Titre : La Cabeza Vivente / The Living Head / El Ojo de la Muerte
Réal : Chano Urueta
Avec : Ana Luisa Pelufo
Abel Salazar
German Robles
Mauricio Garcès
Guillermo Cramer
Durée : 76 minutes
Origine : Mexique
Année : 1961
Genre : Momie / Aztèque saignant
VERICT : 3.5 / 6
Critique :
Le cinéma mexicain possède une longue tradition de films fantastiques et d’épouvante. Dès les années 30, alors que Universal dominait le marché américain, le Mexique produisit une vingtaine de longs-métrages horrifiques qui connurent un joli succès. La Seconde Guerre Mondiale mit fin à cette période prolifique et il fallut attendre les années 50 pour voir le genre revenir en force au pays de la Tequila, avec une série de titres inspirés des succès de la Hammer, comme LES PROIES DU VAMPIRE. Cette TÊTE VIVANTE, elle, s’inspire manifestement de la récente MALEDICTION DES PHARAONS de Terence Fisher, ainsi que des productions Universal plus anciennes. On note aussi des emprunts flagrants à la nouvelle Jewell of the Seven Star de Bram Stocker, adaptée plusieurs fois à l’écran de manière plus ou moins officielle, entre autres par Seth Holt (BLOOD FROM THE MUMMY’s TOMB, en 1971) et par Mike Newell (LA MALEDICTION DE LA VALLEE DES ROIS, en 1980)
Tout commence à l’époque reculée de la domination Aztèque. Le puissant chef guerrier Acatl est tué pour ses fautes, dont la responsabilité est reportée sur une jeune et belle vierge nommée Xochiquétzal, laquelle est condamnée à être emmurée vivante en compagnie de la tête décapitée du grand prêtre Xiu.
Les siècles s’écoulent et, en 1961, trois archéologues, dirigés par le professeur Muller, mettent à jour le tombeau d’Acatl. Les profanateurs de sépulture sont évidemment menacés par une malédiction qui leur assure la vengeance du maléfique dieu Huizilopoztli. Mais ils n’en tiennent évidemment pas compte et le professeur Muller emmène la momie du guerrier, qu’il garde dans sa demeure, ainsi que la tête décapitée et l’anneau de la mort ayant jadis appartenu à Xochiquétzal. Le professeur l’offre à sa fille, Maria, sosie de la défunte.
Un par un, les membres de l’expédition sont mystérieusement assassinés alors que la piste sanglante conduit chaque fois au corps momifié d’Acatl et à la tête tranchée de Xiu. Maria, elle, commence à se comporter d’étrange manière. L’enquête, menée par l’inspecteur Toledo (joué par Abel Salazar) piétine, et Xiu prend possession de Maria, qu’il envoie assassiner son père...
A l’image de nombreux films de momies, LA TÊTE VIVANTE s’avère à la fois plaisant et prévisible. Les invraisemblances sont nombreuses : personne ne semble soupçonner l’influence de la tête tranchée malgré les cœurs arrachés des victimes placés devant elle. Lorsque les policiers se rendent dans la chambre du professeur Muller, espacée au maximum d’une dizaine de mètres du salon où ils devisent tranquillement, toutes traces de l’attaque de la momie ont disparu, à croire qu’un quart d’heure leur a été nécessaire pour franchir cette courte distance. Et, comme souvent, la momie oublie son invulnérabilité pourtant démontrée pour tomber sous les balles à la toute dernière minute. Une momie qui se déplace également de manière bizarre : parfois de la démarche heurtée et traînante d’un zombie échappé de chez Fulci et parfois avec l’agilité d’un gymnaste entraîné.
Le petit twist final est également des plus attendu : chaque protagoniste est la réincarnation d’un aztèque de jadis, condamné en quelque sorte à rejouer cette tragédie une seconde fois.
En dépit de ses faiblesses, LA TÊTE VIVANTE reste relativement sympathique. Le début laisse d’ailleurs croire à une production fortunée, vu le nombre de figurants (certes loin d’un péplum mais l’intention est là !) alors que la suite donne volontiers dans l’épouvante de couloirs en concentrant la quasi-totalité de l’action dans un ou deux décors d’intérieur. Dommage, d’autant que la mise en scène se montre souvent assoupie et que le rythme est plutôt languissant malgré un noir et blanc photogénique.
L’exploitation du patrimoine national et des atrocités diverses commises au nom de la religion aztèque n’ayant guère donné d’œuvres notables, cette petite série B mexicaine, aussi modeste soit-elle, permet finalement de passer un bon moment résolument rétro. Une curiosité destinée aux cinéphiles nostalgiques, proposée par Bach Films dans une copie correcte vu l’âge du film, au format 1.33, en français ou en version originale espagnole sous-titrée (mono) avec en bonus des filmographies, une bande-annonce et des anecdotes. Le très beau digipack étant incontestablement une valeur ajoutée de la collection "mexicaine".
Pizzoferrato Fred (2006)
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