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7/10
Lorsqu’un aviateur meurt dans le ciel... ce n’est pas comme lorsqu’une vie s’arrête au sol, brusquement figée par la mort. L’aviateur poursuit son vol en une longue chute que le ciel aspire vers l’éternité.
Lampara la gardienne de phare est une romantique. Les îles flottant dans le ciel dérivent poussées par le vent et les courants aériens, séparant ainsi les personnes qui n’arrivent plus à se retrouver malgré les exploits des explorateurs de l’air. Elle a recueilli Testaccio l’aviateur épigrammiste qui s’est écrasé sur son île. C’est un poète laissant à travers le vent des messages pour autrui. Mais lui a oublié tout romantisme depuis que sa femme et ses enfants ont été victimes des cannibales.
Le duo d’auteurs transalpins (1) nous décrit un monde presque semblable au notre. On sert croissants et cappucino et paradoxalement le port a une jetée. Mais seuls des avions y décollent pour pécher les oiseaux, car en dehors de quelques terres il ne reste que l’infini du ciel.
Le thème des îles et cités aériennes se retrouve régulièrement dans le monde de l’imaginaire, que ce soit dans le cadre du fantastique (les voyages de Gulliver de Jonathan Swift) ou de la science-fiction ("City in the air" d’Edmond Hamilton), sans oublier le cinéma (n’est-ce pas Lando ?). Dans le cas d’une bande-dessinée on pourrait logiquement s’attendre à une utilisation de cet univers sur le plan visuel. Or si Carmine Di Giandomenico nous démontre son talent graphique, il consacre les 9/10° de ses dessins à décrire personnages et vie quotidienne, alors que le contexte se prêtait à une large représentation des îles et des avions.
(1) Romano (Vents d’Ouest)
Damien Dhondt
Scénario : Alessandro Bilotta, Dessin : Carmine Di Giandomenico _ La Lande des aviateurs tome 1 : Ceux qui restent _ Les Humanoïdes Associés (juillet 2006) _ Inédit, grand format, couleurs, 48 pages, 12,90 euros
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