8/10
“Le Seigneur du Chaos” est le onzième volume de la saga “La Roue du Temps” de Robert Jordan. Oui, oui, onzième, vous avez bien lu ! Moi qui avais déjà trouvé la lecture des trois tomes du “Seigneur des Anneaux” interminables...
Mentionnons d’emblée les points forts de Robert Jordan : son style est magnifique et la psychologie des personnages est très fine. J’ai particulièrement adoré la description que l’auteur fait de la magie, qu’il nomme le saidin. Robert Jordan consacre de longues descriptions à la manière dont les personnes utilisent et vivent le tissage du saidin.
L’action du roman “ Le Seigneur du Chaos ” gravite autour du personnage de Rand al’Thor, le Dragon Réincarné, un des rares hommes a être capable de tisser le saidin. Le saidin, n’est en général accessible qu’aux femmes, les hommes qui ont essayé de le maîtriser y ont tous perdu la raison. Les pouvoirs du Dragon Réincarné sont impressionnants, quant à sa santé mentale disons qu’à part entendre la voix d’un mort dans son esprit il semble ne pas encore avoir basculé dans la folie.
Mais pour combien de temps ? Le scénario de la saga de Robert Jordan est extrêmement complexe et met en scène une foule de personnages, ce qui est à la fois un point fort (l’histoire est très élaborée) et un point faible (le lecteur à du mal à s’y retrouver). La lecture de ce roman m’a rappelé la littérature russe, comme par exemple “Le Docteur Jivago” au début duquel Boris Pasternak est obligé de mettre une liste des personnages de son roman avec une description de chacun d’eux pour que le lecteur aie la moindre chance de s’y retrouver... Une telle liste n’aurait franchement pas été inutile pour “Le Seigneur du Chaos” !
La plupart des personnages évoluent entre gris clair et gris foncé et il est souvent difficile de dire si un personnage est du côté des héros ou du côté des méchants. Heu-reusement, il y a quand même quelques personnages franchement maléfiques, le Ténébreux (une force chaotique qui vise la destruction du monde, un peu comme Sauron dans “Le Seigneur des Anneaux”) et ses serviteurs, mais ce roman-ci ne les développe pas vraiment. Revenons à l’intrigue de ce onzième volume, que je vais essayer de présenter de la façon la plus simple et la plus claire possible (ce n’est pas gagné...).
Les femmes qui sont capables de tisser le saidin sont embrigadées dans l’ordre des Aes Sedai. L’ordre des Aes Sedai ne voit logiquement pas d’un très bon œil l’apparition d’un homme capa-ble de maîtriser le saidin à un tel degré de puissance, même si la légende prétend que le Dragon Réincarné est celui qui réus-sira à terrasser le Ténébreux. Rand al’Thor a prit le contrôle de la cité de Caemlyn et prépare à faire la guerre aux As Sedai de la Tour Blanche. En effet, l’ordre des Aes Sedai est divisé en deux groupes bien distincts : celui de la Tour Blanche et celui de Salidar.
La guerre entre Rand al’Thor et les Aes Sedai de la Tour Blanche semble inévitable, mais le groupe de Salidar hésite toujours à soutenir leurs sœurs de la Tour Blanche ou au contraire à rallier Rand al’Thor... A la lecture de ce livre, le lecteur se demande parfois ce qui est passé dans la tête de Robert Jordan pour écrire une saga aussi longue. Je serais curieux de savoir si, en langue française, il y a des fans de médiéval fantastique qui possèdent les dix volumes précédant... Person-nellement, je trouve que Robert Jordan devrait être beaucoup plus amical avec le lecteur et aider les nouveaux venus à entrer plus facilement dans sa saga.
La saga “La Roue du Temps” est certainement un chef-d’œuvre du médiéval fantastique. Le seul bémol est que le lecteur a intérêt à lire les onze volumes (pour l’instant) dans l’ordre...
Jean-Michel Abrassart
Le Seigneur du Chaos, “La Roue du Temps” vol. 11, Robert Jordan, Rivages/Fantasy, trad. Arlette Rosenblum, 451 p..