| |
Avec Deborah Kerr, Peter Wyngarde, Michael Redgrave, Pamela Franklin, Martin Stephens.
Opening Vidéo
Un classique, mais aussi un chef-d’œuvre. Jamais égalé, non faut pas non plus exagérer, c’est le truc qu’aime bien dire les rats de cinémathèque ça. Disons que « les innocents » est à ranger dans le même genre, que des pointures telles que « La maison du diable », « Burnt offerings » (« Trauma » en vf, de dan Curtis, d’après le roman de Robert Marasco, Notre vénérée chérie, DVD sorti uniquement dans une excellente édition zone 1 avec vostf chez MGM Vidéo), « Shining » de Kubrick, « Les autres » ou encore « L’échine du Diable ». Mais en tant que tel, c’est un pur joyau, c’est vrai, qu’on n’attendait pas chez cet éditeur (ben c’est un film Fox, hein, donc logiquement sorti chez Fox en Z1, on pouvait s’attendre à Fox en Z2...).
Adapté du « Tour d’écrou » de Henry James, co-scénarisé par Truman Capote, il s’agit de l’histoire à la fin du 19ème siècle d’une gouvernante, Miss Giddens, embauchée par un riche veuf pour subvenir à l’éducation de ses deux enfants. Lesquels semblent entretenir d’étranges rapports avec la mort de la précédente gouvernante et de son amant, le troublant Peter Quint. Au point que Miss Giddens finit par croire que les fantômes de ces deux personnes exercent encore une maléfique influence sur l’innocence des deux enfants. A moins que tout cela ne soit le reflet d’une paranoïa due à son éducation trop rigoriste.
Somptueux travail du noir et blanc, ambiance à vous faire dresser les cheveux sur la tête toutes les cinq minutes, ombres étranges, perversion de l’enfance qui fait froid dans le dos, tout est là pour distiller l’épouvante gothique dans toute sa splendeur. Rarement égalé est trop vite étiqueté sur « Les innocents » alors que ce qui lui va le mieux, c’est assurément de servir de référence à beaucoup d’autres chefs-d’œuvre du genre. Et comme souvent, l’élève peut parfois dépasser le maître (je ne citerai rien pour éviter la polémique que suscite ce genre de propos systématiquement). Toujours est-il que revoir aujourd’hui un tel film dans un tel écrin, dans des conditions adéquates (lumières tamisées, bien réveillé, pas un bruit), permet de mesurer toute la richesse du matériau quand on (re)découvre la peur qu’on éprouve à la revoir. Il y en a des comme ça. Moi, je n’arrive toujours pas à revoir « L’exorciste 3 », la trouille que j’ai ! Bref, de par ses qualités techniques et scénaristiques, déjà présentes dans le roman de James en ce qui concerne ces dernières, « Les innocents » demeure un chef-d’œuvre intemporel. Maintenant, en même temps sort en DVd une curiosité, « Le corrupteur » avec Marlon Brando, un film méprisé par tous les prétentieux qui ne voient Brando que par une filmographie où le magnifique (« Le parrain ») côtoie le surestimé (« Les révoltés du Bounty », « Le dernier tango à Paris »). Alors qu’il s’agit d’un étrange film britannique reprenant le personnage des deux enfants et celui de la gouvernante et Peter Quint (Brando, excellent) alors vivants. C’est un très bon prologue, doublé d’un bon film en plus, jouant bien sur la perversité des adultes sur l’innocence des enfants au point le plus ultime, qui mérite sa place dans la carrière de Brando sans nulle honte (en vente chez Studio Canal Vidéo).
Pour revenir aux « Innocents », terminons en précisant que, quarante ans plus tard, difficile d’interviewer les principaux protagonistes d’une telle réussite mais cependant, cette édition DVD contient tout de même un documentaire sur le film au travers de Freddie Francis, directeur de la photo de l’époque, et du monteur Jm Clark, qui nous font revenir en arrière dans leurs souvenirs. C’est le morceau de choix de bonus certes intéressants mais bien entendu, qui manquent un peu de documents d’époque. Enfin, vous avez maintenant la possibilité d’avoir un autre chef-d’œuvre de l’épouvante dans votre DVDthèque, c’est surtout ça le plus important.
Note film : 10/10
DVD : 8/10 : copie excellente, format d’origine 2.35, image 16/9ème compatible 4/3 - Bonus : retour sur « Les innocents », documentaire avec Freddie Francis, Jim Clark, Neil Syniard, biographe de Jack Clayton - étude des décors - étude sur Henry James - photos - filmographies.
St. THIELLEMENT
|