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Avec Aaron Stanford, Emilie De Ravin, Ted Levine, Billy Drago, Kathleen Quinlan.
FPE Vidéo
Depuis quelques temps, le cinéma d’horreur et d’épouvante revient à un ton bien plus sérieux et à une violence parfois extrême pour le pire et le meilleur. Une tendance amorcée avec le remake de « Massacre à la tronçonneuse » et « Saw », ces deux-là faisant partie aussi du clan des « meilleurs ». Le pire ? « Saw 3 » et sa surenchère d’effets gores dans des séquences volontairement malsaines mais aussi totalement gratuites et n’ayant plus grand-chose à voir avec le premier volet. Et du côté de chez nous, on a aussi ces deux catégories. Le pire ? « Ils », sombre nanar bricolé avec deux bouts de ficelle par des amateurs n’appréciant en plus guère leur activité, comprenez par là que pour la passion, ils n’en débordent pas (je n’invente rien, une rencontre lors d’un festival suffit à s’en rendre compte). Le meilleur ? « Haute tension », véritable bombe made in France concoctée par deux grands, grands fans du genre, Gregory Levasseur et Alexandre Aja, copains depuis presque deux décennies. Pourtant, auparavant, leur CV n’était pas aussi brillant. Un premier film, « Furia », plus réussi dans la forme que dans le fond, le scénario de « Entre chien et loup » réalisé par Alexandre Arcady (papa d’Aja, si vous ne le saviez pas encore). Et tout d’un coup, là, la révélation avec « Haute tension », génial shocker horrifique aux effets gores perpétrés par le maquilleur des meilleurs Fulci, Gianetto De Rossi, un twist final d’enfer (détesté par beaucoup, personnellement que j’adore !), bref une réussite totale. Qui leur ouvre les portes d’Hollywood (voir l’interview d’Aja dans la rubrique « Interviews » du site) pour donner ce que vous connaissez, à savoir le remake le plus réussi vu depuis longtemps, un chef-d’œuvre du genre, « la colline a des yeux ». Initié par le créateur de l’original, très surestimé (la première fois qu’on le voit, on se dit que ce film mériterait un remake tellement il n’y a pas grand-chose à part son pitch de base et les costumes des cannibales !), Aja et Levasseur sautent sur l’occasion de refaire en mille fois mieux ce film qu’ils tiennent non pas pour une réussite du genre mais pour u classique. Et on sait tous qu’un classique n’est pas obligatoirement un chef-d’œuvre. L’histoire de cette brave famille d’américains bien tranquilles piégés dans le désert par les descendants cannibales des victimes d’expériences nucléaires sur leurs lieux d’habitation qu’ils refusèrent de quitter, trouve ici une force peu commune, un traumatisme d’autant plus fort que l’horreur n’est pas gratuitement exposée mais bel et bien justifiée par la folie des uns et des autres. Folie de ces cannibales monstrueux mais aussi pathétiques, victimes d’un pays qui les a ignorés, un sentiment étrange qui, dans les bonus, ne trouve pas d’écho dans certains acteurs américains : ce sont des monstres, point. Folie des survivants, confrontés à une sauvagerie qui va les faire régresser dans leur degré de civilisation vers un retour primal proche de l’animal. Les deux compères connaissent leurs classiques, et pour cette transformation, citent « Les chiens de paille » au travers d’une séquence-hommage qu’on ne peut raté (les lunettes cassées à terre, vous verrez...). Le reste est tel qu’ils le souhaitaient, encore plus dans cette version non-censurée et pour une fois, c’est vrai : certains plans gores étant encore plus violents (!!!) que ceux vus au cinéma ! Alors, en plus de revoir ce film traumatisant, il faut voir le making-of, véritable reportage sur le tournage, très bien fait, et surtout révélant l’envers du décor de façon bien plus sincère que d’habitude. Ce n’est pas aussi impressionnant que celui de « The devil’s rejects » (une autre réussite majeure du genre sortie l’an passé), mais au moins, on le voit jusqu’au bout sans rechigner, voir s’ennuyer ferme devant des apartés des plus banales. Après ça, il reste les commentaires audio, complémentaires dans le cas de Levasseur et Aja, au making-of, intéressant quand il s’agit de Craven & Peter Locke, créateurs de l’original, et qui font ici une comparaison entre les deux films. Il faudrait être ingrat et malhonnête pour ne pas reconnaitre les qualités de ce remake, dont était dépourvu leur film. Parfois, ils le reconnaissent. Ce qui prouve bel et bien que cette « Colline a des yeux » est un petit chef-d’œuvre du genre, ce que ne sera jamais le classique de Wes Craven.
Note film : 10/10 (copie excellente, format d’origine 2.35, image 16/9ème compatible 4/3)
Bonus DVD : 8/10 : commentaire audio de Alexandre Aja, Gregory Levasseur & Marianne Maddalena & de Wes Craven & Peter Locke - Surviving the hills : making-of (près d’une heure) - bandes-annonces.
St. THIELLEMENT
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