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"Ecrire pour exister " de Richard LaGravenese

 

Réal. & scén. : Richard LaGravenese
Avec : Hilary Swank, Scott Glenn, Patrick Dempsey.
Distribué par UIP.
124 mn.
Sortie le 14 Mars 2006.
Note : 8/10.

« Inspiré d’une histoire vraie » : le genre d’argument qui a tendance à faire fuir maintenant, surtout avec un film venant des USA et avec une histoire d’une prof réussissant à « dompter » une classe de rebelles et autres adolescents qui n’en ont strictement rien à foutre. Il y a pire : d’un tel résumé, on pense irrémédiablement à un des films les plus nuls jamais faits sur un sujet voisin, l’exécrable « Esprits rebelles » avec Michelle Pfeiffer. Non pas que ce genre d’histoire soit destinée systématiquement à se casser la gueule, car dans le passé, on trouve quand même quelques bonnes références. A commencer par la première, « Graine de violence » de Richard Brooks qui, dès 1955, s’intéressait au sujet de l’enseignement à des élèves à problèmes qui rejetaient systématiquement toute discipline et enseignement (car inextricablement lié, selon eux). A l’époque, c’est Glenn Ford qui endossa le premier la tenue du courageux professeur. Plus récemment, on citera « Lean on me » avec Morgan Freeman ou encore l’épatant « Stand and deliver » avec James Edward Olmos (le nouveau commandant Adama dans l’excellente nouvelle série de « Galactica »). Plus quelques déviances dont certaines bien pourries (« Le proviseur » et ses suites), d’autres extrêmes mais qui l’assument et qui se rattrapent par de réelles qualités (« Class 1984 » bien sûr) ou par un tel Grand-Guignol que le film y gagne ses galons (« Class 1999 » et ses profs androïdes). Enfin, il en reste un, dangereux, réaliste, ambigu, un peu malsain, à savoir « 187 » avec Samuel L. Jackson en prof vigilante ayant pété un câble. Bien loin de tout ça nous arrive aujourd’hui « Ecrire pour exister » et son histoire vraie d’une prof fraichement sortie de sa faculté, se lançant avec toute son innocence, sa vocation, dans l’enseignement dans un lycée qui avait bonne réputation avant qu’il n’ouvre ses portes à un plus large éventail d’étudiants. Sa première classe est composée de membres de gangs divers, d’adolescents blessés, de jeunes perdus tout simplement. Et pourtant, Erin Growell (qu’incarne l’épatante Hilary Swank avec sa fougue habituelle, talent qu’elle n’a plus à prouver depuis son second oscar d’interprétation pour ce chef-d’œuvre qu’est « Million dollar baby ») relève le défi, ne baissera jamais les bras, s’opposera à sa direction, passant même au dessus, et finira par apprendre quelque chose à tous ses élèves, ce qui constituera sa plus belle récompense. Une consolation pour un prix fort à payer, le sacrifice de sa vie privée.
Qu’est ce qui fait la différence avec un navet comme « Esprits rebelles » ? L’intelligence du scénario signé Richard LaGravenese, une pointure dans son domaine, il a quand même écrit « Sur la route de Madison » donc, respect. L’intelligence de traiter chaque personnage en lui construisant une histoire, en ne le caricaturant pas, en le rendant émouvant par de simples faits, en faisant parler un regard, en racontant une histoire avec de vrais personnages. Tout est là. Et LaGravenese l’a très bien compris, même si la base des mémoires d’Erin Growell lui donna l’inspiration nécessaire pour ne pas faire u énième film sur le sujet mais bel et bien un film qui sache nous toucher quand il le faut. On pourra trouver certaines scènes conventionnelles et « énormes » pourtant, tout passe bien. Cette tranche de vie d’une femme dotée d’un courage peu commun réussit là où d’autres se sont bien vautrés (suivez mon regard...) et fait de ce « Ecrire pour exister » une des meilleures réussites sur un thème qui peut s’avérer entre de bonnes mains, un excellent matériau pour un film qui reviendra souvent en exemple dans la catégorie des œuvres qui ont réussi là ou tant d’autres ont échoué.

St. THIELLEMENT



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