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Réal. & co-scénariste : Zack Snyder
Co-scén. : Kurt Johnstad, Michael B. Gordon
Avec : Gerard Butler, Lena Headey, Dominic West, Stephen McHattie.
Distribué par Warner Bros.
115 mn.
Sortie le 21 Mars 2007.
Note : 4/10.
A la base, le roman graphique de Frank Miller. Le même à qui on doit « Batman : the dark knight » et « Sin city », sans oublier ses contributions personnelles à « Elektra », les plus belles consacrées à cette fatale héroïne (fadement créée à l’écran par Jennifer Garner dans un film au demeurant plutôt pas mal !). Il y eut « Sin city » le film, qui n’est rien d’autre qu’une copie cinéma du comics (mais qui se supporte mieux à la revoyure, paradoxalement) et maintenant il y a « 300 », tiré d’un véritable chef-d’œuvre du comics, c’est indéniable. Signé Zack Snyder qui nous avait épatés avec son remake de « Zombie », et après avoir vu une quarantaine de minutes il y a trois mois, même méfiant, l’impatience face à ce projet était grande, surtout que son acteur principal, qui incarne Leonidas, le roi des Spartes qui à la tête de 300 soldats tint en échec la plus grande armée conquérante du moment, celle du roi perse Xerxès, Gerard Butler donc, impressionnait au-delà de ce qu’on pouvait croire (Butler a joué dans « Tomb raider 2 », « Prisonniers du temps », pas des grandes références mais lui sortait un peu de la médiocrité de l’ensemble, même dans le très mauvais « Fantôme de l’opéra » de Joel Schumacher c’est dire, et sinon, il fut absolument remarquable dans un très beau film britannique, une merveille d’émotion à fleur de peau, « Dear Frankie » : là, on découvrit qu’il pouvait être un très grand acteur !). Bref, de tout ça, le bilan était mitigé mais on voulait y croire. A l’arrivée, « 300 » n’est pas ce monstrueux film tant espéré. C’est une expérience, c’est tout.
En fait, très rapidement, on ne se sent pas du tout impliqué par ce que l’on voit. Tout ce qui est à l’écran, exception faite des acteurs, a été recréé par informatique, livrant certes des images superbes mais froides. Et tout ce qui en découle subit le même traitement. Là où un film comme « 300 » devait nous faire le même effet que tout le début de « Conan le barbare » ou que les scènes d’attaques du « 13ème guerrier », on ne ressent rien, mais strictement rien. Snyder use et abuse d’effets de réalisation qui font illusion une première fois mais finissent par lasser à force d’être répétés. De même, certaines scènes qui se devaient d’être épiques et monstrueuses comme l’arrivée des mastodontes de Xerxès, ne sont pas du tout exploitées en ce sens, et perdent en deux secondes toutes les promesses qu’on en attendait. Reste les batailles. Et le triste constat s’impose là-encore, et c’est le pire de tous. Le film réussit à réunir une troupe d’acteurs qui s’est plus qu’investie dans le film, Butler en tête, qui hurle plus souvent qu’il ne parle pour galvaniser ses hommes, parle quand il rencontre Xerxès, livrant ainsi véritablement la seule vraie qualité de ce film, et pourtant, l’ensemble de ces acteurs échoue lors de ces scènes épiques, barbares par leur graphisme mais certainement pas par leur implication du spectateur dans ces sanglants combats, tout de même édulcorés via ces « prouesses » techniques. Car en plus de tout ça, si le comic était un monument de sauvagerie et de barbarie sur tous les plans (tueries, sexe, etc...), le film sous ses allures plus que violentes, demeure au fond très... Soft. La preuve la plus flagrante étant la séquence où le bossu rencontre Xerxès entouré de sa cour qui se vautre dans la luxure la plus pornographique, et logique vu l’époque, possible (dans le comic encore une fois), et qui à l’écran ne fait qu’effleurer un têton par ci, par là ! Et si on devait trouver un autre point positif au film, il serait dans le personnage de Gorgo ( !), la femme de Leonidas, qui donne au film un point de vue dont est dépourvu le roman, ce qui n’a rien d’étonnant quand on connaît un peu la personnalité de Frank Miller. Et de conclure qu’autrement, « 300 » ne satisfera certainement pas celui qui a vu en la saga du « Seigneur des Anneaux » et en « Le 13ème guerrier » les véritables derniers chefs-d’œuvre en date du genre. Cinématographiquement raté, il n’en demeure pas moins une expérience graphique intéressante à regarder, mais pas à vivre, vu qu’on n’y ressent strictement rien.
St. THIELLEMENT
Une chronique de ce film signée Andrée Cormier est disponible dans le sfmag N° 42 en vente en kiosques du 23 avril au 23 juin ainsi qu’une interview de Zack Snyder le réalisateur.
Après le 23 juin ce numéro sera disponible en téléchargement (via allopass) en PDF dans la rubrique de ce site "livres et numéros de Sfmag en pdf"
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