"Vathek " de Patrick Mallet, d’après l’œuvre de William Beckford

Vathek est le calife de Samarah. Il a beaucoup étudié, mais veut tout savoir sur les sciences, même celles réservées à Mahomet et à ses génies. Il a, pour cela, décidé de construire une tour qui lui assurera la suprématie sur les hommes. Mais au sommet, alors que l’humanité lui parait minuscule, il se trouve toujours aussi éloigné des astres. Il passe ses nuits à étudier les cieux, et trouve une prophétie qui lui annonce qu’un étranger viendra d’un pays fabuleux. Arrive un jour, un être bizarre porteur d’objets inconnus. Vathek est pris au piège : il veut aller dans ce pays lointain chercher les richesses d’Istakhar. Mais il devra renier Mahomet, se plier aux pires extrémités et ne reculer devant aucune infamie. De plus, Vathek est resté sous la coupe de sa mère, une femme de pouvoirs qui se révélera son mauvais génie...

Ce conte, écrit en 1782, par William Beckford, un anglais maîtrisant le français, met en scène l’univers des contes des mille et une nuits. Il s’intègre dans le courant de cette fin du 18è siècle où l’Orient, en l’occurrence ici ce qui est devenu aujourd’hui le Moyen-orient, est à la mode, recueille les faveurs du public et des voyageurs intrépides.
Acteur du siècle des Lumières où la science commençait à prendre le pas sur des croyances et superstitions, Beckford illustre la nécessité du respect d’un certain nombre de règles morales, quel que soit le niveau des connaissances.
Vathek est un récit au thème multiséculaire, mais hélas toujours bien d’actualité quant aux dérives du pouvoir absolu ...et même relatif ! Il montre aussi la réalité de celui des femmes, pouvoir dont elles font usage pour le meilleur et pour le pire depuis le début de l’humanité.

Patrick Mallet s’appuie sur cette œuvre remarquable, ce conte de toute beauté qui prend en compte toutes les facettes de l’âme humaine, des plus sordides aux plus nobles et signe une mise en scène comme une mise en page très réussies. Son dessin s’accorde bien à l’ambiance du récit et les couleurs rehaussent le propos.

Conte sulfureux, fable sur les dangers du pouvoir, Vathek est un album qui se lit d’une seule traite !

Serge Perraud

Vathek, scénario et dessins de Patrick Mallet, d’après l’œuvre de William Beckford
Glénat, coll. Carrément BD, octobre 2006, 56 pages, 15 €