Pelts de Dario Argento (2007)
Avec Meat Loaf, John Saxon, Ellen Ewusie
PELTS marque la seconde participation de Dario Argento à l’anthologie MASTERS OF HORROR après un premier épisode remarqué mais surestimé (JENIFER). Cette nouvelle livraison en suit d’ailleurs la logique, à savoir miser essentiellement sur le sexe et l’horreur. Le résultat est cependant plus convaincant et efficace ! Sans doute tout heureux de ne point risquer les foudres de la censure, Argento propose un des épisodes les plus extrêmes de la série, un véritable condensé de gore qui puise aux dernières nouveautés du genre (SAW, HOSTEL,...) pour accoucher d’une suite de sévices gratinés. Seul Takeshi Miike avait fait mieux (ou pire) avec sa MAISON DES SEVICES d’ailleurs interdite de diffusion aux Etats-Unis.
Le scénario de PELTS, inspiré d’une nouvelle de F. Paul Wilson, n’est pas vraiment original mais ce défaut n’en est pas vraiment un, tant Argento a souvent tiré le meilleur parti d’intrigues prétextes ou pleines de trous scénaristiques. Voici les grandes lignes : un type plutôt louche et gluant, sans scrupule et tyrannique nommé Jake (joué par ce bon vieux Eddie, à savoir Meat Loaf) crée un manteau à partir de la peau de nombreux ratons laveurs. L’œuvre achevée, d’une exceptionnelle qualité, ne tarde pas à exercer une terrible vengeance sur chaque personne qui le possède.
A l’énoncé de ce résumé, il est clair que PELTS ne cherche pas à surprendre et voilà sans doute son principal défaut. Linéaire, sans surprise, l’épisode ne dévie jamais d’un postulat de départ convenu (l’objet maudit qui tue chacun de ses possesseurs reste un des clichés les plus récurrents du cinéma et de la littérature d’horreur) mais propose une suite de séquences sanglantes qui sauront satisfaire les plus exigeants. Une tête pulvérisée à coup de batte de base ball, un homme qui se suicide en plaçant son visage dans un piège à loup, une main sectionnée par la porte d’un ascenseur, une fille qui se déchire la peau au ciseau,... Le sang gicle à gros bouillons jusqu’au final - lui aussi prévisible depuis les premières minutes - qui surenchérit encore dans l’atroce. Bref, Argento ne donne pas dans la demi-mesure et se permet aussi quelques scènes chaudes plutôt rares sur le prude petit écran ricain. Le bonhomme passe bien sûr par la case saphique en proposant un inévitable duo lesbien alors que l’actrice principale (Ellen Ewusie) se montre, tout au long de ces 60 minutes, peu avare de ses charmes. On sent le cinéaste véritablement libéré de toutes contraintes et soucieux de tester les limites d’une série voulue jusqu’au boutisse mais qui fut, globalement, plutôt timorée.
La photographie soignée, l’interprétation de premier ordre et la qualité des maquillages paraissent donc presque secondaires tant le talent d’Argento transparaît et permet de sublimer une intrigue balisée et sans saveur dans son déroulement, en dépit de ses intéressantes considérations sur le monde de la fourrure et la société de consommation. Néanmoins, il serait injuste de ne pas créditer Meat Loaf, excellent et convaincant dans son rôle, en dépit de la difficulté d’incarner un tel personnage, à la fois repoussant et attachant par certains côtés, dont son amour impossible pour cette strip-teaseuse matérialiste. La musique de Claudio Simonetti (ex-Goblin) s’avère elle aussi en parfaite adéquation avec les images proposée et confère au métrage une véritable identité, proche d’un giallo surnaturel dans lequel le tueur mystérieux n’est autre que l’esprit vengeur de centaines d’animaux martyrisés pour habiller l’une ou l’autre pétasse.
En résumé, cette charge brutale contre le commerce de la fourrure devrait enthousiasmer les militants de Peta et, si il n’est sans doute pas exempte de défauts, PELTS demeure un des meilleurs épisodes de la seconde saison. Et sans hésiter le plus extrême au niveau du sexe et surtout de la boucherie pure !
Frédéric Pizzoferrato