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Avec Sean Connery, Ian Hendry, Ossie Davis.
Warner Home Vidéo
Même en étant à l’aube de l’ère du HD-DVD et du BluRay, le DVD a encore de belles années devant lui, et nous permet également de (re)voir certains des plus grands films de l’histoire du 7ème Art, certains des meilleurs films de grands cinéastes. Comme c’est le cas ici, avec « La Colline des hommes perdus » de Sidney Lumet. Un cinéaste qui laissera son empreinte dans son art non pas avec l’intégralité de sa filmographie (très, très rare ça) comportant aussi pas mal de belles bouses (« Family business » par exemple...) mais comme bien de ses pairs, avec des incontournables du polar urbain réaliste ou politique. Personnellement, je citerai « Serpico » bien entendu, mais surtout l’extraordinaire « Contre enquête » (rien à voir avec l’homonyme avec Dujardin, mais strictement rien à voir !) avec Nick Nolte en ordure de flic plus que pourrie, l’excellent « A bout de course » avec River Phoenix en fils de parents hippies-terroristes fuyant continuellement et son dernier vrai bon film, le méconnu « Dans l’ombre de Manhattan » avec Andy Garcia. Et voilà qu’aujourd’hui, on peut enfin avoir, aux côtés de ceux cités précédemment, « La colline des hommes perdus » avec Sean Connery alors tout auréolé du succès de « James Bond contre Dr No ». Connery voulant un rôle plus « sérieux », vit dans cette histoire le sujet qui prouverait qu’il était un grand acteur, ce qui se vérifia sans aucun doute, et par la suite aussi avec d’autres films. « La colline des hommes perdus », c’est ce monticule situé au milieu d’un camp militaire disciplinaire au cœur du Maroc. C’est là qu’est envoyé le sergent Roberts (Connery) pour insubordination. Très vite, Roberts va découvrir que les fondements de l’armée peuvent aussi cacher les pulsions sadiques des pires des hommes. Et transformer des agneaux en loups, des civilisés en sauvages.
On reconnait bien des thèmes chers à Lumet, la lutte contre un système, l’individu contre la masse, la perte de l’identité. Tout cela mené de main de maître, avec une intensité à couper au couteau. Adapté d’une pièce de théâtre, le film révèle aujourd’hui des séquences qui auraient pu disparaitre, rappelant trop ses origines premières (un peu trop posé et parlé, si vous voyez ce que je veux dire...). Mais ce ne sont que des détails dans une œuvre forte, impressionnante, impitoyable jusque dans son dénouement qui verra une amère victoire, où certes le bourreau est puni mais où les hommes perdent toute raison au profit d’une réaction primale et sauvage. Et le grand cri de Connery de le prouver.
Question DVD, c’est la pauvreté même. Rien du tout en bonus, pas une miette de quoi que ce soit. Quant à la copie, le film est normalement du 1.66 (vérifié sur Imdb, pour les sceptiques), et la jaquette l’annonce en 1.77, certes 16/9ème. Bon, ce n’est pas catastrophique comme la déconvenue d’un « Crying game », mais on aurait préféré avoir l’excellente surprise d’un « Jeremiah Johnson » annoncé en 4/3 et finalement en 16/9ème : cette collection « Légendes de cinéma » a un problème avec les formats... Autrement, le noir et blanc est superbe, rendant au moins cet hommage à une grande œuvre signée Lumet, en attendant le mois prochain un autre de ses « musts » : l’excellent « Prince de New-York » avec Treat Williams et la corruption dans la police new-yorkaise : un air de déjà vu, mais un film pourtant indispensable (pourvu que le format...). En attendant, savourez ce grand moment de cinéma qu’est « La Colline des hommes perdus ».
Note film : 8/10 (copie excellente, format d’origine 2.35, image 16/9ème compatible 4/3)
Bonus DVD : 0/10 : rien, nada, le vide sidéral.
St. THIELLEMENT
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