Adapter Maupassant à la télévision n’est pas la décision la plus originale qui soit dans la mesure où son abondante et excellente littérature l’a été maintes fois notamment par Claude Santelli au début des années 1970. Il est cependant agréable de redonner un coup de peinture à ces oeuvres toujours pertinentes.
France 2 nous a conviés à la projection d’une mini-série unique, Chez Maupassant, car elle a donné aux producteurs tous les moyens pour en faire un petit bijoux. En valorisant l’oeuvre de l’écrivain normand, elle en fait un trésor contenant des perles, des pépites et autres pières, chacun étant indépendant par sa réalisation ou son traitement tout en gardant une couleur commune qui les font se lier les uns aux autres.
La difficulté, dans ces mises en images du talent de l’écrivain, réside dans le fait qu’il n’est pas possible d’adapter sans trahir. En l’occurrence, les récits respectent l’histoire, l’ambiance, et même le patois ! Les épisodes oscillent entre l’humour (Toine) et la noirceur (La Parure, Histoire d’une fille de ferme).
Huit moyens et longs métrages ont été tournés ayant une durée variant entre 30 minutes et 1 heure. France 2 diffusera deux films en prime-time sur quatre semaine, en commençant par Histoire d’une fille de ferme et La parure dès le mardi 6 mars.
A la réalisation on trouve des grands noms tels que :
- Denis Malleval, Histoire d’une fille de ferme – Laurent Heynemann,L’héritage – Jacques Roufflo, Miss Harriet – Olivier Schatzky, Le père Aimable – Gérard Jourd’hui, Deux amis – Marc Rivière, Hautot Père et fils – Claude Chabrol, La parure – Jacques Santamaria, Toine
Que ce soit les costumes, les reconstitutions et la mise en scène, il n’y a pas grand reproche à faire. Et les acteurs ne sont pas en reste, citons particulièrement Joël Demarty incarnant un Toine tragiquement drôle et dont la performance est une leçon de comédie. Mais nous retenons aussi Anne Plumet, Jean Rocherfort, Cécile de France, Philippe Torreton et Eddy Mitchell tous autant excellents dans leur rôle respectif. Sans oublier, les espoirs du cinéma français comme Marie Kremer (qui incarne avec une sensibilité parfaite Rose, jeune fille de ferme qui cache sa grossesse pour ne pas perdre son emploi), la jolie et fraîche Céline Sallette, Sébastien Thiery, Manuel Lelièvre, et de nombreux autres participants.
Ce qui ressort de la projection c’est qu’on a souhaité apporter un soin tout particulier à ces fictions et nous ne pouvons qu’espérer que d’autres projets de ce type voient le jour. On peut souhaiter la mise en images des nouvelles horrifiques de Maupassant, mais pourquoi pas d’autres auteurs classiques qui feraient aimer aux petits et aux grands ces textes que nous avons souvent délaissés dès que l’obligation de les lire ait été levée.
France 2 a réussi à nous démontrer que d’une part le service public peut offrir à des spectateurs las de la soupe quotidienne des choses populaires et de qualités. D’autre part, la chaîne hertzienne prouve aussi que les deniers des contribuables peuvent être utilisés à bon escient.