SF Mag
     
Directeur : Alain Pelosato
Sommaires des anciens Nos
  
       ABONNEMENT
Des centaines de chroniques livres
Sfmag No124
118

20
s
e
p
t
RETOUR à L'ACCUEIL
BD   CINÉ   COUV.   DOSSIERS   DVD   E-BOOKS  
HORS SERIES    INTERVIEWS   JEUX   LIVRES  
NOUVELLES   TV   Zbis   sfm   CINÉ-VIDÉOS
Encyclopédie de l'Imaginaire, 18 000 articles
Pour voir le programme du No en cours cliquez sur l'image
Voir 103 livres sur le cinéma, romans, études, histoire, sociologie...
  Sommaire - DVD -  A - F -  A History of Violence
"A History of Violence "
de David Cronenberg
 

Avec Viggo Mortensen, Maria Bello, Ed Harris.
Metropolitan Vidéo

On ne présente plus David Cronenberg, le plus célèbre des cinéastes canadiens. Commençant sa carrière dans des films expérimentaux, suivis de ses classiques de l’horreur dite viscérale (avec « Frissons », « Rage », « Chromosome 3 » et son premier énorme succès commercial, « Scanners »), signant une des meilleures adaptations d’un roman de Stephen King (le superbe et bouleversant « Dead zone »), trouvant enfin grâce auprès de la critique unanime et du public qui l’encense avec « La mouche » que suivit le point culminant de sa carrière, le chef-d’œuvre absolu qu’est « Faux semblants ». Difficile de faire mieux après comme on s’en rendra compte même si « M. Butterfly » (au passage, quand ils veulent chez Warner, le DVD !) et « Crash » (qui récolte un Prix Spécial du Jury à Cannes, ce qui lui vaudra d’en devenir Président en 1999, récompensant d’une Palme d’Or le sinistre « Rosetta » des frères Dardenne !) sont loin d’être des œuvres mineures, ce qu’on dira par contre du très moyen « Existenz » et que certains reprochent aussi à « Spider ». Et puis arrive 2005, et le choc « A history of violence ». Choc parce qu’on retrouve enfin le cinéaste qu’on aimait, même si son film n’est pas aussi implacable et donc parfait qu’on pouvait le penser. L’histoire, adaptée d’un comics, c’est celle d’un brave citoyen moyen d’une bourgade qui témoin d’un début de braquage dans son bar, élimine impitoyablement et mortellement les agresseurs, comme si il avait fait ça toute sa vie. Et justement, surgissent alors quelques sales gueules de la ville qui viennent lui rappeler qui il est réellement selon eux : un mafieux psychopathe, le meilleur de sa catégorie, petit frère d’un grand caïd de Philadelphie. Et comment le passé vous rattrape, comment la violence vient gangréner une famille, comment la vie peut-elle continuer avec cette nouvelle donne ?
La force du film, c’est toute sa première partie, froide, simple, et pourtant si violente. Un mélange étrange, le ver qui vient pourrir le fruit par l’intrusion dans la nouvelle vie d’un tueur qui a décidé un jour de tirer un trait sur tout ça (et on ne saura jamais ce qui a déclenché ça, ce qui met mal à l’aise aussi) et qui préserve aujourd’hui des valeurs bien plus humaines qu’il n’a jamais connu auparavant. Lui qui prône la non-violence pour les siens va déclencher un maelstrom d’émotions qui vont corrompre le fragile équilibre qui sépare le civilisé du sauvage, la pacifiste du violent, limite l’homme de la bête. Et toute cette partie est excellente. Mais là où le film perd de sa force, c’est avec les retrouvailles finales avec son passé : c’est limite du cartoon ! Voir William Hurt cabotiner comme pas possible, faire des petites phrases en déchargeant un chargeur sur un de ses hommes blessé par son frère retrouvé, tout ça annihile un peu quand même la force du message précédent. Et seule la fin retrouve, heureusement, les qualités réelles du film. Mais bon, c’est tout de même pinailler un peu car dans l’ensemble, il faut admettre que « A history of violence » est une pièce de Maître. Et comme pour « Le labyrinthe de Pan » cette année, c’était un film trop fort pour ces coincés de Cannes (tous confondus au passage, hein, que ce soit les professionnels, le public et certains critiques !). On s’en fout, si on aime, on ne compte pas à revoir le film, et à prolonger le plaisir avec des bonus assez riches, dont pas mal de documentaires tournés pendant Cannes justement, une scène coupée dont Cronenberg explique pourquoi elle fut coupée (et judicieuse idée au passage, elle n’avait pas sa place ici), des moments passés à la loupe par le cinéaste qui tient à s’expliquer dessus, bref de quoi redécouvrir le film sur des points qui pouvaient nous avoir échappé. Du bel ouvrage pour une œuvre, dans l’ensemble, assez traumatisante pour marquer l’esprit : du vrai Cronenberg donc.

Note film : 6/10
DVD : 9/10 (copie excellente, format d’origine 1.85 image 16/9ème) - Bonus : commentaire audio du réalisateur, scène coupée, séquences commentées, reportages pendant le Festival de Cannes.

Stéphane THIELLEMENT



Retour au sommaire