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Avec Gregory Peck, Lee Remick, William Holden, Lee Grant, Jonathan Scott-Taylor, Sam Neill, Faye Grant, Lance Henriksen, Live Schreiber, Julia Styles
FPE Vidéo
Dans la série des remakes, on a les excellents (« La colline a des yeux », pour n’en citer qu’un de très récent), et les autres, ceux dont on n’en comprend pas la raison, si ce n’est d’un simple point de vue commercial, et encore. Comme celui de « La malédiction ». A la base, un roman de David Seltzer annonçant la renaissance de l’antéchrist par le biais d’un enfant, Damien, adopté par l’ambassadeur des USA à Londres, Robert Thorn. Au fur et à mesure qu’il grandit, certaines personnes viennent côtoyer la famille pour protéger leur « seigneur ». Tout intrus mourra systématiquement dans des conditions assez dantesques. Bon, le cinéma s’empare du roman, et c’est Richard Donner, excellent réalisateur de télévision n’ayant à son actif que deux films cinéma (une comédie policière à la « Starsky & Hutch » et une love-story peu commune entre Charles Bronson en écrivain porno ( !!!) et une étudiante, intitulée « L’ange et le démon » en vf) et une multitude d’épisodes de séries TV phares de l’époque (« Les mystères de l’Ouest », « L’homme de fer », « Gunsmoke », etc...) qui s’y colle. Il se passionne pour le scénario, veut en tirer un suspense horrifique intense, et y réussit pleinement. En fin de carrière, Gregory Peck accepte le rôle principal et reconnait aujourd’hui que c’est le film qui lui a rapporté le plus de fric ! Deux ans plus tard, une suite est donnée, « Damien » qui étudie l’adolescence du diabolique gamin découvrant sa vraie nature et l’acceptant. Si le premier n’était pas un chef-d’œuvre du genre, « Damien » pourrait prétendre à ce titre. Autre star presque oubliée, William Holden succède dignement à Peck. Ces deux films ont l’émorme avantage d’être intelligents avec pourtant un matériau de base assez absurde : dans le premeir, l’enfant est angélique, innocent, ne se rendant pas compte de ce qui se passe autour de lui ; dans le second, il rentre dans l’adolescence, la vit pleinement, entourée d’amis, de succès féminins, ayant une éducation rigoureuse dans un lycée militaire de prestige. La découverte de sa nature correspond aux crises de puberté, et son acceptation lui fait découvrir toute un empire œuvrant dans l’ombre pour son avènement. Les morts des gêneurs étant dans les deux cas de véritables mises en scène grandioses, qui ne trouveront d’écho que vingt ans plus tard avec les morts de la série des « Destination finale » ! Le dernier volet, « La malédiction finale » fait appel à des inconnus, budget serré oblige, dont un magnifique en tant que Damien Thorn adulte : Sam Neill jeune. Grace à lui, on ne peut qualifier le film de navet. Son aura, sa présence font pour beaucoup dans les seules qualités d’un film qui s’égare au final dans sa représentation christique : le Diable porte le smoking, Jésus a toujours la barbe et la robe blanche : ridicule ! Tout cela, il faut le (re)voir dans les trois films de ce coffret « 30ème anniversaire » : les copies sont excellentes, et surtout les bonus sont passionnants. Le meilleur étant les propos d’un richard Donner vraiment très intelligent quant au sujet, au film, à la façon dont tout cela a évolué. On apprend aussi que pour le second, Mike Hodges, crédité en tant que co-scénariste, fut viré par le producteur Harvey Bernhard qui le trouvait trop académique. C’est lui qui le dit dans son commentaire audio ; en même temps, le choix de Don Taylor pour reprendre le flambeau ne fut pas une mauvaise idée, ce dernier étant un excellent faiseur (il est décédé il y a huit ans) et « Damien » le prouve haut la main. Berhnard qui vira Dominique Othenin-Girard (connu pour un excellent « Night angel » et un pas terrible « Halloween 5 ») du tournage du téléfilm « La malédiction 4 », nullité totale dont la vision est très difficilement supportable composant le quatrième disque du coffret. Et là encore, on apprend que Berhnard cultivait la légende des tournages maudits pour la publicité. Il manque un disque au coffret. Et c’est ici qu’on retrouve le début de cette chronique. Il s’agit du remake « La malédiction 666 » de John Moore, cinéaste guère brillant jusqu’à maintenant, et ce n’est pas ce film qui va changer la donne. Dans les bonus, le plus lucide demeure Liev Schreiber qui a demi-mots reconnait que la comparaison avec un tel classique va être dure, qu’il a fait ce film avec tout le respect qu’il porte à celui de Donner. Il a raison : aucun intérêt à faire un remake dans lequel quasiment toutes les scènes sont reprises à l’identique en moins bien (la visite du cimetière étrusque est laborieuse, dans l’original, elle est terrifiante !), où l’enfant porte déjà sur sa tronche un petit air maléfique (déjà, faut y croire, mais ainsi, là, pas de problème, c’est nul !), où on ne croit pas au personnage de sa mère, jeune épouse vivant seule quasiment avec son mari dans une demeure de la taille du château de Versailles, etc... La terreur sourde et menaçante n’existe plus, et on supporte difficilement le film sur sa durée. Alors si, voir ce gosse être détaché ainsi de ses parents est un point de vue original, mais en même temps, il foire tout : la force du film original, c’est d’avoir pris un charmant bambin, adorable, aimant ses parents, innocent encore une fois. Car comme il est dit dans « Usual suspects » : « le plus grand mensonge du Diable, c’est de faire croire qu’il n’existait pas ! ». Ca, c’est le point d’orgue de la réussite du chef-d’œuvre de Richard Donner. Ce dont est totalement dénué le remake. Aucun intérêt de poursuivre alors. Bref, plutôt que de parler que d’un film, il valait mieux parler du coffret Collector pour toutes ces raisons. Et vu son prix, dites-vous que ça vaut le coup : il y a une merde, « La malédiction 4 » mais les bonus demeurent intéressants et finalisent ce qui a été commencé avec le premier volet. Le remake n’est pas terrible, mais il doit être vu quand même pour quelques petites qualités, et ses gros défauts. Donc dans l’ensemble, dans l’histoire du fantastique au cinéma, une acquisition à avoir, par contre bien moins originale dans sa présentation que celui du 25ème anniversaire qui se dépliait en forme de croix. En 2006, on ne croit plus du tout : un fourreau tout bête et cinq DVD. Les temps changent, c’est un nouveau millénaire...
Note pour chaque film : « La malédiction » : 10/10 - « Damien » : 9/10 - « La malédiction finale » : 7/10 - « La malédiction 4 » : 0/10 - « La malédiction 666 » : 4/10. copies excellentes, formats 2.35 & 1.85 tous 16/9ème compatible 4/3.
Bonus DVD : 10/10 - disc 1 : commentaire audio du réalisateur et des acteurs - disc 2 : making-of complet, effets spéciaux, interviews, etc...
Stéphane THIELLEMENT
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