse et l’élégance du trait, le souci du détail et du beau ajoutent encore au plaisir de voir évoluer une héroïne aussi charmante.
Le tome deux de L’Héritage d’Émilie confirme, s’il en était besoin, le talent de conteuse de Florence Magnin. Le scénario est découpé au micron et l’interpénétration des univers d’hier et d’aujourd’hui se fait sans heurt, sans rupture. Le côté fantastique et merveilleux se trouve ainsi renforcé et le lecteur est promené d’un présent qui se confond avec le passé, du rêve qui se mêle à la réalité.
Si des personnages attendent qu’Émilie leur ouvre une « porte » vers un ailleurs, Florence Magnin a déjà ouvert à deux battants le portail vers ce magnifique album, qui est une totale réussite. Attention ! On frôle le chef-d’œuvre !
Maeve, L’Héritage d’Émilie, scénario et dessin de Florence Magnin, Dargaud, 46 planches, 12,60 €.
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